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ISM France - Archives 2001-2021

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Cisjordanie -

"Nous sommes face à deux occupations"

Par

Mahdi Khanfar, 35 ans, diplômé en développement urbain, tremble encore au souvenir de son arrestation par le Mukhabarat (les services de renseignements de l'Autorité Palestinienne) en mai.
"Le Mukhabarat m'a interrogé sur le Hamas et les armes. Ils m'ont mis dans un zinzana [une petite cellule sans fenêtre] au siège du Mukhabarat à Jénine et ils ont commencé à m’attacher les mains dans le dos.

"Mes pieds touchaient à peine le sol. Parfois, ils m’attachaient une jambe et il ne me restait plus qu’un pied au sol. Cela a duré cinq jours. J'ai perdu toute sensation dans ma main gauche", m’a-t’il raconté la semaine dernière.

Etant l'un des plusieurs anciens détenus interrogés à Naplouse et à Jenine, il décrit ce que semblent subir les sympathisants du Hamas qui sont relâchés seulement lorsque leurs familles donnent de l’argent ou des armes. Les présumés mauvais traitements des forces de l’Autorité Palestinienne semblent avoir pour but de convaincre les gouvernements donateurs occidentaux, ainsi qu’Israël, que l'autorité «devient plus sévère contre le terrorisme».

Le frère de Khanfar travaille au Qatar comme directeur des informations sur la chaîne arabe par satellite Al-Jazira. "Ils m’ont interrogé sur les émissions d’Al-Jazira qu’ils n’aiment pas. J'ai répondu que c’était les affaires de mon frère. C'est fou. Ils ont pris contact avec Hikmat, mon autre frère, à Jénine et ils lui ont dit que s’il voulait que je sois libéré, il devait apporter une arme.

Hikmat a contacté le Comité international de la Croix-Rouge qui a envoyé quelqu’un me voir. Mon traitement s'est légèrement amélioré, mais j'ai été détenu encore pendant plusieurs jours. Je n’ai été libéré qu’au bout de 53 jours."

Fadel Morshed, 40 ans, est un avocat qui a défendu les détenus du Hamas. Arrêté par le Mukhabarat à Jénine en Janvier, il affirme avoir été suspendu avec les mains dans le dos au cours des trois premiers jours. La torture, qui provoque d’importantes douleurs sans casser des os, est connue sous le nom de shabah. Dans une variante, Morshed a ensuite été attaché à un tabouret fixé au plancher sous les escaliers et est donc resté accroupi pendant des heures.

"Ils m'ont demandé pourquoi j'avais défendu le Hamas. J'ai refusé de répondre et leur ait dit qu’en tant qu’avocat, je n’avais pas à parler avec eux de mes clients», dit Morshed. "Toutes les personnes arrêtées sont des modérés qui sont en faveur de l’unité et du dialogue avec le Fatah. Ils ne faisaient pas partie de la branche armée du Hamas." Il a été libéré après 45 jours sans explication ou inculpation mais il conserve des oedèmes et des plaies aux pieds.

Certaines victimes ont été arrêtées à plusieurs reprises. Le Cheikh Hamid Betawi est à la tête du tribunal islamique de Palestine et membre du Parlement palestinien, élu sur la liste du bloc Changement et Réforme soutenue par le Hamas. Il a décrit comment son fils de 30 ans, Naser, avait été détenu et torturé par le Mukhabarat à Naplouse de mars à mai de cette année.

Pendant le premier mois, la famille n’a pas pu lui rendre visite. «Quand sa femme a été autorisée à le voir, le Mukhabarat lui a dit de donner de l'argent ou des armes. Presque chaque détenu est invité à fournir de l'argent ou des armes. Beaucoup le font. Il y a beaucoup de marchands d'armes," a déclaré le cheikh.
Son épouse a vendu des bijoux en or afin de récupérer de l’argent pour le faire sortir, mais quelques semaines plus tard, il fut de nouveau arrêté.

"Nous sommes face à deux occupations, une occupation israélienne et une occupation palestinienne, a déclaré le cheikh Betawi. "J'ai parlé à Abou Mazen [Mahmoud Abbas], l'autre jour, au sujet des attaques contre le Hamas, mais rien n'a changé."

Le cheikh est convaincu que les gouvernements donateurs européens ainsi que le Général Keith Dayton, l’officier américain qui supervise les réformes du secteur sécuritaire pour l'Autorité palestinienne, sont au courant de ce qui se passe.


Jamal al Muhaisen, le gouverneur de Naplouse, une personne nommée par le parti d’Abbas, le Fatah, a admis que les détenus étaient régulièrement échangés contre des armes à feu. "Nous arrêtons seulement les gens qui pourraient avoir des armes. Si une personne nous remet une arme, bien sûr, nous la libérons le lendemain", a t-il dit. Il a nié que la torture était utilisée par principe. "Nous refusons d'adopter des mesures sévères, mais parfois les gens qui travaillent dans la prison font des erreurs et nous ne sommes pas contents. Cela se produit dans tous les pays, y compris aux États-Unis."

Naplouse a également fait l’objet presque chaque nuit d’incursions des soldats israéliens au cours des dernières semaines, qui ont attaqué six mosquées, fermé trois écoles, un dispensaire, une station de télévision, un groupe de femmes et l’organisation caritative, Attadamun, qui aide des enfants orphelins.

Le Ministère israélien des Affaires Etrangères décrit les actions de l'armée, qui ont également durement touché Hébron au cours des derniers mois, comme des actions visant l’"infrastructure organisationnelle" du Hamas

"L’activité du Hamas est menée sous l’apparence d’actions caritatives, mais l'objectif réel est de renforcer l'organisation terroriste du Hamas et son emprise sur la population», indique une déclaration du ministère. Le Hamas a voulu rassembler des forces en Cisjordanie afin d’en prendre le contrôle, tout comme il l’a fait l'an dernier à Gaza, ajoute-t‘elle.

Plus 200 personnes ont été arrêtées par les Israéliens, selon Muhaisen. Mais bien que le gouverneur de Naplouse critique les incursions israéliennes, beaucoup de gens à Naplouse voient les relations du Fatah avec les Israéliens comme une connivence plutôt que comme une rivalité. Ils attirent l’attention sur la rotation des arrestations où les personnes détenues par les Israéliens sont ensuite détenues par les Palestiniens, ou vice versa.

Le Dr Mustafa Barghouti, Secrétaire général de l'Initiative Nationale Palestinienne et député indépendant qui critique à la fois le Fatah et le Hamas, a déclaré : "Depuis Annapolis, il y a eu 2 560 attaques israéliennes contre les Palestiniens, 90% d'entre elles ont eu lieu en Cisjordanie . Par leurs actions, ils ont ébranlé l'Autorité Palestinienne. Ils essayent de transformer l'Autorité Palestinienne en sous-agent de sécurité, comme le gouvernement de Vichy (en France pendant l’occupation)."

Source : http://www.mg.co.za/

Traduction : MG pour ISM

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