Fermer

S'inscrire à la mailing list ISM-France

Recevez par email les titres des derniers articles publiés sur ISM-France.

Votre adresse courriel

Fermer

Envoyer cet article

Votre adresse courriel
Envoyer l'article à
Votre message
Je profite de l'occasion pour m'abonner à la newsletter ISM France.
ISM France - Archives 2001-2021

Imprimer cet article Envoyer cet article
Article lu 1587 fois

Naplouse -

Le choix de la non violence

Par

J’ai demandé à Ahmed (25 ans) pourquoi il préfère travailler avec les ISM au lieu de rejoindre la résistance armée.
Il est resté silencieux un moment, a ri nerveusement et il a dit : "C’est une question difficile".
Finalement il a dit que c’était parce qu’il conservait foi en la paix et que c’est la raison pour laquelle il a choisi la non-violence.
Si j’étais sa mère je serais extraordinairement fière de lui.

Demain nous irons au village d’Iraq Burin près de la colonie de Berakhya.

Les villageois n’y ont pas de permis (les permis ne sont pas toujours accordés) pour ramasser leurs olives aussi allons-nous essayer par notre présence de leur permettre de le faire.

Je ne sais quand j’écrirai de nouveau.

Je quitte les ISM vendredi pour revenir à Jérusalem récupérer mes affaires et aller à Ramallah vendredi rejoindre un ami et ensuite aller à Ra’anana près de Tel Aviv rencontrer un autre ami avant de retourner chez moi dimanche. J’espère aussi prendre contact avec le responsable d’archéologie que j’avais rencontré au cours des étés que j’ai passés ici dans les années 80.

C’est lui qui m’avait fait connaître le mouvement de la paix israélien et à en juger par sa plus récente adresse je constate que lui et sa famille vivent dans l’une des plus importants colonies de Cisjordanie , Ma’ale Adumim.

Je ne veux pas seulement lui dire bonjour et filer, j’ai besoin de savoir pourquoi – ce qui l’a poussé à vivre maintenant dans une colonie.


Hier nous avons visité les maisons de familles de martyrs qui ont eu un ou des morts au cours de l’Intifada actuelle. Le moins que l’on puisse dire c’est que c’était un crève-cœur.

Elles ont toutes des photos des fils, pères etc. sur les murs (en fait il y a des affiches de martyrs dans tous le camp de réfugiés de Balata). Certaines maisons ont même été transformées en lieux de pèlerinage en l’honneur des martyrs bien-aimés.

La majorité des familles palestiniennes ont eu au moins un des leurs tués – pères, fils, filles, oncles, etc, etc.

Ici, le martyr était un « kamikaze », là le martyr appartenait à la résistance armée, mais dans la plupart des cas, les tués étaient des passants innocents et trop souvent des enfants.


La nuit dernière nous avons parlé avec un commerçant dont le fils, journaliste, a été touché d’une balle dans la poitrine (et tué) alors qu’il était assis dans une voiture. CNN filmait quand c’est arrivé.

La femme de ce commerçant a été, lors d’un autre incident, touchée à la jambe.

Certaines familles comptent plusieurs martyrs et, évidemment, un grand nombre de prisonniers souvent détenus sans accusation, pour ne pas parler des tortures qu’ils subissent.

On m’a raconté que des Palestiniens sont devenus stériles en raison des tortures subies dans les prisons israéliennes.



Un de nos coordinateurs palestiniens (Ahmed) a eu sept de ses amis tués par les israéliens au cours des deux dernières années – l’en d’entre eux était son meilleur ami.

J’ai vu des photos de son ami après qu’un hélicoptère Apache israélien l’ait fait exploser (ce sont les Etats-Unis qui fournissent ces hélicoptères) – j’ai éclaté en larmes – son visage explosé, son corps en morceaux, éparpillés comme de la viande sur le sol, presque complètement carbonisé.

Lui, (notre coordinateur) a aussi d’autres amis qui sont détenus dans les prisons israéliennes. Et j’ai vu la photo d’un petit garçon palestinien dont le bras lui a été littéralement été arraché du corps par les colons.


J’ai demandé à Ahmed (25 ans) pourquoi il préfère travailler avec les ISM au lieu de rejoindre la résistance armée comme d’autres, étant donné que tant de ses amis ont été tués par les Israéliens.

Il est resté silencieux un moment, a ri nerveusement et il a dit : "C’est une question difficile".
Finalement il a dit que c’était parce qu’il conservait foi en la paix et que c’est la raison pour laquelle il a choisi la non-violence. Si j’étais sa mère je serais extraordinairement fière de lui.

L’autre nuit nous avons demandé à nos deux coordinateurs quel était le prix qu’ils payaient pour travailler avec les ISM. Ils ont dit qu’ils avaient renoncé à leur sécurité et qu’ils avaient perdu leurs amis. J’ai infiniment de respect pour eux.


Je suis allé l’autre jour au puits de Jacob, juste à l’extérieur du camp de Balata - une jolie église orthodoxe Grecque, et les jardins sont situés juste là où on dit que Rachel tirait de l’eau pour Jacob et les siens et aussi le site où, dit l’écriture sainte, Jésus a rencontré la Samaritaine.

Nous avons traversé l’église et bu l’eau du puits. En 1979 des membres appartenant au groupe du colon Meir Ka’hane sont entrés dans l’église et ont tué l’Archimandrite, coupant son corps en morceaux.


La nuit dernière des Israéliens ont déplacé le barrage qu’ils avaient installé la nuit précédente à l’un des bouts du camp de Balata (les barrages sont des montagnes de saletés empilées sur la route principale pour la rendre impraticable – Ces barrages apparaissent aléatoirement et sans avertissement).

Plusieurs jeeps militaires étaient là comme pour entrer dans le village; Notre groupe est allé à leur rencontre dans l’espoir de réussir à les persuader de ne pas entrer pour (préserver) tous les civils de la rue (Balata compte 20.000 personnes et c’est une très petite région) .

Plusieurs ambulances du Croissant Rouge sont arrivées et évidemment il y avait des jeunes garçons et des jeunes hommes qui lançaient des pierres. Les soldats ont tiré des gaz lacrymogène, des bombes fumigènes et assourdissantes contre les jeunes mais ils ont heureusement été rapidement à court (de munitions).

Quand nous avons su qu’il y avait des combattants palestiniens près du cimetière, nous avons filé.
Finalement les jeeps sont parties mais ce n’est pas toujours le cas.
Elles arrivent souvent en trombe dans le village à n’importe quelle heure pour intimider, harceler tuer et mutiler.


Les punitions collectives sont régulièrement utilisées par l’armée israélienne malgré la loi internationale qui l’interdit.

Les maisons des familles de martyrs sont souvent démolies et évidemment le harcèlement n’arrête pas. Les jeunes hommes sont emmenés de force en prison simplement parce qu’ils sont liés à quelqu’un qui a résisté ou qu’ils sont suspectés de telles activités.


La Palestine est un tel mélange ! Je sais que je me suis étendu sur l’horrible mais il y a tellement de belles choses. Les gens, leur générosité et leur hospitalité, leur gratitude que nous soyons ici, la beauté des visages d’enfants, la sensualité de la vie ici, les couleurs, les fragrances et les arômes, les paysages et les sons – je trouve les appels à la prière du Muezzin particulièrement réconfortants et apaisants.


Nous sommes restés un jour et demi privés d’eau dans notre appartement de Balata.
On m’a dit qu’ils (les Palestiniens) étaient restés jusqu’à trois jours sans eau.

Imaginez que vous soyez dix sept personnes dans un appartement (certains d’entre nous souffrant de diarrhée) et pas d’eau – ce qui veut dire pas d’eau du tout, pour absolument rien).

C’est avec ça que les Palestiniens doivent se débrouiller en permanence. La terre arrachée aux Palestiniens avait pour objectif les puits et les équipements aquifères.- en fait la route du mur de l’Apartheid serpente de manière à arracher encore plus d’équipement aquifères.

Les colons dans leurs forteresses des collines irriguent librement , ont des piscines et ne manquent pas d’eau tandis que les Palestiniens n’ont environ qu’un quart de cette eau pour des millions de personnes.

Les racines de la pénurie d’eau en Cisjordanie se trouvent dans cette répartition totalement injuste des ressources en eau. La loi internationale veut que les ressources locales en eau que partagent Israël et les Palestiniens soient justement distribuées en fonction des besoins.

En pratique Israël e leur alloue que 20% de l’eau des montagnes - le système des nappes phréatiques traverse la frontière entre Israël et la Cisjordanie - et ne permet pas aux Palestiniens d’accéder à l’eau du bassin du Jourdain (la seconde ressources en eau partagée) qui comprend la mer de Galilée, les affluents qui se déversent dans la mer de Galilée et la rivière Yarmuh.


Cette répartition injuste a créé une pénurie chronique d’eau pour les Palestiniens.

L‘ampleur de la pénurie est à voir dans le trou immense de la consommation domestique, urbaine et industrielle par tête qui s’est creusé entre Israéliens et Palestiniens.


Alors que le Palestinien moyen de Cisjordanie consomme à peu près 60 litres d’eau par jour, contre l’Israélien moyen qui en consomme 350


Le moins qu’on puisse dire c’est que c’est immoral !


S’il vous plait, demandez à vos medias pourquoi ces choses là ne sont pas publiées librement aux Etats-Unis. Même en Israël il y a plus de publications ouvertes et de débats qu’il n’est permis aux Etats-Unis.

Pour ceux qui connaissent mal cette information, voir www.haaaretz.com (un journal israélien) et lisez les articles de Gideon Levy et Amiry Hass. Il y a des gens qui souffrent sur place et nous finançons cette souffrance de multiples manières.


On parle si souvent d’Israël comme d’une démocratie.

Je dois rire – et ce rire est à la fois un rire triste et pareil à celui des Palestiniens (c’est comme ça, nous devons faire avec).

Pour ne pas répéter toutes les laideurs évidentes, réfléchissons à ceci – je dois m'envoyer à moi-même, et par la poste, aux Etats-Unis, tout que ce qui parle de la Palestine, de l’occupation, des ISM etc..

Si je garde ça sur moi à l’aéroport et qu’ils fouillent mes bagages, ce qui est généralement le cas, ils le confisqueront et je serai soumise à interrogatoire et passible de la prison.

Je me prépare à envoyer par mail mon journal, les cartes et d’autres choses mais même comme ça je cours le risque que ce soit ouvert par les autorités et confisqué.

Est-ce cela la démocratie ? ?

C’est l’occupation !!

J’arrête là pour l’instant. De nouveau, je ne sais pas quand j’écrirai.

Merci à tous ceux d’entre vous qui m’avez écrit – vos lettre de chez moi me donnent beaucoup de ce réconfort dont j’ai besoin.

Merci à vous tous d’être simplement là !

Yalla Shalom

Source : www.palsolidarity.org/

Traduction : CS pour ISM-France

Faire un don

Afin d'assurer sa mission d'information, ISM-France fait appel à votre soutien.

Oui ! Je soutiens ISM-France.


Contacter ISM France

contact@ism-france.org

Suivre ISM France

S'abonner à ISMFRANCE sur Twitter RSS

Avertissement

L'ISM a pour vocation la diffusion d'informations relatives aux événements du Proche Orient. Les auteurs du site travaillent à la plus grande objectivité et au respect des opinions de chacun, soucieux de corriger les erreurs qui leur seraient signalées.

Les opinions exprimées dans les articles n'engagent que la responsabilité de leur auteur et/ou de leur traducteur. En aucun cas l'ISM ne saurait être tenu responsable des propos tenus dans les analyses, témoignages et messages postés par des tierces personnes.

D'autre part, beaucoup d'informations émanant de sources externes, ou faisant lien vers des sites dont il n'a pas la gestion, l'ISM n'assume aucunement la responsabilité quant à l'information contenue dans ces sites.

A lire également...
Même lieu

Naplouse

Même sujet

Résistances

Même auteur

Keren

Même date

24 octobre 2004