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Gaza - 13 juillet 2015
Par ISM-Gaza
Témoignage de Miguel Hernández, ISM-Gaza.
12.07.2015 - Le 8 juin dernier, l'Unrwa a décidé d'expulser les familles qui se trouvaient encore dans ses écoles dans toute la Bande de Gaza. Ces familles n'ont nulle part où aller puisque leurs maisons ont été bombardées pendant le dernière massacre d'Israël à Gaza.
* Ata, 50 ans, son épouse Suhaila, 52 ans et sa fille de 20 ans font partie de ces familles. Pendant les 11 mois d'hébergement dans l'école, la tante de Suhaila est morte à cause des mauvaises conditions d'hébergement et du froid. Dans cette même école, un bébé est mort brulé vif dans un incendie qui a éclaté dans la salle de classe où sa famille vivait.
Ibrahim Abdel Dayin avec la photo de son père et de son frère tués dans l'attaque génocidaire israélienne contre Gaza pendant l'été 2014
L'incendie était dû au mauvais état de l'installation électrique. La maison d'Ata avait également été bombardée en 2006 et l'Unrwa a mis 8 ans à leur verser de l'argent pour une partie de la reconstruction. Ils n'ont pu y vivre que 2 mois avant qu'elle soit à nouveau bombardée en 2014.
* H.Q. (1), son épouse et leurs 4 enfants se trouvent dans une situation similaire. Il y a 2 mois, ils ont été expulsés de l'école de l'Unrwa à Jabalia. L'Unrwa leur a dit qu'une semaine plus tard, ils commenceraient à percevoir le montant mensuel de la location d'un appartement. Ils n'ont toujours rien reçu. Ils sont obligés de vivre dans les ruines de leur maison bombardée.
"Un étranger de l'Unrwa est venu une fois pour voir notre situation... Il n'a même pas voulu entrer parce que les mauvaises conditions dans lesquelles nous vivons le dégoûtaient. Nous n'avons plus entendu parler de rien de leur part. Qu'est-ce qu'ils veulent, à nous mettre dans cette situation, à nous mettre sous toute cette pression ?" "Dans l'école, beaucoup de gens ont été malades cet hiver, ils ne nous ont pas donné de médicaments... les conditions étaient terribles, humiliantes..."
H.Q. a été blessé dans l'attaque contre l'école dans laquelle il était réfugié, il a eu une fracture à une jambe et à la colonne vertébrale. Il souffre également d'un cancer de la prostate.
Pendant le dernier massacre, l'occupation a ciblé 6 écoles de l'Unrwa. Dans ces attaques, 47 personnes sont mortes et 341 ont été grièvement blessées.
Dans la même attaque contre l'école de l'Unrwa à Jabalia où H.Q. a été blessé, Ibrahim Abdel Dayin, 27 ans, a perdu son père, son frère et ses deux jambes. Sa mère a perdu un œil et sa sœur est hospitalisée depuis pour des blessures graves et des crises de panique permanentes. Ibrahim travaillait pour l'Unrwa depuis 15 jours quand l'attaque a commencé. Quand il a pu quitter l'hôpital, il est retourné au travail mais on lui a dit qu'il avait été licencié, sans aucune explication. Il n'a pas été payé pour le temps qu'il a travaillé pour eux. Lorsqu'il s'est plaint d'être licencié avoir avoir été mutilé dans leur propre structure, on lui a répondu que personne ne lui avait demandé de chercher refuge dans l'école, qu'il aurait dû rester dans la rue.
La photo d'Ibrahim remettant la lettre de sa mère à Ban Ki-Moon
Lorsque Ban Ki-Moon est venu à Gaza après le massacre, Ibrahim a essayé de le joindre pour lui remettre une lettre de sa mère. La sécurité de l'Autorité palestinienne l'en a d'abord empêché et l'a frappé, malgré son état. Il a fait une deuxième tentative auprès du secrétaire des Nations-Unies, qui a eu la lettre et lui a promis un traitement et des jambes orthopédiques. Six mois après cette rencontre, et n'ayant aucune nouvelle de l'Unrwa, il a décidé d'aller au siège, à Gaza-ville, pour rencontrer un représentant. Cette fois, le personnel de l'Unrwa l'a insulté, lui a craché dessus et a maudit son père mort avant de l'expulser de ses locaux.
La lettre remise à Ban Ki-Moon (cliquez ici pour voir la lettre en grand format
Le gouvernement vénézuélien lui a offert un traitement mais Israël et l'Egypte l'ont empêché de quitter Gaza.
Après l'incident dans ses locaux, l'Unrwa a coupé toute aide et assistance à sa famille qui a également le statut de réfugiés. C'est une pratique normale de l'Unrwa, qui cherche par tous les moyens à cacher ses abus, sa corruption et finalement sa collaboration et sa coordination avec l'entité occupante.
La même chose est arrivée à Y.H. (1) quand son père s'est plaint, à une émission de radio locale, du traitement que l'Unrwa avait donné à son fils, qui avait lui aussi perdu une jambe dans la dernière agression. Après cet entretien, l'aide à sa famille a été interrompue.
Depuis la fin de la guerre, l'Unrwa a coupé l'eau et l'électricité à bon nombre de ses écoles pour obliger les familles à partir. Dans le même but, ils ont également arrêté les distributions de nourriture et ils la laissent pourrir dans les magasins. Les membres d'ISM ont pu le voir et le sentir, mais le personnel de l'Unrwa les a empêchés de prendre des photos.
Manifestation de protestation à Beit Hanoun contre le choix de l'UNRWA de laisser pourrir des denrées plutôt que de les distribuer à la population de Gaza
Il faut se souvenir que l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (United Nations Relief and Works Agency for Palestinian Refugees in the Near East - UNRWA) a été créé en 1949, un an après la reconnaissance internationale de l'"Etat juif" en Palestine. Financé presque entièrement par les Etats membres des Nations Unies, l'objet principal de sa création fut de soulager l'"Etat juif" nouvellement créé de sa responsabilité envers le peuple palestinien. Selon la Quatrième convention de Genève, signée en août 1949, la puissance occupante, Israël, est responsable de l'accès à la nourriture, à l'eau, à l'éducation, à la santé et à tous les besoins humanitaires du peuple palestinien. Au lieu de cela, ces services sont fournis aux frais des citoyens de tous les Etats membres de l'ONU.
(1) Certaines personnes interviewées ont préféré rester anonymes, de peur de représailles de l'Unrwa.
Source : Palsolidarity
Traduction : MR pour ISM
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