Envoyer cet article
Gaza - 12 novembre 2016
Par Hamza Abu Eltarabesh
Hamza Abu Eltarabesh est journaliste indépendant et écrivain à Gaza.
8 novembre 2016 – Le 31 juillet, des ouvriers déblayant les décombres d’une maison détruite dans le bombardement israélien de 2014 sur le quartier Shujaiya de Gaza-ville ont découvert des ossements humains. La police a été appelée et les restes ont été emmenés pour examen. Mais l’identification s’est avérée impossible, a dit plus tard Ayman al-Batniji, porte-parole de la police de Gaza à The Electronic Intifada. Les restes, a-t-il dit, ont depuis été enterrés et étaient ceux d’un enfant d’environ deux ans.
Un panneau d’affichage indique l’emplacement où Juma al-Hams (premier à gauche) et deux autres combattants ont été tués. Le quatrième combattant sur le panneau a été tué dans un incident séparé (Emad Shaat)
« Nous n’avons pas pu identifier le squelette, mais nous pensons qu’il appartient à un des martyrs de la dernière guerre car il a été découvert dans le déblaiement d’une des maisons bombardées alors. »
La découverte rappelle de façon lugubre que deux ans après l’attaque israélienne de 2014 contre la Bande de Gaza, des gens sont toujours portés disparus, très probablement morts.
Le ministre de la Santé de Gaza admet ne pas en connaître le nombre exact. Il essaie toujours de faire le suivi avec les groupes locaux de défense des droits de l’homme et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a déclaré le porte-parole du ministre Ashraf al-Qedra.
Le CICR, qui s’occupe des affaires liées aux prisonniers palestiniens ou à ceux dont les corps ont été enterrés par Israël, suit six affaires de personnes disparues, selon la porte-parole Suhair Zakkout.
Mais les cas traités par le CICR ne sont que ceux des familles qui l’ont saisi. Certaines n’ont pas signalé leurs proches disparus au CICR simplement parce que rien ne suggère qu’ils ont été pris. D’autres, dont les proches ont pu être des résistants actifs, ne veulent fournir aucune information à Israël.
Le chagrin d’un père
Tous les jours après les prières de l’aube, Hussein al-Hams, 66 ans, va à la recherche de son fils Juma dans les décombres d’un immeuble à l’est de Rafah, la ville la plus au sud de Gaza. Juma a été porté disparu le 1er août 2014, il avait 22 ans. La journée a été appelée le Vendredi Noir.
Le Vendredi Noir fait en réalité partie de quatre jours. Ce fut un épisode particulièrement brutal des 51 jours dévastateurs d’attaques israéliennes contre Gaza qui ont tué plus de 2.200 Palestiniens.
L’offensive écrasante est survenue après que des combattants Hamas ont capturé un soldat israélien et que l’armée israélienne a lancé sa Directive Hannibal (1) en réponse – l’autorisant à user une puissance de feu massive et aveugle dans toute la région où le soldat pouvait se trouver pour empêcher qu’il soit capturé vivant.
Selon Amnesty International, entre 135 et plus de 200 civils sont morts dans les bombardements avant le cessez-le-feu du 4 août. Beaucoup d’autres ont été blessés et des centaines de maisons et de bâtiments ont été détruits.
Parmi eux, un immeuble de plusieurs étages appartenant à la famille al-Sarafandi. A l’intérieur se trouvaient Juma, Rami al-Sarafandi et Ahmad Khalifa, selon le bureau de Rafah des Brigades Qassam, la branche armée du Hamas, qui a revendiqué l’appartenance des trois au mouvement et qui a annoncé qu’ils étaient tous morts.
Mais seuls deux corps ont été trouvés, ceux de al-Sarafandi et Khalifa. Le père de Juma s’accroche à l’espoir que d’une manière ou d’une autre son fils a échappé au sort des deux autres. Il continue de revenir à l’immeuble al-Sarafandi pour fouiller dans les décombres à mains nues.
« Puisqu’il n’y a pas de corps ni trace de mon fils, je continue à faire la même chose jusqu’à ce que j’ai des nouvelles de Juma ou que je trouve son corps, » a dit al-Hams à The The Electronic Intifada.
Husam, 36 ans, frère aîné de Juma, ne partage pas l’espoir de son père.
« Je suis sûr que mon frère a été tué. Il n’est pas possible qu’il soit toujours vivant ou qu’il ait été arrêté par Israël, » dit-il, citant l’annonce Qassam et le fait que trois jours de fouilles ont été consacrés à la recherche du corps.
« Nous espérons trouver quelque chose qui soulage la douleur de notre père. »
Mahmoud Fawda, un reporter local du journal al-Resala, était dans le secteur au moment du bombardement. Il dit qu’il est peu probable que quiconque ait pu échapper au bombardement.
« Le bombardement était comme un volcan, » a-t-il dit à The Electronic Intifada. « Il a détruit les maisons et laisser la zone méconnaissable. »
Suhair, 62 ans, la mère de Juma, est elle aussi convaincue.
« Les sentiments d’une mère ne mentent jamais. Je sais qu’il est mort, mais j’ai toujours espoir qu’on trouve son corps, ou même une partie de lui ; pour avoir une tombe où lui rendre visite, pour déposer quelques roses et lui lire le Coran. »
Husam pense à construire une tombe symbolique à la mémoire de son frère pour sa mère. Mais son père refuse l’idée. Sois patient, dit-il à Husam.
La disparition de Nour
Un peu plus au nord de Rafah, la famille de Nour Omran, à Khan Younis, conserve l’espoir que l’adolescent, 16 ans quand il a disparu, est toujours en vie.
La famille est en contact avec des organisations de défense des droits de l’homme, ont expliqué des membres de ces organismes à The Electronic Intifada, pour vérifier s’il a été capturé par Israël ou tué.
Le cas de Nour, l’un des six dont s’occupe le CICR, est l’un des plus déroutants. Il a disparu le 23 juillet 2014 dans le village d’al-Qarara, à l’est de Khan Younis, qui a été durement touché par l’offensive israélienne.
Rihab, 45 ans, la mère de Nour, fut la dernière à le voir avant sa disparition. Il était allé à la ferme avicole de la famille, dans le secteur, selon Rihab, et c’est seulement après qu’il soit parti que la famille a entendu que les troupes israéliennes avaient envahi la zone.
Lorsque la famille et les amis ont eu plus tard accès à la ferme, qui avait été détruite dans le bombardement, ils n’ont trouvé que la moto et les clés de Nour, dit Rihab à The Electronic Intifada. Il n’y avait aucune trace de sang ni autres signes de violence.
Source : The Electronic Intifada
Traduction : MR pour ISM
Afin d'assurer sa mission d'information, ISM-France fait appel à votre soutien.
L'ISM a pour vocation la diffusion d'informations relatives aux événements du Proche Orient. Les auteurs du site travaillent à la plus grande objectivité et au respect des opinions de chacun, soucieux de corriger les erreurs qui leur seraient signalées.
Les opinions exprimées dans les articles n'engagent que la responsabilité de leur auteur et/ou de leur traducteur. En aucun cas l'ISM ne saurait être tenu responsable des propos tenus dans les analyses, témoignages et messages postés par des tierces personnes.
D'autre part, beaucoup d'informations émanant de sources externes, ou faisant lien vers des sites dont il n'a pas la gestion, l'ISM n'assume aucunement la responsabilité quant à l'information contenue dans ces sites.
10 novembre 2021
Les prisonniers du tunnel de la Liberté défient leurs geôliers en plein tribunal (Vidéos)24 octobre 2021
Formidable mobilisation de soutien à Georges Ibrahim Abdallah et à la Palestine ce samedi à Lannemezan (65)13 octobre 2021
Des soldats israéliens rouent de coups et arrêtent un militant palestinien pendant la récolte des olives12 octobre 2021
Les étudiants et les diplômés de français participent à la cueillette des olives à Gaza20 septembre 2021
641 actes de résistance en Cisjordanie depuis l'opération "Tunnel de liberté"19 septembre 2021
Les troupes israéliennes capturent les deux derniers des six prisonniers politiques palestiniens évadés de Gilboa17 septembre 2021
Point sur la situation au Liban16 septembre 2021
L'avocat Mahajna rencontre Mahmoud Al-'Arda et confirme les tortures subies par les résistants évadés depuis leur capture12 septembre 2021
Abu Obeida : Tout accord d'échange n'aura lieu que s'il inclut les prisonniers libérés de la prison de Gilboa9 septembre 2021
100 Palestiniens blessés lors d’attaques des forces d'occupation (vidéos)Gaza
Nettoyage ethnique
Hamza Abu Eltarabesh