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ISM France - Archives 2001-2021

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Israël -

La Grande Congélation

Par

Dans un certain sens – superficiellement, j’en conviens – Ariel Sharon et Dov Weisglass forment un couple étonnant. Sharon est un gaucho du Néguev occidental, tandis que Weisglass est un avocat de la Rue Lilienblum, à Tel-Aviv. Sharon est le fils d’un agronome russe, alors que Weisglass est le fils d’un marchand de fourrures polonais. Sharon est la chair de la chair du mouvement de colonisation agricole, combattant et enraciné, alors que Weisglass est l’incarnation de la bourgeoisie immigrée spéculatrice. Sharon est un digne cow-boy du sionisme de la Frontière (au sens du Far West des « westerns », ndt). Weisglass est un parangon du sionisme de l’immobilier.

Toutefois, dans un autre sens – plus profondément – la motivation de l’idylle entre le gentleman-farmer et l’avocat est parfaitement claire. Entre le bagarreur et le pacificateur. Entre l’authenticité crasse de Sharon et les petits soins de Weisglass : à l’époque où Sharon était un lépreux totalement infréquentable, après Sabra et Chatila, Weisglass ne l’abandonna pas.

Quand Sharon se retrouva sur un champ de bataille tout à fait nouveau pour lui, sur lequel il était complètement paumé (commission d’enquête, tribunaux, presse), Weisglass livra son combat pour lui.

Sharon ayant fini par comprendre que le monde avait changé, qu’il serait désormais gouverné par des méga-autorités d’un genre inédit (Aharon Barak, Time magazine, Yedioth Ahronot), il comprit aussi que Weisglass était La personne qui saurait comment le représenter devant ces nouvelles super-autorités. Il comprit que Weisglass, le complétant, lui était indispensable.


Ainsi, au fil des années, se développa chez le commandant rural une dépendance croissante vis-à-vis de son avocat de Tel-Aviv, qui devint son avocat personnel, l’avocat de sa famille, et enfin l’avocat de sa politique.

L’avocat qui représente Sharon, depuis deux ans et demi, devant la méga-authorité américaine, l’avocat qui, depuis deux ans et demi, en tant que principal conseiller officiel du Premier ministre, a conduit, quasiment à lui tout seul, les délicates relations entre la Maison Blanche et le Ranch des Sycomores.
Autant dire : entre les Etats-Unis d’Amérique et l’Etat d’Israël.


Alors, est-ce Dov Weisglass qui a réussi à renverser la politique de Sharon ?
Dov Weisglass est-il cette éminence grise qui a imposé à l’Empereur des Colonies la décision d’évacuer… des colonies ?

Les colons en sont absolument persuadés. Ils sont certains que Weisglass est un Raspoutine retors, et qu’il a trouvé quelque formule obscure qui pousse le tsar à faire des choses que le tsar en personne, de lui-même, n’aurait jamais faites. Toutefois, l’intéressé lui-même, Weisglass, rejette ces allégations d’un haussement d’épaule. Il ne dément pas avoir soutenu le retrait, depuis le début. Il ne cache pas le fait qu’il a mis toutes les données sur le bureau de Sharon.

Le problème politique, le problème économique, le problème des soldats refuseniks. Et il a fait comprendre très clairement au boss que la communauté internationale ne laisserait jamais tomber. Que les Américains ne pourront pas nous soutenir à bout de bras ad vitam aeternam. Mais ce n’est pas moi qui ai pris la décision finale, dit Weisglass.

La décision a donc été prise par le Premier ministre. Pendant que lui, le chef de bureau, était simplement là, à ses côtés. Lui, l’avocat fidèle, s’est contenté de venir s’asseoir à côté de son client, tout au long de l’ensemble du processus… Mmmh…



Weisglass est né à Tel-Aviv, en octobre 1946. Il a passé son enfance, et fréquenté l’école, à Ramat Gan, dans les années 1950, au sein d’une famille qui passa très rapidement de la pauvreté à l’opulence.
A dix-neuf ans, il étudiait déjà le droit.
A vingt-quatre, il travaillait dans le cabinet juridique Moritz-Margolis.
Treize ans plus tard, il acheta (conjointement à son associé Ami Almagor) ce cabinet à ses fondateurs, et il en fit l’une des premières entreprises de conseil juridique du pays.
En 1980, il représenta Yitzhak Rabin contre l’hebdomadaire français L’Express.
En 1983, il représenta Sharon face à la Commission Kahan, qui enquêtait sur les massacres de Sabra et Chatila.
En 1985 – 86, il représenta Sharon dans son procès contre le Time magazine (Sharon attaquait l’hebdomadaire, dont une enquête l’impliquait directement dans les massacres).


Au début, il s’était spécialisé dans la représentation de membres des services de sécurité qui furent amenés à témoigner devant des commissions d’enquête (Yossi Ginossar, Shaul Mofaz, Hezi Callo, Alik Ron). Puis il se spécialisa, en plus, dans la représentation de directeurs généraux des ministères accusés de corruption (Shimon Sheves, Moshe Leon, Avigdor Lieberman).

Parmi ses clients, également : Ehud Yatom, Rafi Eitan et Avigdor Kahalani.
Et aussi le service de sécurité Shin Bet et l’agence de renseignement Mossad. Sans oublier le mouvement kibbutzique.



Ses détracteurs se répandent, clamant que Weisglass n’est pas un juriste distingué, qu’il est bordélique, superficiel, qu’il a la gâchette facile, et qu’il lui manque une aura de dignité et un centre de gravité moral.
D’autres, toutefois, relèvent son bon sens, sa compréhension humaine. Et nul ne doute de sa capacité de charmer les gens qu’il juge importants.
Ni de son art de conclure un marché, de recoller les pots cassés, d’appeler les gens qu’il faut au téléphone, juste au moment où il faut que cela soit fait, et pas à un autre. Parce que notre avocat au mille chapeaux n’est pas seulement un type très cordial, c’est aussi quelqu’un qui a un sérieux carnet d’adresse dans l’establishment israélien, en long et en large.


Nous entamons notre conversation dans un café de Tel-Aviv, puis nous nous rendons dans son bureau décrépit, sis rue Lilienblum. Pantalons gris, chemise blanche, son crâne dégarnit brille. Il fait plus que son âge. Très vite, cependant, il me submerge de ses connaissances historiques encyclopédiques et de sa culture de mélomane. Il tient fermement les manettes, et on peut aimer ça, ou pas : en tous les cas, nul ne peut l’ignorer, car ce fait est en train de donner forme, en cet instant même, à la réalité que nous connaissons.


Tous les jours, il biglophone à Condy

Parlez-moi de Condoleezza Rice. Quelle sorte de femme est-ce ?

"C’est une femme étonnante. Intelligente, élégante, très honnête. A la fois éduquée et extraordinairement agréable. Mais, en-dehors de cette incontestable courtoisie et de sa profonde culture, elle peut aussi être très ferme. Elle peut, parfois être intraitable."



Elève-t-elle parfois la voix contre vous ? Elle vous engueule ?

"Qu’entendez-vous par « élève-t-elle la voix ?"
Je suis plus âgé qu’elle, vous savez… Les Américains ne se parlent pas entre eux comme nous le faisons, nous, ici, en Israël…"



Parlez-moi de la dynamique de votre relation, s’agit-il d’une relation sortant de l’ordinaire, ou non ?

"Je suis en permanence en contact avec Rice. En temps de crise, cela peut être tous les jours : nous nous parlons au téléphone. En des temps plus calmes, nous nous appelons au moins une fois par semaine. Je la rencontre en moyenne une fois par mois. Depuis mai 2002, je l’ai rencontrée plus de vingt fois. Et chacune de ces rencontres a été une véritable rencontre de travail. La plus courte a quand même duré une heure et demi… "



Comment vous appelle-t-elle ?

"Dubi"…



Et vous, comment l’appelez-vous ?

"Condy"…



Et comment ça se passe, entre vous ?

"Le canal entre Rice et moi a deux objectifs principaux. Le premier, c’est de faire avancer les processus initiés, d’examiner nos idées et les leurs. La feuille de route, par exemple, ou le projet de désengagement [de Gaza, ndt]. Mais son autre fonction, tout aussi importante, c’est de faire la chasse aux ennuis.



Si quelque chose se produit – une opération militaire inhabituelle, un accrochage, un assassinat ciblé, réussi ou non – elle m’appelle, avant que ça n’est tourné à l’imbroglio, et elle me dit : "On a vu tel ou tel truc sur CNN… Qu’est-ce qu’il se passe ?"

Alors, je lui dis : "Condy, tu me donnes dix minutes, comme d’hab ?"

Alors elle rigole, et nous raccrochons. Dix minutes plus tard, après que j’ai élucidé ce qui s’est passé, je la rappelle, et je lui dis tout. Toute la vérité. Je lui dit, et elle note : c’est ce que nous avons décidé d’un commun accord, et c’est comme ça que ça se passe. Elle ne se braque pas. Elle nous croit sur parole. La suite, c’est le contrôle des dégâts…"


Et pourtant Rice a l’air d’une cookie trop dure. Vous pouvez lui parler comme ça, librement ? Vous pouvez lui raconter les blagues que vous aimez tellement raconter ?

"Nous plaisantons en permanence. Toujours. Quand je suis à Washington, je lui raconte ce qui se passe en Israël. Je parle librement. Presque de la même manière que je vous parle, en ce moment. Il n’y a pas de crainte, pas de protocole. Chacun interrompt l’autre. Je n’irai pas jusqu’à dire que nous sommes des potes, mais notre relation de travail est très amicale. "



Diriez-vous que le canal Weisglass-Rice est un atout stratégique ? A-t-il fini par rendre Dov Weisglass indispensable ?

"Comme vous le savez, les cimetières sont remplis de gens indispensables. Je ne veux pas me vanter. Mais l’importance de cette relation, c’est qu’elle permet au président de parler au Premier ministre et au Premier ministre de parler au président sans qu’ils aient à se parler directement.
Vous devez comprendre que les présidents et les premiers ministres ne palabrent pas tous les jours. Pour le président, téléphoner au Premier ministre, c’est un véritable événement. C’est un acte qui revêt une importance étatique. Aussi, ce genre de conversation est extrêmement lourd. Dans une large mesure, ce sont des conversations contraintes.
Alors que, par notre canal, tout est plus direct. Et immédiat.

"Pour les Américains, c’est pratique : ils savent (parfaitement) qu’ils ont quelqu’un qui a la tête coincée non pas (seulement) entre les mâchoires du lion, mais carrément dans le gosier du lion. Cela nous convient aussi, de notre côté. Cela nous permet de leur parler en temps réel, de manière informelle.

Quand ma conversation avec Condy prend fin, elle sait que je n’ai que six pas à faire pour me retrouver dans le bureau de Sharon, et je sais qu’elle n’a que douze pas à faire pour se retrouver dans le bureau de Bush. Cela crée une relation intime entre les deux bureaux, et cela évite mille goulets d’étranglement."



En somme, à la Maison Blanche, vous faites partie de la famille ?

"Vous savez, quand vous allez à la Maison Blanche, la première fois, vous avez le cœur qui bat un peu la chamade. Ceux qui vous diront le contraire ne sont pas sincères.
Après tout, c’est là que réside le chef exécutif du monde. Mais aujourd’hui, après vingt visites, j’y évolue tout à fait à l’aise. Ils me connaissent bien, depuis le Marine en sentinelle à l’entrée jusqu’aux secrétaires et au dactylos. Et cela me rend la tâche beaucoup plus facile.
Quand vous êtes terrorisé, comme un avocat faisant sa première plaidoirie devant un tribunal, vous bégayez et vous oubliez les remarques que vous aviez prévu de formuler. Au bout d’un certain temps, vous vous sentez libre et détendu, et croyez-moi, c’est un avantage énorme. Nous parlons totalement à bâtons rompus. Je lui dis que telle chose est correcte, et que telle autre chose ne l’est pas. En totale liberté."



Avez-vous déjà eu l’occasion de rencontrer le président Bush ?

"Oui. Mais je n’en parlerai pas. Des rencontres non planifiées avec le président, ce sont des choses dont on ne peut pas parler. Pour eux (les Américains), on ne cafte pas : c’est le saint des saints".



Quelle impression vous a-t-il faite ?

"Le président est quelqu’un qui a un charme fou. Il est concentré. Il a un grand contrôle de soi. Et un très grand sens de l’humour. Il adore les blagues."



Et les vôtres, il les apprécie ? Quand il vous voit, espère-t-il que vous allez lui en raconter une des bien bonnes que vous tirez de derrière les fagots ?

"Il a même raconté certaines de mêmes blagues à d’autres. Après ça, nous les avons réentendues, de seconde, voire même de troisième main…"



On dit qu’il est un peu «limité» ?

"Pourquoi : "limité" ? Parce qu’il ne souvenait plus du nom du président de la République Tchèque ?
C’est une critique vraiment primitive. Le président Bush est un homme de caractère, il a sa propre vérité intérieure. Il est sûr de lui, calme, souriant. Il a conscience du pouvoir qui est le sien. Il y a beaucoup de points communs entre la façon dont il gère les choses et celle dont Arik [Sharon] le fait.
Tous deux sont des hommes qui ont une certaine maturité intérieure."



Qu’en est-il de leur grande différence d’âges et d’expériences ?

« C’est vrai. Mais je ne vous parlerai pas de la façon qu’a le président Bush de régler les questions de sécurité sociale en Amérique. En revanche, dans les questions qui nous concernent, il a une vision du monde extrêmement claire.
Comme Arik, il a horreur de la violence ; il a horreur de tout ce qui a un rapport, de près ou de loin, avec le terrorisme ou le recours à la force.
Et il a horreur des gens qui mentent ou qui ne tiennent pas parole. Il n’accepte pas ce style politique, propre au Moyen-Orient, où vous dites ce qui vous passe par la tête, et puis vous l’oubliez.
De ce point de vue, il est très américain. Il ne tolère pas les propos dans le vide. Il ne supporte pas le baragouinage moyen-oriental, avec rien derrière. »



Voulez-vous dire par-là qu’à un certain moment, au cours des deux dernières années, les Palestiniens ont tout simplement perdu le contact avec lui, qu’ils ont été effacés de sa carte du monde ?

"Je ne vous dirai rien qui n’ait été publié. Mais, d’après ce qui a été publié, deux choses se sont produites. La première de ces événements, ce fut l’histoire du transport d’armes à bord du vaisseau «Karine A».
La seconde, c’est un certain document issu des services de renseignement que je lui ai envoyé, et qui montre clairement qu’Arafat est parfaitement au courant des implications financières du soutien aux attentats terroristes.

Quand des choses telles celles-là devinrent, au sujet de quelqu’un qui avait juré 16 000 fois aux Américains qu’il ferait tout – absolument tout – pour lutter contre le terrorisme, Arafat était rayé des listes. Dès cet instant, il était pour ainsi dire mort."



Dans ce cas, c’est vous, qui avez amené les Américains à adopter une politique très proche de la vôtre propre : sans Arafat, sans terrorisme, sans Autorité palestinienne ?…

"Les Américains ont été présents ici durant quatre mois, en 2003. Par l’intermédiaire du vice-secrétaire d’Etat John Wolf, ils ont été impliqués dans le processus de la manière la plus intime qui soit. Wolf rendait compte directement à Rice. Ces quatre mois ont eu une valeur pédagogique extraordinaire.

Les Américains ont vu par eux-mêmes ce que les promesses les plus solennelles des Palestiniens valaient, en réalité : rien. Ils ont vu les plans d’action détaillés des Palestiniens et leurs splendides diagrammes, et ils n’ont rien vu en sortir. Rien. Zéro. Nada.

Ajoutez à cela le traumatisme des attentats du 11 septembre et leur conviction acquise que le terrorisme islamiste, ne faisant qu’un, ne se divise pas, et vous comprendrez qu’ils n’ont pas eu besoin de moi pour parvenir aux conclusions auxquelles ils sont parvenus. Ils n’avaient nul besoin de nous pour comprendre quel est le problème, de A jusqu’à Z.

Aussi, quand nous sommes allés les voir pour leur dire qu’il n’y avait aucun interlocuteur, en face, il n’y a eu aucun problème : nous avons été compris. Ils le savaient déjà, qu’il n’y avait personne à qui parler."



La formule du formol

C’est vraiment ce que vous pensez – et ce que Sharon, pense, lui aussi – à savoir : qu’il n’y a personne à qui parler ?

"Nous sommes arrivés à cette conclusion après des années passées à penser le contraire. Après des années de vaines tentatives d’entamer un dialogue.
Mais quand Arafat a sapé (et zappé…) Abû Mazen, à la fin de l’automne 2003, nous sommes arrivés à la conclusion amère qu’il n’y avait personne à qui parler, personne avec qui négocier.

D’où le projet de désengagement.
Quand vous jouez en solitaire, quand il n’y a personne pour s’asseoir en face de vous, à la table, vous n’avez pas le choix : vous devez distribuer les cartes vous-même, sinon personne ne le fera."



Encore en 2001, vous pensiez autrement : vous avez essayé de parvenir à un accord avec la direction palestinienne…

"A cause de son réalisme tranché, Arik n’a jamais cru aux accords définitifs : il ne croyait pas à l’approche où on règlerait tous les problèmes d’un coup de cuiller à pot.

Sharon ne pense pas qu’après un conflit qui dure depuis cent quatre ans, il soit possible de venir avec un morceau de papier qui règle tout. Il pense que l’autre côté doit, au préalable, subir un changement socio-politique profond et généralisé.

Mais quand nous entrions dans le bureau du Premier ministre, il pensait toujours qu’il serait en mesure de parvenir à un accord sur le très long terme.

Un accord étalé sur 25, 20, 15, 10 ou cinq ans. Mais pas moins. Certains Palestiniens étaient en faveur du règlement au cas par cas qu’avait proposé l’ex-Premier ministre Ehud Barak.

C’était les seuls Palestiniens avec qui ont pouvait discuter. Mais, nous découvrîmes très rapidement que nous nous heurtions à un mur, que lorsqu’on arrivait au centre de prise de décision (palestinien), il ne se passait plus rien."



Néanmoins, en 2002, vous avez accepté l’initiative du président Bush : la feuille de route, et le principe de la création d’un Etat palestinien, n’est-ce pas ?

"Pendant de nombreuses années, l’opinion admise, dans le monde, consistait à dire que les gens recouraient au terrorisme parce que leur situation était déplorable et que, par conséquent, si l’on améliorait leur situation, ils renonceraient au terrorisme.

La supposition qu’ont faite les Palestiniens consistait à dire que lorsque la majorité des Palestiniens aurait obtenu satisfaction, en ayant un Etat, ils déposeraient les armes et que les occupants et les occupés sortiraient de leurs tranchées et se sauteraient au cou, pour s’embrasser.

Arik pensait autrement. Il estimait que, chez les Palestiniens, la majorité des gens n’avaient aucun contrôle sur une minorité (dirigeante). Il était persuadé que la capacité d’une administration palestinienne centralisée à imposer sa volonté à l’ensemble de la société palestinienne était pratiquement inexistante. Il était convaincu que le terrorisme palestinien est, pour partie, absolument pas politique, mais bien : religieux.

Par conséquent, leur accorder une satisfaction sur le plan de la création de leur Etat ne résoudrait en rien le problème du terrorisme.
C’est là le fondement de son approche consistant à dire qu’il faut, toutes affaires cessantes, éliminer le terrorisme, et seulement après, nous pourrons progresser dans les négociations sur l’Etat palestinien. Il ne fallait pas donner une tranche politique en échange d’une tranche d’arrêt du terrorisme, mais insister sur l’assèchement total du marigot terroriste avant d’entamer un quelconque processus politique.



Le discours du président Bush, le 24 juin 2002, exprima exactement cette approche. Ce n’est pas nous qui l’avons écrit, mais il déclina cette approche de la meilleure manière possible, à nos yeux.

C’est la raison pour laquelle Sharon a immédiatement repris à son compte le caractère implicite de ce discours. Il le considéra comme un véritable tournant historique. Il y vit un grand succès politique personnel. Pour la première fois, le principe était admis avant même que nous soyons entré dans la salle de négociations : "Prière de laisser les pistolets au vestiaire !"


Mais la feuille de route n’a-t-elle pas traduit ce principe en un emploi du temps extrêmement chargé ?

"Arik aurait préféré que la première phase de la feuille de route s’étende sur trois ans, la seconde sur cinq ans, et la troisième sur six ans.
Mais étant donné que cette feuille de route stipulait qu’elle était fondée sur la réalisation de résultats et non sur le respect de dates couperets sacro-saintes, il l’a acceptée. Il a compris que l’important, dans la feuille de route, c’en était le principe.
L’important, c’est la formule qui affirme que l’éradication du terrorisme doit précéder le début du procès politique."


Si vous bénéficiez du soutien des Américains et si vous avez arraché le principe de la feuille de route qui vous agrée, alors, pourquoi le désengagement (de Gaza) ?


"Parce qu’en automne 2003, nous avons compris que tout était bloqué. Et même si, selon la lecture de la situation faite par les Américains, la faute en incombait aux Palestiniens, et pas à nous, Arik a compris que cette situation ne pourrait pas durer.
Qu’on ne nous foutrait pas la paix, qu’on ne nous lâcherait pas les baskets. Le temps ne jouait pas en notre faveur. Il y avait une érosion internationale, et une érosion interne.

Sur ces entrefaites, sur le plan intérieur israélien, tout s’effondrait. L’économie stagnait, l’Initiative de Genève recevait un large soutien.

Et puis nous avons été atteints par ces lettres d’officiers, ces lettres de pilotes et ces lettres de paras [il s’agit des déclaration de refus de servir dans les territoires]. Il ne s’agissait pas de petits pédés avec des catogans teints en vert et un anneau dans le nez, de ceux qui dégagent une forte odeur d’herbe.

Non : il s’agissait de jeunes gens comme ceux du groupe de Spector [Yiftah Spector, un pilote renommé, qui a signé la lettre ouverte des pilotes de l’armée de l’air].
Nos meilleurs jeunes gens, vraiment."



Durant ces mois-là, quel était votre principal sujet de préoccupation, quel est le principal facteur qui vous a conduits à adopter l’idée du retrait ?

"Notre principal souci était le fait que la formule du président Bush était bloquée, et que cela allait entraîner sa ruine.
La communauté internationale allait dire : « Vous avez voulu la formule de Bush, vous l’avez eue ; vous avez voulu essayer Abû Mazen, vous l’avez testé. Cela n’a pas marché.
Et quand une formule ne marche pas, dans le réel, vous ne pouvez pas changer le réel : il vous faut changer de formule !

Par conséquent, le point de vue – réaliste – d’Arik consista à dire qu’il était possible que le principe qui avait pourtant été un achèvement historique de notre politique risquait d’être anéanti – le principe de l’éradication du terrorisme, préalablement à tout processus politique risquait d’être remis en cause.

Et, avec l’annulation de ce principe, Israël se verrait contraint à négocier avec les terroristes.

Et parce qu’une fois qu’on a entamé ce genre de négociations, il est très difficile de les arrêter, le résultat aurait été un Etat palestinien + le terrorisme. Tout ceci, dans très peu de temps.
Pas dans des décennies, ni même des années : dans quelques mois !"


Je ne vois toujours pas en quoi le plan de désengagement pourrait y changer quoi que ce soit ?
Quelle était son aspect le plus important, de votre point de vue ?


"Le plan de désengagement, c’est le milieu de conservation de la séquence principale. C’est la bouteille de formol dans laquelle vous mettez la formule du président (Bush) afin de pouvoir la conserver pendant très très longtemps. Le désengagement, en réalité, c’est ça : c’est du formol. Il fournit la quantité de formol nécessaire pour s’assurer qu’il n’y ait pas de processus politique d’engagé avec les Palestiniens…"



Ce que vous dites-là signifie-t-il que vous avez changé de stratégie, passant d’une stratégie d’ACCORD intérimaire à long terme à une stratégie de SITUATION intérimaire à long terme ?

"L’expression américaine, pour cela, c’est : « trouver une bonne place pour garer sa voiture ». Le plan de désengagement permet à Israël de bien se garer, dans une situation intérimaire qui nous éloigne autant que faire se peut de toute pression politique.
Il légitime notre affirmation qu’il n’y a aucune possibilité de négocier avec les Palestiniens.
Il s’agit bien là, en la matière, de la décision d’en faire le moins possible, afin de maintenir notre position politique en l’état. La décision est auto-réalisatrice.

Elle permet aux Américains d’aller voir une communauté internationale furibarde et prête à exploser, et de lui dire : "C’est ce que vous voulez".
Il replace l’initiative entre nos mains. Il impose au monde de s’accommoder de notre idée, du scénario que nous avons écrit nous-mêmes. Il place les Palestiniens sous une pression terrible. Il n’y a plus d’excuses. Il n’y a plus de soldats israéliens perdant leur temps.

Et, pour la première fois, ils [les Palestiniens…] obtiennent une tranche de territoire, d’un seul tenant (en plus, allongé… ndt) sur lequel ils pourront se faire la course avec leurs Ferrari, d’un bout à l’autre. Et le monde entier les regarde : eux, pas nous…
Le monde entier est là, à se demander ce qu’ils vont bien pouvoir faire de cette tranche de territoire… »
La manœuvre du siècle



Me permettrez-vous de vous rappeler qu’il y aura aussi un retrait de la Cisjordanie ?

"Le retrait de la Samarie est purement symbolique.
Nous l’avons accepté à seule fin qu’on ne puisse pas venir nous dire que nous avons considérons que nous avons satisfait à toutes nos obligations à Gaza, et que cela s’arrête là.".



Ainsi, vous avez renoncé à la bande de Gaza afin de sauver la Cisjordanie ?
Le retrait de Gaza vise-t-il à permettre à Israël de continuer à exercer son contrôle sur la plus grande partie de la Cisjordanie ?


"Arik ne considère pas Gaza, aujourd’hui, comme une zone d’intérêt national. Par contre, c’est ainsi qu’il considère la Judée et la Samarie. Il pense, à juste titre, que nous sommes encore très éloignés du temps où nous pourrons parvenir à des accords définitifs, en Judée et en Samarie."



L’évacuation des colonies de Gaza renforce-t-elle les colonies en Cisjordanie ou bien, au contraire, les affaiblit-elles ?

"Cela ne nuit en rien aux colonies isolées et éloignées de tout ; cela est sans conséquences, pour ces colonies-là. Leur futur ne sera fixé qu’après de nombreuses années. Quand nous parviendrons à un accord définitif. Il n’est pas certain que toutes ces colonies seront capables de subsister, d’ici là.

D’un autre côté, en ce qui concerne les grands blocs de colonies, nous avons en main, grâce au plan de désengagement, une déclaration des Américains – grande première historique – affirmant que ces colonies feront partie d’Israël.

Dans les années – peut-être les décennies – à venir, lorsque des négociations seront tenues entre Israël et les Palestiniens, le maître du monde tapera du poing sur la table, en disant : « Nous avons déjà dit, il y a dix ans de cela, que les grands blocs de colonisation font partie d’Israël !"



Dans ce cas, Sharon peut dire aux dirigeants colons qu’il évacue 10 000 colons, et que dans l’avenir il sera obligé d’en évacuer encore 10 000, mais qu’il est en train de renforcer les 200 000 restants, c’est-à-dire, de les ancrer au sol ?

"Arik peut dire, honnêtement, qu’il s’agit d’une initiative sérieuse, grâce à laquelle, sur 240 000 colons actuellement, au moins 190 000 ne bougeront jamais de là où ils sont. Ils ne seront pas évacués."



Est-il en train de sacrifier quelques-uns de ses enfants, afin de s’assurer que les autres resteront définitivement là où ils se trouvent ?

"Pour le moment, il ne sacrifie personne, en Judée / Samarie. Tant que ces territoires n’auront pas retrouvé le calme, et tant que des négociations n’auront pas commencé, rien ne se passera.
L’idée, c’est de se battre, bec et ongles, pour la moindre implantation.
Cette lutte pourra être menée à partir d’une position beaucoup plus assurée.
En effet, en ce qui concerne les colonies isolées, il existe un engagement américain, qui dit que nous ne nous en occupons pas pour l’instant. Par ailleurs, en ce qui concerne les grands blocs de colonies, nous bénéficions d’une véritable assurance politique : il y a un engagement américain comme il n’en a jamais existé auparavant, qui protège quelque 190 000 colons."



Si ce que vous avancez est exact, les colons eux-mêmes devraient organiser des manifestations de soutien à Sharon, parce qu’il vient de rendre un énorme service à l’entreprise de colonisation ?

"Ils auraient dû venir faire la ronde autour du bureau du Premier ministre, en effet… "



Et Sharon lui-même n’a pas fait un virage à 180 °, à la manière de De Gaulle. Il est resté loyal à l’approche du camp nationaliste…

"Arik est le premier responsable qui a réussi à prendre à bras-le-corps les idées du camp nationaliste et à en faire une réalité politique qui est acceptée par le monde entier.
Après tout, quand il a déclaré, voici six ou sept ans, qu’il ne négocierait jamais sous le feu, il n’avait suscité que des crises de fou-rire.
Alors qu’aujourd’hui, cette même approche guide le président des Etats-Unis. Elle a été adoptée à la Chambre des Représentants par 405 voix contre 7, et au Sénat par 95 voix contre 5…"



D’après vous, si je comprends bien, votre succès majeur, c’est d’avoir légitimement gelé le processus politique ?

"C’est exactement ça. Vous savez, l’expression « processus politique » désigne tout un tas de concepts et d’engagements.
Le processus politique, c’est la création d’un Etat palestinien, avec tous les risques que cela comporterait, en matière de sécurité.
Le processus politique, c’est l’évacuation de certaines colonies, voire de toutes, c’est le retour des réfugiés, c’est le partage de Jérusalem.
Et tout ça, maintenant, c’est dans le congélateur."



Mais, alors : vous avez réussi la manip du siècle ? Et tout ça, en ayant reçu l’autorisation et l’autorité nécessaires ?

"Quand vous parlez de « manœuvre », cela n’est pas très gentil. On dirait que vous parlez d’une chose et que c’est une chose totalement différente qui s’est produite. Mais c’est le nœud du problème.
Après tout, qu’est-ce que je ne cesse de crier sur les toits, depuis des années ?

Que j’ai trouvé le moyen, en coopération avec le management du monde, de faire en sorte qu’il n’y ait plus de chronomètre.
Qu’il n’y ait plus de calendrier régissant la mise en application du cauchemar des colons.

J’ai ajourné ce cauchemar, indéfiniment. Parce que ce que j’ai effectivement négocié, avec les Américains, c’est qu’une partie des colonies ne ferait jamais l’objet d’une quelconque négociation, et que les autres ne feraient pas l’objet d’une quelconque négociation avant que les Palestiniens ne se soient transformés en Finlandais.
C’est ça, que ça veut dire, ce que nous avons fait.
L’important, c’est le gel du processus politique. Et en gelant ce processus, vous empêchez la création d’un Etat palestinien et vous empêchez toute discussion sur le devenir des réfugiés, les frontières et Jérusalem.

Effectivement, c’est tout ce package qu’on appelle « Etat palestinien », avec tout ce que cela comporte, qui a été éliminé de nos calepins.

Définitivement. Qu’aurions-nous pu rêver de plus ?
Les colons auraient-ils pu obtenir plus ?



Je reviens à ma question de tout à l’heure : en échange de la cession de Gaza, vous avez obtenu le statu quoi en Judée / Samarie ?

"Ah là là : vous continuez à utiliser la mauvaise définition. La bonne définition de la situation, c’est que nous avons créé un statu quo vis-à-vis des Palestiniens. Il y avait un package d’engagements très difficile, dont on attendait d’Israël qu’il l’acceptât.

Ce package, on l’appelle «processus politique . Il inclut des éléments que nous n’accepterons jamais, et des éléments que nous ne pouvons pas accepter, actuellement. Mais nous avons réussi à prendre ce package et à l’envoyer par-dessus les collines du temps.

Grâce à une gestion appropriée, nous avons réussi à éliminer la question du processus politique de l’ordre du jour.
Et nous avons appris au monde à comprendre qu’il n’y a personne avec qui parler, en face.

Et nous avons reçu un certificat d’absence d’interlocuteur.
Ce certificat, que dit-il ?
Il dit : a) Il n’y a personne à qui parler, en face ;
2) Tant qu’il n’y aura personne à qui parler, le status quo géographique demeurera intact et
3) Le certificat restera valable jusqu’à ce qu’il se produise ceci et cela = quand la Palestine sera la Finlande. Ah, j’allais oublier encore un point :
4) Au revoir. Shalom ! »


Des conséquences dramatiques

Duby Weisglass, le plan de désengagement sera-t-il appliqué ?

"Je peux vous donner une réponse définitive en ce qui concerne les intentions de Sharon. Son intention est totalement sincère. Il est déterminé, et il est totalement résolu.

Mais, contrairement à ce qu’affirment certains, Sharon n’est pas un dictateur. Tout dépend du Comité central du Likoud, et de la convention du parti. Je ne sais pas ce qui va se passer dans ces deux instances.

Je vois un alignement politique qui ne fournit pas au dirigeant le crédit dont il a besoin, qui ne lui fait pas confiance, qui ne pense pas qu’il sache où il va ni ce qui est bon pour le pays."



Sharon sait-il où il va ? Pouvons-nous nous en remettre à lui ?

"Il a une vision du monde très cohérente. Et il a tout fait, il a vu tout le monde, il a l’expérience de toutes sortes de situations. Donc, avec lui, tout est sous contrôle. Tout est mené tranquillement, avec le langage approprié, sans éclats de voix. Et ce calme donne un sentiment fantastique de confiance en soi. Un sentiment qu’il y a quelqu’un, sur qui compter. Quelqu’un qui sait ce qu’il va faire."



N’y a-t-il pas aussi de l’hésitation, chez lui ?

"Non. Il n’hésite jamais. Il est très sûr de lui. Mais, chez lui, les processus sont organiques. Ce ne sont pas oranges. Tout est question de maturation. Et là, il a eu, finalement, le sentiment des gens, de la terre, du paysage. Mais il n’y a pas eu de lutte, chez lui, entre le cœur et l’esprit.
Chez lui, le cœur l’emporte toujours.
Et quand l’esprit en est arrivé à la conclusion que c’est ce qu’il fallait faire, il était clair qu’il le ferait.

Au fond de lui-même, il est bitahoniste [c’est-à-dire quelqu’un qui voit tout à travers le prisme de la sécurité]. Il a un lien très fort à la patrie, à l’histoire et aux lieux, mais son principe directeur est rationnel.

Son axiome, c’est : sauvegarder les vies du peuple juif. Tout le reste y est subordonné. Tout le reste est secondaire."



N’êtes-vous pas préoccupé, néanmoins, à l’idée que rien de tout ceci n’arrivera ? Que l’opposition politique ou une révolte violente risquent de remettre en question le plan de désengagement ?

"Cela pourrait arrive. Quand j’entends les protestations et les menaces, j’ai peur. Ce qui va se passer est loin d’être clair. Semblablement, quand vous voyez le Premier ministre obligé de devoir faire face à toutes sortes de factions au sein du Likoud, formées par des militants qui vont à la Knesset lui casser du sucre, c’est frustrant.
Et quand vous voyez celui-ci hurler, et celui-là gueuler, et un autre l’affronter…

Quand vous voyez qu’un mouvement tellement essentiel risque d’être bloqué à cause de considérations personnelles et émotionnelles qui n’ont tout simplement rien à voir…

Parce que les gens ne comprennent pas à quel point la situation à laquelle nous sommes aujourd’hui confrontés est dramatique.
Et parce qu’aucun mécanisme n’a été inventé, qui puisse traduire politiquement le désir de la grande majorité des Israéliens qui sont favorables à ce plan [de retrait]. »



La situation est vraiment aussi dramatique que ça ?

"Si le plan de désengagement de Sharon était torpillé, cela serait pour nous la cause de regrets éternels. Les points que nous avons marqués seraient perdus.
La communauté internationale perdrait patience avec nous.

Elle adopterait à notre encontre la même attitude que celle qu’elle observe à l’endroit d’Arafat.

Nous serions rapidement confrontés à un Etat palestinien qui utiliserait le terrorisme contre nous et contre un monde qui devient de plus en plus hostile.

Nous serions plongés dans une véritable tragédie."

Source : www.haaretz.com/

Traduction : Marcel Charbonnier

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