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ISM France - Archives 2001-2021

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Naplouse -

Dans le camp de réfugiés d'Askar : “Notre rêve est d'aller à Jérusalem”

Par

Témoignage d'Hakim Maghribi et Alex Marley, militants d'ISM (leurs noms ont été changés).

La communauté du camp de réfugiés d'Askar se trouve à une courte distance de Naplouse. Ce qui semble être une banlieue coupée de la ville est en fait un camp de réfugiés. Etabli en 1964, il abrite aujourd'hui 6000 personnes sur 1km² et ses habitants sont les Palestiniens qui ont été expulsés de leurs terres par Israël en 1948 et leurs descendants. C'est cette année le 20ème anniversaire du premier financement de solidarité reçu par la population, et le 10ème de la dévastation du camp par l'armée israélienne, pendant la deuxième intifada.

Dans le camp de réfugiés d'Askar : “Notre rêve est d'aller à Jérusalem”

Le secrétaire du Centre de développement social (SDC) pour les enfants et les handicapés nous explique la situation désastreuse de la population. La plupart du temps, l'eau n'est disponible que 2 heures par jour, 30% des habitants sont sans emploi ou sans revenu réel. Le camp a pu créer une clinique, mais il n'y a qu'un médecin pour les 6000 réfugiés.

Il y a eu quelques améliorations. Des travailleurs suédois sont arrivés en 1992 et l'année suivante, un programme de soutien de 30.000 $ sur 3 ans a été mis en place. Il a permis l'acquisition de bâtiments et d'autobus, et des bénévoles internationaux continuent de travailler avec le SDC.

Pour les résidents du camp, un fait demeure. La solution ne viendra ni de l'argent ni de la construction. Le camp de réfugiés est une solution provisoire pour une population qui a été chassée de ses maisons. La véritable solidarité, c'est la lutte pour le droit au retour.

Un enseignant de SDC nous a fait emmené sur un site que le camp tient à montrer à ses visiteurs. Sur l'emplacement d'un ancien jardin d'enfants, 7 tombes blanches constituent un monument pour les victimes de la deuxième intifada, pour que nul n'oublie ce qui s'est passé en avril 2002.

Les 7 tombes gardent la mémoire d'un homme tué par l'armée israélienne alors qu'il allait chercher de la nourriture chez un voisin, trois hommes tués par un missile lancé sur une zone résidentielle, la fille d'une des victimes du missile, tuée elle aussi par un tir israélien, et un homme très malade qui est mort lorsque les forces de l'occupation israélienne ont interdit l'entrée à l'ambulance qui était venue le chercher.

Photo
Les tombes des victimes de la violence israélienne pendant la deuxième intifada (photo Alex Marley)


La machine militaire israélienne a dévasté le camp d'Askar pendant la deuxième intifada. La rue, à l'entrée du camp, était bloquée par les chars. Les forces israéliennes tiraient directement sur les habitants depuis le sommet des collines qui entourent le camp. De nombreuses maisons ont été rasées ou très endommagées. Au total, 33 habitants du camp ont été tués pendant la deuxième intifada. Beaucoup ont été arrêtés et 50 sont toujours dans les geôles de l'occupant.

Malgré les quelques améliorations depuis, Naser, un résident du camp, nous explique les gros problèmes auxquels la population est confrontée.

Les médicaments et le matériel de soin pour les enfants handicapés est très onéreux et la plupart doivent passer par Israël, ce qui complique leur réception. L'UNRWA et l'Autorité palestinienne, toutes deux ayant une représentation dans le camp, n'offrent que peu d'aide à la population.

Le camp est tout entier en zone C, ce qui signifie qu'il est sous contrôle total israélien, civil et militaire. Les soldats de l'occupation et les colons armées y entrent et harcèlent les habitants. Les colons extrémistes profitent de la présence de la Tombe de Joseph dans le secteur pour envahir la zone et accroître leur influence.

Les esprits et les souvenirs des enfants du camp d'Askar sont saturés du traumatisme d'une vie sous occupation militaire israélienne.

Le SDC a monté une équipe féminine de football. Naser nous explique qu'elle est allée jouer dans plusieurs pays européens et a rencontré d'autres équipes. Mais au final, c'est toujours le retour à une réalité faite de soldats et de restrictions de mouvement.

Alors que les enfants ont pu obtenir un visa de 20 jours pour visiter l'Europe, ils ne sont pas autorisés à visiter leur propre capitale, à seulement 45 minutes.

"Notre rêve, c'est d'aller à Jérusalem."


Source : Palsolidarity

Traduction : MR pour ISM

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