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Gaza - 15 août 2008
Par Harry Shannon
Harry Shannon est un professeur d'épidémiologie clinique et de bio-statistiques à l'Université McMaster, et un membre de Independent Jewish Voices. Il vit à Dundas, Canada.
C'était comme si nous avions atterri sur une autre planète. La piste de sable est entourée des vestiges de l'ancienne zone industrielle de Gaza. Les décombres s'étirent sur des centaines de mètres le long de la route.
Même sur la principale route qui traverse la bande de Gaza, conduire est un slalom entre les nids-de-poule. L'air pue l’huile brûlée et la nourriture fétide des gaz d'échappement (les voitures utilisent de l'huile de friture usagée comme carburant).
Je m'attendais à ce que la situation dans Gaza soit mauvaise mais je suis encore choqué par la dévastation dont j’ai été témoin lorsque j’y suis allé en Juillet.
Le mois dernier, mon compagnon et moi-même sommes entrés dans la Bande de Gaza au point de passage d'Erez en passant par un bâtiment moderne qui rappelle un terminal d'aéroport. Après un interrogatoire de la police des frontières israélienne, nous avons quitté le bâtiment et avons fait un kilomètre à pied pour prendre le bus.
C'était comme si nous avions atterri sur une autre planète. La piste de sable est entourée des vestiges de l'ancienne zone industrielle de Gaza. Les décombres s'étirent sur des centaines de mètres le long de la route.
Même sur la principale route qui traverse la bande de Gaza, conduire est un slalom entre les nids-de-poule. L'air pue l’huile brûlée et la nourriture fétide des gaz d'échappement (les voitures utilisent des huiles de cuisson usagées comme carburant.)
De toute façon, il n'y a pas beaucoup de voitures sur la route. Les carrioles tirées par des ânes sont fréquentes.
Malgré la température de 35°C, les conducteurs n’utilisent pas l'air conditionné dans les voitures afin d’économiser du carburant.
De temps à autre, l'odeur des égouts remplit l'air. Le manque d'usines de traitement des eaux usées signifie qu’une grande partie d’entre elles sont déversées à l’état brut dans la Méditerranée.
Nous d'abord sommes allés dans un hôpital pour enfants à l’entrée de la ville de Gaza. Le directeur d'hôpital et les médecins nous ont décrit la situation. Sur 100 lits, 40 étaient occupés par des enfants atteints d’une méningite bactérienne, une maladie extrêmement grave.
Il y a une pénurie de médicaments et de matériel médical de base, même des choses simples comme les cotons imbibés d'alcool.
L'hôpital dispose de trois ventilateurs, un seul fonctionne. Israël ne permet pas l’entrée des pièces de rechange pour les autres.
Le matériel en état de marche est pour un "cas désespéré" qui ne peut pas être transporté. Pendant ce temps, les malades qui pourraient en bénéficier ne l'ont pas.
Il existe de nombreux cas de malnutrition - par exemple, les enfants d'un an pèsent 3 kg. Leurs familles ne peuvent pas se permettre la bouillie spéciale dont elles ont besoin pour améliorer leur état de santé.
En raison du manque de matériel et de personnel qualifié, il n'existe pas de radiothérapie et de chimiothérapie dans la bande de Gaza.
Les traitements de nombreuses maladies ne peuvent être obtenus en Israël. Médecins pour les Droits de l'Homme-Israël (PHR) signale que, malgré le cessez-le-feu de ces dernières semaines, les cas médicaux d'urgence ne sont toujours pas autorisés à entrer en Israël, où ils pourraient recevoir un traitement qui leur sauverait la vie. PHR a documenté de nombreux cas de personnes qui meurent avant d’être soignées.
En effet, la proportion de malades à qui la sortie de Gaza pour un traitement a été refusée a augmenté depuis l'année dernière.
PHR va bientôt publier un rapport sur "l'extorsion médicale." Certains malades Palestiniens sont interrogés au point de passage d'Erez et on leur demande de devenir des informateurs ou des collaborateurs comme condition à l'autorisation de quitter Gaza pour un traitement médical.
Après avoir quitté l'hôpital, nous nous sommes rendus à l'extrémité sud de Gaza. Nous nous sommes arrêtés au point de passage de Rafah, la frontière avec l'Égypte. Il était fermé, comme la plupart du temps.
Un groupe de personnes attendaient, en espérant contre toute espérance qu'ils seraient autorisés à passer. Israël et les États-Unis font pression sur l’Egypte pour qu’elle n’ouvre pas la frontière, et en tout état de cause, elle ne veut pas être inondée par un grand nombre de réfugiés.
Nous avons roulé dans la ville de Rafah, qui a été bombardée par l'armée israélienne. Un très grand nombre de bâtiments ont été gravement endommagés ou complètement détruits.
Dans chaque rue, on trouve à peine un bâtiment intact. Des cabanes de fortune de tôle ondulée et de toile servent désormais d’abris à ceux qui ont perdu leur logement.
Nous sommes retournés vers le nord en longeant la côte. La beauté de la vue sur la mer contraste fortement avec le reste de ce que nous avions vu.
Après être passés dans le camp de réfugiés d’Ash-Shati, nous sommes allés du côté des hôtels modernes. Ils attendent en vain les clients. L'économie de Gaza, dévastée par le contrôle israélien des frontières, continue de stagner.
Ma sœur et son mari sont des Juifs orthodoxes qui vivent près de Tel-Aviv. Ils sont indignés par le comportement d'Israël, en particulier par les restrictions aux malades ayant besoin de quitter la bande de Gaza. Mon beau-frère, un ancien président de la médecine familiale à l’Université de Tel-Aviv et spécialiste en éthique médicale, s'est plaint publiquement sur ce sujet.
En tant que Juif, je suis, moi aussi, dégoûté et j’ai honte de ce qui se passe. Oui, Israël a besoin de sécurité. Mais ce qui se passe va bien au-delà de besoins en matière de sécurité.
Les actions d'Israël correspondent à un châtiment collectif, interdit en vertu du droit international.
J'ai honte que le gouvernement Harper soutienne de façon inconditionnelle Israël contre les Palestiniens.
La politique actuelle est inadmissible, comme toute personne qui se rend dans la bande de Gaza peut le constater.
Source : http://www.thespec.com/
Traduction : MG pour ISM
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