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Cisjordanie - 8 août 2010
Par ISM
Ce vendredi 6 août, environ 100 Palestiniens, Israéliens et internationaux ont participé à la manifestation non violente hebdomadaire d’An Nabi Salih contre le vol des terres et de l’eau du village par la colonie illégale d’Halamish.
Malgré l'illégalité du tir de gaz lacrymogènes à hauteur d’homme, une pratique qui a fait de nombreuses victimes dans le village et blessé une internationale la semaine dernière, les Forces d'Occupation Israéliennes (FOI) continuent à utiliser cette méthode pour réprimer les manifestations pacifiques.
En réponse aux jets de pierres symboliques des enfants sur les jeeps blindées des FOI, les soldats ont tiré des gaz directement sur les enfants et aussi dans le village, mettant le feu au jardin d'une famille. Comme les soldats refusaient d’utiliser les extincteurs qu’ils avaient avec eux alors qu’ils inspectaient l'incendie, les manifestants palestiniens, internationaux et israéliens ont collaboré pour tenter d'éteindre le feu avec des bouteilles et des seaux d'eau qu’ils remplissaient dans les maisons voisines.
Pendant cette période, les soldats israéliens sont entrés par effraction dans l'une des maisons où les femmes et les enfants récupéraient de l'eau pour éteindre le feu. Plusieurs internationaux et Palestiniens sont entrés dans la maison afin de protéger ses habitants des agressions des soldats. C’est à ce moment-là qu’un soldat a attaqué un manifestant danois, en lui explosant la tête contre le mur.
Plus tard, un camion de pompiers a été autoriser à venir sur les lieux et le feu a été éteint au bout de plus de deux heures. Pendant toute cette période, les soldats ont continué à tirer des grenades lacrymogènes sur les enfants, et plus tard ils ont commencé à utiliser des grenades assourdissantes et des balles en acier recouvert de caoutchouc.
Malgré une utilisation disproportionnée de la force de la force par les soldats des FOI, la manifestation a duré plusieurs heures, avec la majorité de ses participants - dont plus de vingt enfants – qui affrontaient les soldats en chantant, scandant des slogans et faisantt des signes de paix.
En réponse à ces actions pacifiques, deux manifestants (un Italien et un israélien) ont été violemment empoignés par des soldats et détenus sans raison pendant plus de 5 heures dans la base militaire de la colonie d’Halamish. Les deux manifestants se sont tenus en solidarité avec les villageois quand les soldats ont tenté à nouveau d'arrêter un Palestinien, sans raison.
Les manifestations d’An Nabi Saleh ont lieu depuis Janvier 2010, en raison des tentatives répétées du vol des terres par les colonies israéliennes voisines – malgré une décision de justice israélienne de Décembre 2009 qui a attribué les droits de propriété de la terre à l’un des habitant d’An Nabi Saleh.
Les terres volées au village se trouvent maintenant de l'autre côté de la route 465 et sont contrôlées par la colonie illégale d'Hallamish qui continue à s’agrandir sur les terres palestiniennes, et ce depuis 1977.
Ni’lin
Dans le village de Ni'lin, la manifestation du vendredi 6 août commémorait la perte de Yousef Amireh, tué il y a 2 ans par un soldat israélien qui lui a tiré une balle en acier recouvert de caoutchouc dans la tête le 4 Août 2008.
Avant d’être tué ainsi à l'âge de 17 ans, Amireh manifestait contre l'assassinat d'un autre enfant de Ni'lin - Ahmed Mousa, 10 ans - tué par un soldat israélien deux jours avant Amireh, et dont la mort avait été commémorée lors de la manifestation de la semaine dernière Ni'lin.
Des militants palestiniens, internationaux et israéliens ont participé à cette manifestation qui marquait cet anniversaire douloureux et faisait suite à 6 heures de deuil dans le village. Les manifestants ont marché en direction du Mur de l'Apartheid, en brandissant des photos des deux garçons et en scandant des slogans à la mémoire des deux enfants innocents assassinés par des soldats.
Ils portaient une banderole où l’on pouvait lire : «Nous ne t’oublierons jamais Yousef, tu resteras dans nos cœurs" et ils ont appelé à la démolition du mur illégal ; un manifestant portait une massue pour casser symboliquement une partie du mur.
Les soldats israéliens ont commencé à tirer beaucoup de gaz lacrymogènes sur la foule et 5 manifestants ont subi des difficultés respiratoires après l'inhalation de gaz lacrymogènes toxiques. Heureusement, aucun manifestant n’a été grièvement blessé et il n’y a eu aucune arrestation, bien que les soldats israéliens avançaient en direction du village, en tirant des gaz lacrymogènes sur le groupe et en pourchassant afin de les arrêter.
Le tracé du mur à Ni'lin a été déclaré illégal par la Cour Suprême israélienne et le mur a été déclaré dans son intégralité illégal par la Cour Internationale de Justice. Le Mur permet à Israël d’annexer des milliers de dunums de terres palestiniennes situées à proximité des colonies israéliennes illégales telles que Modi'in Ilit. Depuis le meurtre de Mousa et d’Amireh, trois autres résidents de Ni'lin ont été tués par l'armée israélienne - et un pacifiste américain, Tristan Anderson, y a également reçu une bombe lacrymogène dans la tête le 13 Mars 2009.
Pour le deuxième anniversaire de la mort de son fils, la mère de Yousef a déclaré que le village resterait inébranlable et continuerait à protester contre le Mur d'Apartheid. Les frères de Yousef ont déclaré qu'ils n’abandonneraient jamais et qu’ils honoreraient ce pour quoi Yousef est mort : un Nilin libre et pacifique.
Saeed Amireh de Ni'lin a déclaré: «Pour chacun d'entre nous qui se fait tuer, des milliers d’autres se lèveront et refuseront de se rendre aux forces inhumaines qui insultent la vie et tentent de nous refuser une existence pacifique et digne. Aucune personne sur cette planète ne devrait être privée de liberté, de paix et de dignité. Pour cela, nous nous lèverons toujours et nous nous battrons."
Bil’in
Ce vendredi plus de 200 manifestants palestiniens, israéliens et internationaux s’étaient rassemblés dans le village de Bil'in pour demander la construction du mur illégal qui sépare les villageois de leurs terres. L'armée israélienne a répondu à la manifestation pacifique par le tir d’une importante quantité de gaz lacrymogène.
Les manifestants s’étaient d’abord rassemblés, comme d'habitude, devant le centre social du village après la prière de midi. Un important groupe d’un camp d’été d’un parti politique palestinien était venu au village pour se joindre en solidarité aux manifestants locaux.
La marche a commencé avec des slogans pleins d’entrain et s’est dirigée vers la clôture. Les soldats sont sortis de la porte et ont affronté les manifestants dans les oliveraies pour les empêcher de parvenir à la clôture.
Les manifestants se sont disputés avec les soldats et ont continué à scander des slogans pendant une dizaine de minutes avant que les soldats israéliens commencent à tirer des gaz lacrymogènes sur la foule. La plupart des manifestants a couru vers le village, tandis qu'un petit groupe est resté dans l’oliveraie et a poursuivi la protestation pendant une demi-heure. Personne n'a été blessé ou arrêté pendant la manifestation.
A Bilin, les manifestations contre le Mur d'Apartheid illégal qui sépare les villageois de leurs terres agricoles, ce qui entraine de graves problèmes économiques au village, ont lieu chaque semaine depuis Mars 2005, et au fil des ans, sont devenues un symbole international de la lutte populaire pour la liberté et la justice en Palestine.
Bil'in a lui-même perdu environ la moitié de ses terres agricoles en raison des colonies illégales et du Mur de l'Apartheid. Bien qu’il ait été déclaré illégal par la Cour Internationale de Justice en 2004, Israël continue de construire le mur, et achève son tracé qui vole les terres agricoles de Bil'in, même si la propre Cour Suprême d’Israël l’a également jugé illégal.
Les principaux dirigeants de la lutte populaire - dont Abdallah et Adeeb Abu Rahmah - ont été emprisonnés, dans le but d’écraser la résistance. Cette semaine, Mohammed Khatib a été empêché de se rendre à l'étranger, et ce malgré les ordres d'un tribunal.
Le 17 avril 2009, des soldats israéliens ont tué Bassem Abu Rahma, un habitant de Bil'in qui participait régulièrement aux manifestations avec une bombe lacrymogène.
Al Ma’sara
Une soixantaine de personnes ont manifesté à Al Ma’sara ce vendredi 6 août, dont la moitié d’entre elles étaient des internationaux qui avaient rejoints les habitants en solidarité.
Des membres du Comité Populaire ont accueilli les internationaux et mentionné spécialement les participants japonais, en exprimant leur solidarité avec leur nation à l’occasion de la date anniversaire des destructions et des morts causés par le largage des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki. Certains parallèles ont été établis avec les souffrances des Palestiniens aujourd'hui.
Deux délégations canadienne et française participaient également à la manifestation qui, comme d’habitude, a tenté d’accéder aux terres du village volées par les soldats de l'occupation militaire pour les colonies voisines illégales.
Quatre soldats de l’occupation ont présenté aux manifestants palestiniens et à leurs amis internationaux un ordre militaire écrit, afin de tenter d’empêcher la manifestions en la déclarant zone militaire fermée.
Mais en scandant des slogans comme «Liberté pour la Palestine» et «Le mur doit tomber", les manifestants ont poursuivi leur marche devant les soldats et ils n’ont été arrêtés que lorsqu’ils ont été physiquement empêchés d'aller plus loin en raison de trois jeeps de l'armée qui bloquaient la route.
Les manifestants se sont alors assis devant les forces d'occupation où des membres du Comité Populaire ont prononcé des discours. Les manifestants ont ensuite scandé des slogans demandant la paix, la justice, l'accès à la terre et la fin de l'apartheid israélien. Les membres des délégations canadienne et française ont également chanté des chants de résistance de leurs pays d'origine.
La manifestation s’est terminée de façon pacifique sans agressions de la part des forces d'occupation israéliennes.
Renommées pour leur créativité, les protestations à Al Ma'sara sont organisées depuis Novembre 2006, quand Israël a commencé la construction du mur dans la région.
Environ 3.500 dunums de terres sont volées par le mur et annexées aux colonies illégales qui cernent le groupe de neuf villages palestiniens dont Al Ma'sara. Le tracé du mur dans la région coupe aussi la route principale menant à Bethléem, à 13 kilomètres au nord, dont les villageois dépendent pour l'accès aux besoins de base tels que les services médicaux et l'éducation.
Les soldats israéliens ont utilisé inutilement la violence et les armes pour réprimer les manifestations pacifiques du village - y compris l'utilisation des bombes assourdissantes et des grenades lacrymogènes.
Source : http://palsolidarity.org
Traduction : MG pour ISM
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