Jénine - 21 avril 2006

Journal de Jenka : La ville de Jénine

Par Jenka

Et pourquoi quelqu'un se serait posé une question
Alors que tu montais à bord
Du bus bondé de l'autre côté de la Ligne Verte
Et que tu passais la main sous ta veste pour attraper la corde ?
Pensais-tu aux corps sous les gravats de tes voisins
Quand tu mettais en scène cette opération ?
Quand tu plaçais tes explosives autour de ta ceinture
Pensais-tu à la ville de Jénine ?

Il y a deux jours, je me suis réveillée en apprenant qu'un Palestinien s'était fait exploser à Tel-Aviv, tuant avec lui huit Israéliens, à la gare routière.

J'ai pensé, comme je le fais toujours, aux victimes…..les membres déchiquetés, les enfants en pleurs, les ambulances qui se précipitent sur les lieux…. Tellement affreux, affreux, affreux …….

Cela m'a rappelé une scène analogue à Gaza la semaine dernière, une famille dont la maison a été bombardée par une attaque aérienne israélienne.... le corps déchiqueté d'une petite fille, les blessures des autres membres de la famille......

Seule différence : cette attaque n'a jamais été relatée aux informations américaines.

Le journaliste israélien, Gideon Levy, a écrit un article dur à ce sujet :


Il a dit : "L'emprisonnement permanent de Gaza assiégé est précisément l'opposé de la politique qu’il faudrait appliquer pour servir les intérêts d’Israël. La politique actuelle ne fait que renforcer le soutien au Hamas, exactement comme les attaques terroristes ont renforcé la Droite israélienne. Une nation assiégée, dont les dirigeants sont boycottés, aura beaucoup plus de détermination à lutter jusqu’à sa dernière goutte de sang. Seule une nation qui verra une lueur au bout du tunnel changera son attitude."


Aussi longtemps que des jeunes gens et des garçons n'auront aucune raison de vivre, et ne verront aucun futur dans la prison qu'est leur pays, il y aura des kamikazes qui voudront donner leur vie pour venger les injustices dont ils sont témoins chaque jour en vivant en Palestine Occupée.

Quand j'ai vu à la télévision la photo du gosse qui a perpétré l'attaque-suicide hier, tellement jeune.... tellement affreusement jeune.. il ne semblait pas avoir plus de 16 ans.

Puis, j'ai entendu qu'il était de la ville de Jénine.

L'ironie m'a frappée, alors que me venait à l'esprit une chanson du chanteur folk, David Rovics....

C'est une chanson, assez ironiquement, au sujet d'un kamikaze de la ville de Jénine – le site d'une attaque israélienne massive qui a duré deux mois en mars et avril 2002, et qui a eu comme conséquence la mort de près de 800 personnes, et la destruction totale d'une vaste partie de la ville.


Voici le texte de la chanson :


Jénine

Oh, enfant, de quoi te souviendras-tu
Quand tu te remémoreras l'année de tes 16 ans
Le bruit horrible des hélicoptères de combat
Le grondement des tanks qui rôdaient à côté


Alors que le monde vaquait à ses occupations
Et que je brûlais un autre réservoir de gazoil
Le Dow Jones a perdu plusieurs points ce jour-là
Alors que tu pleurais dans la ville de Jénine


Ont-ils prévenu tes parents
Avant de faire exploser les fenêtres avec des obus
Alors que tu étais au sous-sol de ton école
Au milieu du tintement des cloches de l'église


Alors que tu regardais ton professeur s'effondrer sur le seuil de la porte
Et qu'en Angleterre, nous trinquions à la santé de la Reine
Tu étais tellement loin des pensées de beaucoupde gens
Blotti dans la ville de Jénine


Pensais-tu aux sarcasmes des soldats
Ou à la merde dont ils barbouillaient les murs
Pensais-tu à ton cousin torturé
Ou à Tel Aviv et à ses centres commerciaux étincellants


Quand des gros hommes dans leurs hôtels disaient que tu ne veux pas la paix
Te demandais-tu ce qu'ils voulaient dire
Quand tu étais assis au milieu de la puanteur dans l'obscurité
Dans la ville de Jénine anéantie ?


Que t'est-il passé par l'esprit ce jour-là
En regardant les yeux vides de ta mère
Alors qu'elle était allongée parmi les gravats
Sous le ciel bleu du Moyen-Orient ?


Alors que tu te tenais au-dessus de ce bâtiment démoli au bulldozer
A côté des colonies et de leurs si vertes collines
Alors que tes larmes te menaient à une sinistre détermination
Parmi les ruines de la Ville de Jénine


Et pourquoi quelqu'un se serait posé une question
Alors que tu montais à bord
Du bus bondé de l'autre côté de la Ligne Verte
Et que tu passais la main sous ta veste pour attraper la corde ?


Pensais-tu aux corps sous les gravats de tes voisins
Quand tu mettais en scène cette opération ?
Quand tu plaçais tes explosives autour de ta ceinture
Pensais-tu à la ville de Jénine ?


Ecouter la chanson

Source : http://www.palsolidarity.org

Traduction : MG pour ISM