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Cisjordanie - 20 juillet 2010
Par ISM
Al Ma’sara (Vendredi 16 juillet)
Pour l’anniversaire de la Révolution française, ce vendredi à Al Ma'sara, le thème de la manifestation était la destruction de la prison dans laquelle Israël maintient en captivité les Palestiniens, évoquant ainsi la prise de la Bastille en 1789.
Environ 50 manifestants, des Palestiniens et des internationaux, se sont dirigés vers l'entrée principale du village pour demander la fin de la construction illégale du Mur de l'Apartheid et de la colonie illégale d'Efrat, qui cernent le village et séparent les habitants de leurs terres. Sans avoir été provoquée, l'armée israélienne a réagi violemment à la protestation non-violente.
Pendant la manifestation, les dirigeants du Comité Populaire local ont parlé avec force de leur droit à la terre de leurs ancêtres et de leur lutte permanente pour la liberté. Ils ont demandé la fin de l'emprisonnement arbitraire des prisonniers politiques palestiniens
Malgré le caractère pacifique de la manifestation, les soldats ont répondu en lançant des bombes de gaz lacrymogène et des bombes assourdissantes. Un dirigeant du comité populaire local, Marwan, a été détenu et menacé de coups par des soldats, mais il a été ensuite relâché sans inculpation.
Les Palestiniens et les internationaux ont exhorté l'armée à ne pas tirer ou utiliser des moyens violents, en levant les mains pour symboliser la résistance non violente. Malgré cela, les soldats ont commencé à tirer des bombes assourdissantes - l'une d’entre elles a blessé un journaliste international – et ensuite ils ont tiré des gaz lacrymogènes.
Les manifestants, dont des femmes et des personnes âgées, ont été exposés aux tirs de gaz lacrymogènes et de bombes assourdissantes et ils ont dû se disperser.
La construction et l’élargissement de la colonie illégale de Gush Etzion ont déjà confisqué une grande partie des terres du village et la construction illégale du Mur d'Apartheid dans le secteur confisque environ 3.500 dunums de terres.
Ici, tout au long de l'histoire de la résistance populaire, des dirigeants locaux ont été arrêtés, emprisonnés et menacés par les soldats ; ils doivent payer de fortes amendes ou sont condamnés à des peines d'emprisonnement, juste pour avoir assisté à des manifestations.
Il y a souvent des raids nocturnes de l’armée pour dissuader les habitants d'Al Ma'sara d'exercer leur droit de protester contre l'occupation, ce qu'ils font depuis 2005. Toutefois, il semble que la stratégie des soldats pour tenter d'effrayer les manifestants ait l'effet contraire : cela intensifie la participation aux manifestations futures.
Bil’in (Vendredi 16 juillet)
Le 16 Juillet, près de 200 personnes ont participé à la manifestation hebdomadaire contre le Mur à Bil'in : beaucoup d'entre eux étaient des internationaux. D'énormes quantités de gaz lacrymogène ont été tirées - inutilement - sur les manifestants et deux personnes ont été blessées.
La manifestation a commencé dans le centre de Bil'in, après la prière de midi. Une centaine de Palestiniens et presque autant d’internationaux se sont rassemblés et ont rendu hommage à Fayyes Tanin, un chef de file du la résistance populaire palestinienne qui est décédé il y a 6 semaines dans un accident et de nombreux posters étaient à son effigie.
Les manifestants ont défilé, comme d'habitude, à travers le village jusqu'au mur, en agitant des drapeaux et chantant en arabe et en anglais tout le long du chemin.
La manifestation s’est arrêtée à quelques mètres de la porte, où les soldats israéliens les attendaient.
Sans avertissement et sans qu’aucune pierre ne soit jetée, les soldats ont commencé à tirer des gaz lacrymogènes, moins d'une minute après que les manifestants aient atteint le mur.
Les manifestants avaient espéré verrouiller rapidement la porte du côté palestinien – pour empêcher les soldats de faire des incursions en direction du village et d’arrêter les gens - mais les nombreux soldats de l’armée d’occupation israélienne ont forcé le passage et pourchassé les manifestants en tirant en permanence des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes.
Un garçon de 12 ans s’est évanoui après avoir inhalé du gaz lacrymogène et a dû être ramené au village. Un autre jeune garçon a été touché à la poitrine par une grenade lacrymogène. Il a eu très mal mais heureusement il n’a pas été gravement blessé.
Une dizaine de soldats sont ensuite passés à l'offensive, en avançant vers le village et en tirant des gaz lacrymogènes depuis les oliveraies afin d’être plus près des manifestants qui s'étaient retirés et regroupés. Un groupe de manifestants qui s'étaient rassemblés sur une autre colline près du village ont subi des attaques répétées de gaz lacrymogènes qui les a empêchés de rentrer au village pendant un certain temps.
La manifestation a duré plus d'une heure et aucune arrestation n'a eu lieu, en dépit des nombreux efforts de l'armée israélienne.
Depuis Mars 2005, les habitants de Bil'in organisent régulièrement des actions directes et des manifestations contre le vol de leurs terres pour la construction du mur illégal de l’Apartheid et des colonies israéliennes illégales telles que Modi'in Illit.
Bien que la Cour Internationale de Justice (en 2004) et la Cour suprême israélienne (en 2007) aient déclaré que le tracé du mur était illégal – cette dernière a même déclaré qu'au moins 25% des 1964 dunums de terres confisquées à Bil'in devaient être rendues au village - ces décisions ont jusqu'à présent été ignorées et la construction de colonies se poursuit.
Ni’lin (Vendredi 16 juillet)
Une étudiante danoise a été arrêtée et détenue pendant plusieurs heures par les autorités israéliennes hier parce qu’elle se trouvait dans le secteur de la manifestation pacifique hebdomadaire de Ni'lin.
Lise Olivarius, 24 ans, s’est retrouvée cernée par une dizaine de soldats armés de fusils M-16 alors qu'elle se reposait à l’écart de la manifestation après avoir souffert d'inhalation de gaz lacrymogène.
Elle a été évacuée de Ni'lin, où elle et d’autres internationaux accompagnaient les villageois dans leur manifestation pacifique hebdomadaire contre le Mur d'Apartheid d’Israël qui traverse leurs terres, Mur qui a été déclaré illégal en 2004 par la Cour Internationale de Justice -.
La manifestation non-violente a été confrontée à la violence des soldats israéliens qui ont tiré des gaz lacrymogènes à plusieurs reprises sur les manifestants et ont arrêté un photographe israélien.
Olivarius a été interrogée au poste de police Shaar Benyamin de Jérusalem, puis elle a été détenue pendant quatre heures avant qu’on lui demande de signer un document certifiant qu'elle se trouvait illégalement dans une «zone militaire fermée». Mais, quand elle a refusé de signer, elle a été relâchée sans inculpation.
En vertu des Accords d'Oslo de 1993, le village de Ni'lin fait partie de la «Zone A», ce qui signifie qu'il devrait être sous contrôle palestinien. Mais depuis mai 2008, les forces d’occupation israélienne y ont tué 5 habitants et blessé grièvement un militant américain, Tristan Anderson, au cours de leurs dures répressions des manifestations contre l'occupation.
Le tracé du mur annexe les terres palestiniennes proches des colonies israéliennes illégales et la surface de Ni'lin ne représente maintenant que 56% de sa taille originale (8911 dunams). Tout comme la décision de la CIJ, la propre Cour Suprême d’Israël a statué que les deux tracés du mur proposés à Ni'lin étaient illégaux - mais ces décisions de justice qui soutiennent les revendications des villageois ont été ignorées.
An Nabi Saleh (Vendredi 16 Juillet)
Après les prières midi, les villageois d’An Nabi Saleh accompagnés de militants internationaux et israéliens se sont réunis pour protester contre le manque de ressources en eau accessibles aux Palestiniens. La manifestation s’est déroulée dans le calme avec des slogans et des discussions animées avec les soldats qui étaient présents pour empêcher la manifestation d'atteindre la colonie voisine.
Une centaine de villageois palestiniens et des internationaux s’étaient réunis à An Nabi Saleh pour protester contre l’annexion de leurs terres par la colonie. Les manifestants se sont dirigés vers la colonie, mais les soldats sont intervenus et ont perturbé la marche en avant des manifestants. La manifestation était pacifique jusqu'à ce qu'un Shebab (ndt : un jeune garçon) frappe accidentellement un journaliste avec une pierre. Un soldat a alors riposté en tirant des gaz lacrymogènes sur les Shebab.
Cet incident n'a pas empêché la manifestation de se poursuivre, quand de nombreux enfants et des femmes ont commencé à scander des slogans et à faire du bruit devant les soldats. Les enfants ont envoyé des signes de paix et ont chanté pour les soldats, en précisant qu'ils n'étaient pas les bienvenus. Les enfants sont allés de soldat à soldat, qui luttaient pour garder leur sang froid.
Après environ deux heures de protestation passionnée, les soldats ont quitté le village et la manifestation a pris fin. Le thème de la manifestation était le peu d'eau accordé aux Palestiniens par rapport à la quantité excessive d'eau réservée aux colons, comme ceux qui vivent dans la colonie illégale de Halamish (Neve Zuf).
Les gens du village, qui manifestent chaque semaine depuis Janvier 2010, ont exprimé, cette semaine, leur colère en mettant les gaz lacrymogènes et les bombes assourdissantes utilisées dans des sacs plastique remplis d'eau.
Wadi Rahhal (Vendredi 16 Juillet)
Environ 50 Palestiniens rejoints par 10-15 internationaux ont protesté contre les colonies illégales près du Wadi Rahhal. La manifestation a commencé vers 13h de l'après-midi, mais elle a été bloquée par 6 soldats et 6 policiers des frontières israéliens.
Les forces sionistes ont demandé aux manifestants de passer à côté de la route parce qu'ils bloquaient la circulation (bien que ce soient les soldats qui la bloquaient).
Les habitants de Wadi Rahhal ont prononcé des discours en arabe et en anglais, ont demandé aux soldats de quitter la région et ont appelé à la fin de l'occupation. La manifestation a duré 45 minutes, et il n'y a pas eu d'incidents graves. Deux colons sont arrivés pour regarder et ont discuté avec les soldats, ce qui démontre le lien idéologique et stratégique entre l'armée et les souhaits des colons.
Hébron (Samedi 17 Juillet)
Une centaine de manifestants pacifiques se sont réunis à Hébron, samedi, pour protester contre les colonies illégales dans la ville et demander la réouverture de la rue Shuhada aux Palestiniens. La manifestation était composée d'environ 40 militant internationaux, 60 Palestiniens et des militants israéliens.
Tombant la veille de l'anniversaire de Nelson Mandela, la protestation contre l'apartheid israélien a été particulièrement soulignée, avec des manifestants et des enfants portant des banderoles et des pancartes, dont certaines faisaient un parallèle entre Israël et le régime de l'apartheid en Afrique du Sud.
Les manifestants ont marché jusqu'à la rue Shuhada, où plusieurs militants palestiniens et un international ont prononcé des discours.
L'armée israélienne a arrêté l’un des activistes israéliens qui avait été pris pour quelqu'un d'autre alors que les soldats affirmaient qu’ils avaient des raisons pour l’arrêter. Il a été libéré quelques heures plus tard.
Après les discours et les chants, les manifestants sont entrés dans le souk. Etonnamment, la manifestation s'est déroulée dans une rue latérale alors que les soldats de l'occupation sioniste ne l’avait pas prévu - et cela a permis aux manifestants d'éviter une confrontation avec les soldats qui les attendaient une centaine de mètres plus loin.
Ces dernières semaines, les forces d'occupation israéliennes ont utilisé de plus en plus la violence contre les manifestations et ont tenté à chaque fois d’arrêter des militants, dans l'espoir de dissuader de nouvelles protestations. Mais les manifestants enthousiastes avaient marqué un point et ont continué dans les rues. La manifestation s’est terminée en acclamations.
Iraq Burin (Samedi 17 Juillet)
La manifestation hebdomadaire d’Iraq Burin contre l'annexion de terres palestiniennes par des colonies israéliennes illégales a été durement réprimée par l'armée israélienne, qui a tiré des salves de balles en caoutchouc et de bombes lacrymogènes en bas de la colline sur les manifestants pour les empêcher de marcher sur leurs propres des terres.
Les soldats s’étaient positionnés au sommet de la colline, entre les terres qui ont été volées pour la construction des colonies israéliennes illégales telles que Bracha, et celles que les villageois peuvent toujours appeler les leurs.
Alors que les manifestants s’approchaient les soldats, entre 30 et 40 au total, certains villageois - qui étaient accompagnés d'environ 10 internationaux, dont des journalistes de la télévision américaine PBS - ont commencé à jeter des pierres. Cela a entrainé le tir de salves de gaz par les soldats israéliens. Dans leur agression, les soldats n'ont pas fait de distinction entre les observateurs internationaux et les habitants.
Les internationaux et villageois ont été forcés de descendre la pente raide de la colline rocailleuse pour échapper aux gaz lacrymogène qui incluaient des boîtes métalliques potentiellement mortelles et étaient tirées au niveau du sol. L’agression s’est poursuivie pendant 45 minutes/1 heure, jusqu'à ce que les soldats dispersés quittent le village en paix.
Les manifestations hebdomadaires du samedi à Irak Burin ont commencé après les tirs mortels contre Mohammad et Ussayed Qaddous, âgés de 16 et 19 ans, le 20 Mars 2010. Les garçons ont été tués alors qu'ils protestaient contre l'invasion violente dans leur village, un phénomène fréquent le samedi.
Beit Ommar (Samedi 17 Juillet)
Une trentaine de Palestiniens et une quinzaine d'internationaux se sont réunis à Beit Ommar pour marcher en direction de la colonie de Karmei Tsur, qui a déjà confisqué 600 dunums de terres palestiniennes. Les soldats ont repoussé avec force les manifestants pacifiques, dont des enfants, en déclarant le secteur « Zone Militaire Fermée ».
Malgré le caractère pacifique de la manifestation, les soldats ont utilisé des bombes assourdissantes et des gaz lacrymogènes; blessant deux journalistes et arrêter un militant. Les soldats ont également tenté à deux reprises d’arrêter un activiste international, mais ils ont été empêchés par d'autres militants.
Les dirigeants des comités populaires et nationaux ont demandé le droit d'accéder librement et de cultiver leurs terres qui ont été mises sous contrôle militaire et des colons depuis 2006. Les manifestants et les enfants du village de Beit Ommar ont proclamé leur protestation non-violente et placé des drapeaux palestiniens sur la barrière en fils barbelés qui les sépare de leurs fermes.
Un groupe de cinq soldats israéliens ont nié que la terre était palestinienne, ils ont symboliquement enlevé les drapeaux et repoussé violemment les manifestants, provoquant l’évanouissement d’un journaliste palestinien.
Les soldats, qui semblaient ignorer la façon de gérer la situation, ont, comme d'habitude, eu recours à l'utilisation non nécessaire de la force exagérée et utilisé des bombes assourdissantes et des gaz lacrymogènes, malgré la présence de jeunes enfants.
Deux photographes palestiniens de Reuters et d’Associated Press ont été blessés suite à des actions violentes de la part des soldats.
Le premier, poussé d'un mur, a été blessé à la jambe et a dû être évacué dans une ambulance du Croissant-Rouge, qui l’a emmené pour traitement dans le centre médical de Beit Ommar.
Le deuxième photographe a été blessé à la tête par une bombe assourdissante qui lui a déchiré la moitié de son masque à gaz dans la force de l'explosion. La gravité de ses blessures a choqué les personnes présentes, y compris les soldats, qui avaient visiblement sous-estimé leurs actions. Il a ensuite été transporté sur une civière dans l'ambulance et nous attendons toujours de ses nouvelles.
Les soldats ont également tenté à plusieurs reprises d'arrêter une activiste du Mouvement International de Solidarité (ISM).
Elle a déclaré: "Il m'a demandé de quitter le secteur et j'ai dit que c'était une manifestation pacifique. Il a dit qu'il m'arrêterait si je ne partais pas. J’ai répété qu’il s’agissait d’une manifestation pacifique, et il m’a attrapé le bras et a tenté de m’emmener de force". L'arrestation a été déjouée à deux reprises grâce à l’intervention d'autres militants.
Les soldats ont toutefois réussi à arrêter un journaliste palestinien, dont le sort est encore inconnu.
Depuis 2006, des manifestations ont eu lieu tous les samedis matin à 10h et elles se poursuivront jusqu'à ce que la population locale obtienne le droit de cultiver leurs terres. Les agriculteurs refusent de participer au processus de l'application arbitraire qui n’accorde que de très rares accès aux terres qui doivent constamment être entretenues.
En outre, les agriculteurs subissent des attaques de colons extrémistes lorsqu’ils s’occupent de leurs cultures et ils appellent donc à la fin des colonies illégales qui ont déjà saisi 600 dunams de leurs terres, surface très importante. Les villageois continuent à protester contre les colonies qui s’agrandissent de plus en plus autour de leur village et menacent de saisir encore plus de terres.
Source : http://palsolidarity.org
Traduction : MG pour ISM
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