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Israël -

La normalisation est le dernier projet pour éradiquer la cause palestinienne

Par

Yasser Al-Zaatreh est un écrivain et analyste politique palestinien, un réfugié né à Jéricho/Palestine en 1962. Son compte Twitter : YZaatreh.

Jeudi dernier, l'homme d'affaires juif Sylvan Adams a déclaré à une chaîne israélienne que la FIFA envisageait sérieusement qu'Israël, les Émirats arabes unis, l'Arabie saoudite et l'Égypte organisent conjointement la Coupe du monde de football en 2030. M. Adams, qui est proche du président de la FIFA, Gianni Infantino, a déclaré que le sport peut être un pont pour établir des relations et des amitiés avec les voisins, et pourrait changer tout le modèle dans la région et ailleurs dans le monde. Il a ajouté que cette question avait été soulevée lors de la visite d'Infantino en Israël pour participer à la cérémonie d'ouverture du Centre de la paix Friedman à Jérusalem.

La normalisation est le dernier projet pour éradiquer la cause palestinienne

Septembre 2020 – Manifestation contre les Accords d’Abraham à Gaza, Palestine occupée (source aa.com)
Il s'agit probablement d'un vœu pieux de la part d'Adams, mais c'est l'un des rêves sionistes de plus en plus nombreux de voir Israël normaliser ses relations avec des pays arabes importants. Nous avons également vu les Émirats arabes unis prendre part récemment à des manœuvres militaires avec Israël et participer, avec le Maroc, à un concours de beauté. La normalisation économique s'accélère, on parle de projets ayant des aspects stratégiques et le Premier ministre israélien s'est rendu au Caire. Il y a eu beaucoup d'autres manifestations de normalisation, que ce soit avec les nouveaux pays sur cette voie (dont certains ont un héritage de liens avec l'État d'apartheid), ou avec la Jordanie et l'Égypte, qui ont signé des traités de paix avec Israël.

La normalisation accrue est le dernier projet visant à éradiquer la cause palestinienne, et les pays sautent dans le train en marche. C'est ce qu'on appelait autrefois la "solution régionale" : ouvrir les relations avec les pays arabes sans s'attaquer à la cause première du conflit : la création d'Israël sur le territoire palestinien. À l'heure où la situation de l'Autorité palestinienne s'est améliorée, ce qui était temporaire est en train de se transformer en quelque chose de permanent.

Netanyahu a appelé cette solution "paix économique", ce qui semble convenir à son successeur, Naftali Bennett. Shimon Peres l'appelait "l'État temporaire", tandis qu'Ariel Sharon utilisait "la solution transitoire à long terme".

La question nécessite une certaine analyse pour révéler la vérité derrière le projet. Les sionistes n'ont pas été honnêtes quant à l'avenir ; ils ont attiré les Arabes et les Palestiniens en parlant de reporter les soi-disant "questions du statut final". Aujourd'hui, c'est très clair : Israël rejette explicitement un État palestinien et refuse donc de restituer des terres, refuse d'accepter une Jérusalem divisée et refuse d'accepter le retour légitime des réfugiés. Il ne parle que d'améliorer la situation de l'Autorité palestinienne (ou, pour être plus précis, les conditions de vie des Palestiniens) dans les zones où elle se trouve déjà, soit environ un tiers de la Cisjordanie occupée, avec la possibilité d'une expansion limitée dans certaines parties des zones B et C, selon les classifications d'Oslo.

C'est le deuxième aspect du projet de liquidation : un objectif final clair à travers des déclarations officielles sans ambiguïté. Le rôle officiel arabe est également clair, notamment celui des axes principaux. Il s'agit d'étendre le processus de normalisation en échange de l'amélioration du statut de l'AP et de la pacification de la bande de Gaza. Cela conduira finalement à rendre la présence d'Israël dans la région tout à fait "naturelle", et des partenariats étendus pourront être établis à tous les niveaux.

Photo
Le ministre israélien des Affaires étrangères Yair Lapid a ouvert l'ambassade d'Israël à Bahreïn, un an après la normalisation des liens négociée par les États-Unis - Caricature [Sabaaneh/Middle East Monitor].


Il est nécessaire de souligner ici que le projet de liquidation le plus important après les accords d'Oslo a été abordé par le sommet d'Alexandrie auquel ont participé l'Égypte, l'Arabie saoudite et la Syrie au milieu des années 1990. C'était après que tout le monde ait compris que ce qui était nécessaire était la pénétration et la domination d'Israël sur la région.

C'est précisément là que se situe le désastre. L'Égypte peut prendre la tête de la réponse à la nouvelle vague de normalisation, tandis que l'Arabie saoudite se noie dans les problèmes qu'elle s'est elle-même infligés au Yémen. Ni l'une ni l'autre ne peut cependant faire quoi que ce soit pour arrêter le processus de normalisation, car elles ont donné leur bénédiction aux Accords d'Abraham l'année dernière. La Syrie non plus, qui a ses propres problèmes, dont une forte implication de Vladimir Poutine, un bon ami d'Israël. En outre, l'argent arabe finance le processus alors que la Syrie de Bachar Al-Assad se dirige vers une réhabilitation régionale et internationale.

L'aspect le plus important pour contrecarrer le projet d'éradication après les accords d'Oslo et le traité de Wadi Arabi avec la Jordanie n'est pas la position arabe officielle, mais la position palestinienne. Plus précisément par l'Intifada al-Aqsa (2000-2005), qui a enterré la voie de la normalisation. L'ensemble du projet a été passé par pertes et profits à l'époque.

Cela s'est produit lorsque Yasser Arafat s'est rangé du côté du soulèvement, qui a uni le peuple palestinien et épuisé les occupants. Il est vrai que l'Intifada s'est terminée par l'invasion de la Cisjordanie , le siège de Ramallah et l'assassinat d'Arafat. Et que les États arabes ont produit l'Initiative arabe à Beyrouth à la suite d'une opération de chantage manifeste après les attentats de septembre 2001 aux États-Unis. Plus tard, les sionistes ont compté sur l'occupation de l'Irak pour remodeler la région, ce qui a également échoué.

La catastrophe majeure est que, au lieu d'Arafat qui prenait des risques, nous avons maintenant Mahmoud Abbas, qui s'est opposé au consensus palestinien pendant l'Intifada al-Aqsa et a comploté contre Arafat. Au lieu d'un Fatah qui n'était pas complètement sur la voie de la normalisation, et d'agences de sécurité dont le personnel avait des affiliations nationales, nous avons maintenant un nouveau Fatah corrompu par Abbas, et de "nouvelles" agences de sécurité palestiniennes - le terme a été inventé par leur fondateur, le général américain Keith W. Dayton - qui opèrent en coordination "sacrée" (comme la qualifie Abbas) avec l'occupation.

Le bon côté des choses est la liberté relative de la bande de Gaza et la présence d'une base de résistance dans cette région, mais sans Cisjordanie à l'horizon prête à se joindre à une nouvelle intifada en raison de la présence d'Abbas (ou de son successeur aux vues presque certainement similaires), il sera difficile pour Gaza d'agir seule, ou même pour les groupes de résistance de répondre aux besoins des résidents.

La seule solution pour contrecarrer le projet d'éradication est l'accord des forces de résistance, menées par le Hamas, pour adopter une nouvelle voie qui marginalise Abbas et pour reconsidérer leurs opérations en Cisjordanie afin qu'elles tirent les leçons des échecs passés. L'Intifada de Jérusalem de cette année nous a montré la voie à suivre.

La résistance doit également utiliser les processus de judaïsation d'Israël comme un cri de ralliement pour un soulèvement, à partir duquel le projet d'éradication sera enterré. Ce sera l'occasion pour elle d'être un tremplin vers une insurrection plus large pour mettre fin à l'occupation des territoires occupés depuis 1967, première étape sur la voie du démantèlement de l'ensemble du projet sioniste.


Cet article a été publié pour la première fois en arabe dans Arabi21 le 30 octobre 2021.

Source : Middle East Monitor

Traduction : MR pour ISM

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