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Gaza -

Journal de voyage à Gaza du 18 au 30 septembre 2013

Par

Toutes les photos sont de l'auteur du témoignage.

Gaza – 18/09/2013
Je suis enfin passé ce midi et arrivé à Gaza vers 15h, dans le dernier car, avant la fermeture des bureaux égyptiens à 14h. Une attente insupportable. J’attendais, avec une autre personne, Valéria, vénézuélienne, depuis 6 jours (plus en comptant les jours passés au Caire), dans un hôtel d’Al Arish, l’ouverture du passage de Rafah. Il n’y avait que des Palestiniens en attente dans cet hôtel et les autres hôtels de la région étaient pleins de Gazaouis en attente. Nous avons beaucoup discuté avec eux de leurs problèmes, leur famille, etc. et aussi de la situation politique égyptienne avec les locaux… Pro-Morsi, pro-Sissi…

Journal de voyage à Gaza du 18 au 30 septembre 2013

La route entre Al Arich, ville côtière égyptienne de 150.000 à 200.000 habitants au nord du Sinaï, et Rafah (40 km environ) est très militarisée, en raison des attaques violentes (voitures piégées, tirs faisant de nombreux morts, même pendant notre présence dans la ville) subies par l’armée après le changement de gouvernement. La route principale est fermée en de nombreux endroits, des militaires sont présents partout avec chars et des casemates de sacs de sable. Nous voyons un soldat tirer en l’air pour dissuader un taxi rempli de Palestiniens qui s’obstinait à traverser un checkpoint interdit. Ambiance !

A l’entrée de la porte de Rafah, une énorme bousculade s’est produite à 10h, heure d’ouverture, explicable par l’attente insoutenable de plusieurs jours subie par les Palestiniens dans les hôtels d’Al Arish ou du Caire. Alors que j’avais donné mon passeport et que mon attente commençait, j’assiste à une vive discussion en arabe entre un Palestinien d’âge mur, forte constitution) et un policier égyptien. Puis, il vient s’asseoir près de moi. Dix minutes après, je sens qu’il n’est pas bien et constate qu’il vient de perdre connaissance. Je prends sa main, qui retombe, sans réaction. Je crois à un problème cardiaque. J’avertis par geste un policier qui ne comprend pas immédiatement. Rapidement cependant, on lui apporte un verre d’eau fraîche, et il reprend conscience peu à peu. Soulagement ! Il m’indiquera ensuite qu’il vient de Jordanie et n’a pas dormi depuis 2 nuits. Autorisé plus tard à traverser, il viendra m’embrasser dans la salle d’attente suivante. Entrée à Gaza déjà marquante : quelle vie pour eux, aux déplacements toujours entravés !

Photo
Manu, d'Unadikum, nous accueille, Valéria et moi, à Gaza.


Mes compagnons d’Unadikum m’accueillent, avec des amis palestiniens. Direction Gaza Ville.

Surprise en traversant en voiture la bande de Gaza du sud au nord. Pas de destructions trop visibles, mais des maisons récentes eu en construction partout. Certes, la plupart du temps, en parpaings bruts, sans crépi ni peinture. Mais les Gazaouis n’arrêtent pas de construire et de reconstruire, malgré la pénurie de nombreux matériaux. Ils récupèrent, se débrouillent. Des bâtisseurs. Un signe d’espoir.

Arrivée à L’appartement d’Unadikum, près du port de Gaza.

Rencontre le soir avec deux journalistes locaux (l’un parle un français parfait), puis un responsable d’une organisation de pêcheurs. Il nous explique que le jour même, un pêcheur de Gaza, en mer, a reçu une balle israélienne dans la main. Deux doigts coupés et de nombreux points de suture. Il nous dresse ensuite un tableau dramatique de la pêche à Gaza actuellement. Non seulement les pêcheurs sont agressés (tirs, vol ou casse de leurs bateaux, arrestations et emprisonnements…) par les forces d’occupation israéliennes, mais la situation économique est intenable. La plupart des tunnels ont été bombardés et fermés par les Israéliens et les Egyptiens. Par ces tunnels passait du carburant moins cher provenant d’Égypte. Maintenant, ce carburant ne vient que d’Israël, qui contrôle la quantité et le prix. Le prix du litre a doublé en quelques semaines : il est entre 4 shekels (prix officiel, mais pénurie) et 6/7 shekels (prix au marché noir). Les pêcheurs ne peuvent quasiment plus en acheter. Soit les bateaux restent au port, soit ils pêchent à 1 mile, sur le bord, où les poissons ne sont pas nombreux…

Gaza – 19/09/2013

Au Sud de Gaza (Khuza'a) : visite d'une ferme à 2 km de la zone-tampon. Discussion avec le propriétaire, notamment son histoire personnelle (80% des Gazaouis sont +ou- réfugiés ou issus de réfugiés) et celle de ses terres.

Visite de la zone-tampon. No man's land appartenant aux Palestiniens (35% des terres agricoles, enjeu considérable) et que les Israéliens veulent garder « non cultivées », comme d'habitude pour des prétextes de sécurité. Là, ils tirent souvent et parfois tuent et blessent. Ils empêchent surtout les fermiers de travailler.

Nous visitons ensuite une école primaire (partie mixte, l'autre non). 690 enfants. Il y a un futur en Palestine. Les enfants sont tellement nombreux que l’école travaille en équipe : une école, un directeur, des enseignants le matin, d’autres l’après-midi.

Nous rencontrons plus tard une famille paysanne qui a été dépossédée de toutes ses terres au fil des ans, et dont la maison a été occupée pendant 3 jours lors d'une incursion israélienne en 2005. A cette occasion, le fils a été arrêté et est en prison depuis. Les soldats israéliens, après avoir retourné toute la maison, avaient trouvé une photo du fils en uniforme (il venait d’entrer dans la police). Famille presque désespérée. Très émouvant de sentir directement la situation. J'ai parlé (avec un interprète arabe) de notre campagne de parrainage. Remerciements. Ils nous supplient de demander aux gouvernements occidentaux d'arrêter leur soutien à Israël.
La famille dit : "Les israéliens nous traitent comme des animaux, pas comme des humains."
S’ensuivent quelques discussions politiques (la famille est au Fatah).

Photo
La famille du jeune prisonnier


Je suis invité à dîner par Ziad Medouk ce soir.

Gaza – 20/09/2013

Matinée tranquille (c'est dimanche ici).
En début d'après-midi, nous assistons à une manifestation en sortie de mosquée pour la libération de Jérusalem. Des enfants portent une reproduction des mosquées d’Al Qods. Beaucoup de drapeaux verts du Hamas, pas de drapeaux palestiniens. Environ un millier de personnes. Questions : lutte religieuse ou nationale… ? Ça dépend, c’est mélangé…

Puis, déjeuner copieux (sorte de couscous/poulet, appelé d'un autre nom, et forcément meilleur qu'ailleurs... pour ça, ils sont aussi "chauvins" que les français !) nous est offert, puis nous discutons avec la famille. La vieille dame qui avait 2 ans en 1948 a subi la Nakba. Plusieurs enfants ou neveux ont fait 10 et 5 ans de prison... situation courante dans presque toutes les familles.

Nouvelle visite d'une famille (femme seule et 5 enfants) qui vit dans une sorte de garage, parce que sa maison a été explosée par un missile en nov. 2012. Il ne reste que des gravats. Le bombardement visait la maison d’un responsable du Hamas, en face. Sa maison est un « dommage collatéral ». Mais la maison du responsable est reconstruite, neuve et belle. Pas la sienne, par manque de moyen…

Photo
Ce qui reste de la maison bombardée...


Nous allons ensuite dans une autre famille dont le dernier fils de 13 ans a été fauché le 8 nov 2012 par une balle tirée d'un tank israélien, tout près de la bordure. Il jouait au foot devant chez lui. Il portait le maillot d’Ozil, joueur du Real Madrid ! Douleur inconsolable des parents et des frères et sœurs. Dans la même heure, un enfant du jardin d'enfant jouxtant la maison a aussi été tué par une balle israélienne.

En fin d’après-midi, nous visitons un petit musée sur l'histoire de Gaza. Une initiative intéressante qui montre l’enracinement du peuple palestinien au plus profond de l’histoire de cette terre, des débuts de l’humanité jusqu’à aujourd’hui. Ils ont vu passer entre autres les pharaons égyptiens, les babyloniens, les perses, les grecs, les romains, les byzantins, les arabes, les croisés, les mamelouks, les ottomans, Napoléon, les anglais et maintenant les sionistes… Tout a une fin, même les occupants féroces…

Avant le soir, une femme nous offre le thé dans sa maison. Son mari était général de l'armée de libération de l'OLP avant Oslo. Elle a élevé seule 4 enfants, son mari ayant été tué par balle par les Israéliens lors d'une manifestation à Jérusalem Est (mars 97). Son dernier enfant avait quelques semaines.

Soirée détente sur la plage. Il faut digérer le trop plein d'émotions... De nuit, de nombreux Gazaouis viennent se promener, s'asseoir sur des chaises en plastique, se promènent à cheval ou à chameau ou vendent des patates douces grillées. Beaucoup fument le narguilé. Nous avons rencontré deux Palestiniens installés dans un camp de réfugiés près de Damas, en visite à Gaza. Ils soutiennent à fond Assad. Discussion intéressante.

Gaza – 21/09/2013

Nous partons vers le sud pour visiter une famille près de la frontière égyptienne. Des dunes de sable d'un côté, avec quelques bédouins, de l'autre, des serres agricoles et cultures irriguées. Tous les enfants sont présents, 5 filles et 1 garçon (entre 6 mois et 12a). Ils vivent dans une habitation de fortune et sans eau. Ils sont installés sur une terre du gouvernement... qui leur demande de partir dans les 24 h ! Le père nous montre les papiers. Pourquoi en sont-ils là ?

Photo
Logement précaire d'une famille sans ressources


1) leur maison a été détruite par les israéliens en 2002.
2) le père a été emprisonné 4 ans (5 prisons différentes, dont plusieurs mois sans voir le jour).
3) Ils n’ont plus aucune ressource (ni terre ni maison en propriété). Il a eu un emploi d'ouvrier agricole, mais avec 40% de chômage actuellement, la situation est sans issue ! (Il semble, selon des papiers entrevus, que la Croix Rouge soutienne cette famille).

Nous nous dirigeons ensuite vers la zone des tunnels. Cela a été possible par l'entremise d'un ami très proche de Unadikum (l'association qui m'accueille ici). La zone, sur la frontière égyptienne est protégée par des soldats armés du gouvernement. Les photos sont interdites. J'ai fait 100m dans 2 tunnels différents. Le 2ème : 1m×1m. Un peu sportif. On est surpris par le type de marchandises qui passe par les tunnels. Cela va des jouets venant de Chine (ballons, etc.) aux gravillons de bon calibre (pour la construction de routes et bâtiments) dont le passage est interdit par Israël. La zone a été bombardée plusieurs fois depuis 1 an. Beaucoup de bâtiments détruits, éventrés ou mitraillés. Il resterait moins de 10 tunnels en fonctionnement. C’est dramatique pour les centaines d’employés qui travaillaient sur place et pour l’économie de Gaza, maintenant sous contrôle total des Israéliens : quantités limitées, matériels interdits, prix qui flambent.

Nous partons vers l’aéroport de Gaza (du moins ce qu’il en reste), fruit du rêve avorté d'Oslo, payé par l'Europe, inauguré par Clinton et Arafat ensemble, puis bombardé totalement et saccagé au bulldozer par les Israéliens, deux ans après, sans que l’ensemble des pays occidentaux ne pipent mot ! Impressionnant! L’absence de protestations mondiales n'a évidemment servi qu’ à encourager les agressions israéliennes suivantes ! Nous pourrions au moins demander des comptes sur ce que nos impôts ont payé et que les forces d’occupation israéliennes ont détruit.

Photo
Ce qui reste de l'aéroport de Gaza


Nous apercevons au large, sur la route de bord de mer en revenant à Gaza, deux plates-formes d'exploitation du gaz offshore par Israël au large de Gaza... le mot «  exploitation » prend tout son sens !... On les voit par bonne visibilité. Le terminal de réception se situe à quelques centaines de mètres de Gaza, derrière la ligne de démarcation, vers Ashkelon. Cynisme et provocation…

Encore au large, à la tombée de la nuit, 2 bateaux militaires israéliens sont visibles, qui (selon ma petite expérience maritime) étaient à moins de 6 miles de la côte, et de toute façon, dans la zone maritime palestinienne.

Gaza – 22/09/2013

Vers 10h, nous participons à une manifestation de l'association "Bunian", en lien avec l'UE. Aucun représentant de l'Europe, évidemment. Objectif de l'association : lutter contre les violences faites aux femmes et promouvoir les femmes dans la société. Discours, hymne palestinien, déclamation de poésie, signature d'un nouveau projet et danses traditionnelles... on n'a compris que le sens général. Environ 300 personnes.

Nous nous rendons ensuite dans une ferme dans le sud (Kan Younès). Nous sommes reçus dans la cour d'une maison juste reconstruite (pas encore finie). En effet, juste à côté se dresse la carcasse d'une grande maison à 2 étages où vivaient la famille du fermier, Raed Koudeh (5 enfants entre 2 et 13 ans), et celle de son frère. Maison d'abord attaquée au bulldozer en 2010 et par les tanks en 2012. Le fermier était petit propriétaire d'1/2 dunum situé juste sur la bordure interdite. Ouvrier agricole ensuite, il s'est fait tirer dessus l'an dernier. Il a tellement peur qu'il ne veut plus y retourner... mais n'a plus rien pour nourrir sa famille. Il nous demande
1) de faire venir des internationaux pour les protéger quand ils travaillent (maintenant, ils attendent la pluie pour travailler)
2) de faire arrêter le soutien à Israël des gouvernements occidentaux.
On sentait la peur et l'impuissance chez cet homme dans la quarantaine.

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Maison familiale détruite par les blindés


Un autre fermier (Fouhad Alnajar) nous a offert le thé. Sa la maison est à 1km de la bordure, vraiment en première ligne. Elle a été détruite au bulldozer il y a 3 ans puis reconstruite. Quelle énergie, quelle détermination ! La résistance c’est d’abord cette envie de vivre, de reconstruire, de continuer ! Dans l'entrée du jardin, les restes d'un obus de tank. Et dans le montant inférieur de la fenêtre de la chambre d'enfant, le trou d'une balle qui a traversé la pièce. Ni mort, ni blessé mais par hasard ! Ils sont sous la menace permanente.
L’après-midi est plus culturel. Visite du souk central de Gaza-Ville qui entoure la mosquée la plus ancienne et la plus grande de Gaza, dans une ancienne église du X-XIème siècle, époque des croisés. Superbe architecture.

Gaza – 23/09/2013

Ce matin, nous participation à la réunion hebdomadaire (tous les lundis) pour demander la libération des prisonniers politiques. Là (dans les locaux de la Croix Rouge de Gaza-Ville) sont présentes entre 100 et 200p. de la ville de Gaza. Pères, mères, frères, sœurs, enfants de prisonniers, avec chacun la photo de leur proche, souvent avec le sigle du parti : Hamas, Fatah, Jihad Islamique, FPLP, ou autre (sur ce sujet, réelle et belle unanimité). Quelle émotion ! Nous avons vraiment ressenti la douleur de ces proches : séparation affective, problème économique parce que plus d'activité pour faire vivre la famille, coût exorbitant de la prison (compléments de nourriture, etc. et tout y est payant). J'en avais les larmes aux yeux, surtout qu’en France nous avons été bien sensibilisés à ce problème par Salah Hamouri et la campagne de parrainage.

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En limite du camp de réfugiés de Gaza, nous rencontrons une famille de pêcheurs en grande difficulté (Mussa'ad Baker, 38a, 5 filles et 3 garçons, de 6 mois à 12a environ). La famille (élargie à la fratrie) avait 5 embarcations : 4 petites et une plus grande. Les 4 petits bateaux ont étés détruits ou confisqués par l'armée israélienne. Le moteur du gros a été détruit par des tirs. Coût du changement du moteur : 40.000 $. Impossible pour eux. Donc, plus de travail et vie précaire pour tous, enfants compris... En 2012, Mussa’ad, dans son bateau, avait été blessé sur le côté à la hanche et a été plusieurs mois invalide. Il est retourné pêcher ensuite, mais s'est fait tirer dessus encore 2 fois, entre 4 et 6 miles. Il ne peut plus (bateaux détruits) et ne veux plus pêcher (peur). Vraiment envie de gueuler "mort à Israël" !

Nous allons plus loin dans le camp de réfugié de Gaza (Ville, à moins d'1 km de notre résidence. Nous longeons pour y aller une dizaine d'hôtels de luxe tout neufs dans lesquels ont investi de très riches Palestiniens travaillant dans le Golfe (un petit air de Ramallah...). Quel contraste social ! Le camp est en bord de mer et comprend des rues assez larges et des passages minuscules comme dans tous les camps de réfugiés. Le chef du Gouvernement et du Hamas (Ismail Haniyé) habite dans ce camp.

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Pêcheurs du camp de refugiés


Une famille nous offre un petit déjeuner palestinien typique vers 10h30 avec le thé, nous rencontrons dans la famille d'accueil du camp un autre pêcheur (Majid Mahmoud Migdat) qui nous explique que les premiers rochers sont à 8 miles (c’est là qu’il y a du poisson en abondance) et que l'armée israélienne ne leur permet même pas les 6 miles. Il est matelot sur un gros bateau : il a été tiré plusieurs fois, et le groupe électrogène du bateau a été détruit (pêche au lamparo impossible sans électricité). Capturé 3 fois par les militaires israéliens avec 20 jours de prison à chaque fois.

Sur invitation de Ziad Madoukh, je passe l’après-midi à l'Université Al Aqsa avec ses étudiant(e)s en français (20 à 25). 1h 1/4 de discussion passionnante. Question sur le gouvernement actuel, l’opinion des français sur le conflit israélo-palestinien. Ils n’arrivent pas à comprendre que des français soutiennent Israël ! Puis poursuite de la discussion avec Ziad et un assistant, Ahmed (vie à Gaza pendant « Plomb durci », organisation des universités... etc).

Gaza – 24/09/2013

Nous allons participer à un spectacle donné dans une association qui s'occupe d'enfants, dont certains sont orphelins, et certains victimes de traumatismes liés aux agressions israéliennes, d'autres victimes de violences familiales. Lieu : centre de la bande de Gaza, camp de réfugiés de Der Al Balah, en bord de mer (50.000 p. dans le camp !). Dans ce camp et autour, 80% de la population est très pauvre. Cette association travaille avec plusieurs ONG européennes (méthodes et matériels de pêche…) et même avec USAID, pour trouver des emplois aux jeunes diplômés. Particularité de l'aide américaine : celui qui la reçoit doit s'engager par écrit à ne pas combattre militairement Israël ! No comment !
Leur principale action : la formation de 56 surveillants de plage et maîtres nageurs pour éviter les très nombreuses noyades en bord de mer. Depuis la fin de cette action : aucune noyade.

Nous rencontrons ensuite, dans un centre associatif pour la promotion des femmes, une personnalité historique de Gaza. 61 a. Elle a fait 2 ans de prison à l'âge de 16 ans. A vu sa maison et celle de ses voisins détruites, a passé plusieurs jours dehors près de la bordure, puis a été exilée en Jordanie.

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Mariam Abou Dakka avec la carte de la Palestine sans "Israël" et avec Ahmed Sa'adat, leader emprisonné du FPLP


Revenue à Gaza il y a plusieurs années, membre de la direction du FPLP de Gaza, ayant déjà créé plusieurs associations de femmes, elle s'est illustrée lors des affrontements armés en 2007 entre le Hamas et le Fatah. Elle a planté sa tente, avec un grand drapeau de Palestine, seule, au milieu de l'avenue de chaque côté de laquelle s'affrontaient les 2 camps. Elle est restée seule 2/3 jours puis des gens sont venus, de + en + nombreux et les combats ont cessé. Son nom : Mariam Abou Dakka. Elle se ballade tête nue à Gaza (pas très courant), mais est tellement populaire qu'elle est intouchable. Quelle femme, quelle résistante, quelle féministe ! Ce qu'elle fait avec les femmes, est extraordinaire ! Notamment, pour redonner courage et dignité aux femmes de Gaza, elle a fait écrire à un millier d’entre elles le récit de leur vie, et ces récits ont été publiés et traduits.

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L'équipe d'Unadikum avec Mariam


Nous déjeunons amicalement chez un médecin de Gaza, qui a fait ses études en Russie, s'est marié avec une femme russe. Ils ont 2 enfants et en attendent un autre. Membre du FPLP. Il va peut-être m'accompagner, si Rafah est ouvert. Il va à Paris (hôpital) avec son 2ème enfant qui a de gros problèmes liés à un mauvais accouchement.
[En fait, il a attendu 3 jours pendant 6h/jour pour rien devant la porte de Rafah, côté Gaza, les Egyptiens ne le laissant pas passer malgré l’urgence (enfant souffrant, sous antibiotique en permanence). L’enfant toujours dans les bras, il est enfin passé le lendemain de mon passage, jour non annoncé par les Egyptiens ! Il soigne son enfant actuellement en Europe].

Gaza – 25/09/2013

Nous allons au camp de réfugiés de Jabalia, près de Gaza : 240.000p., le plus grand de Gaza et sans doute dans la Palestine et la région. Nous visitons une petite association [Ibn Sina] qui, avec peu de moyens et des bénévoles exclusivement, s'occupe d'enfants et de jeunes de 6 à 16 ans, en général de familles très pauvres. Leur objectif : détecter des compétences et les développer, dans l'esprit d'ouvrir l'esprit et développer l'autonomie, pour aussi une Palestine libre. Cohérent ! Esprit "laïque" et mixité. Mais beaucoup de problèmes matériels pour cette association : ni ordinateur, ni projecteur, ni d'équipements sportifs.... L'autorité palestinienne ne donne rien, parce qu’ils pensent que tous les gens de Gaza sont avec le Hamas. Le Hamas ne donne rien parce que les pratiques ne sont pas dans la ligne et ils veulent être au CA... Certains enfants qui habitent loin sont empêchés par le coût du transport. Malgré tout, des jeunes ont trouvé leur voie en devenant dessinateurs ou écrivains.

Une rencontre poignante cet après-midi. Fahmi est un jeune père de famille de 23 ans. Champion de Gaza des 3km à la nage, sélectionné dans l'équipe de foot de Palestine (à ce titre, il a joué dans de nombreux pays arabes, du Maroc à l'Irak), karatéka, etc. Il est pêcheur professionnel à Gaza-Ville. Il est père d'un petit garçon d'un peu plus d'un an. Un jour de novembre dernier (2012), où son bateau ne sort pas, il va sur la plage, et les pieds dans l'eau, lance son filet. Ils sont, comme nous l'avons constaté sur place cet après-midi, une dizaine de pêcheurs (cannes à pêche et épervier) à environ 400 m de la bordure de barbelés qui entre en mer, et marque la séparation avec Israël.
Une seule balle explosive, tirée d'un petit mirador à 700m, claque et l'atteint au bas-ventre (balle « dum-dum », interdite par les conventions internationales). En partie déchiqueté, il meurt quelques heures après à l'hôpital.
Nous avons visité sa famille encore très marquée. On s'embrasse en arrivant. En m'embrassant, le père fond en larmes. Évidemment, les larmes me viennent aux yeux... Et de nous raconter toute l'histoire en présence de la mère et de son fils qui a 2 ans maintenant. Selon la famille, Fahmi n'a pas été tiré au hasard. Il était connu, même hors de Gaza et apprécié. Bref, un leader d'opinion potentiel dangereux pour Israël !
La souffrance et l'horreur n'ont pas de limites à Gaza : le grand-père, la grand-mère et l'oncle du père sont mort en 1975 dans le bombardement de leur maison, parce que l'oncle était résistant. Punition collective horrible. Son frère a été tué en 1982. Et lui même enlève sa chaussette pour nous montrer une vilaine trace de balle dans son talon tout déformé. Que dire de plus ? Ils attendent beaucoup (trop ?) des opinions occidentales. A nous de les aider comme nous pouvons.

Photo
Le père de Fahmi avec le portrait de son fils assassiné et le fils de Fahmi, 1 an et demi


P.S. je devais partir de Gaza jeudi 26, mais le passage de Rafah a été fermé sine die après seulement 2 jours d'ouverture, ceux qui m'avaient permis d'entrer après 10 jours d'attente en Égypte. Il semblerait que les autorités égyptiennes aient décidé d'ouvrir 3 jours de samedi à lundi. Mais ici, rien n'est complètement sûr avant d'être arrivé...

Gaza – 26/09/2013

En fin de matinée, nous participons à une fête organisée par une association en charge d'enfants et de jeunes (aidée par UNICEF et Japon). Tout est fait par les jeunes : chanson, poésie, jeux de cirque (jonglage, clown) et danse. Présence de quelques mères. 100 à 150 p. Une bonne ambiance, ça fait du bien !

Unakidum a provoqué une réunion, ensuite, avec les pêcheurs de Deir Al Balah (centre de la Bande) qui nous font part des problèmes énormes qu'ils ont actuellement : carburant rare et hors de prix, agressions permanentes des militaires israéliens. Unadikum propose d’aider les pêcheurs en s’embarquant sur les bateaux, pour les protéger. Ils vont étudier la proposition, mais paradoxalement ont peur d’exposer des internationaux…

Dans l'après-midi, nous assistons à un meeting en plein air du Jihad Islamique, dans Gaza-Ville. Environ 1000 à 1500 p. Discours du leader (photo ci-dessous).

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Très nombreux drapeaux et bannières du Jihad et de Palestine. Rapide prière en début de meeting et discours du leader, qui semble très écouté et très charismatique. Accueil amical des étrangers que nous sommes par les responsables et les participants. Nous sommes loin des images véhiculées en Occident : des « terroristes » avec explosifs autour de la taille ! Certes, ils sont islamistes, mais très ouverts, politiquement déterminés, résistants contre Israël, et c’est un mouvement de masse, soutenu par des Palestiniens « ordinaires »…et dont les analyses méritent d’être connues.

Le soir, c’est la fête à Deir Al Balah. Heureusement, on s'amuse aussi à Gaza. Musique et danses traditionnelles (ils m'ont entrainé dans une danse palestinienne, j'ai appris quelques pas... suis pas très doué... mais ça les a bien amusés). Pain de la fête fait sur place (sorte de grande galette), thé et café sur un feu de bois, 2 chameaux assis au milieu des gens, et quelques chevaux qui galopent sur la plage (c'est au bord de la mer). Quel accueil, quelle chaleur, quelle hospitalité chez ces gens. Ils veulent tous être pris en photo en famille avec nous... ils veulent tous nous ouvrir leur maison... incroyable... Ils sont aimables et pacifiques, ces "terroristes"... sauf quand on touche leur terre et leurs enfants, comme ils disent. Et ils en ont beaucoup. Ici, petite différence avec la Cisjordanie , ils disent tous que au-delà de la barrière ou bordure (Ashkalon par ex. que l'on voit tout près), ce n'est pas Israël, mais encore la Palestine, temporairement occupée par les Israéliens qui leur ont pris leur terre. La Nakba et les réfugiés sont présents ici, physiquement et dans tous les esprits. Après tant d'horreurs constatées dans le passé et le présent, et probablement à venir tant que le cynique et cruel agresseur est là, je partirai avec une image très positive de ces Palestiniens avides de contacts, et qui gardent une dose d'optimisme, au moins pour le long terme.

Demain, je vais déjeuner chez Ziad.

Gaza – 27/09/2013

Pendant que je déjeune chez Ziad et que nous discutons pendant l’après-midi, les amis d'Unadikum participent à une manifestation pour le 13ème anniversaire du lancement de l’intifada Al Aqsa (photo ci-dessous)

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Cette manifestation s’est déroulée pacifiquement près de la bordure israélienne, les participants armés seulement de drapeaux palestiniens. Rapidement des grenades lacrymogènes ont été tirées du mirador, en tir tendu, donc pour blesser. Plusieurs Palestiniens ont effectivement été blessés et emmenés en ambulance. Sauvagerie gratuite d’agresseurs cruels toujours présents !

Gaza – 28/09/2013

Les Egyptiens avaient annoncé l'ouverture du passage de Rafah pour ce samedi, demain et lundi. Des centaines de Palestiniens (étudiants, cas médicaux, expatriés, familles complètes...) se sont présentés dès 6h pour une ouverture à 10h. Moi-même, accompagné de 4 amis (3 Unadikum et un Palestinien) suis arrivé vers 10h, la procédure étant plus rapide pour les internationaux.

Si tout s'est bien passé coté Gaza, les Égyptiens n'ont laissé passer quasiment personne, à l'entrée comme à la sortie. Les rumeurs allant bon train dans ce genre de circonstances, certains disaient qu'ils avaient un problème informatique... Mais comment savoir si c'est de la mauvaise volonté politique ou autre chose ?

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Les familles palestiniennes attendent dans l'angoisse. Elles reviendront demain.


Je réessayerai demain.

Si pour moi ce n'est qu'un inconvénient, c'est totalement horrible pour les Palestiniens, cet enfermement, cette incertitude permanente et ce sentiment de dépendance des autres. Israël d'abord, qui interdit toujours tout passage aux Palestiniens et maintient son siège militaire (et économique) inhumain et cruel sur mer, sur terre et dans les airs. L'Égypte, ensuite. Morsi par « confraternité islamique » avec le Hamas, avait facilité des passages plus ou moins réguliers de Gazaouis. Le nouveau gouvernement veut faire payer au Hamas son soutien quelque peu intempestif à Morsi. Et qui sont les otages permanents de ces manœuvres politiques au-dessus de leur tête ? Encore et toujours les Gazaouis.

Comme disait Ziad, ce sentiment d'enfermement, d'incertitude permanente (la veille ou sur place, on ne sait jamais si on va passer), de ne pas être libre d'aller et de venir comme on veut, ne peut que nourrir l'extrémisme, le découragement ou la fuite (de nombreux étudiants cherchent en vain des visas pour s'expatrier en disant: "Gaza: no future").
C'est sans doute ce que veulent Israël, et ceux qui les soutiennent.
A nous de faire le maximum pour faire connaître leur situation, leur combat afin que de petites lueurs d'espoir se maintiennent.

Gaza – 29/09/2013

Suis devant la porte de sortie de Gaza. Beaucoup de Palestiniens. Les Egyptiens ne laissent passer presque personne. Difficile encore aujourd'hui. Si je ne passe pas avant 13h, je pense téléphoner à l'ambassade de France en Egypte. J'en ai vraiment ras le bol de cette situation. Et je pense aux Palestiniens...

Même chose aujourd'hui : malgré l'assurance des autorités de Gaza que j'allais passer, les Egyptiens ont quasiment tout bloqué (sauf 2 bus d'enfants de Gaza qui rentraient). Une centaine de Palestiniens ont franchi la porte de Gaza pour aller "gueuler" devant les Egyptiens. En vain. Il reste demain. Mais suis plutôt pessimiste.
Suis enfermé, mais pas malheureux...

Photo
Les Gazaouis ont forcé le portail et vont protester au plus près des Egyptiens


Autres aspects de la vie à Gaza

L’eau
L’appartement loué par Unadikum est dans un immeuble neuf, au 5ème étage, à Gaza-Ville, tout près du port. L’eau du robinet est saumâtre (salée), et un peu grise. Totalement impropre à la consommation et à la cuisine. Nous l’utilisons uniquement pour la douche et nous laver les mains. Pour l’eau potable, il faut un bidon, que l’on va remplir à un réservoir plus grand au rez-de-chaussée de l’immeuble. Partout dans Gaza, on observe le transport de l’eau potable : des camions-citernes aux charrettes à ânes remplies de bidons en plastique. L’eau potable provient de sources dans la partie Est de la Bande, moins polluée. L’eau des aquifères de la bande littorale et du nord de la Bande est totalement polluée, en raison de la surpopulation et surtout du pillage des nappes (y compris sous la bordure) par Israël et à partir d‘Israël. Ce problème est crucial : dans quelques années, la population ne disposera plus d’eau potable pour la consommation domestique et l’agriculture irriguée.

L’électricité
Au début de mon séjour, l’électricité était disponible dans Gaza 8h sur 24h. A la fin, la fourniture était limitée à 6h sur 24h, en raison de la crise des combustibles, qui permettent à la centrale électrique de fonctionner. Les Gazaouis sont nombreux à utiliser des groupes électrogènes. Quand la ville est noire le soir, éclairée seulement par les phares des voitures, on voit et entend, au pied des immeubles, maisons et magasins des générateurs assez bruyants qui fournissent le minimum : une ou deux ampoules et la charge des téléphones et ordinateurs. Les batteries (style poids lourds) remplacent de plus en plus les groupes électrogènes. Avec un onduleur, ils transforment le 12V continu en 220V alternatif, et c’est moins bruyant. On touche là au cynisme total d’Israël, qui vent très cher le carburant, limite les quantités et vend générateurs et batteries au territoire palestinien.

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Gaza la nuit sans électricité, un groupe électrogène sur le trottoir


L’éducation et les universités
Le niveau d’éducation à Gaza est exceptionnel. Tous les enfants vont au jardin d’enfant vers 2 ans, en maternelle jusqu’à 6 ans, puis en primaire jusqu’à 12 ans. Le secondaire va jusqu’à 17 ans. Puis, c’est l’université. Le nombre d’enfants est si important que les écoles fonctionnent souvent par rotation matin/après-midi. Avec direction et structure séparées : direction et personnel différents, seuls les locaux sont partagés. Beaucoup d’écoles sont gérées par l’UNRWA, reconnaissables parce qu’en préfabriqués bleus. Les universités et leurs départements sont nombreux : Université Islamique (qui n’a rien d’islamiste), Université Al Aqsa et quelques écoles privées. Le problème est que les jeunes très éduqués, soit à Gaza, soit dans les universités des pays du Moyen-Orient ou du Maghreb, n’ont presque pas de débouchés sur place, avec 40% de chômage. Quelle tristesse, en discutant avec des dizaines de jeunes Gazaouis, de les entendre nous demander de les aider à obtenir un visa pour sortir de Gaza, parce qu’à Gaza « no future ». Le découragement n’est pas une solution, mais combien il peut se comprendre vu les conditions qui sont imposées à ce peuple !

La situation politique
Il semble que le soutien au Gouvernement et au Hamas soit en baisse dans la population. La situation économique (fermeture des tunnels, hausse du coût de la vie, pénuries, agriculteurs et pêcheurs empêchés de travailler) et sociale (grande pauvreté touchant de nombreux Gazaouis, notamment dans les camps de réfugiés), ajoutée au clientélisme, sont les principales raisons avancées par la population. Les partis politiques autres que le Hamas (Fatah, FPLP, Jihad Islamique) peuvent s’exprimer. Les Palestiniens sont en recherche de solutions, tant pour leur gouvernance, que pour les modes de résistance à l’occupation et au blocus de Gaza.

Les Gazaouis, accueillants et pacifiques
Quelle chaleur dans les relations avec les Palestiniens de Gaza ! Les gens sont curieux de votre famille, de votre pays, de votre vie. Ils veulent vous inviter chez eux. Ils sont chaleureux et ont un grand sens de la famille élargie, premier niveau de la solidarité en cas de coup dur. Ils sont très cultivés et informés de ce qui se passe dans le monde. Ils ont un sens de l’hospitalité sans limite. « Dites que nous sommes les gens les plus pacifiques du monde, tant que l’on ne touche pas à nos enfants et à notre terre » répètent-ils. Israël en sait et en saura quelque chose.

Gaza 30/09/2013

Suis passé ce jour.
D‘abord, on donne son passeport à un bureau de l’administration palestinienne, avant la « grande » porte, côté Gaza. Puis un Palestinien vous appelle et vous pouvez « passer la porte » vers les bureaux de contrôle douanier palestiniens. Ils vérifient, on attend 1/2h, puis l’employé pose son tampon de sortie de Palestine sur le passeport. Attente ensuite du car. On monte dans le car. Les bagages sont entassés sur un trottoir après être passés au scan. On monte dans le car (jeunes, adultes, enfants, étudiants, environ 65 p.). Le car s’arrête devant le portail qui marque l’entrée en Egypte.

Tout le monde descend. Certains jouent aux cartes pour tromper l’angoisse. Tension. Il est 12h. A 13h, tout le monde craint le pire : le retour du car à Gaza comme les Egyptiens l’ont fait plusieurs fois. D’un coup, le chauffeur fait signe de monter : une immense clameur de joie et de soulagement sort des poitrines libérées et unanimes. Quelle émotion ! Un peu de liberté au bout !

J’ai discuté pendant tout ce temps avec des étudiants Gazaouis (en majorité dans le groupe). Certains partent continuer leurs études (médecine, ingénieur…) en Algérie, Yémen, Turquie…

Avant de monter dans le car, j’aperçois une jeune fille (très belle) embrasser son frère. Je la retrouverai le soir à l’aéroport du Caire. Elle s’appelle Shahd Abusalama (photo ci-dessous).

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Elle a fait des études brillantes de langue anglaise à Gaza et part pour un cycle universitaire de 3 ans en Turquie (tous frais payés par le Gouvernement Turc). Elle a 22 ans. Nous discutons pendant les heures d’attente de notre avion (je fais escale à Istanbul) qui part à 3h. Elle tient un blog magnifique (en anglais) : "Palestine from my eyes" et elle dessine très bien. Un autocollant sur son PC portable : « Boycott Veolia ». Elle ne pourra revenir pendant 3 ans voir sa famille à Gaza. Une sœur l’a fait, elle a raté plusieurs mois de scolarité pour cause de fermeture de Rafah. Shahd ne prendra pas le risque. Elle me dit que Skype permet d’atténuer la séparation… Bon courage, et bonne réussite Shahd ! L’avenir en résistance !

P.S. Un très grand merci à Manu Pineda, d'Unadikum, qui m’a aidé dans les difficultés pour entrer et sortir de Gaza, et surtout a tout fait pour que mon séjour soit fructueux, me faisant bénéficier de ses nombreux contacts à Gaza, pour que je ressente la réalité sur place, afin de mieux la communiquer ensuite en France. Merci à ISM-France, et à Mireille, qui m’a mis en contact avec Unadikum.

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