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ISM France - Archives 2001-2021

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Naplouse -

Les FIO démolissent une maison dans le camp de Balata, 25 sans abri

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Lors de l'invasion du camp de réfugiés de Balata-Naplouse, le 7 novembre, les Forces Israéliennes d'Occupation (FIO) ont détruit à l'explosif une maison de deux étages et endommagé une autre à la grenade et par des coups de feu au hasard.

Les FIO démolissent une maison dans le camp de Balata, 25 sans abri

De plus, les sources locales ont rapporté que plusieurs maisons du camp ont également été envahies et saccagées par les soldats israéliens.

Les témoins ont raconté qu'une quarantaine de véhicules militaires sont entrés dans le camp et qu'ils ont terminé le siège par la détention de 25 palestiniens.

Une famille de Balata a été réveillée à 2h du matin par les tirs des soldats sur les murs de sa maison de 3 étages. Comme la plupart des habitants de Balata, la famille a souffert de plusieurs attaques des FIO au cours des dernières années, dont les dires de la grand-mère comme les murs eux-mêmes témoignent. Elle et une de ses petites filles montrent les marques profondes sur le balcon du salon faites par les tirs des FIO quelques jours auparavant. Des trous de balle similaires, même plus profonds, perforent le mur de ciment de la salle de bains du même côté de la maison. De ce mur, la grille en fer forgé du balcon a été tordue, déformée par une grenade à main que les FIO ont lancé depuis la rue. L'explosion a cassé la partie en béton du balcon (voir photo ci-dessus).

A l'intérieur de la salle de séjour, un rideau tiré de devant une fenêtre révèle un trou de la dimension d'une baignoire dans le mur de la maison voisine, depuis les attaques des FIO en 2002. Des trous béants dans le mur, bouchés par de vieux journaux, témoignent des attaques israéliennes précédentes.

En plus de la punition collective infligée à la famille entière, trois des petits-fils ont souffert directement des mains des FIO. Un petit-fils de 17 ans a été emprisonné pendant un an et demi en détention administrative, terme technique pour indiquer qu'on est gardé dans les limbes, sans avoir être accusé de quoique ce soit. Cette forme de détention pour durer des années, le détenu n'étant même pas garanti des droits de base que les prisonniers sont supposés avoir. Le jeune homme a finalement été libéré, sans charge. Pendant sa détention, suspecté d'être un leader en prison, il a été gardé en isolement pendant des mois. Lorsqu'il a été amené devant un tribunal israélien pour une nouvelle extension de sa détention administrative, le juge a vu l'absurdité de sa détention et a finalement ordonné sa libération.

Son jeune frère marche en boitant, incapable de plier complètement une de ses jambes, son genou est toujours douloureux depuis qu'il a été blessé par un soldat israélien ; sa jambe toute entière porte les marques des blessures provoquées par des éclats d'obus et des os cassés par les tirs des FIO. Un troisième petit-fils est actuellement emprisonné pour une durée inconnue ; accusé d'activités de résistance, il a été arrêté lorsqu'il avait 17 ans.

Au premier étage, la petite-fille montre l'appartement où les militants d'ISM ont vécu, où ils sont restés pendant des années, une présence permanente qui pendant une année entière a permis d'empêcher la démolition imminente par les bulldozers Caterpillar des FIO. Une victoire. Les militants d'ISM ont été informés d'au moins 5 autres maisons qui ont été démolies par la politique continue d'Israël de punitions collectives des familles pour connaître ou avoir un lien avec des "hommes recherchés" par Israël.

Des murs déformés et des sans abris sous la pluie

Aux premières heures, mercredi matin, après 5 heures de fouille et de saccage de la maison, les FIO ont fait exploser la pièce du fond du rez-de-chaussée, faisant des dommages aux murs des deux maisons voisines ainsi qu'au premier étage de la maison bombardée.

La maison visée abrite 15 membres de la même famille, qui sont maintenant sans logement, pour cause de punition collective. Ils ont eu de la chance : ils ont été poussés dehors à minuit et demi, avant l'explosion de 5h du matin qui a détruit la chambre et causé des dommages aux murs porteurs. Les voisins, chez eux à deux mètres derrière, dormaient lorsque la bombe a brisé leur fenêtre et fait des dégâts à leur propre mur.

La famille, qui s'est répartie chez trois voisins différents, a installé des poteaux de soutènement pour compenser les murs porteurs qui ont été déformés et fissurés par l'explosion. Selon la famille, la reconstruction de la maison coûtera au minimum 30.000 dinars jordaniens (29.000 €). Evaluant les pièces du deuxième étage, elles aussi saccagées et dévastées par les soldats et l'explosion, le père a conclu qu'il vaudrait mieux démolir la maison et la reconstruire complètement.

Les 30.000 dinars jordaniens de réparation de la maison n'incluent pas la perte des meubles, des appareils, des affaires, qui ont tous été soit abîmés soit brisés lors du premier saccage par les FIO ou ensuite la démolition. Les fils de la famille travaillent comme manœuvres, prenant le travail qu'ils trouvent. Faire face à ces nouvelles dépenses sera une tâche difficile, qu'ils supporteront seuls.

Le prétexte de cette punition collective était la chasse à l'homme des FIO sur l'un des fils, âgé de 23 ans, étudiant à l'université qui est recherché par Israël depuis 2 ans et demi pour de soi-disant activité de résistance avec le Jihad Islamique.

C'est le cas pour beaucoup de maisons détruites et de familles collectivement punies. L'invasion des FIO du 26 octobre dans un quartier ouest de la vieille ville s'est terminé par l'assassinat de 3 hommes – l'un d'entre eux était un vieil homme de 70 ans qui se trouvait chez lui – et des dégâts et des destructions des maisons de nombreux habitants du secteur attaqué. Les habitants ont raconté plus tard leur emprisonnement dans des conditions inhumaines, quand pendant 15 heures beaucoup d'entre eux ont été enfermés ensemble dans une petite pièce, sans eau, sans nourriture, sans autorisation d'aller aux toilettes, pendant les FIO remplissaient leur "mission", la traque d'un Palestinien "recherché".

L'assassinat du vieil homme, Shakher al-Wazir, a eu lieu vers 2 heures du matin, alors qu'il ouvrait sa porte après en avoir reçu l'ordre des FI0 et qu'elles l'aient assuré qu'il ne risquait rien. Un soldat israélien, qui se tenait dans les escaliers en face de la porte, a tiré sur l'homme entre 3 et 5 balles, à une distance de 3 mètres.
Un combattant clef de la résistance, Basil Abu Sirriyya ("Gadaffi") a été tué. Un autre combattant important de la résistance, (Abed) Muhammad Shinawi, a été grièvement blessé et est mort deux semaines plus tard des suites de ses blessures. Les hommes ont été tués par un obus tiré par les FIO vers 3 heures du matin depuis le quartier sous invasion, pendant qu'ils étaient sur un toit dans la vieille ville.

Dans le même raid matinal, une femme, Rania al-Shakh-Sheer, qui était assise chez elle, en bas de la rue, a reçu une balle dans le dos, une parmi les 20 tirées par les soldats devant chez elle, selon les témoins. La balle s'est logée près du cœur, nécessitant un transfert immédiat à l'hôpital, selon un médecin qui était sur les lieux. Elle a dû subir cinq opérations et est toujours dans un état critique.

Deux maisons en particulier ont été considérablement endommagées, le rez-de-chaussée de l'une d'entre elles a explosé. Dans la première maison, celle où al-Wazir vivait et est mort, les habitants racontent que les soldats israéliens sont entrés dans la maison vers 2 heures du matin, tirant à balles réelles dans les chambres où dormaient les membres de la famille. Environ 25 habitants de cet immeuble de deux étages, tous de la même famille, ont été expulsés, envoyés ailleurs.

Ensuite, les soldats des FIO ont fouillé la maison, détruisant les affaires au fur et à mesure qu'ils passaient de pièce en pièce. Ne trouvant pas l'homme qu'ils cherchaient, les soldats ont tiré une roquette depuis un toit voisin à travers la fenêtre de la chambre des parents, touchant le plafond et les éclats faisant des dégâts à la pièce. La raison apparente était de tuer l'homme que recherchaient les FIO. Il n'était jamais venu dans cette maison.

Les soldats sont ensuite passés à la maison voisine où ils ont fait la même chose, vidant d'abord la maison de ses occupants, à la pointe du fusil, puis fouillant chaque pièce, détruisant les objets avant de partir. A partir de 7 heures du matin, jusqu'à ce qu'ils arrêtent Abdullah Hawwaj, 36 ans, à 18 heures, les soldats ont continué à saccager les différents étages de la maison, cherchant Abdullah et son frère, un homme qui venait d'avoir une opération et dont la santé était mauvaise.

Abdullah, qui a fait 10 ans de prison dans les geôles israéliennes pendant le 1ère Intifada, fut libéré lors d'un échange de prisonniers en 1999. Au cours des premières années du 2ème Intifada, il a participé à des activités de résistance mais a quitté ces activités pour réintégrer une vie normale. Son nom a été inclus à la liste des 189 hommes recherchés récemment pardonnés, un marché conclu entre l'Autorité Palestinienne et Israël. Abdullah croyait qu'il était en sécurité, car la veille, un homme important de l'Autorité Palestinienne de Naplouse l'avait rassuré quant à sa sécurité, et c'est ainsi qu'il était chez lui lorsque les soldats des FIO sont arrivés, aux premières heures du 16 octobre, à sa recherche.

Le frère d'Abdullah n'était impliqué dans aucune activité de résistance ; selon sa sœur, sa vie quotidienne était : aller à la mosquée, aller travailler, rentrer à la maison. Les deux hommes ont finalement été trouvés, cachés au sous-sol. Pour éviter que tous dommages supplémentaires soient infligés à sa famille et à leur maison, ils sont sortis de leurs cachettes, et se sont rendus aux soldats. Peu de temps après, les FIO ont fait exploser le sous-sol, un rappel de la punition collective qui sera infligée aux familles des hommes recherchés.

L'explosion des pièces du sous-sol d'Abdullah ont brisé et fissuré le mur épais de 7cms mitoyen avec un autre sous-sol. Le voisin a raconté comment les soldats ont demandé à lui et à sa mère de quitter leur maison, lui refusant, invoquant la mauvaise santé de sa mère et ses difficultés pour marcher. Il a fini par obéir aux ordres du soldat et est sorti rejoindre ceux des étages au-dessus, dans la rue. On ne leur a donné ni nourriture ni eau depuis leur évacuation à 8h30 jusqu'à leur libération, après 18h00, et n'ont pas été autorisés à aller aux toilettes une grande partie de la journée. Alors que les hommes et les femmes étaient séparés, il a raconté comment, lorsqu'enfin ils ont eu la permission d'utiliser les toilettes, ils n'ont pas eu le droit de fermer la porte, et combien c'était gênant et blessant pour les hommes et les femmes. Une insulte supplémentaire fut le refus des soldats des FIO de permettre aux hommes de se laver et de prier.

La grand-mère d'Abdullah, entourée par les preuves de la présence des FIO sous forme des choses brisées et endommagées, a exprimé ses sentiments pour les non-Palestiniens, les non-Musulmans : "Après tout ce qu'Israël nous a fait, nous continuons à ne vouloir que la paix". Elle a continué par une demande : "Nous n'attendons pas de vous un soutien financier, mais seulement votre soutien pour la justice, pour que les gens partout dans le monde sachent la vérité."

Au moment de quitter la maison de Balata détruite juste quelques jours auparavant, le propriétaire lui aussi a exprimé son souhait que le monde sache, remerciant les militants des droits de l'homme d'avoir montré leur intérêt pour les pertes de la famille.

Source : ISM

Traduction : MR pour ISM

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