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ISM France - Archives 2001-2021

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Canada -

La Diaspora Palestinienne : Pour ou Contre la collaboration ?

Par

Laith Marouf est le coordinateur d'une branche du SPHR, le plus grand réseau d'étudiants travaillant sur les droits de l'homme des Palestiniens en Amérique du Nord. Il peut être joint à l'adresse suivante laith@sphr.org ou visitez le site www.sphr.org pour plus d'informations

Ces derniers mois, les Palestiniens de la Diaspora ont observé avec horreur les derniers développements qui se sont déroulés dans leur patrie. Il y a eu une avalanche d'articles sur ce qu'il fallait faire, mais globalement, il y a un sentiment qu'ils ne pouvaient rien faire qui puisse avoir une incidence sur la situation sur le terrain.
Mais les Palestiniens dans la Diaspora n'ont pas compris qu'ils devaient entreprendre une claire évaluation de leur propre situation s'ils voulaient avoir le moindre impact.

La Diaspora Palestinienne : Pour ou Contre la collaboration ?


Photo Luay Sababa/MaanImages : Un jeune Palestinien participe aux prières de midi organisées par le parti d'Abbas, le Fatah dans la ville de Bethléem, en Cisjordanie . Le Fatah a organisé dans l'ensemble de la Cisjordanie des prières pour montrer son soutien au Fatah dans la Bande de Gaza en opposition au Hamas. 7 septembre 2007

Les récent événements ont permis d'en savoir plus sur des faits obscurs : la collaboration entre Mahmoud Abbas et ses complices comme Mohamed Dahlan d'une part, et Israël de l'autre ; le transfert d'armes et l'entrainement par les Etats-Unis et d'autres pays de certaines milices palestiniennes dont la mission était de renverser le résultat de l'élection de janvier 2006.

Les Palestiniens reconnaissent clairement qu'Abbas -- qui embrasse les responsables israéliens tout en refusant de parler aux autres factions palestiniennes -- était l'auteur des Accords d'Oslo qui n'ont même jamais mentionné le mot "occupation" et parle maintenant d'un nouvel "Accord de principes" qui annulera le droit au retour, légitimera les colonies israéliennes et menacera d'autres droits fondamentaux.

En bref, ce que nous avons maintenant est une clique des collaborateurs qui contrôle le Fatah et la "présidence" de l'Autorité Palestinienne et une grande partie de ce qui reste de l'OLP.

En revanche, ces dix dernières années, dans la Diaspora occidentale -- au Canada, aux Etats-Unis et en Europe -- les Palestiniens ont subi une certaine forme de renaissance. Ils ont développé leur nombre, leurs institutions et leurs activités. Pour la plupart, cela a été grâce jeunes.

Par exemple, les réseaux d'étudiants comme Solidarity for Palestinian Human Rights (SPHR) au Canada et Palestinian Solidarity Committee (PSC) aux Etats-Unis avec Al-Awda sont tous principalement composés de personnes de moins de 35 ans.

Ces réseaux sont nés après l'effondrement des institutions palestiniennes dans la Diaspora suite à la signature des Accords d'Oslo en 1993.

À cette époque-là, les institutions de l'OLP ont été mises de côté par la direction d'Oslo en échange de la création de l'Autorité Palestinienne (ressuscitée seulement récemment pour entériner la collaboration d'Abbas avec Israël le mois dernier), privant en fait la Diaspora du droit de vote.

De nombreux groupes palestiniens locaux établis depuis longtemps, en particulier ceux qui se sont associés aux factions dominantes, n'ont pas pu s'adapter aux nouvelles réalités. Ils n'ont pas fourni les services de base, l'aide et la représentation que tout centre communautaire d'immigrés doit fournir à son collège électoral.

Mais ils ont également laissé tomber la communauté au niveau politique, en ne prenant pas des positions publiques fortes remettant en cause les défauts d'Oslo, ou en mettant en place une organisation qui fonctionne bien.

Cela a mené à une baisse du nombre de ses adhérents dans de nombreux centres de communautés, faisant chuter le nombre de milliers à quelques dizaines.

En l'absence des structures alternatives pour une représentation, et avec l'apparition d'internet, des groupes comme SPHR et Al-Awda entre autres, et des médias indépendants comme Electronic Intifada ont commencé à apparaître en Amérique du Nord au milieu des années 90 et début 2000.

Quand le deuxième Intifada a éclaté, ils sont devenus les forces les qui ont été les plus visibles et qui se sont fait le plus entendre face à la propagande israélienne et sioniste, en fournissant un outil pour de jeunes Palestiniens de la Diaspora leur permettant de parler entre eux et de s'organiser.

Ainsi, ils ont également fourni un service d'une valeur inestimable à la communauté : une auto-éducation et une commémoration.

Les institutions sionistes ont accepté à contrecoeur ces projets qui défiaient le monopole qu'elles avaient sur le récit des médias occidentaux, rendant la propagande pro-israélienne plus difficile à faire passer sans réponse auprès d'un nombre croissant d'individus distincts.

Naturellement ces succès n'ont pas été sans difficultés. Il y a eu des périodes noires après 2001 quand des groupes pro-israéliens se sont attaqués aux partisans les plus manifestes des droits des Palestiniens.

Au Canada, des étudiants activistes ont fait l'objet d'expulsions et d'accusations criminelles et aux Etats-Unis, des professeurs qui étaient considérés comme trop critiques ont fait l'objet d'intenses campagnes de dénigrement et d'intimidation.

En même temps, les autorités américaines ont tenté d'envoyer un message par des poursuites motivées politiquement contre des individus comme le professeur Sami Al-Arian. En dépit de tous ces efforts, la communauté dans son ensemble n'a pas été effrayée.

La bataille qui a attiré le moins d'attention a été celle au sein de la communauté. Les responsables de la communauté et les associations auto-proclamées de la vieille garde ont évité, en grande partie, de soutenir publiquement beaucoup de ceux qui se trouvaient en première ligne ou même ils ont travaillé secrètement pour les fragiliser.

Dans certains cas, c'était des avertissements innocents de parents effrayés à leurs enfants, "Ne va pas au SPHR !" Dans d'autres, c'était des tentatives pour avoir des groupes de "dialogue", présentant l'Arabe "civilisé" comme une alternative.

Par exemple, juste après la "révolte du Concordia" en 2002 quand Benjamin Netanyahu n'a pas eu le droit de prêcher son discours haineux, l'administration du Concordia a organisé une discussion avec certains individus sionistes et arabes triés sur le volet.
L'un d'eux a déclaré : "Nous pouvons être civilisés ; Vous voyez, nous pouvons accepter d'être en désaccord !"

Pourtant ces obstacles n'ont jamais été plus que des distractions mineures pour le mouvement palestinien en Occident, jusqu'à ce que le mouvement commence vraiment à décoller. Les paratonnerres visés par les organisations Sionistes ont survécu. Cela n'a fait qu'encourager d'autres personnes à s'impliquer, et à leur donner du courage.

Toutes les remarquables réussites du mouvement des syndicats de travailleurs et d'étudiants et du mouvement anti-guerre, ont créé une quantité sans précédent de marge de manoeuvres pour les Palestiniens.

Et voilà quand les problèmes ont commencé. Soudain, tous ces individus "libéraux" et "civilisés" ont compris que le train partait sans eux. Ayant échoué à arrêter le mouvement, certains essayent désespérément de regagner une légitimité afin de prendre le contrôle de ce nouvel espace.


Aux Etats-Unis et au Canada, des appels ont été lancés pour des réunions nationales afin d'élaborer des organisations qui en regrouperaient plusieurs et qui parleraient au nom de tous les Palestiniens vivant dans ces pays.

Mais pourquoi maintenant, et qui est impliqué ?

Deux choses doivent être précisées avant que nous répondions à ces questions.
D'abord, la plupart des organisations en première ligne comme SPHR et Al-Awda sont définis comme des "groupes de solidarité" bien qu'ils soient financés et dirigés par des Palestiniens et même la majorité de leurs adhérents sont des Palestiniens.

En second lieu, ces groupes ne sont pas affiliés à l'une des groupes ou des factions de "la mère patrie" parce que leurs adhérents sont majoritairement jeunes et n'ont jamais appartenu à ces factions

Cela est utile parce que certains acteurs ont insisté sur le fait que ces organisations nationales naissantes soient centrées sur ces vieilles identités factieuses et en grande partie non pertinentes. D'autres insistent sur le fait que seuls des Palestiniens soient autorisés à y participer, ce qui a ouvert la discussion sur qui est un Palestinien.

Ces questions sont exagérées délibérémment afin d'exclure les groupes de solidarité et/ou donner plus de pouvoir de vote aux "groupes de la communauté à la traine".

Le débat constant sur le quantum du sang ("seule votre mère est palestinienne !") est également conçu en tant que pression psychologique à l'égard des jeunes étudiants pour qu'ils soient mal à l'aise lors de ces réunions.


Pourquoi cela se produit-il maintenant ?

Alors que s'approche le jour où Abbas va s'engager -- à abandonner les droits des Palestiniens -- il a besoin de dirigeants dans la Diaspora qui soient alignés sur ses décisions.

Au Canada, presque tous les partisans des Palestiniens et les groupes de la communauté ont été impliqués dans ces efforts, mais notre "élite" éprouvée, testée et à la traine essayent très fortement de prendre à nouveau la barre : s'ils n'y arrivent pas par la démocratie, alors ils essayent par tous les autres moyens possibles.

Depuis que ces discussions ont commencé l'année dernière, certains des individus loyaux ont reçu des menaces physiques et même des menaces de mort. Et les choses ne sont pas encore devenues sérieuses.

Ces deux dernières années en Europe, les Palestiniens ont pu constituer un groupe mère qui a réellement remis en cause la ligne d'Abbas, et a tenté de contester l'interdiction faite au gouvernement élu du Hamas. Ce ne peut être une coïncidence si maintenant la vieille "élite" au Canada reçoit le soutien d'Abbas et de son entourage.

Depuis l'année dernière, il y a eu une vague de visites du Fatah au Canada et aux Etats-Unis dont le principal objectif était de rencontrer des alliés éventuels ici pour les préparer à des sièges dans l'OLP ressuscité (mais contrôlé par Abbas).

Ces derniers mois, le Fatah a envoyé des hauts responsables pour chercher le soutien des Palestiniens au Canada en fin d'année dernière et cet été suite aux événements à Gaza et promettre des récompenses aux alliés potentiels.

Les Palestiniens dans la Diaspora doivent apprendre les leçons de Gaza et du Liban. Bien que tous les Palestiniens désirent l'unité, cela est impossible avec ceux qui collaborent activement avec l'agenda israélien et cherchent à fragiliser le mouvement de libération palestinien.

Nous ne pouvons pas permettre à ceux qui ont détourné les institutions palestiniennes en Palestine pour servir Israël de faire la même chose dans la Diaspora.

Beaucoup ont argué du fait que nous devons rétablir et démocratiser l'OLP, mais la question est comment. Il est clair que ceux qui contrôlent toujours les structures de l'OLP ne le permettront jamais de façon volontaire. Il doit y avoir une pression de la base pour y arriver.

Si l'OLP n'est pas ouvert à la démocratisation, nous devrions demander des conférences nationales et internationales pour que toutes les communautés palestiniennes forment une nouvelle organisation démocratique qui représente toutes les franges de notre société.

Ce sera un énorme défi, mais nous devons le faire pour établir clairement qu'Abbas ou tout autre potentiel collaborateur n'a aucun mandat et aucune possibilité de signer un abandon des droits des Palestiniens.

D'après l'ordre du jour émergeant de la "conférence de paix" prévue par les Américains en novembre, c'est maintenant ou jamais que nous devons agir.

Source : http://electronicintifada.net/

Traduction : MG pour ISM

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