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Gaza -

Democracy Now : “ Laila El-Haddad, une mère sous Occupation”

Par

Je voudrais dire que ce n'est pas le meilleur moment pour ce genre de référendum, à un moment et dans une situation aussi difficiles. Et quand il n'y a aucune reconnaissance des droits des Palestiniens, des droits des Palestiniens qui existent, et qui n'ont jamais été appliqués, et que nous n'entendons absolument rien sur les conditions imposées à Israel pour son refus des droits des Palestiniens et la poursuite de l'occupation.
Je pense que c'est une erreur de le faire maintenant !

Nous recevons la journaliste et mère palestinienne, Laila El-Haddad pour parler de la vie dans les territoires occupés. El-Haddad travaille pour Aljazeera.net et possède son propre blog intitulé "Elever Youssef : Journal intime d'une mère sous occupation".

Elle vit à Gaza et aux Etats-Unis.

Un haut responsable du gouvernement du Hamas a été assassiné dans une attaque aérienne israélienne dans la ville de Rafah à Gaza jeudi. Trois de ses gardes du corps ont été également tués dans l'attaque.

Le membre du gouvernement, le directeur général du Ministère de l'Intérieur, Jamal Abu Samhadana, qui était également un membre fondateur des Comités Populaires de la Résistance était accusé d'avoir organisé des attaques en Israël. Samhadana avait échappé de peu à quatre précédentes tentatives d'assassinat.

Ce jour-là, trois Palestiniens avaient également été tué près d'un passage des frontières dans la bande de Gaza. Israël a dit que ses troupes avaient ouvert le feu sur "trois silhouettes suspectes" se dirigeant vers la frontière. Les Palestiniens ont dit que les morts étaient des policiers en patrouille.

Pendant ce temps, les dirigeants palestiniens discutent d'un plan de paix du président de l'Autorité Palestinienne qui reconnaît implicitement Israël. Le Président Mahmoud Abbas a donné au Hamas jusqu'à samedi pour accepter le plan de 18 points sinon il le soumettra à un référendum.

Cela survient alors que l'Administration Bush a annulé les discussions au niveau international qui devaient aboutir au paiement d'urgence des salaires aux employés palestiniens. Des milliers d'employés du gouvernement palestinien se retrouvent sans salaire suite au gel de l'aide internationale au gouvernement dirigé par le Hamas.

Un diplomate européen a déclaré à l'Independent de Londres que l'annulation alimentait les craintes que le gouvernement américain est engagé dans un "changement de régime" pour les territoires occupés.



Extraits de l'interview

AMY GOODMAN : Bienvenue à Democracy Now ! Votre réponse aux derniers assassinats.

LAILA EL-HADDAD : Pour moi, c'est tout simplement irréel. Etant donné la situation actuelle et la tension et tout ce qui se passe avec les bouclages continues et l'asphyxie de l'économie qu'Israël aille jusqu'à assassiner Samhadana.

Vous savez, en plus d'être la tête des comités populaires de la résistance, il était le nouveau chef de la sécurité de l'Autorité Palestinienne, et cela était vu comme une tentative de mettre au pas tous les différents groupes armés, parce qu'il était un personnage très influent, et l'on pensait qu'il pourrait tous les faire venir sous son commandement.

Donc, vous savez, cela va juste augmenter les tensions dans Gaza, et la situation au niveau de la sécurité va se détériorer encore plus. Et, naturellement, cela est directement lié à la situation humanitaire.


AMY GOODMAN : et Israël dit qu'il était responsable des attaques en Israël.

LAILA EL-HADDAD : Exact, en tant que chef du Comité Populaire de la Résistance, il est considéré comme le fer de lance des nombreuses attaques de la résistance


AMY GOODMAN : Pouvez-vous parler de ce qui se passe en ce moment à Gaza ?

LAILA EL-HADDAD : La situation est très, très difficile, vous savez, et cela date d'avant le gouvernement actuel. Il est important de rappeler que depuis le désengagement de Gaza au cours de l'été 2006 quand Israël a retiré ses troupes et ses colons de Gaza, la situation s'est continuellement détériorée, parce que tout continue à être sous le contrôle des Israéliens.

Nous l'avons entendu maintes et maintes fois, mais Gaza est littéralement devenu bien plus une prison qu'il l'était avant, une prison à ciel ouvert avec le ciel, la mer et les frontières, et le système d'enregistrement des autorisations toujours très contrôlés par Israël.

Cela signifie que personne ne peut entrer ou sortir de Gaza sans avoir une carte d'identité palestinienne mais émise par les Israéliens.

De nombreuses familles, y compris la mienne, ne peut pas se réunir à Gaza parce que l'un de ses membres ne possède pas de carte d'identité et ne bénéficie pas de la réunification des familles.

Et de façon plus significative, nous ne pouvons pas aller en Cisjordanie .
Avant, c'était très difficile d'obtenir une autorisation.
Maintenant, il est pratiquement impossible pour les Palestiniens de faire l'aller retour entre Gaza et la Cisjordanie .

Donc en réalité, Gaza est maintenant complètement coupé du monde, de la Cisjordanie et d'Israël, et avec les permanentes fermetures économiques, comme vous l'avez mentionné, du passage de Karni et [inaudible], qui a été fermé près de 50% de l'année, figeant complètement l'économie.

Des centaines de milliers de tonnes de légumes et de fruits, qui étaient censés être exportés et aider à maintenir l'économie à flot, sont restés à pourrir.


AMY GOODMAN : Comment circulez-vous ? Êtes-vous avec votre famille ?

LAILA EL-HADDAD : Mon mari est un réfugié - un réfugié palestinien qui habite au Liban. Il est également médecin. Il travaille dans ce pays. Il a toujours un permis de réfugié.
Il ne peut pas venir me rejoindre à Gaza, donc je fais des allers-retours avec notre fils de 2 ans, Yousuf, nom que j'ai donné à mon blog, entre Gaza et les Etats-Unis.


AMY GOODMAN: Et est-ce difficile d'entrer ou de sortir ?


LAILA EL-HADDAD : Je suis juste comme n'importe quel autre Palestinien, j'ai un passeport de l'Autorité palestinienne.

Et c'est significatif - nous disons toujours que ce n'est pas un passeport palestinien, parce que nous ne sommes toujours pas reconnus, vous savez, en tant que peuple, en tant qu'Etat, en tant que nationalité, et c'est significatif en raison du débat sur le référendum et la reconnaissance d'Israël, et j'utilise ce passeport de l'Autorité Palestinienne et ma carte d'identité émise par les Israéliens.

J'ai ajouté mon fils sur cette carte d'identité pour que je puisse l'emmener avec moi.

Nous passons par le passage de Rafah, qui est le seul point d'entrée-sortie de la Bande de Gaza mais qui continue d'être contrôlé par Israël. Même s'ils ne sont plus là physiquement, ils contrôlent toujours qui entre et sort et ils le surveillent par vidéo.


AMY GOODMAN : Vous étiez à Rafah pendant la première et la seconde incursion israélienne ?

LAILA EL-HADDAD : Oui, oui, à l'automne 2003 et ensuite au printemps 2004. Les deux fois, je venais juste d'arriver.

La première fois, j'étais enceinte, et la deuxieme fois, mon fils avait juste 2 mois, et, vous savez, Israël a envahi le camp pendant plusieurs jours et l'a mis sous bouclage total.

Très peu de journalistes, je devrais ajouter, étaient réellement là ou même ont pris la peine de venir et ils ont juste pris des photos des conséquences. Il est difficile de donner un bon aperçu en images de la dévastation.

Et, vous savez, c'était complètement absurde en raison des nombreuses démolitions de maisons qui avaient eu lieu.
Les 2/3 des maisons qui ont été démolies en Palestine l'ont été à Rafah. 16.000 personnes ont perdu leurs maisons, pour vous donner juste une idée de l'énormité de la destruction.

Une grande partie s'est produite juste avant le désengagement, qui était encore plus absurde.


AMY GOODMAN : Comment pensez-vous que tout ceci est rapporté par les médias, et d'autant plus que vous avez un pied dans les deux mondes, là-bas et ici, comment est-ce couvert ici ?


LAILA EL-HADDAD : Très mal, pour dire la vérité. Je veux dire, je suis constamment étonnée. Les gens me disent "Vous ne devriez pas l'être", mais je le suis sur le très petit nombre de gens qui sont au courant. Je sais qu'il est difficile d'obtenir tous ces détails, mais ils sont tellement significatifs.

Ces détails que j'appelle une partie de la "matrice de contrôle israélienne" tombent sous cette rubrique de l'occupation et envahissent vraiment la vie privée des Palestiniens et détruit tout. Et ils ne sont pas retransmis.

Vous savez, dans l'ensemble, je peux le résumer, je l'appelle du journalisme de copier-coller fait par des journalistes parachutés.

Le principal objectif, c'est le Hamas, le groupe militant qui veut la destruction d'Israël. Et c'est tout que nous entendons, ou les hommes armés qui se sont battus, ou les roquettes qui onr été tirées.

Vous n'entendez rien au sujet des 1.5 millions de Palestiniens de Gaza qui sont enfermés maintenant.
Rien au sujet des bouclages : les passages qui ont été fermés 50% de l'année.
Rien sur le fait que vous avez mentionné, les 150.000 employés du gouvernement qui n'ont pas reçu leurs salaires. Ils font vivre 1/3 de la population palestinienne.


AMY GOODMAN : Et vous, en tant que femme ?

LAILA EL-HADDAD : Il est être bien plus difficiled'être une journaliste en tant que femme, et être également une mère, et être également une Palestinienne. C'est un ensemble. Quelqu'un m'a demandé un jour : Comment pouvez-vous être objective, vous savez, en étant Palestinienne, et que cela vous affecte tellement personnellement ?

Je vais reprendre une citation de la merveilleuse Amira Hass, un jour quelqu'un lui a demandé la même chose et elle a répondu : "Il y a une différence entre être objectif et être juste".



AMY GOODMAN : Votre réponse à la proposition de referendum d'Abbas.

LAILA EL-HADDAD : Je voudrais dire que ce n'est pas le meilleur moment pour ce genre de référendum, à un moment et dans une situation aussi difficiles.

Et quand il n'y a aucune reconnaissance des droits des Palestiniens, des droits des Palestiniens qui existent, et qui n'ont jamais été appliqués, et que nous n'entendons absolument rien sur les conditions imposées à Israël pour son refus des droits des Palestiniens et la poursuite de l'occupation.

Je pense que c'est une erreur de le faire maintenant, en particulier de le faire aussi publiquement, d'autant plus que le gouvernement actuel a indiqué que ce n'était pas à lui de décider de reconnaître le droit à exister d'Israël.

C'est une décision de l'ensemble de la population qui implique de répondre au référendum, mais c'est une question de timing.

Vous savez, récemment j'ai fait un reportage photo avec neuf Palestiniens au sujet de cette question de reconnaissance, et maintes et maintes fois, ce qu'ils ont répondu, c'est seulement cela : "Vous savez, regardez où nous ont mené 10 ans de négociations".

Oui après oui après oui, et ce sera encore un nouveau oui qui n'aura comme conséquence que plus de dévastation. Et, ils ont dit que dans le contexte d'une solution large et juste avec des droits réciproques, cela a du sens, mais maintenant cela n'en a pas.


AMY GOODMAN : Et au sujet de la proposition du Premier Ministre israélien, Olmert, de redessiner les frontières, une proposition unilatérale.


LAILA EL-HADDAD : Nous plaisantions sur sa nouvelle expression "Convergence" : d'où sort-elle ?
Moi je l'appelle "le plan d'Annexion", parce que c'est ça, il détruit la Cisjordanie , il la divise en trois parties et en annexe des parties importantes.

Et à l'intérieur de ces trois parties, il y a neuf cantons séparés et criblés de checkpoints et de toutes sortes d'autres choses qui détruisent véritablement la vie des Palestiniens, et cela va également détruire tout espoir de solution juste ou d'accord négocié et rendra totalement impossible tout Etat palestinien.


AMY GOODMAN : ok. Nous devons nous quitter maintenant. Laila El-Haddad, je voudrais vous remercier d'être venue.


Source : http://www.palsolidarity.org/

Traduction : MG pour ISM

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