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Cisjordanie - 12 février 2005
Par Electronic Intifada
La modernisation des checkpoints entre Israel et les Territoires Palestiniens est maintenant ironiquement considérée comme un projet "humanitaire" à entreprendre par les Israéliens ou les Palestiniens pour améliorer la qualité de vie des Palestiniens et faciliter la communication. Inutile de dire que le contribuable américain est invité à en assurer le coût.
On peut se rendre compte de la nouvelle approche "humanitaire" des checkpoints dans la nouvelle alerte d'action de l’AIPAC (8 février), où le Gen. Baruch Spiegel - identifié par le Jerusalem Post comme étant "le chef de l'équipe de la barrière de sécurité, un groupe nommé par le Ministre de la Defense Shaul Mofaz pour administrer les besoins humanitaires des Palestiniens en ce qui concerne la barrière de sécurité" - décrit la façon dont Israël "travaille pour soulager la vie des Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza."
Il s’agit de la construction de checkpoints "du dernier cri", "pour les Palestiniens qui vont de Gaza en Israël, en modernisant cinq terminaux identiques entre Israël et la Cisjordanie et en réduisant sensiblement le nombre de checkpoints de sécurité et les barrages de route dans des secteurs palestiniens.
Israël construit également une route de contournement de Jérusalem qui permettra aux Palestiniens de voyager entre les parties nord et sud de la Cisjordanie sans passer par des checkpoints de sécurité."
Et dans un communiqué de presse du Ministère israélien des Affaires Etrangères le 27 janvier, le rôle de l'équipe a été clarifié :
La création de cette équipe fait partie de la politique globale du ministre pour séparer l’ensemble de la population palestinienne de ses membres terroristes.
Dans le cadre de cette politique, le ministre a tenu une réunion avec des responsables d’organisations internationales il y a deux semaines pour aborder des questions concernant les territoires.
Lors de cette réunion, il a été convenu de créer une structure coopérative entre le ministère de la Défense et les organisations internationales - avec l'objectif d'aider autant que possible la population palestinienne."
Puis, dans des articles concernant le voyage du Secrétaire d'Etat Condoleezza Rice en Israël-Palestine cette semaine et l'offre du Président Bush de donner 350 millions $ d'aide à l'Autorité Palestinienne la semaine dernière, on a appris qu'une partie de cet argent était destiné à l’installation des checkpoints "dernier cri".
Le chiffre de 50 millions de dollars est mentionné dans un reportage du JTA et dans un article d’Haaretz tous les deux datés du 4 février, mais comme Glenn Kessler l’a précisé dans un article dans le Washington Post le 6 février :
"Le gouvernement israélien (aussi) a demandé une aide financière aux Etats-Unis pour installer des terminaux de checkpoints. Un officiel de la Maison Blanche a déclaré que 50 millions sur les 350 millions de dollars destinés à soutenir les réformes politiques, économiques et sécuritaires que Bush a annoncé dans son discours de l’Etat de l’Union pourraient être donnés à Israël pour les terminaux parce qu'un passage plus rapide par les checkpoints israéliens devrait aider l'économie palestinienne."
La semaine dernière, dans des rapports embrouillants, le Council for the National Interest (CNI) a protesté contre ce qu’il pensait être une demande israélienne de 180 millions de dollars d'aide pour couvrir le coût de ces "terminaux."
C'était prématuré, car les Israéliens n'avaient pas fait une telle demande.
Dans son communiqué de presse du 4 février, le CNI s'était allié maladroitement avec les détails de la position d’Americans for Peace Now, bien que tous les deux aient convenu que le financement, quelque soit sa source, ne devrait pas subventionner des checkpoints dans les territoires palestiniens à l’extérieur de la Ligne Verte.
Donc, est-ce que l’argent pour les checkpoints viendra de l’aide destinée aux Israéliens ou aux Palestiniens ?
La question peut encore être embrouillée par l’octroi de 40 millions de dollars pour "les fortes répercussions à court terme" que le Dr. Rice a annoncé à Ramallah.
Elle a expliqué que : "Ils seront fournis dans les 90 jours à venir dans le cadre d’un programme d'action rapide pour créer un impact positif immédiat sur la vie des Palestiniens, à travers, par exemple, la création d'emplois, le développement du secteur privé et le développement de l'infrastructure" (communiqué de presse du Département d’Etat en date du 7 février 2005).
D'où viennent ces fonds auxquels songent les gens de Washington ?
Cette semaine, il est apparu que c’était un bricolage de fonds déjà destinés à des projets à Gaza et en Cisjordanie (Par exemple, des travaux de desalination) qui n'avaient été jamais dépensés.
Ils seront gérés par l’USAID (et ne passeront pas par l'Autorité Palestinienne qui ne peut pas encore légalement recevoir des fonds américains), et seront utilisés en partie pour construire de nouvelles routes dans les territoires - le long des lignes du Gen. Speigel ?
Et ainsi, on vole Pierre pour donner à Paul.
Lire le communiqué de presse du CNI, Council for the National Interest (4 février 2005)
Le Council for the National Interest (Conseil pour l'Intérêt National) est une organisation à but non-lucratif et indépendante préconisant une nouvelle direction pour la politique américaine au Moyen-Orient. Selon les notes du Président fondateur du CNI, Paul Findley, le CNI "est motivé par l'intérêt national de notre pays dans la politique au Moyen-Orient...
Le CNI fournit une méthode à tous les citoyens, indépendamment de leur affiliation religieuse ou de leur origine nationale, pour parler d'une manière efficace. Ceux qui participent peuvent aider à faire avancer l'intérêt national au Moyen-Orient et en même temps aider à réparer les dommages causés à nos institutions politiques par les stratégies plus que zélées du lobby israélien.
Sur le même sujet : à lire :
- PENGON : « Pris au piège comme des Rats »
- FMEP : Israël propose un réseau de routes séparées pour les Palestiniens
Source : Electronic Intifada
Traduction : MG pour ISM-France
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