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ISM France - Archives 2001-2021

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Gaza -

Expansion du couloir de Philadelphie à la frontière sud de la Bande de Gaza : Incidences sur l'environnement

Par

Créé en 1990, l’Applied Research Institute de Jérusalem (ARIJ) est une organisation à but non lucratif dédiée à promouvoir le développement durable dans les Territoires Occupés Palestiniens et l’auto-suffisance du peuple palestinien par un plus grand contrôle de leurs ressources naturelles.

En tant que fer-de-lance du plan de Désengagement unilatéral de la bande de Gaza proposé par Israel, le rapport mentionne également le "couloir de Philadelphie". Israel est en cours de nettoyage structurel et éthnique de ce secteur depuis le début du deuxième soulèvement palestinien.
Cette oppression raciale s’est accélérée au cours de ces dernières années et s'est concentrée de façon intensive en mai 2004, est devenue une réalité sur le terrain à travers une campagne ininterrompue de démolitions de maisons et d’actions des bulldozers contre des quartiers résidentiels fortement peuplés le long de la ligne de frontière.

Introduction

La Bande de Gaza est un secteur côtier le long de la mer Méditerranéenne, de 40 kilomètres de long et entre 6 et 12 kilomètres de large.

Le secteur forme une zone transitoire entre la zone côtière semi-humide au nord, les plaines de loess semi-arides à l'est, et le désert aride du Sinai de l'Egypte au sud. Ce secteur dans le sud constitue la zone étudiée dans ce rapport.

En tant que fer-de-lance du plan de Désengagement unilatéral de la bande de Gaza proposé par Israël, le rapport mentionne également le "couloir de Philadelphie". Israël est en cours de nettoyage structurel et éthnique de ce secteur depuis le début du deuxième soulèvement palestinien.

Cette oppression raciale s’est accélérée au cours de ces dernières années et s'est concentrée de façon intensive en mai 2004, est devenue une réalité sur le terrain à travers une campagne ininterrompue de démolitions de maisons et d’actions des bulldozers contre des quartiers résidentiels fortement peuplés le long de la ligne de frontière.

Le schéma 1 présente une carte géopolitique de la bande de Gaza avec différentes copies israéliennes.


Selon les Accords d’Oslo de 1993, une autonomie territoriale limitée a été accordée à l'Autorité Nationale Palestinienne (ANP) dans la Bande de Gaza. Aux termes de l'accord, les Forces d'Occupation Israélienne (FOI) gardaient la main sur la route de frontière de Salah Al Din, située à l'intérieur des zones contrôlées par les Palestiniens.

La route est une petite bande de terre d’environ 12,6 kilomètres qui s’étend le long de la frontière, séparant l’extrémité sud de la Bande de Gaza de la péninsule égyptienne du Sinai.
Elle est désignée par les Israéliens sous le nom du "couloir de Philadelphie" ou "de la Zone Rose".

En 2003, les FOI ont érigé un mur de ségrégation en béton d’une longueur de 7 kilomètres et haut de 8 mètres le long de cette frontière avec l’Egypte contrôlée par Israël semblable au mur qu'Israël construit actuellement en Cisjordanie . Ce mur de Ségrégation le long de la frontière contrôlée par Israël sépare la partie nord de la ville de Rafah de sa partie sud, divisant ainsi la ville en deux parties.

Parmi les principaux sujets de controverse dans le secteur, il y a les tunnels souterrains qui relient le côté égyptien avec le côté palestinien de Rafah. Selon les FOI, ces tunnels sont utilisés pour amener illégalement des armes dans Gaza.

La solution israélienne pour contrôler ce commerce, c’est de démolir plusieurs rangées de maisons à Rafah, lesquelles, selon les FOI, sont utilisées pour creuser les tunnels, et par conséquent, élargir le couloir de Philadelphie.

Une autre solution suggérée est d’établir un passage et le remplir d'eau. Selon les FOI, ce canal empêcherait la constrution des tunnels entre le côté égyptien et le côté palestinien de Rafah.
Selon le Jerusalem Post plusieurs options peuvent être réalisées.[1]

Par ces mesures, les FOI créent de nouveaux faits sur le terrain, ayant pour but d’isoler la Bande de Gaza du monde extérieur en général et de l'Egypte en particulier.


L'élargissement de la frontière affectera la zone de Rafah, qui doit déjà gérer plusieurs problèmes. Le surpeuplement résultant du grand nombre de réfugiés et des possibilités limitées de l'expansion urbaine en raison des restrictions géopolitiques imposées par Israël a mené aux conditions de vie défavorables.

Ces conditions influencent directement ou indirectement la qualité de la santé et le bien-être social de la population.
Dans quelques situations, c’est la vie humaine et animale qui est directement menacée et qui demande une réponse immédiate. Les rares ressources en terres et en eau sont employées d'une façon insoutenable qui empêche le développement économique et social de la région.

Ce rapport évaluera l'impact du canal de Philadelphie suggéré sur la zone de Rafah en considérant tout particulièrement les ressources en eau. Voir Le Schéma 1. Carte géopolitique de la bande de Gaza



Ressources côtières et terrestres


La bande de Gaza est essentiellement une plaine de sable inclinée graduellement à l'ouest, composée d’une série de formations géologiques datant des périodes tertiaires et quaternaires.

Le tertiaire est compilé par la formation de Saqiya, déposée pendant les périodes Pliocène et Miocène.
Cette formation se compose d'argile marin, de schiste, et de marne peu profonds atteignant une profondeur d'environ 1200 m sur le littoral.

Les dépôts quaternaires couvrent la formation de Saqiya au-dessus d'une couche mince de conglomérat, et mesurent environ 160 m d'épaisseur.

La formation la plus importante au cours du quaternaire est le Kurkar, composant les principales strates de la couche aquifère côtière, également désigné sous le nom de Fagra. Des couches aquifèresen surplomb [2] sont localement trouvées dans les dépôts alluviaux recouvrant la formation de Kurkar.

Dans la partie nord de la zone de Rafah, les dépôts quaternaires atteignent 150 mètres, diminuant graduellement vers l’est et atteignant 75 m au sud.

Le facteur le plus important dans la formation de la côte Est de la Méditerranée est l'approvisionnement continu en sable transporté par le delta du Nil. Ce sable forme la majeure partie des sédiments côtiers, ainsi que les matériaux calcaire additionnels provenant des débris marins et des limons éoliens et argileux et des matériaux alluviaux.

Les formes de terre qui dominent la zone sont des accumulations récentes de dunes les plus proches de l'arête de Muntar d’une altitude moyenne de 80 m et de la dépression tout en longueur.

Des dunes actives sont trouvées près de la côte pénétrant dans une aire de 4-5 kilomètres à l’intérieur.

La transition est progressive entre le paysage sablonneux des dunes jusqu’aux plaines de loess au nord-ouest du Negev.

Une carte de la totalité de la Bande de Gaza montrant le dénivelé tous les 20 mètres est présentée sur le schéma 2.


Les types de reliefs dont les dunes de sable actives et les dunes stabilisées sont composées de sols sablonneux. Les secteurs plats d'inter-dunes mouvants vers l'intérieur se composent de sols sablonneux de loess et plus loin là où l’on trouve les plaines légèrement ondulées, il s’agit de sols sablonneux de loess sur des couches de loess.

Voir Le Schéma 2. Elévation du terrain tous les 20 mètres, avec une ligne de découpe tous les 10 mètres



Les précipitations moyennes annuelles vont de 200 millimètres au sud à 300 millimètres au nord (pour la période de 1967-1997). L'écoulement provisoire des eaux de surface pendant l'hiver est la seule source d'eaux de surface éphémère.
Plus durable est la couche aquifère de la plaine côtière qui est la seule source d'eaux souterraines.

Elle s'étend au-dessus de toute la zone mais varie sensiblement de profondeur.

Elle a une coupe transversale d’une épaisseur maximum de 180 m près de la mer en diminuant vers l'est.

A l'est, la partie saturée de la couche aquifère semble être négligeable avec une distance de 12 kilomètres du bord de la mer.


La couche aquifère se compose de sédiments classiques recouvrant les argiles imperméables. Dans la moitié orientale, la couche aquifère est uniforme et phréatique, alors que vers l'ouest, elle est partiellement divisée par des couches intermittentes d'argile.

Ces couches séparent la couche aquifère en sous-couches aquifères dont les plus basses sont confinées.
L'interface eau de mer-eau douce a une légère pente vers l'est du littoral.

L'épaisseur de la zone non saturée s'étend de quelques mètres à 90 mètres avec un temps de passage vers la table d'eau allant de 1 à 50 ans. Dans des conditions normales, les eaux souterraines s'écoulent dans la mer.

La couche aquifère a une transmissivité spécifique élevée d'une grande portance de l'eau qui diminue à l'est.
La réserve estimée des précipitations dans la zone est de 5 millions de mètres cube par an.

Il y a 397 puits dans la zone de Rafah dont environ 170 puits sont enregistrés. Parmi les puits enregistrés, environ 130 sont opérationnels dont 6 appartiennent à la Compagnie Nationale Israélienne de l’Eau, MeKorot, et 15 appartiennent à l'Administration des Eaux Palestinienne (PWA) (schéma 3).

La totalité de l'abstraction des puits par la PWA est de 19 millions de mètres cube par an.
Les autres puits sont des propriétés privées et sont seulement utilisés dans des buts agricoles. L'irrigation consomme plus de 70% de l'eau fournie dans la bande de Gaza. La plupart des puits exploitent l'eau de la couche supérieure de la nappe aquifère située à une profondeur de 20 à 60 mètres. Certains des puits sont à large diamètre, d’autres puits ne sont creusés qu’à quelques mètres seulement de profondeur

Schéma 3. Carte générale des propriétés d'eaux souterraines dans la bande de Gaza, avec la direction des eaux souterraines et leur concentration en nitrate, et les principaux puits d'eaux souterraines.


La qualité des eaux souterraines est fortement détériorée principalement en raison de la sur-exploitation. Un autre motif important de la détérioration de la qualité de l'eau est l'utilisation des engrais agricoles, des pesticides et des soi-disant nettoyeurs de sols tels que le methyl-bromide.

D'autres facteurs qui contribuent à la détérioration de la qualité de l'eau sont le versement non contrôlé des eaux usées sur la surface du sol ainsi que l'augmentation de la teneur en sel des eaux souterraines.

L'usine de traitement des eaux usées à Rafah a été construite en 1987 avec une capacité de 1800 m3 par jour, mais actuellement elle reçoit un excédent de 4000 m3 par jour.[4].
En conséquence, l’effluent de l'usine dépasse de loin les valeurs recommandées.

Le contenu en nitrate dans les eaux souterraines varie de 50-150 mg/l dans les parties centrales du district tandis que le chlorure atteint des valeurs de plus de 1000 mg/l au sud.

La forte salinité peut être le résultat de l'écoulement d'eaux souterraines en provenance de l’Est et du re-cyclage du sel à la surface, de l'intrusion d'eau de mer à l'ouest, et de l'échange possible entre de hautes poches de salinité dans la formation Saqiya au-dessous.

Le contenu le plus élevé de chlorure est trouvé au sud et diminue vers le nord où les valeurs sont de moins de 200 mg/l.
Dans la plupart des cas, la forte salinité et le contenu élevé en nitrates rend l'eau impropre à la consommation.



District de Rafah

La zone de Rafah a une surface d'environ 65 km2 et est massivement peuplée avec une évaluation de 159 000 habitants dont environ 101 000 réfugiés. Plus de 55 000 des réfugiés du district vivent dans le camp de réfugiés de Rafah.

La densité de la population dans le camp, qui couvre une surface de 3 km2 au total, est de 18 300 personnes par km2.

Le principal centre urbain dans la zone étudiée est la ville de Rafah qui est séparée en deux par une frontière contrôlée par Israël : une partie égyptienne et l’autre partie palestinienne.

D'autres zones construites sont Al Bayuk, Al Suwaydiya, Al-Mawasi (Rafah), Shokat as Sufi, Tall as Sultan, et le Camp de Réfugiés de Rafah (Voir schéma 4).

Il y a quatre colonies juives dans la zone qui occupent au total un territoire d'environ 7,6 km2.

Le nombre de colons est 811 ce qui représente une densité de population de 107 personnes par km2.

En plus de la terre colonisée, et des zones de sécurité et le secteur jaune, il y a environ 22 km2 du district sous total contrôle israélien.


Schéma 4. Principaux centres urbains et utilisation générale de la terre dans le District de Rafah




La population de Rafah dépend profondément de l'agriculture pour leur survie. Plus de 20 % de la main-d'oeuvre travaillent dans le secteur de l'agriculture, de la chasse, et de la sylviculture [5 ].

Environ 41 km2 du district sont des terres arables, mais en raison des contraintes politiques seulement 13 km2 sont utilisées pour la culture. Les pratiques en matière principales de culture dans le secteur sont des maisons en plastique et les récoltes permanentes.

L'utilisation de la terre est décrite plus en détail dans le tableau 1.

Les bassins d'eau indiqués dans le tableau sont en général des bassins d'eau agricoles.


Tableau 1: Description d'utilisation de la terre dans le district de Rafah basée sur les analyses des images satellites

Type de terre
Utilisation de la terre – Surface en km2

Bassin d’eau –
Bassins d’eau - 0.05 Km2

Forêts et zones semi-naturelles
Espaces avec peu ou pas de végétation : 5.88 Km2
Arbustes et/ou végétation herbacée : 0.02 Km2

Surfaces artificielles -
Zones Industrielles, commerciales et transport : 2.54 Km2
Zones construites : 8.37 Km2
Colonies israéliennes : 7.61 Km2
Bases militaires israéliennes : 0.10 Km2
Zones artificielles non agricoles : 0.01 Km2

Zones agricoles
Maisons en pré-fabriqué : 5.60 Km2
Récoltes permanentes: 7.69 Km2
Terres arables : 27.62 Km2

Total 65.49 Km2

Source: Données ARIJ



Depuis la révolte du deuxième Intifada, Rafah a subi différents dommages en raison des actions de l’occupation.

Pres de 2 km2 de zone agricole ont été rasé seulement au cours de l'année 2003. Selon le rapport du Centre Palestinien pour les Droits de l'Homme, en mai 2004, les FOI ont a démoli 1059 maisons à Rafah.

En plus de la démolition des maisons, les FOI ont également endommagé plusieurs réseaux d'eau, et même l'usine de traitement des eaux usées de Rafah a été la cible de ces violations.

Il y a deux barrages de routes Israéliens, et deux barrières israéliennes dans le district dont l’un est permanent et l'autre est provisoire.



La frontière entre la Bande de Gaza et l’Egypte

La route de frontière Salah Al Din entre la bande de Gaza et l'Egypte est désignée habituellement sous le nom du couloir de Philadelphie par les Israéliens. Elle a une largeur de 100 mètres et est sous le contrôle des FOI.

L'infrastructure autour de la frontière a été construite par les FOI après l'expropriation et la destruction de la terre palestinienne et des propriétés privées.


La ville de Rafah qui est située sur la frontière a longtemps été le problème des Israéliens. La ville est considérée comme le point de passage de la contrebande d'armes entre l'Egypte et la Palestine.

Selon les FOI, les Palestiniens ont construit un réseau complexe avec des tunnels sous la frontière entre l'Egypte et Israël dans la région de Rafah dans la période après les Accords d’Oslo en 1993.
Les tunnels sont conçus pour passer des armes, des cigarettes, de la drogue, et des personnes en contrebande d'Egypte vers Gaza.

En conséquence, la ville de Rafah est devenue le centre de l'attention pour les FOI puisqu’ils la considèrent comme la source de la contrebande dans tous les territoires palestiniens.

De plus, Israël prétend que la contrebande d'armes est effectuée et contrôlée par des organisations terroristes Palestiniennes avec l'approbation et la participation active de l'autorité palestinienne. Avec cela comme une excuse, Israël conserve le contrôle de la frontière égyptienne.


Le premier mur en acier a été érigé dès 2001.

Ce mur est de 9 à 10 kilomètres de long, de 16 mètres de haut, et de trois centimètres d'épaisseur, il s'étire du village de Al Suwaydiya au nord, jusqu’à Shokat as Sufi au sud.

Le mur est parsemé de postes militaires israéliens, de tours d’observation, de tours de snipers, et des portes en fer seulement utilisées pour l'entrée des tanks et des porteurs de troupes blindés le long des zones frontalières pour envahir les secteurs adjacents de Rafah.


En septembre 2003, les FOI ont commencé à construire un mur en béton "pour empêcher les Palestiniens de tirer sur les troupes".

Le mur a une longueur de 7 kilomètres et une hauteur de 8 mètres, semblable au mur qu'Israël érige actuellement en Cisjordanie (Schéma 5).

Ce mur de ségrégation isole complètement la partie nord de la ville de Rafah de la partie sud. La construction du mur comprend le déracinement de 750 000 d'arbres fruitiers, principalement des citronniers et des bananiers, et la destruction d'un certain nombre de maisons pré-fabriquées qui ont eu comme conséquence la destruction complète du secteur agricole dans la totalité de la Bande de Gaza.

900 maisons palestiniennes ont été démolies et plus de 13000 Palestiniens vivant dans la bande de Gaza sont devenus sans abri afin d'établir les différentes zones de sécurité et les murs de ségrégation.

Schéma 5. La carte illustre les actions unilatérales israéliennes à Rafah en 2003



Depuis la dernière incursion à Rafah en mai 2004, les FOI ont déclaré leur intention de changer l'infrastructure de la frontière par la construction d'un fossé rempli d'eau de mer "pour écarter la menace de la Route de Philadelphie".

Selon les caractéristiques, ce fossé d'isolement fera de 15 kilomètres de long. Il s'étendra du sud de la bande de Gaza et se terminera dans la mer méditerranéenne.

Il sera profond de 15-25 mètres, et large de 100 à 120 mètres y compris la zone de sécurité (Schéma 6).

Le canal sera inondé d'eau de mer qui s'effondrera sur tout tunnel souterrain.

Le Jeudi 17 juin, le Ministère israélien de la Défense a annoncé qu'il allait émettre un appel d’offres pour la construction qui est censée se faire avant le retrait de la bande de Gaza. Cette annonce est tombée 11 jours après que le gouvernement israélien ait donné une approbation de principe pour le plan de retrait unilatéral israélien de Gaza.

Le plan inclut de garder les troupes israéliennes sur la frontière égyptienne, en prévision d’accords possibles sur la sécurité avec le gouvernement égyptien.

Selon un quotidien Israélien, un officiel de la défense a indiquéque le fossé sera financé par la vente des grandes quantités de sable qui seront creusées pendant le construction[6].
Voir Schéma 6.


Le 10 Janvier 2005, un nouveau plan a été conçu par le Cabinet israélien de la Sécurité pour la construction d’un nouveau canal de sécurité le long du couloir de Philadelphi (la zone frontalière entre la bande de Gaza et l'Egypte) dans la bande de Gaza.

Selon les officiels israéliens, ce plan est nécessaire parce qu’Israël gardera le contrôle du couloir, tout en développant l’idée de le remplir d'eau de mer.

Les nouvelles caractéristiques seront un canal de 15 kilomètres de long, de plus de 10 mètres de profondeur et aura la forme d'une triangle avec une ouverture des dizaines de mètres de large. Le canal s'étendra le long du couloir de Philadelphie avec des dispositifs électriques qui permettront la détection de construction de tunnels.

Pour mettre en application ce nouveau projet, Israël devra raser "3000 +" maisons palestiniennes supplémentaires situées le long du couloir.

Voir Schéma 7 : Le schéma du nouveau canal de Philadelphie publié par le quotidien israélien Yediot Ahronot.


Selon les statistiques publiées par le Centre Palestinien des Droits de l'Homme dans la Bande de Gaza, entre le début de la deuxième Intifada palestinienne en septembre 2000 et décembre 2004, les FOI ont démoli 1461 maisons palestiniennes dans divers camps de réfugiés et quartiers de la région de Rafah.

District de Rafah : Totaux

Nombre de maisons complètement démolies 1461
Nombre de maisons partiellement démolies 1087
Nombre de Palestiniens dont les maisons ont été totalement démolies à Rafah : 15360
Nombre de Palestiniens dont les maisons ont été partiellement démolies à Rafah 13457


Source : (Palestinian Center for Human Rights) - PCHRGAZA 2005

Ce nombre, selon le tableau ci-dessus, inclut les structures complètement détruites ou a rendu inhabitables de manière permanente. Environ 15360 personnes sont devenues sans abri par les démolitions. La plupart des démolitions ont été effectuées à Rafah, le long de la frontière avec l'Egypte.[7]



Estimation de l’impact

Les actions israéliennes actuelles sont une suite d'un long processus de trois ans de nettoyage ethnique des Palestiniens sur la frontière avec l’Egypte.

Les opérations militaires démontrent une augmentation dramatique de l’agenda de la destruction.

Elles montrent le désir israélien d'avoir les mains libres pour imposer autant de faits sur le terrain que possible avant que son désengagement unilatéral de la bande de Gaza.


Le fossé de Philadelphie prévu contribuera, d'une part, à transformer la bande de Gaza en grande prison et d’autre part, à garantir le maintien d’une présence israélienne dans le secteur. Il séparera complètement la partie nord de la ville de Rafah de sa partie sud, et il bloquera le déplacement entre Gaza et l'Egypte pour 1,3 millions de personnes vivant dans la Bande.

L'élargissement de la frontière affectera également la bande de Gaza d'autres manières. Des centaines de dunums ont été déjà saisies le long de la frontière, et des milliers de dunums ont été rasés.

Des centaines de milliers d'arbres fruitiers ont été déracinées et les secteurs cultivés ont été rasés avec un nevellement du paysage.

Il y a un puits avec une capacité moyenne de 33 000 m3 par an qui se situe dans la zone qui est susceptible d'être confisqué et coincé dans la zone de sécurité prévue.

27 autres puits seront menacés s’ils touchent à la couche aquifère située à moins d'un kilomètre du canal. Ces puits ont un rendement total d’environ un million de mètres cubes par an.

Comme les eaux souterraines du secteur se situent près de la surface, toute action dans le sol affectera la nappe phréatique. Et en nivelant les dunes et en creusant un fossé, la couche protectrice entre le niveau de l'eau et la terre diminuera, laissant les eaux souterraines plus vulnérables à toute sorte de pollution.

L'existence même du canal deviendra la plus grande menace pour les eaux souterraines car le climat aride aura un taux élevé de l'évaporation de l'eau de mer salée dans le conduit, laissant une forte salinité de l’eau s’infiltrer par les roches poreuses, et rechargent les eaux souterraines fragiles.


La salinité de la mer méditerranéenne atteint 39‰ dans la partie sud de son bassin oriental. Avec une évaporation annuelle excédant les précipitations et l'écoulement d’un fleuve, la mer est transformée en un "bassin de concentration" avec un déficit d'eau douce estimé à environ 2500 km3/an.

Cela a lieu sur la macro échelle de la mer entière, et en examinant notre centre d'intérêt, il est évident que le canal entier se transformera en "cuvette de concentration" vidangeant la forte salinité de l’eau dans les eaux souterraines précédemment menacées de la région (tableau 1).

Le remplissage d'eau de mer dans le canal aura une première concentration en sel de 39‰. Le taux moyen quotidien d'évaporation variera de 2,1 à 6,3 millimètres par jour respectivement en décembre et en juillet.

Les précipitations annuelles moyennes varient entre 200 et 300 millimètres du littoral et du sud, avec la totalité des pluies tombant pendant la période de mi-octobre jusqu'à fin mars.

On estime que la transmissivité spécifique de la couche aquifère varie entre 200 et 700 m2/jour pour respectivement la couche aquifère confinée et la couche aquifère en surplomb. Avec la lithologie de la région cela indique une conductivité hydraulique de 0,004 mm/jour à 0,001 mm/jour de la couche aquifère en surplomb et une conductivité hydraulique de 0,0038 mm/day pour la couche aquifère confinée.

La profondeur moyenne des dépôts quaternaires s'étend entre 200 et 50 m du littoral et du sud. Une évaluation grossière des données actuelles donneront le scénario suivant du la salinité cyclique.


Tableau 1. Estimation de l’accumulation du sel dans le canal et en conséquence dans les eaux souterraines en prenant l'année 2004 comme début

Année - Concentration de sel dans le canal - Ajout de sel dans les eaux souterraines
2004 - 39 ‰ - 19.2 g/l
2005 - 43 ‰ - 23.8 g/l
2010 - 61 ‰ - 33.2 g/l
2020 - 97 ‰ - 53.6 g/l

Un terrain découvert de 0,9 km2 avec 13,5 millions de m3 d’eau accumulerait donc le sel à un taux de 0,00988 ‰ par jour, donnant déjà une salinité de 43 ‰ après un an, par une évaporation moyenne de 3,8 mm/jour de la surface de l'eau.

Cette eau par la suite infiltrerait la surface et atteindrait la table d'eaux souterraines ajoutant 24 grammes de chlore par litre d’eau.

En 2010, la salinité atteindrait 61‰ et 97‰ en 2020 en ajoutant respectivement 33 et 54 grammes de chlore par litre d’eau. Il faut mentionner ici qu'il y a au moins 38 puits en service à proximité du canal, qui seront directement menacés par cette augmentation soudaine de salinité.



Discussion

En résumant la logique du "couloir de Philadelphie", c’est prouvé par le bon sens, que s'il y a un retrait total, alors il n'est pas raisonnable de parler d’accords qui s'opposeraient au principe d'un retrait total.

Après le retrait, ce ne devrait plus être la responsabilité d'Israël de ce qui se passe à la frontière. Mais par ces actions unilatérales, Israël fortifie sa présence même après un retrait "total".

En fait, Israël veut garder le contrôle de toutes les entrées dans la Bande de Gaza tout comme sur la zone de terre qui pourrait à l'avenir devenir l’ouverture d'un lien continu entre la mer méditerranéenne et la mer rouge.

L'expansion du couloir de Philadelphie établira plus solidement géographiquement et topographiquement le contrôle d'Israël. Le contrôle géographique assurera le pouvoir sur la tranche de terre qui pourrait lier la Mer Méditerranéenne à la Mer Rouge dans un nouveau canal de "Suez" (Schéma 7),


alors que le contrôle topographique garantira la séparation de la bande de Gaza et de l'Egypte et renforcera la présence des FOI avec la revendication d’une interposition de sécurité aux moments avantageux.



Schéma 8 : Un canal Med-Rouge en projet

Toutes ces nouvelles conditions provoquées par les activités coloniales des FOI influencent directement et indirectement la qualité de la santé et du bien-être social de la population du district de Rafah.

Le district est déjà surpeuplé en raison du grand nombre de réfugiés et du taux de croissance relativement élevé de la population. Les possibilités d'expansion urbaine sont petites et elles sont contrôlées par les restrictions géopolitiques.

Près du couloir de Philadelphie mentionné ci-dessus, les FOI enferment également les citoyens de Rafah par d'autres points de croisement.

Récemment, les FOI ont dépensé des centaines de milliers de shekels sur les deux checkpoints de Hila et Tufah.

Les checkpoints qui ont été rénovés coupent la région de Mawasi. En particulier, la population de Khan Younis et de Rafah est interdite d'entrer dans le secteur en raison de sa proximité de la colonie juive de Gush Katif.

La région de Mawasi est également considérée comme la partie la plus fertile sur le plan agricole de la bande de Gaza, et produit une grande partie des produits frais qui poussent localement.

Ces fermetures rebutent également la situation économique. Le déplacement des personnes devient de plus en plus limité avec les possibilités de gagner leur vie partout sauf à proximité de l’endroit où ils vivent réellement.

Dans quelques situations, la vie humaine et animale est directement menacée par les prétendues mesures de sécurité des FOI.

Les rares ressources en terre et en eau découragent également en tant que conséquence directe ou indirecte des activités coloniales, empêchant le développement économique de la région.

Les menaces les plus pressantes concernant le canal proposé seront sur les personnes vivant le long de la frontière, et sur leurs ressources en terres et en eau. L’arasement des terres ainsi que la confiscation des terres entraineront un grave recul du secteur agricole qui est l'épine dorsale de l'économie de la zone.

Quant aux ressources en eau; en considérant la nature saumâtre des eaux souterraines de profondeur, et la sensibilité à l'intrusion d'eau de mer provoquée par la sur-abstraction, les eaux souterraines fraîches de la zone seront bientôt irréversiblement détruites par l'intrusion de sel du canal.

Certains des puits à proximité du canal ont déjà des concentrations en chlorure de plus de 700 mg par litre, mais ils sont encore tous utilisables pour l'agriculture ou pour l'usage domestique.


Avec la contribution additionnelle de sel du canal, l'eau deviendra bientôt si saline qu'elle aura besoin d’un traitement important pour devenir encore potable.

Et pour l'agriculture restante, l'irrigation continue avec de l'eau à forte salinité mènera par la suite la salinisation du sol, transformant les terres cultivées en nouveau Cartage.


Liens et References :-

[1] Jerusalem Post : 23 mai 2004
[2] Une couche aquifère en surplomb est une région dans la zone non saturée où le sol peut être localement saturé parce qu'il se situe sur un élément à basse-perméabilité
[3] The influence of rising altitudes
[4] Desk Study on the Environment in the Occupied Palestinian Territories, United Nations Environment Programme (UNEP)
[5] Comme classidié par le Palestinian Central Bureau of Statistics (PCBS)
[6] Edition internet d’Haaretz 17 Juin, 2004
[7] Rapport publié le mercredi 23 juin 2004

Source : Applied Research Institute - Jerusalem

Traduction : MG pour ISM-France

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23 janvier 2005