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ISM France - Archives 2001-2021

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Maghreb -

Comité algérien pour la Palestine Arabe‏

Par

Le mouvement nationaliste révolutionnaire algérien s’est toujours montré solidaire de l’ensemble des peuples opprimés et colonisés. La lutte pour la libération nationale de l’Algérie n’était pas détachée de la lutte globale contre l’impérialisme et le colonialisme opprimant les peuples des Trois continents – Asie, Afrique, Amérique du Sud. Dans ce cadre, et parce que l’Algérie entretenait des liens culturels particuliers avec les autres peuples arabes, les nationalistes révolutionnaires algériens développèrent des relations particulières avec les nationalistes du Machrek arabe.

Comité algérien pour la Palestine Arabe‏

Entretenant des liens étroits avec Chekib Arslan (photo ci-contre), les nationalistes révolutionnaires algériens furent sensibilisés aux problèmes politiques du Machrek arabe en général et de la Palestine en particulier. Dirigée par Arslan, la revue La Nation Arabe, qui était une de leur référence idéologique, leur fournissait des informations et des analyses sur la situation des « pays frères » du Machrek. Le développement de ces relations était directement dirigé contre la politique impérialiste française, qui s’efforçait de couper tout lien entre le Maghreb et le Machrek.

De fait, après la dissolution de l’Etoile Nord Africaine par le gouvernement du Front Populaire, le 26 janvier 1937, le Parti du Peuple Algérien, qui lui succéda, prit position contre le projet sioniste de colonisation de la Palestine. Son organe, El Ouma, dénonça la politique impérialiste de l’Angleterre, le projet sioniste et le « plan de partage » de la Palestine. Dans son numéro du 1er septembre 1937, El Ouma expliquait : « Plus de soixante mille Arabes réunis dans de nombreux meetings tenus à travers de l’Algérie et sous l’égide du PPA, ont voté l’ordre du jour suivant : ils condamnent la politique impérialiste de l’Angleterre en Palestine arabe, tendant à créer un « foyer national » juif au détriment des intérêts arabes, ils se dressent avec vigueur contre le projet de partage de la Palestine arabe établi par la commission royale anglaise. Ils font appel à tous les musulmans algériens pour protester contre ce projet de partage et réclament l’indépendance complète pour la Palestine arabe. » [1]

Un an plus tard, dans son numéro du 27 août 1938, El Ouma écrivait : « Pas un instant les Arabes ne cesseront la lutte que par la reconnaissance de leurs revendications justes et légitimes, à savoir : abolition immédiate de l’immigration juives, libération de tous les Arabes emprisonnés et déportés politiques, reconnaissance de l’indépendance de la Palestine et institution d’un parlement élu au suffrage universel. » [2]

Au lendemain de la guerre 1939-1945, le projet sioniste de création d’un Etat juif se mis en place. Le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale de l’ONU vota le « partage » de la Palestine. A la suite de ce vote, les affrontements entre les groupes armés sionistes et les Palestiniens se multiplièrent. Après la proclamation de la création de l’Entité sioniste, le 14 mai 1948, et la fin du mandat de la Grande Bretagne sur la Palestine, la première guerre israélo-arabe éclata. Elle se termina en novembre 1948 suite à un cessez-le-feu. Au cours de l’année 1948, 900.000 palestiniens furent chassés de leurs terres et de leurs demeures.

Face à la mise en œuvre du projet colonial sioniste, les nationalistes révolutionnaires algériens exprimèrent leur solidarité avec le peuple palestinien. Au cours de la guerre, les élus à l’Assemblée nationale française et à l’Assemblée algérienne [3] du Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques, vitrine légale du PPA interdit depuis septembre 1939, constituèrent le « Comité algérien pour le Palestine Arabe ». Ce comité apportait son soutien à la résistance arabe au projet sioniste soutenu par les « grandes puissances » de l’époque.

Youssef Girard

Appel du Comité algérien pour le Palestine Arabe [4]

A l’heure actuelle, la lutte de la Palestine arabe continue. Malgré les avertissements solennels lancés par les Etats Arabes, le Conseil de Sécurité n’a été qu’un instrument en faveur de la thèse sioniste. Toutes les grandes nations se sont conjurées et ont tu leur antagonisme au détriment du Peuple Arabe.

Les mouvements politiques américains font de la surenchère sioniste pour les besoins électoraux.

L’Angleterre est obligée de dévoiler son jeu pour ses besoins économiques et le bénéfice du plan Marshall.

La France, pour les mêmes raisons et par haine de la Ligue Arabe qui réclame l’indépendance de l’Afrique du Nord, s’est ralliée aux conclusions du rapport du socialiste André Philip, dépêché pour « enquête » en Palestine et dont les prises de positions fréquentes au cours de manifestations publiques à Paris et au Parlement, ne laissent aucun doute sur les véritables prétentions du Gouvernement de René Mayer et de Léon Blum qui était par avance acquis au partage.

L’URSS et les partis communistes joignent leurs voix aux capitalistes anglo-saxons et aux racistes sionistes dans l’espoir problématique de pénétrer au Moyen-Orient et en vue d’affaiblir la position de la Ligue arabe et de l’Islam.

Le prétendu Etat sioniste a été reconnu « de jure » ou « de facto » par de nombreuses nations et aidé par elles sur le plan militaire.

Face à toutes ces forces réunies, les Etats arabes aident courageusement la Palestine à se libérer de toutes les emprises impérialistes d’où qu’elles viennent, afin de permettre aux Juifs et aux Arabes de Palestine de vivre en paix, sans haine et sans craintes mutuelles, conditions qui sont délibérément sacrifiées par la politique du partage.

Si les Etats arabes n’ont pu jusqu’ici réaliser les conditions durables d’une paix véritable et juste, ils possèdent en leur sein des forces puissantes de lutte d’ordre économique et politique. Ces forces organisées en vue d’une lutte soutenue, coordonnée méthodiquement, unies de l’Atlantique au Golf Persique et jusqu’à l’Inde et la Chine, constituent des facteurs de succès certains.

Aussi, les Algériens, animés par leur ardent patriotisme arabe et leur foi islamique, ont-ils saisis toute la nécessité de se solidariser avec le peuple palestinien et les Etats arabes en accueillant avec enthousiasme la création du « Comité algérien pour la Palestine arabe », dont la généreuse initiative appartient aux élus du MTLD.

Grâce à ce Comité qui réunit des personnalités intègres et sincères et des hommes politiques éprouvés, courageux et jouissants d’une excellente réputation dans le monde et le Moyen-Orient en particulier, le peuple algérien, dans sa presque unanimité, sera dignement représenté dans cette lutte qui nous réunit aux 80 millions d’Arabes et aux 450 millions de musulmans du monde entier.

C’est dans l’union, le travail et le sacrifice que se réalisent les destinées d’un peuple.

Algériens, sachez être dignes de votre destinée !

Le Comité algérien pour la Palestine Arabe

P.S. – Pour toute correspondance, s’adresser provisoirement à M. Ferroukhi Mustapha, délégué à l’Assemblée algérienne, 2 rue de Bône, Alger.


Notes de lecture :
[1] Ben Khedda Benyoucef, Les origines du premier novembre 1954, CNERMNR, Alger, 2004, page 287.

[2] Ibid., page 287.

[3] Les élus MTLD à l’Assemblée nationale française étaient : Mohammed Lamine Debaghine, Messaoud Boukadoum, Djamel Derdour, Mohammed Khider et Ahmed Mezerna,. Les élus MTLD à l’Assemblée algérienne étaient : Ahmed Bouda, Moustapha Ferroukhi, Larbi Demaghlatrous, Chawki Mostefaï, Lamine Belhadi. Les autres élus MTLD à l’Assemblée algérienne ne pouvaient pas siégé du fait de manœuvres de l’administration coloniale qui avait massivement truqué les élections à l’Assemblée algérienne du 4 avril 1948.

[4] El Maghrib El Arabi, 6 août 1948, in. Ben Khedda Benyoucef, Les origines du premier novembre 1954, op. cit., page 289-290.

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