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Afrique -

El Mansour le Saâdien et Hollande le socialiste

Par

Sijelmassa est la plus ancienne fondation musulmane au Maghreb (757), bien avant Fès (808) et seule Qairouan (683) l’avait précédée. Ce sont des Berbères Zénètes, les Meknassa révoltés contre les gouverneurs d’Afrique, qui ont adopté le rite très égalitariste du kharijisme, qui l’ont édifiée. Elle est devenue l’une des capitales les plus peuplées et les plus riches du monde jusqu’à sa disparition vers la fin du 14ème siècle, ensevelie sous des mètres de sédiments alluviaux et peut-être sous les attaques des Arabes Maaqil pilleurs transahariens. Elle était le pivot du commerce entre le Soudan occidental, le Mali d’aujourd’hui, qui a fourni en or des siècles durant le Maghreb, le Machrek et l’Europe.

El Mansour le Saâdien et Hollande le socialiste

Les ruines de Sijelmassa, à l'emplacement actuelle de la ville de Rissani, au Maroc
Ce commerce a été sans doute actif dès le 8ème siècle puisque le gouverneur pour les Omeyyades à Qairouan, Abd Rahman Ibn Habib, a fait entreprendre la construction d’une ligne de puits à la lisère du Sahara occidental aménageant les pistes qui contournent l’erg Iguid et Djouf vers Tombouctou et Gao. Les échanges se sont longtemps effectués selon le rite du commerce à la muette. L’or soudanais était exporté sous forme de fils torsadés ou de poudre d’or, longtemps connu sous le nom de tibar.

Le Président élu des Français avait répondu au président de Centrafrique Bozizé, pourtant ami de la France puisque installé au pouvoir par celle-ci, qu’il n’interviendrait pas pour sauver son régime car les intérêts de la France n’étaient pas en jeu. Il peut en être déduit que l’ingérence au Mali se fait au nom de ces intérêts.

Durant toute l’année 2011, Sarkozy a eu des relations suivies avec les représentants du Mouvement National de Libération de l’Azawed, MNLA. Son ministre de la Coopération les consultait au même titre que les chefs des États de la CEDEAO, sigle qui rappelle fortement celui de l’Organisation des Communautés des régions sahéliennes créée par la France en 1957, au moment où a émergé la nouvelle crise malienne. La rébellion du Nord couve toujours depuis la précarisation des nomades du Mali, dont l’organisation sociale et économique a plus souffert des tentatives de sédentarisation forcée par le colonialisme puis par Bamako d’abord socialiste puis aux mains d’une junte, que des vagues de sécheresse de 1970 et 1980 au Sahel.

L’ancien sécessionniste laïc Iyad Ag Ghali, dès le début du dénommé printemps dit arabe en 2010, a procédé à la création du mouvement d’Ansar Eddine. Il s’est attelé de nouveau à sa lutte, cette fois sous l’étiquette de l’Islam dès son retour au pays après son séjour chez les Séoud.

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Le médiateur de la CEDEAO et ministre burkinabé des Affaires étrangères Djibrille Bassole (à g.) accueille le leader d'Ansar al-Din Iyad Ag Ghaly à l'aéroport de Kidal au Mali, le 7 août 2012. [AFP/ Romaric Ollo Hien]


Il avait été intégré dans l’administration publique par Amadou Toumani Traore après la réconciliation de 1995-1996 conduite avec l’intermédiation de l’Algérie et nommé ambassadeur en Arabie aux mains des Séoud. La constitution longue et patiente d’une organisation militaire de milliers de combattants n’a pu échapper aux observateurs habituels de la zone ni aux services de renseignement des firmes occidentales impliquées dans l’exploitation des richesses minières de cette région. Pas plus que ne pouvaient être ignorés les inéluctables déferlements de Maliens, travailleurs ou soldats très bien formés et armés stationnés au Sud de la Libye par Gadhafi, qui allaient refluer dès l’attaque par l’OTAN de la Jamharya de Tripoli. Des armes lourdes et légères furent transférées et ont nourri l’arsenal du MNLA dirigé par un ancien gradé de l’armée libyenne, Mohamed Ag Nejmi.

Ces deux mouvements autrement plus importants militairement et numériquement que les Aqmi et Mujao, trafiquants de drogue et d’armes et négociants en kidnapping, ont décidé en décembre 2012 de lancer des négociations avec Bamako pour élaborer une solution sans intervention militaire étrangère.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a de son côté recommandé l’envoi d’une force militaire africaine, la Misma, pour appuyer l’armée malienne, la former et l’encadrer, tout en privilégiant une solution pacifique négociée. En aucun cas un pays occidental ne peut arguer de sa résolution du 20 décembre 2012 pour envoyer son armée effectuer des bombardements sur un pays souverain. Le Président par interim n’a pas de légitimité à recourir à l’ancien colonisateur pour régler un conflit interne.

L’uranium appauvri lâché sur des villages maliens va protéger certes les sites d’extraction d’uranium au Niger.
La vente des Rafale au sous-continent indien en cours de discussion est estimée à 9 milliards d’euros pour plus de 189 unités. Ces avions de combat risquent d’appareiller contre le Pakistan et/ou la Chine. Va-t-elle s’augmenter de quelques dizaines de plus après avoir été testés sous leur nouvelle version au Mali après une première démonstration en Libye ?

Selon des analystes financiers, le cours du lingot d’or va grimper à 3.000 euros d’ici 2015.

Est-ce là un aspect des intérêts de la France ? La nouvelle forme de conquête du Mali serait-elle une nouvelle ruée vers l’or africain ?

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Le sultan marocain Ahmed El Mansour le Saâdien


En 1591, un sultan marocain Ahmed El Mansour, de la dynastie des Saâdiens, a entrepris la conquête du Soudan occidental. Il en convoitait les mines d’or. Le corps expéditionnaire comprenait cinq mille soixante-dix hommes, mille chevaux et entre huit et dix mille chameaux, un effectif énorme et très coûteux pour une longue navigation dans le désert. Le chef d’expédition, Jouder, est parti de Marrakech début novembre 1590. Sa colonne arrive sur les bords du Niger fin 1591, il a perdu en route les deux tiers de ses soldats par la soif et la fatigue. Arrivé à Gao, où l’on pensait trouver des amas d’or et des richesses de toute nature, une grande désillusion le saisit, la maison des âniers de Marrakech valait mieux que le palais de l’Askia de Gao. La région aurifère est sise beaucoup plus loin. De toutes les façons, dominer le Soudan si lointain était une chimère. Dès la mort d’Ahmed El Mansour en 1603, la division s’installa dans la dynastie saâdienne et la province de Tombouctou s’est rapidement autonomisée.

La France réclame déjà de l’aide au terme de la première semaine de raids aériens contre deux à trois mille combattants dont une bonne part est financée par ses meilleurs alliés, le Qatar et les Séoud, l’autre a constitué son armement grâce à l’intervention française en Libye.

La guerre sans fin promise par les néo-conservateurs a lieu.
La France la mène actuellement. Elle a dépensé 1,2 milliards d’euros pour la destruction de la Libye. Son budget Défense est restreint pour 2013 à 630 millions d’euros amputé de 90 millions en prévision du retrait d’Afghanistan. Ce nouvel engagement ne va qu’accroître le déficit budgétaire, celui qui devait être maîtrisé selon la règle d’or telle qu’instituée par TSCG, le pacte européen d’austérité budgétaire.
La loi d’or aura été sacrifiée au nom de l’or du pays noir.
Ahmed Al Mansour, le commanditaire de l’expédition à Gao a eu comme épithète accolé à son nom Addahabi, celui dont la destinée est d’or. Il fut le dernier représentant d’une quelconque importance de la dynastie des Saâdiens, les Bienheureux.
Tous ces efforts furent couronnés finalement par la dislocation d’une dynastie.

Badia Benjelloun
19 janvier 2013



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