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Les réfugiés palestiniens dans le tourbillon du Moyen-Orient : actualité de la lutte pour le retour

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Compte-rendu de la conférence organisée par le Mouvement des Jeunes Palestiniens (Palestinian Youth Movement - PYM) à Paris le lundi 11 novembre 2013 avec trois représentants de l'organisation palestinienne BADIL spécialisée sur la question des réfugiés palestiniens et du droit au retour : Amjad Alqasis, Nidal al-Azza, Basem Sbaih.

Le Mouvement des Jeunes Palestiniens (MJP) est un mouvement transnational avec des branches actives dans plusieurs pays dans le monde dont l'objectif est de donner un cadre politique au jeunes pour qu'ils puissent contribuer à la libération de la Palestine. Les premiers objectifs de la branche parisienne ont été tourné vers la communauté palestinienne avec des formations en arabe pour permettre aux jeunes de se construire politiquement.

Cette conférence est le premier événement publique du MJP. L'objectif est d'unir, de rassembler et de porter un seul discours contre le sionisme.

Programme :

1- Présentation de BADIL
2- Situation actuelle en Palestine
3- Temps de débat ouvert

1- L'organisation palestinienne BADIL a été créée en 1998 pour porter la voix des réfugiés et du droit au retour qui semblait, à cette époque après les accords d'Oslo, avoir été mise de côté.

Un site internet, une page Facebook et un compte Twitter sont disponibles pour plus d'informations sur l'organisation.

2- Présentation de l'evolution de territoire palestinien depuis 1946 à 2013 à l'aide de 4 cartes montrant l'évolution de la colonisation : tout d'abord, une première carte avec le plan de partage de 1947 est exposée avec une répartition à environ 50/50 entre territoires palestiniens et colonisés. Ensuite, dans la seconde carte, après la guerre de 1947/1949, on observe ce que l'Etat sioniste a absorbé en terme de territoire, avec la bande de Gaza qui retombe sous le contrôle égyptien et la Cisjordanie sous contrôle jordanien.

En 1967, Israël a occupé le reste des territoires palestiniens et l'on constate le peu de zones qui restent aux Palestiniens.

Pourquoi analyser cette carte ? Trop souvent on analyse la situation comme une série d'événements indépendants les uns des autres alors qu'il s'agit bien d'une continuité. Il s'agit effectivement de la colonisation de la Palestine, dont le processus de dépossession a été enclenché bien avant 1948. A chaque fois que des territoires ont été englouti par l'Etat sioniste, il y a eu création de milliers de réfugiés. Il s'agit donc d'une question humaine, de personnes qui se sont retrouvées dépossédées et donc réfugiées.

Ce mouvement de déplacement de population est cohérent avec la continuité de la colonisation. L'objectif n'a pas été de seulement coloniser mais de réaliser une colonisation qui s'est systématiquement accompagnée d'un nettoyage éthnique, d'expulsion.

Quand on parle de ce processus comme continu, il l'est dans le temps et dans l'espace. Le nettoyage éthnique concerne tous les Palestiniens de la Palestine historique de 1948.

Il y a trois catégories de personnes dans le peuple palestiniens : ceux de 48, ceux qui vivent dans les territoires occupés de 1948 et ceux de 1967, et enfin les Palestiniens qui vivent en dehors du territoire de la Palestine historique.

Au fil des décennies, différents moyens ont été mis en place pour expulser les Palestiniens, le plan Dalet. Il s'agit d'un plan précis et détaillé qui date de 1916 et qui a été conçu pour chasser les Palestiniens et nettoyer le territoire de ses indigènes.

Ce plan a été exécuté par les milices sionistes avec 500 villages vidés, attaqués de trois côtés en laissant toujours une issue pour que les villageois fuient. 85% de la population indigène a été expulsée. En 1948, nous avions déjà plus de 750.000 réfugiés. 15% de la population est donc restée dans ce qui est devenu par la suite Israël.

1967, Transfert de population et déplacement interne

Deuxième vague de réfugiés : 400.000, beaucoup d'entre eux sont devenus une deuxième fois réfugiés, après avoir été précédemment expulsés en 1948.

2013, déplacement forcé en cours

La politique de transfert, d'expulsion est plus discrète avec quelques centaines par jour.

On constate qu'il y a dix causes/leviers d'expulsions, présentation des trois principales :

1/ Le contrôle de la terre par israël : le tracé du mur qui entre profondément dans la Cisjordanie isole plusieurs parcelles de terre. On dit que le mur vole les territoires, et plus spécifiquement les terres agricoles et sépare donc les villages de leur terres agricoles. Les agriculteurs se retrouvent ainsi sans source de revenus et dans des situations insupportables, laissés sans option, ils se retrouvent obligés de quitter leur lieu de résidence. Quand la puissance occupante agit de la sorte, il s'agit d'un déplacement forcé de population. On parle de déplacement forcé, pas seulement quand une arme est pointée sur l'Indigène, mais aussi quand il est privé de ses ressources de subsistance. Notons qu'il s'agit bien d'une violation du droit international. Exemple de Qalqiliya, ville entièrement entourée par le mur avec une entrée et une sortie. Il y avait 60.000 Palestiniens qui vivaient dans cette ville avant le mur. Après le mur, 40.000 y résident. Il y a donc près d'un tiers de la population qui a été forcé de quitter la ville.

2/ Le droit de résidence : pour deux jeunes Palestiniens qui veulent se marier et fonder une famille, la première question qui se pose c'est : est-ce que le régime israélien va leur permettre de vivre ensemble.

Les lois israéliennes divisent les Palestiniens en 5 catégories : 1/ les Palestiniens citoyens d'Israël (130.000) ; 2/ les Palestiniens résidants permanents de Jérusalem Est, les Palestiniens qui y vivaient avant 1967 ; 3/ les résidents de Cisjordanie avec une carte d'identité ; 4/ les détenteurs de carte d'identité de la bande de Gaza ; 5/ les Palestiniens forcés de vivre en dehors de Palestine.

Un nouveau-né aura une carte d'identité de Cisjordanie fourni par le commandant militaire israélien, il n'y a pas d'état civil palestinien.

On n'a pas forcément conscience de cette situation concrète quand on entend qu'il y a des ministres palestiniens et une autorité palestinienne qui, au final, ne détient même pas le pouvoir de gérer l'état civil.

Pour deux personnes qui veulent vivre ensemble, trois options : 1/ famille séparée ; 2/ vivre de manière illégale sous la menace de l'expulsion ; 3/ vivre à l'étranger. Cette idée reste menacée par le déplacement silencieux des masses.

Exemple de Betlehem et Jérusalem : on considère un couple avec chacun des partenaires dans chacune de ces deux villes. La personne de Bethléem, à cause de la loi d'Israël, ne pourra pas vivre à Jérusalem avec son conjoint et inversement.

La conséquence principale de tels couples qui ne peuvent être enregistrés sont les dizaines de milliers d'enfants qui n'ont aucune identité légale, ce qui les prive de voyager, d'étudier, de se marier et donc à partir de 16 ans beaucoup de familles cherchent des solutions et la seule qui leur reste est de quitter le pays.

Exemple des Palestiniens citoyens d'Israël : ils ne sont pas favorisés par rapport au reste des Palestiniens. Aucune protection supplémentaire ou droit ne leur sont garantis.

Exemple des Bédouins du Negev : 70.000 Palestiniens résidant dans le Negev font l'objet en ce moment d'un plan pour les chasser de leurs terres.

Le village d'Al Araqib détient le triste record d'avoir été détruit 45 fois.

3/ Une autre loi israélienne, la loi des absents qui continue a être appliquée, promulguée en 1951 : une personne déclarée absente par les autorités israéliennes peut voir ses biens et terres confisqués voire décrétés propriétés nationales. En résumé, il y a une seule et même puissance qui expulse et décréte que ce qui reste des propriétés des Réfugiés se retrouvent confisqués. Cet Etat a créé la catégorie des Palestiniens "absents présents" pour s'approprier les biens des Réfugiés. Jusqu'à aujourd'hui, quand bien même les Palestiniens peuvent résider dans leur foyer, par un simple acte administratif, sans même qu'il y ait un moyen d'appel ou de notification, ils peuvent se voir confisquer leur bien et forcer à l'exil.

Le droit au retour est un droit reconnu internationalement.

Conclusion : Va-t-on vers plus d'expulsion ou vers le retour progressif des réfugiés, droit garanti par les lois internationales ?


Première question : Pourquoi BADIL s'intéresse à la question des Réfugiés ? Parce qu'il s'agit de 66% des Palestiniens. Tout ceux qui parlent de pays sans mentionner le droit au retour portent un discours futile. La question des Réfugiés est importante à cause de l'absence totale de protection qu'encourent les réfugiés palestiniens, comme cela a été le cas après la guerre d'Irak et maintenant avec le conflit syrien. Le droit international prévoit la protection des réfugiés quelqu'ils soient et les Palestiniens ne bénéficient que de l'assistance humanitaire et ne sont pas protégés physiquement et légalement. Quand les Palestiniens ont été contraints de fuir l'Irak et maintenant la Syrie, ils ont été mal traités dans les pays d'accueil et se sont vus refuser le droit au retour. Il est donc très important de porter la voix des Palestiniens, qui a longtemps été marginalisée. Durant tout le processus d'Oslo, le plan de partage etc., le point de vue des Palestiniens n'a jamais été consulté. Les choses se sont faites sans cette voix. La vision de BADIL est celle d'une solution basée sur les droits et pas seulement en terme humanitaire. Les mouvements de solidarité à travers le monde et le BDS sont très importants du fait de l'impact réel qu'ils ont sur l'Etat sioniste.

Il y a encore beaucoup de choses à construire, à approfondir, la stratégie et les objectifs des campagnes. Il est également essentiel de mettre en avant les raisons du conflit : la colonisation, les expulsions et l'apartheid. On ne peut pas parler de la Palestine et des Palestiniens par catégorie, il faut en parler en tant qu'une unité. BADIL fait partie des associations qui ont lancé la campagne BDS et s'intéresse à comment avancer ensemble pour développer et rendre plus efficace cette campagne et les mouvements de solidarité.

Ouverture du débat.

Source : Facebook

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