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ISM France - Archives 2001-2021

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Europe -

Jamais contre ! La connivence européenne dans le lent génocide israélien

Par

Omar Barghouti est un analyste politique palestinien indépendant et membre fondateur de la Campagne palestinienne pour le boycott universitaire et culturel d'Israël (www.PACBI.org)

L'Union Européenne, le plus important partenaire commercial d’Israël au monde, observe alors qu’Israël resserre son siège barbare sur Gaza, punit collectivement 1,5 millions de civils palestiniens, les condamnant au désastre et promettant une mort imminente à des centaines de dialysés et malades du cœur, aux prématurés et à toutes les autres personnes dépendant de l’électricité pour leur survie.

Jamais contre ! La connivence européenne dans le lent génocide israélien


En suspendant les livraisons de carburant et d’électricité à Gaza, Israël, la puissance occupante, s’assure essentiellement que l'eau "propre" – « propre » seulement par le nom, puisque l'eau de Gaza est peut-être la plus polluée dans l'ensemble de la région, après des décennies de vol et d'abus perpétrés par les Israéliens - ne sera pas pompée et correctement distribuée aux foyers et institutions, que les hôpitaux ne seront pas en mesure de fonctionner correctement, ce qui entrainera la mort de nombreuses personnes, en particulier les plus vulnérables, que les usines qui continuent à travailler malgré le siège seront maintenant obligées de fermer, ce qui augmentera encore le déjà très fort taux de chômage, que le traitement des eaux usées s’arrêtera, polluant encore plus le précieux peu d'approvisionnement en eau de Gaza, que les établissements universitaires et écoles ne seront pas en mesure de fournir leurs services habituels, et que la vie de tous les civils sera gravement perturbée, pour ne pas dire transformée d’une façon irrémédiable. Et l'Europe regarde d’un air indifférent.

L’universitaire de Princeton, Richard Falk, considérait le siège d’Israël comme un "prélude à un génocide», avant même qu’il perpétue ce dernier crime de couper complètement les approvisionnements en énergie. Maintenant, les crimes commis par Israël à Gaza peuvent précisément être qualifiés d'actes de génocide, quoique lents.

Selon l'article II de la Convention des Nations Unies de 1948 sur la Prévention et la Répression du crime de Génocide, le terme est défini comme suit:

Dans la présente Convention, le génocide s'entend de l'un quelconque des actes ci-après, commis dans l'intention de détruire, ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel :
(a) Meurtre de membres du groupe;
(b) Atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe;
(c) Soumission intentionnelle du groupe à des conditionsd'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle;


Manifestement, le siège hermétique d’Israël sur Gaza, conçu pour tuer, pour causer de graves dommages corporels et mentaux, et des conditions d'existence devant entraîner une destruction physique partielle et progressive, constitue un acte de génocide, si ce n'est déjà un génocide total. Et l'UE reste bizarrement silencieuse.

Mais pourquoi accuser de connivence dans ce crime en particulier l'Europe, lorsque presque l’ensemble de la communauté internationale ne lève pas le petit doigt, et que l’obséquieux Secrétaire général de l'ONU, qui a dépassé tous ses prédécesseurs dans l'obéissance au gouvernement américain, fait pathétiquement semblant de s’y intéresser ?

De plus, qu’en est-il du gouvernement américain, le plus généreux commanditaire d’Israël, qui est directement impliqué dans le siège actuel, en particulier après que le président George W. Bush, lors de sa récente visite, ait donné un feu vert subtil au Premier ministre israélien Ehud Olmert pour qu’il ravage Gaza?
Pourquoi ne pas blâmer les dociles frères arabes des Palestiniens, en particulier l'Égypte - le seul pays qui peut immédiatement briser le siège par la réouverture du passage de Rafah, et fournir les approvisionnements nécessaires en carburant, électricité et autres produits d’urgence?
Et enfin, pourquoi ne pas blâmer l’Autorité Palestinienne basée à Ramallah, dont le chef inféodé et sans vision s’est vanté ouvertement dans une conférence de presse, qu’il était «totalement d’accord» avec Bush sur toutes les questions de fond?

Après Israël, les États-Unis sont, sans aucun doute, les plus coupables dans le crime actuel. Sous l'influence d'une idéologie néoconservatrice, fondamentaliste et militariste qui a pris le pouvoir et d'un tout-puissant lobby sioniste dont l’emprise est inégalée, les Etats-Unis sont seuls dans leur catégorie.

Il va sans dire que l'Autorité Palestinienne, l'ONU, ainsi que les gouvernements arabes et internationaux, en conservant leurs relations avec Israël, devraient tous être tenus responsables de consentement, direct ou indirect, avec les crimes contre l'humanité d'Israël dans la bande de Gaza. Il est vrai aussi que chacun d’entre eux ont la responsabilité juridique et morale d'intervenir et d'appliquer toute pression nécessaire pour empêcher le crime avant que des milliers d’hommes périssent.

Mais les directives de l'UE ont une position unique dans tout cela. Ce n'est pas seulement le silence et l'apathie.
Dans la plupart des pays européens, Israël et les institutions israéliennes sont actuellement accueillis et recherchés avec une chaleur, une générosité et des égards sans précédent dans tous les domaines : économique, culturel, universitaire, sportif, etc

Par exemple, Israël a été invité comme invité d'honneur dans l’important salon du livre de Turin, en Italie. Financés par le gouvernement israélien, les films sont présentés dans les festivals de films à travers tout le continent.

Les produits israéliens, des avocats et oranges aux systèmes de sécurité de haute technologie inondent les marchés européens, comme jamais auparavant.

Des institutions universitaires israéliennes bénéficient d'un accord d'association spécial, très lucratif, avec les organes de l'UE.

Des groupes de danseurs, de chanteurs et des orchestres israéliens sont invités dans des festivals et des tournées en Europe, comme si Israël était non seulement normal, mais en fait un membre privilégié du soi-disant monde «civilisé». Les relations autrefois tièdes entre les responsables européens et Israël se sont transformées en une histoire d’amour intense, publique et énigmatique.

Si l'Europe pense qu'elle peut donc se repentir pour son Holocauste contre sa propre population juive, en fait, elle facilite, de façon scandaleuse et délibérée, la perpétration de nouveaux actes de génocide contre le peuple de Palestine. Mais les Palestiniens, semble-t’il, ne comptent pas pour grand chose, car nous sommes vus, non seulement par Israël, mais aussi par ses bons vieux parrains et alliés « blancs » comme des êtres humains moindres, ou relatifs.

Le continent qui a inventé le génocide moderne, et a été responsable, au cours des deux derniers siècles, du massacre de plus d’êtres humains, surtout des «êtres humains relatifs», que tous les autres continents réunis, dissimule les crimes qui ne sont pas sans rappeler dans la qualité, mais certainement pas dans la quantité, ses propres crimes odieux contre l'humanité.

Dans aucune autre affaire internationale, l’establishment européen ne peut être accusé d'être aussi indifférent et détaché de sa propre opinion publique.

Alors que les appels au boycott d’Israël en tant qu’État d'apartheid se répand lentement mais surement parmi les organisations de la société civile et les syndicats européens, en tirant des parallèles troublants avec le boycott de l'apartheid sud-africain, les gouvernements européens ont du mal à se différencier de la position ouvertement complice des Etats-Unis avec Israël.

Même les clichés européens de condamnation et "d’expression de profonde inquiétude» sont devenus plus rares que jamais aujourd'hui.

Par contre, les violations incessantes et provocatrices d’Israël envers la propre législation sur les droits de l'homme de l'Europe sont ignorées à chaque fois que quelqu'un demande si Israël devrait continuer à bénéficier de ces accords d'association magnanimes avec l'UE, en dépit de son occupation militaire, de sa colonisation et des rapports sur ses horribles abus des droits de l'homme envers ses victimes palestiniennes. Si ce n'est pas la complicité, alors qu’est-ce que c’est ?

La moralité mise à part, plonger Gaza dans une mer d'obscurité, de pauvreté, de mort et de désespoir ne peut pas être de bon augure pour l'Europe.

En soutenant activement un environnement propice à la montée du fanatisme et de la violence désespérée à ses frontières, l'Europe invite bêtement le chaos à sa porte.

Au lieu de tenir compte - ou du moins d’envisager sérieusement - les appels au boycott, au désinvestissement et aux sanctions contre l'apartheid d'Israël, adoptés par la quasi-totalité de la société civile palestinienne, il se pourrait que l’on soit bientôt obligé de compter avec les forces de l'irrationnel incontrôlable et de la violence aveugle et du chaos qu’il en résulte.

Il semblerait que les élites européennes soient actuellement déterminées à ne jamais s'opposer à Israël, quels que soient les crimes qu'il commet. C'est comme si le slogan beuglé - et de plus en plus hypocrite - asséné par les survivants juifs du génocide européen, "Never Again!", "Plus jamais ça!", était désormais adopté par l'élite européenne avec une seule différence: les deux lettres, 's' et ' t ', sont ajoutés à la fin : "Never Against" (ndt : Jamais Contre !").

Source : http://electronicintifada.net/

Traduction : MG pour ISM

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