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ISM France - Archives 2001-2021

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Israël -

De quelle coexistence parlez-vous ?

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Non, les bulldozers ayant démoli la maison arabe de Haïfa n'ont pas enterré sous ses décombres la coexistence qui y existait.
Ni les agressions de la police et des forces spéciales à l'encontre des citoyens arabes, même si les premiers et les seconds ont dévoilé et confirmé l'absence de coexistence et la fragilité de la prétention mensongère affirmant que Haïfa est une ville et un exemple de la coexistence.

Voici cet exemple. Il parle de lui-même. Un quartier arabe dont la population a été expulsée lors de la Nakba en 1948, et dont les terres ont été confisquées.


Quant à celui qui reste et qui vit sur sa terre, sa propriété, depuis 70 ans, dans un baraquement construit à partir de la tôle, sur lequel il ajoute une construction en dur pour assurer à sa famille une vie humaine, les troupeaux de la sécurité viennent le détruire par une décision du maire qui refuse "la coexistence", même s'il a obtenu son siège avec 90% des voix des électeurs arabes.

Il refuse même de reporter la démolition et d'accepter des solutions alternatives. Celui qui s'oppose à ce crime est devenu hors-la-loi, passible de coups et d'arrestation, il est transporté à l'hôpital en sang ou inanimé, ou avec des fractures, même s'il est membre du parlement.

Il n'était pas nécessaire que le crime de la démolition de la maison de la famille Bushkar ait lieu pour nous convaincre du mensonge de la "coexistence à Haïfa", que des forces nationales et de gauche ont répété et même cru, sachant qu'il n'y a pas de vraie coexistence dans ce pays entre les Arabes et les Juifs.

"La coexistence" en cours est une "coexistence" déformée ou déformante, où coexistent l'occupant et celui dont la terre est occupée, coexistent le vainqueur et le vaincu, l'oppresseur et l'opprimé, le raciste et la victime du racisme, et je ne dirais pas le cheval et le cavalier, car le vrai cavalier respecte et protège son cheval, et nous ne sommes pas des chevaux pour tout "cavalier", mais les propriétaires autochtones de ce pays, et de Haïfa.


Haïfa est véritablement l'exemple de cette "coexistence", déformée et déformante. Une ville d'où furent expulsés la plupart de ses habitants autochtones arabes et dont les maisons, les entreprises et les propriétés furent confisquées.

Il n'y est resté que 3000 Arabes sur les 73.000 d'avant la Nakba.

Il y a eu, comme à Yafa, l'étouffement et la destruction du projet citadin arabe. Haïfa est devenue une ville juive avec une minorité arabe (12%) dont beaucoup y sont venus en tant que réfugiés, après la destruction de leurs villages en Galilée, le Karmel et la côte.

D'autres sont des traîtres, qu'Israël a fait venir, parmi "ses arabes" des régions palestiniennes, pour mettre en place la "coexistence" selon les critères sionistes.


C'est la "coexistence" par la judaïsation de la ville, de la marginalisation et de la négligene de sa population arabe après l'expulsion de sa majorité, c'est la "coexistence" par la prise des terres arabes, de l'anéantissement et de l'évacuation de quartiers arabes en entier (Wadi al-salib, quartier de la gare) et l'étouffement des autres (Hallissa, Wadi Nasnas).


La coexistence en supprimant les usines, les ateliers arabes et la transformation de tout le bas Haïfa en ghetto arabe pour y habiter, avec des bureaux et des structures économiques pour les Juifs, en transférant les Juifs et en intégrant les nouveaux venus vers des quartiers chics "propres" (sans Arabes) comme al-Karmel.

La coexistence entre le down Town et le quartier chic de Dinia, du Karmel avec Wadi Nasnas, Neve Shaanan et Hallissa, Shadrot Hense avec le quartier de la gare, etc...


La coexistence par la suppression des traits historiques arabes de la ville et l'appropriation de ses awqaf musulmans, y compris les cimetières, la coexistence par le siège du quartier historique des églises, la confiscation des awqaf chrétiens par le biais d'une ancienne direction chrétienne rattachée au pouvoir.


La coexistence par l'écartement de la colonne de Fayçal de sa place, en indiquant qu'il s'agit d'écarter les Arabes de l'histoire et de l'environnement de la ville, par le changement du nom de la rue Ibn al-Muqaffa' en Harhouf Hirok, de la rue al-Sanawbar en Shidrot Hense, de la rue al-Jabal en Shidrot Hetsiot, de la rue de l'Iraq en Kibboutz Galiot, avec pour indication vive que la coexistence judéo-arabe dans la ville est une coexistence juive, une sionisation de la ville pour en faire un centre de rassemblement de "l'exil" juif.


C'est la coexistence par l'absence de terrains de jeux, d'espaces publics, de clubs culturels dans les quartiers arabes, côtoyant la négligence et la discrimination des écoles publiques, c'est la coexistence par la capacité du Juif à manger des falafel et du hommos dans les quartiers arabes, mais avec une capacité permanente de boycotter les magasins et les restaurants arabes lors de toute action nationale des Arabes (la révolte d'Octobre), et même la possibilité pour une organisation juive et terroriste de Haïfa de mener des attentats contre des lieux de culte arabes et d'assassiner des membres arabes de la Knesset.


Pour cela, Haïfa ne diffère aucunement des autres villes mixtes.

Nous sommes tous, dans la tourmente, des Arabes, que nous soyions de Haïfa ou de Yafa. Puis nous avons aperçu la coexistence telle qu'elle est, lors du crime de la démolition de la maison, des actes de protestation qui ont suivi et les conséquences de ces actes sur les Juifs.


Il est vrai qu'un quotidien s'est complu à écrire que les protestataires qui se sont opposés à la démolition et qui ont organisé les manifestations sont, selon son ordre, "le mouvement Ta'ayush, le Front, Abnaa al-Balad et... le Rassemblement.

Mais je n'ai pu voir, lors de ma présence sur les lieux de la confrontation, qu'une dizaine de Juifs qui sont en majorité membres d'organisations radicales de gauche, et du parti communiste. Je n'ai pas aperçu les habitants juifs de Haïfa, ni ses intellectuels, ni ses artistes qui prônent la coexistence.

Je salue cette dizaine, de tout mon coeur, mais ils sont les exclus de leur société juive qui jusqu'à présent, refuse la coexistence et ne peut l'accepter que sur les décombres des Arabes.

Reconnaître cette vérité ne signifie pas refuser la coexistence, mais poursuivre la lutte pour qu'elle soit une réelle coexistence sur la base de la reconnaissance par le "maître" de sa faute, de ses crimes historiques, de son racisme et des pratiques de son Etat. Et ensuite, se préparer à y faire face.


Même la demande de constitution d'une mairie de l'ombre, arabe, non élue, mais issue d'un consensus arabe, en vue d'unifier les Arabes, de mettre en avant leurs revendications en tant que minorité nationale autochtone, avec la volonté de rester dans la mairie actuelle et d'y participer (proposition du membre de la municipalité appartenant au Rassemblement démocratique, ndlt), même cela a été considéré par une certaine presse comme des propositions destructrices, des appels irresponsables, traduisant une incapacité à faire face de façon rationnelle et une démolition de la coexistence aussi importante que le crime de démolition de la maison.


Pourquoi ? Nous ne comprenons pas cette logique opportuniste.

Mais nous comprenons que l'accusation portée contre la victime de refuser la coexistence, est un mensonge grossier.

La discussion n'est pas entre ceux qui prônent la coexistence et ceux qui la refusent, parmi les Arabes, mais entre deux visions : la première qui considère que la coexistence est de considérer les Arabes comme des soldats de réserve pour une minorité juive qui accepte une coexistence déformée et déformante, et la seconde est celle qui souhaite une coexistence et qui lutte dans ce sens, qui insiste pour que l'action arabe et juive soit commune, sur la base de l'unification de la minorité arabe, de son programme, de la reconnaissance de ses droits nationaux et civiques, collectifs et individuels, et sur la base d'une totale égalité, d'une citoyenneté équivalente.

Une coexistence entre deux égaux, une coexistence sur la base du droit à vivre dans la dignité, car il est de notre droit d'abord que nous vivions, pour que nous coexistions réellement, sinon, de quelle coexistence parlez-vous ?

Les décombres de la maison de la famille des Boushkar... victime et témoin.

Source : www.arabs48.com

Traduction : Centre d'Information sur la Résistance en Palestine

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