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Paris - 18 avril 2021
Par FUIQP Paris-Banlieues
Refusant la défaite face à la Prusse et espérant fonder une République sociale, la Commune de Paris se révolta le 18 mars 1871. Durant plusieurs semaines, la Commune sema l’espoir de la fondation d’une société égalitaire et fraternelle dans laquelle la misère serait bannie.
Néanmoins, cet espoir fut rapidement noyé dans le sang. Du 21 au 28 mai 1871, les troupes versaillaises réprimèrent l’insurrection parisienne durant la Semaine sanglante.
Au même moment, dans une Algérie colonisée par la France depuis 1830 un autre espoir se dressa : celui de se libérer d’une colonisation génocidaire.
Alors que la révolte grondait dans différentes régions d’Algérie depuis plusieurs mois, le 16 mars 1871, Mohammed El Mokrani lança l’insurrection en envoyant six milles hommes à l’assaut de Bordj Bou Arreridj. Début avril, le cheikh El Haddad, qui était à la tête de la grande confrérie soufie Rahmaniyya, rallia la révolte ce qui permit de l’étendre à d’autres régions que celle des Bibans. 250 tribus se soulevèrent contre la colonisation, soit entre 600 000 et 800 000 Algérien-ne-s. Toutefois, les combattants algériens manquaient d’armes et de munitions.
Le 5 mai 1871, Mohammed El Mokrani fut tué au combat près de l’oued Soufflat. Le cheikh Haddad, l’« âme de l’insurrection », et ses fils, Aziz et M'hand, furent capturés le 13 juillet 1871, après la bataille d'Icheriden. Finalement, l’insurrection prit fin dans le nord de l’Algérie suite à la capture de Boumezrag El Mokrani, le 20 janvier 1872. Dans l’est saharien, Chérif Bouchoucha qui s’était allié à El Mokrani, poursuivit le combat jusqu’au 31 mars 1874, date à laquelle il fut capturé.
La disproportion des forces en faveur des troupes françaises s’avéra trop grande et la répression s’abattit collectivement et de manière implacable sur tous les territoires qui s’étaient soulevés. Pour l’administration coloniale, il fallait définitivement mettre les Algérien-ne-s à genoux afin d’écraser toute idée de révolte. L’espoir de libération devait être noyé dans le sang.
Ainsi, la répression de la révolte de 1871 aurait causé la mort d’environ 300 000 Algérien-ne-s. Près de 340 000 hectares furent ainsi séquestrés à titre collectif et 250 000 à titre individuel. Ces terres furent distribuées aux nouveaux colons. Les Algérien-ne-s engagé-e-s dans la révolte se virent également infliger une amende considérable de 36,5 millions de francs-or.
Les Algériens qui étaient déférés au tribunal, furent jugés devant des cours d’assises où siégeaient des jurys uniquement composés de colons. Les condamnations à mort furent nombreuses. Le vieux cheikh El Haddad décéda dans la prison de Constantine, le 29 avril 1873. Des centaines d’Algériens révoltés furent emprisonnés en Algérie alors que d’autres furent déportés en Nouvelle-Calédonie.
Si la répression fut d’une terrible violence, elle ne parvint pas pour autant à mettre un terme à l’esprit de résistance. Dix ans après la révolte d’El Mokrani, le 22 avril 1881, les Ouled Sidi Cheikh menés par cheikh Bouamama se révoltèrent contre la colonisation.
En Algérie, la mémoire de la révolte d’El Mokrani fut léguée par la littérature orale qui constitua le patrimoine d’une culture de résistance. Dans l’immigration, l’Étoile Nord-Africaine célébrait la révolte d’El Mokrani et la résistance contre la colonisation. Le 24 mai 1936, 10 000 Maghrébins participèrent à une manifestation commémorant la Commune de Paris devant le mur des Fédérés. L’organe de l’ENA, El-Ouma, expliquait : « Avec le peuple de France, les Nord-africains sont venus évoquer la mémoire des communards, en même temps que celle des martyrs de la liberté en Afrique du Nord », notamment la mémoire des insurgés de 1871.
Aujourd’hui, 150 ans après la révolte d’El Mokrani, comme nos ancêtres de l’Étoile Nord-Africaine, nous évoquerons la mémoire des communards et celle des « martyrs de la liberté » qui ont lutté contre la colonisation, spécifiquement la mémoire des chouhada de 1871 et du 8 mai 1945 assassinés à Sétif, Guelma ou Kherrata.
Il s’agit également pour nous de dénoncer le racisme systémique en général et l’islamophobie en particulier qui s’inscrivent dans le continuum direct de la colonisation.
À bas le colonialisme !
À bas le racisme !
À bas l’islamophobie !
Rassemblement le samedi 8 mai 2021 à 14h devant le mur des Fédérés à Paris
Front uni des immigrations et des quartiers populaires
FUIQP Paris-Banlieues
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