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France -

La menace chiite en Palestine, entre phobies et propagandes

Par

Jean-François Legrain est chercheur au CNRS, Groupe de Recherches et d’Études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (GREMMO), Lyon. Ce texte est la version originale de la communication donnée en anglais le 1er octobre 2009 dans le cadre de l'International Conference on Sunni-Shia Contemporary Relations organisée à Bruxelles du 30 septembre au 2 octobre par Brigitte Maréchal - Centre interdisciplinaire d'études de l'Islam dans le monde contemporain (CISMOC) de l’Université catholique de Louvain (UCL) et Sami Zemmi - The Middle East and North-Africa Research Group (MENARG) Universiteit Gent (UGent). Une version élaborée paraîtra dans les Actes du colloque.

Les dénonciations d’une menace chiite [sous sa forme duodécimaine] en Palestine se sont multipliées ces trois ou quatre dernières années même si la population des territoires palestiniens est à près de 99 % sunnite, le restant relevant des différentes confessions chrétiennes. Ces dénonciations ont été le fait d’acteurs –individus, organisations et États- dotés de motivations diverses mais unis dans une même hostilité à l’égard de Hamas et du Mouvement du Jihad islamique en Palestine (MJIP), d’une part, du Hezbollah libanais, de la Syrie et de l’Iran, d’autre part.

La menace chiite en Palestine, entre phobies et propagandes



Mon intervention, en une première étape, s’attachera à faire l’inventaire des phobies et des propagandes autour de la "chiification" de la Palestine, ciment d’un "axe" de déstabilisation. Si les phobies relèvent dans la plupart des cas du domaine religieux et les propagandes du politique, religieux et politique excellent dans l’art de l’instrumentalisation réciproque. J’aurai ainsi l’occasion de montrer que ces discours, au delà d’une diversité de surface, manipulent une commune "théorie du complot" : Hamas, Jihad islamique, Hezbollah, Syrie et Iran sont censés ne former qu’un seul et même ensemble et chaque élément de ce tout se voit, in fine, asservi aux intérêts de l’Iran, "ennemi par excellence de la paix et de la stabilité dans le grand Moyen-Orient". La République islamique a ainsi hérité de la place que tenait en d’autres époques dans le discours américano-occidental l’Irak de Saddam Hussein, désormais défait mais remplacé par un nouvel État... à dominante chiite. A la différence de ces approches simplificatrices sinon simplistes, je tenterai de rendre compte des relations entretenues par les Palestiniens –Organisation de Libération de la Palestine (OLP), Fatah, MJIP et Hamas- avec le Hezbollah et l’Iran, dans la profondeur de leur diversité à la fois diachronique et synchronique, étant entendu que, du fait de mes compétences, je ne saurais aborder une telle question depuis ni Téhéran, Damas ou Beyrouth mais depuis la seule Palestine.

Inventaire des phobies et propagandes

Hamas et Jihad islamique, Hezbollah, Syrie et Iran, mis à part de grandes professions de foi pour la défense des droits palestiniens, observent un quasi silence sur leur coopération mutuelle dans le concret de leurs relations politiques, idéologiques, organisationnelles et opérationnelles. Les études distanciées du terrain ne s’attardent elles-mêmes que rarement sur cette question. Le champ de l’investigation se retrouve ainsi monopolisé par une inflation de discours élaborés par des acteurs et des observateurs fondamentalement hostiles à ces politiques estampillées "chiites" et dénoncées comme porteuses de menaces. Par commodité mais à titre provisoire, j’ai différencié ici les discours qui relèvent d’une phobie du chiisme cultivée en milieu sunnite, que l’on pourrait qualifier de religieuse et de classique, de discours qui ne sont que l’outil d’une manipulation politique. Mais on se rendra compte dès après que phobies religieuses et propagandes politiques font preuve d’une grande habilité à s’instrumentaliser les unes les autres.

Les phobies

Ces dernières années, les milieux salafistes tant palestiniens qu’internationaux ont fait de la question de la "chiitisation de la Palestine" l’un de leurs thèmes de prédilection. Les termes les plus couramment utilisés sont ceux de tachyî’ (التشييع) et de tachayyu’ (التشيّع) (chiification en français, Shiitization ou Shiafication en anglais), a priori dénués de connotations péjoratives mais employés dans des développements franchement hostiles au chiisme. Les expressions telles qu’al-taghalghul al-chî'î (التغلغل الشيعي) (la pénétration chiite), al-ghazû al-chî’î (الغزو الشيعي) (la razzia chiite) ou encore al-tabchîr al-chî'î (التبشير الشيعي) (l'évangélisation chiite) sont également employées de même qu’al-machrû’ al-safavî (المشروع الصفوي) (le projet safavide) en référence à la dynastie qui, au début du 16e siècle, imposa par la force le chiisme duodécimain à l’Iran jusque là sunnite. Par un phénomène de miroirs, les conversions individuelles de Palestiniens, célébrées par les sites chiites comme mustabsirûn (المستبصرون) (ceux qui sont venus à la lumière), deviennent sur les sites sunnites les témoins abhorrés d’une politique de sape au niveau mondial.

Deux sites internet, tous deux éditeurs de revues (sans qu’il soit possible de dire si c’est la revue qui porte le site ou l’inverse) se sont faits une spécialité de diffuser le discours salafiste sur les méfaits de la chiitisation en Palestine. Créé en 2006, "al-Haqîqa" (la Vérité-Réalité) (مـوقع الحقيقـة) émane d’un mystérieux "Comité de la défense de la croyance des sunnites – Palestine" (لجنة الدفاع عن عقيدة أهل السنة والجماعة في فلسطين) qui affiche pour mission celle de mettre au jour la réalité des menaces que les chiites et autres membres de "sectes égarées" (Bahaïs, Druzes, Ahbâch, etc.) constitueraient pour la Palestine et, au-delà, pour l’islam orthodoxe tout entier. Moins palestino-centré et tout aussi salafiste, "al-Râsid" (l'Observateur) (موقع ودورية الراصد) (http://www.alrased.net/ et http://www.alrased.info/) a, quant à lui, été inauguré en 2003. Dans les deux cas, rien n’est dit sur l’identité réelle des responsables ni sur leur appartenance nationale ou géographique. Abondamment cité et reproduit par ces deux sites et par d’autres, salafistes pour certains ouvertement politiques pour d’autres, l'auteur le plus prolixe sur la question est Usâma Chahâda (أسامة شحادة). De nationalité jordanienne, il préside un "Comité de la bonne parole" (جنة الكلمة الطيبة بالأردن) et ses écrits sont disponibles sur son blog.

Des traités d’apologétique contre les articles de foi du chiisme sont certes reproduits sur ces sites et les chiites y sont désignés comme rawâfid (الروافض) (Rafidites) ie ceux qui rejettent la légitimité des 3 premiers califes dits "bien dirigés" en milieu sunnite, parfois également de kuffâr (الكفار) (infidèles). Mais le plus souvent, le propos de ces sites est éminemment politique et ordonné à l’immédiat, sans véritable souci de cohérence historique. Assimilés aux juifs et aux chrétiens, les chiites deviennent ainsi les alliés du sionisme et des États-Unis. Jihad islamique et Hamas, par leurs liens avec le Hezbollah et l’Iran sont, quant à eux, réduits à n’être que des vecteurs de la stratégie iranienne d’expansion du chiisme.

Les propagandes

Le thème du "péril chiite" est également développé dans des discours tenus par des acteurs étatiques. C’est en réalité le camp "pro-occidental" qui, sous les traits d’une alliance plus ou moins affichée comme "sunnite", se mobilise contre le camp anti-américain dénoncé comme "chiite". Autorité palestinienne de Ramallah, Jordanie, Égypte et Arabie saoudite, pour ne citer qu’eux côté arabe au Proche-Orient, de même qu’Israël tiennent ainsi le discours de la menace chiite et iranienne, discours non exempt du matériel fourni par les salafistes eux-mêmes nouveaux alliés potentiels courtisés.

La déclaration du roi Abdallah II de Jordanie de décembre 2004 est habituellement considérée comme étant la première manifestation de cette version politique contemporaine du discours anti-chiite. Dans le contexte des premières élections irakiennes post-Saddam, le souverain hachémite avertissait ses alliés américains dans le Washington Post des risques liés à "l’émergence d’un nouveau croissant chiite". Allant de Bahreïn/Iran au Liban, le dit-croissant comprend la Syrie alaouite et l’Irak avec la double menace que présente dorénavant ce dernier : celle de la majorité chiite de sa population désormais aux affaires et celle de ses millions de citoyens qui, fuyant les violences, ont trouvé refuge dans les pays –sunnites- de la région. Le regain de popularité obtenu par le Hezbollah libanais à l’occasion de sa demi-victoire face à Israël durant l’été 2006 n’a fait qu’accroître les craintes du camp pro-occidental sans oublier l’accord de défense signé en juin 2006 entre la Syrie et l’Iran dans le contexte général des ambitions nucléaires affichées par le président iranien Mahmoud Ahmadinejad.

La Palestine, quant à elle, a été incluse dans ce croissant dès la victoire de Hamas aux élections législatives de janvier 2006. La "menace" s’est trouvée à la fois confirmée et accrue durant l’été 2007 lorsque les forces de sécurité du ministère de l’Intérieur et les Brigades Ezzedine al-Qassam de Hamas anticipaient une tentative de putsch fomentée par les forces de sécurité liées à la présidence et à Fatah et s’assuraient le contrôle exclusif de la bande de Gaza. Plus récemment, le même discours sur le péril chiite et iranien a été tenu par le président Hosni Moubarak à l’occasion de la découverte en Égypte durant l’été 2009 d’un réseau du Hezbollah, simplement chargé de superviser l’importation d’armes à Gaza selon le Hezbollah mais accusé par le pouvoir égyptien d’avoir travaillé à préparer des attentats sur le canal de Suez (sans oublier, même s'il s'agit du Maghreb, la rupture des relations diplomatiques avec l’Iran prise à l’initiative du Maroc en avril 2009).

Dans tous ces cas, l’Iran est considéré comme le donneur d’ordre. Concernant la Palestine, le gouvernement syrien et le Hezbollah sont de simples intermédiaires quand Hamas, échelon inférieur de la voie hiérarchique, constitue le bras armé de l’Iran sur le flanc sud d’Israël. La menace, selon les tenants de ce discours, est qualifiée tantôt de "chiite" tantôt d’"iranienne", souvent des deux et les versions résolument "géopolitiques" utilisent le terme d’"axe" pour désigner les relations censées unir ces différents acteurs de la menace. Un tel usage, bien sûr, n’est pas innocent même si le renvoi au contexte de la seconde guerre mondiale demeure la plupart du temps dans le non-dit. L’"axe du mal" du président George W. Bush ajoute une connotation morale, présente elle aussi dans le discours anti-chiite. Faute de temps, je me contenterai de citer Mark Langfan, un obscur stratège basé aux États-Unis. Son "Iran : le quatrième Reichastan", un texte de 3-4 pages, a l’avantage en effet d’exprimer sans aucune précaution de langage et en quelques mots les thèses sous-jacentes à la plupart des discours sur la menace iranienne au Proche-Orient. Loin de considérer que "l’axe de l’insurrection Hamas-Hezbollah-Syrie-Iran-Irak" constitue "un groupe disparate et morcelé de mouvements politico-terroristes", Mark Langfan affirme que "la guerre du Hamas/Hezbollah et l’insurrection irakienne sont les deux côtés de la même médaille et leur source est l’axe en croissance du quatrième Reichastan iranien contre l’Amérique et le monde." "L’Iran utilise en fait la Syrie, tout comme l’Allemagne avait utilisé l’Italie pour faciliter ses premiers actes stratégiques au cours des ‘années trente’, afin que l’Iran puisse dominer au cours des ‘années quarante’." (Jewish Voice and Opinion, January 2007).

Religieux et politiques ou les instrumentalisations mutuelles

La distinction qui vient d’être faite entre phobies et propagandes tournerait en un contresens si l’on considérait que les religieux feraient corps avec leurs discours quand les politiques maintiendraient une distance critique à leur égard, condition même d’une manipulation contrôlée. Mais la réalité est plus complexe et des exemples récents, pour s’en tenir au seul domaine palestinien, montrent que religieux et politiques, selon les contextes, savent s’utiliser les uns les autres.

Récemment, en effet, les mobilisations violentes entre partisans de Fatah et de Hamas, en instrumentalisant la religion dans ses aspects les plus dangereux, ont mis au jour une érosion du sentiment d’appartenance à un même peuple et un mépris des exigences d’une citoyenneté réclamée. Des proclamations de takfîr (التكفير), en effet, ont été brandies. Le takfîr consiste ici à considérer un musulman comme infidèle (kâfir) (الكافر), cette qualification impliquant alors soit de prendre ses distances (faire "hégire" à l’image du Prophète qui quitta La Mecque pour Médine) avec la société impie en formant des contre-sociétés pieuses soit, et c’est cette forme qui fut retenue ici, d’éliminer physiquement l’impie. Cependant, loin des idées reçues, le maniement du takfîr n’est pas venu de Hamas, le mouvement fondamentaliste", mais de Fatah, l’organisation "laïque". L’idée, en effet, a jailli dans les milieux proches de Muhammad Dahlan (محمد دحلان). Fondateur de la Sécurité préventive à Gaza, éphémère ministre de l’Intérieur de l’Autorité palestinienne et fer de lance du refus de laisser Hamas exercer le mandat populaire dont il a été investi, Muhammad Dahlan vient d’être élu membre du Conseil central de Fatah. C’est aujourd’hui aussi et surtout l’interlocuteur du général Keith Dayton. Responsable américain de la coordination en matière de sécurité dans les territoires palestiniens, ce général est le véritable décideur de la politique sécuritaire de Ramallah.

Fin 2006 et début 2007, en tous cas, lors de manifestations de masse organisée à Khan Yunis et à Gaza en soutien à Muhammad Dahlan, Hamas fut conspué aux cris de "chiites, chiites". En mai de la même année, un mystérieux chaykh Châkir al-Hayrân (الشيخ شاكر الحيران) publiait une fatwa et toute une série de textes sur le site internet Palpress, lié à Muhammad Dahlan et aux Forces de sécurité préventive, textes relayés sur différents sites officiels et forums de Fatah, de même que sur le site officiel des Forces de sécurité nationale. Par cette fatwa et avec les textes qui ont suivi, l’establishment Fatah, privant Hamas de sa qualité de mouvement musulman sunnite, offrait aux forces de sécurité toute latitude religieuse pour éliminer physiquement ses membres : "Hamas et les juifs sont les faces de la même pièce, des troupes de collaborateurs chargées de réaliser des intérêts régionaux chiites dont l’objectif est l’anéantissement de l’autorité, la destruction de ce peuple [palestinien] en l’affamant et le mettant à genou par la force [...]". La majorité des observateurs ont alors identifié ce mystérieux chaykh comme étant Mahmoud al-Habbache (محمود الهباش), actuel ministre des Affaires sociales du cabinet Fayyad et transfuge de Hamas au milieu des années 1990.

Par ailleurs, des informations en provenance de Gaza ces derniers mois ont émis la possibilité que certains groupes salafistes jihadistes, au discours proche de celui d’Al-Qaïda et foncièrement hostiles à Hamas, avaient été plus ou moins manipulés par Fatah. Le forum officiel du mouvement (fatehforums.com), en tous cas, reproduit périodiquement les communiqués du Front islamique mondial des médias (la devanture médiatique de la mouvance Ben Laden) dès lors qu’ils s’attaquent à Hamas.

A Ramallah, enfin, le ministre des Affaires sociales et auteur présumé de la fatwa de 2007 est aujourd’hui investi par la présidence d’une mission de bons offices auprès des salafistes. Par son intermédiaire, le président Mahmoud Abbas a ainsi reçu le 29 avril dernier une délégation des principales organisations salafistes de Cisjordanie . Mahmoud Abbas n’a pas manqué de souligner que, durant son long séjour d’exil en Syrie, il avait noué des liens de proximité avec l’imam Al-Albânî, la référence salafiste par excellence, ajoutant même qu’il se sentait proche de ses idées.


Le « complot » à l’épreuve de l’histoire

Bon nombre des éléments constitutifs de cette "théorie du complot" qui vient d’être déconstruite ne résistent pas à l’examen des faits quand bien même celui-ci se contentait des données fournies par ceux-là qui jouent de cette approche. Les relations entretenues par Hamas et le Jihad islamique avec le Hezbollah, la Syrie et l’Iran, en effet, loin de l’essentialisme simpliste caractéristique des discours de la menace, apparaissent à l’historien comme éminemment complexes et en constant réagencement selon les périodes et les dossiers concernés.

L’expansion de la foi chiite

Je ne m’aventurerai évidemment pas ici dans le domaine de la théologie et des débats quant à l’orthodoxie des uns et l’hétérodoxie des autres. En tant qu’historien, je me contenterai donc de questionner les représentations de la "menace".

Les conversions au chiisme font l'objet d'une double attention : celle des chiites qui mettent en avant leurs capacités à convaincre de leur foi et celle des sunnites qui dénoncent le "péril". Dans les deux cas, les cas individuels deviennent autant de témoins d'un mouvement supposé de masse dont il est bien difficile de démêler réalités et fantasmes. En effet, avec la profonde appropriation du net par les milieux islamistes et islamiques, chiites comme sunnites, l’internationalisation des discours et des pratiques a redoublé, alimentée dans bien des cas par des sources retranchées derrière l’anonymat offert par les sources virtuelles. Des initiatives qui, en d’autres époques, seraient demeurées individuelles ou locales deviennent ainsi, aujourd’hui et de façon quasi instantanée, des réalités mondiales, d’où un emballement certain de bien des mobilisations.

Dans le domaine palestinien, par exemple, les conversions au chiisme dénoncées par les salafistes comme un phénomène de masse se réduisent, au terme d’un parcours un peu systématique du web sunnite et chiite préoccupé par cette question, à une quinzaine de cas. La conversion est avérée pour certains mais beaucoup plus douteuse pour d’autres, comme, par exemple, celle du fondateur du MJIP Fathi Shiqaqi qui, d’ailleurs, l’avait niée dans une interview au Liwâ’ libanais, le 3 octobre 1990. Une nouvelle fois, les interférences politiques apparaissent avec éclat. La campagne menée en août 2007 sur "les tentatives iraniennes d’expansion de la confession chiite en Palestine" illustrée par une conversion alléguée de Khaled Machaal, président du Bureau politique de Hamas, a ainsi été lancée depuis la Jordanie peu après la prise de contrôle exclusif de Gaza par le mouvement islamiste. A l’origine de l’information immédiatement reprise par les sites salafistes mais aussi par toute la presse, y compris américaine, hostile à Hamas, l’hebdomadaire al-Haqîqa al-Duwaliyya (الحقيقة الدولية) avait lui-même été créé en février 2006, soit trois mois après les attentats suicides contre des hôtels à Amman, expressément pour promouvoir un islam "modéré".

Par ailleurs, dénoncés par les salafistes comme autant de preuves de l’existence de missions chiites en Palestine, quelques sites internet se sont présentés comme "palestiniens" sans, pourtant, jamais apporter une quelconque preuve à l’appui. La seule exception est celle du site de l'Association Jaafarite de Palestine, fondée par Achraf Amûna (أشرف أمونة) à Dabbûriyya (près de Nazareth), intitulé Dhû al-Fiqâr (ذوالفقار - الجمعية الجعفرية في فلسطين). Le "Forum du chiisme de Palestine" (منتدى شيعة فلسطين) auquel a succédé le "Forum Lumière de la Guidance en Palestine (ملتقي نور الولاية في فلسطين), lui-même partiellement repris sur le blog "Ummat al-Zahrâ'". [La communauté de Zahrâ’ (la splendide), l’un des qualificatifs de Fatima, la fille du Prophète]... Ummat al-Nûr [La communauté de la lumière]" (أمة الزهراء….. امة النور) ont globalement connu une vie éphémère -janvier 2006 à février 2008 avec des périodes d’arrêt-, période durant laquelle fonctionnait également un groupe de discussion Yahoo intitulé "Chiisme de la Palestine bénie" (مجموعة شيعة فلسطين المباركة). Le "site de la chiification en Palestine" (موقع التشيع في فلسطين), enfin, se donne pour objectif depuis Najaf (Irak) de "répandre la confession des Gens de la Maison en Palestine" (موقع التشيع في فلسطين مهمتنا: نشر مذهب اهل البيت عليهم السلام في فلسطين).

L’annonce, enfin, le 2 mars 2006 de la fondation à Ramallah d’un "Conseil supérieur islamique chiite en Palestine" déclencha des réactions en chaîne de la presse salafiste comme des médias internationaux, les plus hostiles d’entre eux parlant de l’ouverture d’une "ambassade idéologique d’Iran". Aucun d’entre eux ne répercuta le retrait du projet 5 jours plus tard. L’initiateur du projet, Muhammad Ghawânima, se serait montré instable psychologiquement au moment des faits. Ancien membre du MJIP qu’il aurait quitté lors de sa conversion au chiisme dès la fin des années 1970, il ne cherchait, précisait-il, qu’à ouvrir de nouveaux canaux de soutien au peuple palestinien en rompant avec la politique de l'OLP qui s'était coupée de la population chiite irakienne en accordant son soutien à l'Irak dans sa guerre avec l'Iran. Niant toute entente préalable avec l'Iran, il soulignait que ses contacts avec des chiites libanais avaient eu lieu durant son séjour dans les prisons israéliennes et jamais à l'extérieur.

Fascination et distanciation

Le Mouvement du Jihad islamique en Palestine (حركة الجهاد الإسلامي في فلسطين) a été le premier à avoir été accusé (par les Frères musulmans) d’être un vecteur de chiification en Palestine, ses principaux dirigeants étant eux-mêmes dénoncés comme convertis au chiisme. Le MJIP a été fondé à la fin des années 1970 par des Gazaouis étudiants en Égypte. Déçus des Frères musulmans palestiniens alors éloignés de tout engagement patriotique, ils avaient fait de la Palestine le cœur de l’islam et de sa libération un impératif immédiat, portés par la fascination exercée par la révolution islamique iranienne à laquelle son secrétaire général le Dr Fathi Shiqaqi (الدكتور فتحي الشقاقي) avait consacré un opuscule intitulé Khomeiny, la solution islamique et l’alternative (الخميني الحل الإسلامي والبديل). Prisonnier pendant de nombreuses années de sa conception de lui-même en termes d’avant-garde islamique (talî’a islâmiyya) (الطليعة الاسلامية), décimé par la répression israélienne frontale à partir de 1986-87 et affaibli par des scissions successives, le MJIP a longtemps fait figure de groupuscule manipulable et entièrement dépendant de ses liens tissés de longue date avec Téhéran.

Aujourd’hui, c’est Hamas qui est désigné comme bras armé de l’Iran au flanc sud d’Israël. Rien, pourtant, ne constitue dans le mouvement une prédisposition à devenir une marionnette, qui plus est la marionnette d’un État structurellement chiite. Hamas, certes, a été créé une dizaine d’années après la révolution islamique d’Iran. Cependant, en tant que "bras actif de l’Association des Frères musulmans dans l’intifada", selon l’expression utilisée dans l’un de ses premiers communiqués daté de janvier 1988, Hamas s’appuie sur une histoire qui remonte à la fin des années 1920 quand Hassan al-Banna créait l’association en Égypte et à la deuxième moitié des années 1940 quand elle créait sa branche palestinienne. Doté d’un corpus idéologique fondamentalement sunnite, stable et relativement ancien, Hamas anime par ailleurs un vaste réseau associatif, deux arguments qui font de lui un mouvement difficilement manipulable.

La fondation de Hamas, cependant, traduit une révolution interne aux Frères musulmans palestiniens qui a débouché sur un abandon de leur politique quiétiste traditionnelle au profit d’une participation active à la lutte nationale. En cela, Hamas est à n’en pas douter redevable à une certaine exemplarité hezbollahi et iranienne dont pourrait témoigner son nom même : Hamas (حماس), qui signifie "zèle", n’est qu’un acronyme. Son nom entier est celui de "Mouvement de la résistance islamique" (Harakat al-Muqâwama al-Islâmiyya) (حركة المقاومة الإسلامية), une dénomination qui peut être rapprochée de "la résistance islamique" libanaise (المقاومة الإسلامية في لبنان), signature organisationnelle du soulèvement anti-israélien de la population du sud-Liban à partir de 1982 et prototype de ce qui allait devenir le Hezbollah (حزب الله). Par ailleurs, si le jihad islamique n’avait pas existé, les Frères musulmans n’auraient peut-être pas jugé nécessaire l’entrée dans le champ de la lutte nationale. C'est la mouvance du Jihad islamique, en effet, qui avait permis la réconciliation entre la religion et le patriotisme quelques années plus tôt dans le champ palestinien et qui, prenant exemple de la révolution iranienne, commençaient à attirer vers elle de jeunes Frères musulmans de plus en plus nombreux. Hamas, pour autant, n’est devenu ni chiite ni un élément, même dominant, de la mouvance du Jihad. A Marj al-Zuhûr (مرج الزهور), quand en 1992 le gouvernement israélien avait banni vers le sud-Liban quelque 400 cadres islamistes des territoires, Hamas avait baptisé son "université" du nom d’Ibn Taymiyya (جامعة ابن تيمية), le héros médiéval de l’apologétique du sunnisme. Il montrait ainsi sa détermination à se protéger des populations chiites et du Hezbollah ses voisins immédiats. Hamas, par ailleurs, n’a jamais produit de discours théologique institutionnel. Ses références sont celles de l’islamisme sunnite international avec ses figures historiques égyptiennes (Hasan al-Banna, Sayyid Qutb) ou pakistanaises (Abdullah Mawdudi) et ses théologiens et prédicateurs d’aujourd’hui comme le chaykh Yusuf al-Qardawi. Du point de vue de la pensée religieuse, Hamas est diversifié et regroupe des courants parfois contradictoires même si la culture du consensus les fond dans le mouvement. Sur la question chiite, par exemple, chaykh Nizâr Rayyân, éliminé par l’armée israélienne à Gaza en janvier dernier, constituait la figure théologique de référence du salafisme le plus rigoriste foncièrement hostile au chiisme et à l’Iran.

Si aujourd’hui c’est Hamas qui, après le MJIP, est voué à la vindicte hostile à l’Iran et au Hezbollah, il faut se souvenir qu’en d’autres époques c’est Yasser Arafat lui-même qui avait fait l’objet de dénonciations sur l’engagement iranien et hezbollahi tout particulièrement au côté des Brigades des martyrs d’al-Aqsa. Le drapeau de Fatah, d’ailleurs, a adopté le jaune de celui du Hezbollah. Les Comités de la Résistance populaire (لجان المقاومة الشعبية), pour leur part, formation trans-organisationnelle de Gaza, calquaient leur logo sur celui du Hezbollah. Mais ni Yasser Arafat ni Fatah n’ont jamais été suspectés de chiisme !

Les filières en concurrence

La "théorie du complot" développée en termes de menace chiite et d’axe de déstabilisation, comme il vient d’être montré, a popularisé un schéma de coopération opérationnelle entre Iran, Syrie, Hezbollah, Hamas et Jihad islamique en forme de chaîne de commandement hiérarchique descendant. Loin de cette approche idéologique, l’histoire de cette coopération montre tout au contraire un phénomène de complémentarités/concurrences entre deux filières, une filière libanaise et une autre iranienne, la Syrie se retrouvant à gérer les contradictions qui ont pu ponctuellement surgir entre les deux. L’histoire rappelle également le rôle tenu par Fatah dans le dispositif, rôle éminent dans le passé et marginal aujourd’hui mais toujours actif même si son nouveau chef, Mahmoud Abbas, et Muhammad Dahlan, nouvellement élu au sein de son Conseil central, ont fait du mouvement la pierre angulaire du nouvel ordre américain en Palestine.

La "filière libanaise" peut être qualifiée d’historique en tant qu’héritière des alliances entretenues dans les années 1970 par l’OLP, plus particulièrement par Yasser Arafat et Fatah, avec les diverses forces libanaises, chiites pour celles qui nous concernent ici, et ce en dépit des tourmentes que les relations chiito-palestiniennes au Liban ont pu traverser par la suite. Chez les Palestiniens, les premiers bénéficiaires de cette aide opérationnelle, dès après l’évacuation du Liban en 1983, ont été les membres de la mouvance religieuse interne à Fatah : Brigades du Jihad islamique (سرايا الجهاد الإسلامي) de Hamdi Sultan al-Tamimi (حمدي سلطان التميمي), Mouvement combattant de la tendance islamique (حركة الاتجاه الإسلامي المجاهد) de Munir Chafiq (منير شفيق), et Mouvement du Jihad islamique-Bayt al-Maqdis (حركة الجهاد الإسلامي بيت المقدس) de chaykh Asaad al-Tamimi (الشيخ أسعد بيوض التميمي). Quinze ans plus tard dans le contexte de la deuxième Intifada, les mêmes responsables chiites libanais ont aidé à la mise en place et au fonctionnement de certaines cellules des Brigades des martyrs d’al-Aqsa (كتائب شهداء الأقصى) (tout particulièrement celles de Naplouse, Jénine et Tûlkarm), des Brigades du Retour (كتائب العودة) (elles aussi opérant au nord de la Cisjordanie ).

Les responsables de cette coopération organisées au Liban même (entraînement dans des camps du Hezbollah) ou depuis le Liban (financement de cellules, exportation d’armes) ont péri pour la plupart dans des attentats. Tous, avant d’endosser au sein du Hezbollah la responsabilité des relations avec les organisations palestiniennes, avaient été formés par les Palestiniens dans les années 1970 : Abu Hasan Khadr Salameh (علي حسن ديب - أبو حسن خضر سلامة) également dénommé Ali Hasan Dib (tué le 16 août 1999 à Saïda), Imad Mughniyyeh (عماد مغنية) (tué à Damas le 12 février 2008) et Abd al-Hadi Hammadi (عبد الهادي حمادي) avaient d’ailleurs été surnommés "le clan chiite de Fatah" et, bien que Libanais, avaient exercé de hautes responsabilités au sein de la Force 17, devenue aujourd’hui la garde présidentielle palestinienne. Ali Husayn Salah (الحاج علي حسين صالح) (tué le 2 août 2003 au sud de Beyrouth) puis Hajj Ghalib al-Awali (غالب محمد عوالي) (tué le 19 juillet 2004) avaient succédé à Ali Diîb ; tous trois ont péri dans des attentats dus à un réseau lié au Mossad et démantelé en juin 2006. Ils avaient été remplacés par Imad Mughniyyeh lui-même tué à Damas dans un attentat dont les commanditaires n’ont pas encore été identifiés.

Ces réseaux historiques libanais de Fatah, aujourd’hui encore, fournissent de l’aide aux Brigades des martyrs d’al-Aqsâ - Groupes du martyr Imad Mughniyyeh (كتائب شهداء الاقصي مجموعات الشهيد عماد مغنية) dirigées par Salim Thabit (سليم ثابت). Originaire de Tulkarm mais installé à Gaza, Salim Thabit est parvenu à réunir sous ses ordres les diverses cellules des Brigades des martyrs d'al-Aqsa qui, après la prise de contrôle exclusif de la sécurité de la bande de Gaza par Hamas en juin 2007, ont décidé de poursuivre la lutte anti-israélienne en bonne entente avec l'Autorité palestinienne sur place mais en rupture avec l’Autorité de Ramallah. Sur place au Liban, l’intermédiaire palestinien incontournable depuis longtemps entre le Hezbollah et le Fatah des territoires palestiniens est Munir Maqdah (منير مقدح) du camp d’Aïn Héloué. Il anime aujourd’hui la fronde interne à Fatah hostile au président Mahmud Abbas et à Abbas Zaki, son représentant à Beyrouth.

La "filière iranienne" est plus récente mais sans doute tout aussi peu idéologique -au sens missionnaire chiite- que la filière libanaise. Sa création remonte aux premières années de la République islamique alors que celle-ci rompait ses liens avec l’OLP de Yasser Arafat suite à son engagement décidé sur le chemin de la négociation avec Israël. Les Pasdarans ont alors été chargés des contacts avec le Liban et la Palestine et Muhsin Rafiq Dust (محسن رفيق دست), qui avait auparavant participé à l’entraînement de cadres de l’OLP au Liban dont Imad Mughniyyeh, fut à un moment leur ministre. Le Mouvement du Jihad islamique en Palestine a alors été le premier des bénéficiaires palestiniens de cette coopération politique, financière et opérationnelle.

Dans les années 1970 et jusque vers la moitié des années 1980, cependant, le MJIP ne constituait que l’un des éléments de la mouvance du Jihad palestinien à côté de groupes issus de Fatah qui, à ce titre, bénéficiaient de l’aide de la filière libanaise. Les relations entretenues par le MJIP avec ces groupes à la fois amis et concurrents ont alors été souvent orageuses en dépit de collaborations ponctuelles, exacerbées par les jalousies nées de passages de certains cadres militaires et politiques d’un groupe à l’autre. Mais au début des années 1990, la création d’un Hezbollah-Palestine (حزب الله - فلسطين) constitua la première manifestation d’une diversification de l’aide militaire apportée par l’Iran et le Hezbollah libanais aux moudjahidines palestiniens, diversification qui ne manqua pas de semer le trouble entre les organisations palestiniennes liées soit à la filière libanaise soit à la filière iranienne.

Le fondateur du Hezbollah-Palestine, Ahmad Muhanna (احمد مهنا), était un ancien officier des Forces Populaires de Libération, une unité de l’Armée de libération de la Palestine créée après 1967 pour mener la résistance au nouvel occupant depuis les territoires eux-mêmes, appartenance qui lui valut d’être incarcéré dans les prisons israéliennes jusqu’en 1985. Dans un premier temps, il fréquente Fathi Shiqaqi, banni comme lui hors de Palestine en 1988, mais, fervent partisan de la militarisation de la résistance, il s’en sépare faute d’avoir pu le convaincre. Il rejoint alors le Jihad islamique-Bayt al-Maqdis de chaykh Asaad al-Tamimi et, sous la signature de ce dernier, organise l’attentat d’Ismaïliyya de février 1990 mené contre un bus israélien. Mettant à mal la position de Chaykh Tamimi, installé à Amman, par des tentatives d’infiltrations de la Cisjordanie depuis la Jordanie et l’importation d’armes à travers la frontière syro-jordanienne, il est rejeté des rangs du Bayt al-Maqdis. Il agit alors sous le nom de Hezbollah-Palestine, assurant une formation militaire à nombre de militants dans des camps situés au sud de la Syrie comme au Liban, bénéficiant de l’aide de la filière libanaise. Au nom des relations historiques entre l’Iran et le MJIP, ce dernier protesta contre cette aide auprès du Guide de la Révolution lui-même mais n’obtint que très partiellement satisfaction et saisit cette occasion pour développer sa propre aile militaire sous le nom de Forces islamiques combattantes "Qasam" [serment] (القوى الإسلامية المجاهدة "قسم) devenues ensuite Brigades al-Quds [Jérusalem] (سرايا القدس).

L’expérience du Hezbollah-Palestine permit non seulement aux filières libanaise et iranienne de trouver un terrain d’entente mais également d’étendre leur coopération avec la sphère islamiste palestinienne au delà des rangs de la mouvance du Jihad. En effet, l’adjoint d’Ahmad Muhanna, Adnan al-Ghul (عدنان الغول) un réfugié du camp de Chati à Gaza, avait adhéré très tôt à l’Association des Frères musulmans. Mais préconisant la lutte armée pour la libération de la Palestine, il s’en était éloigné et avait fréquenté divers groupes de la mouvance du Jihad avant de devenir le numéro 2 du Hezbollah-Palestine. Suite aux évolutions de Hamas en matière de lutte armée, il rejoignit son mouvement d’origine à partir de 1992 et devint l’adjoint de Muhammad Dayf (محمد الضيف), le chef des Brigades Ezzedin al-Qassam (il est éliminé en octobre 2004). Grâce à Adnan al-Ghul, Hamas bénéficiera ensuite des réseaux de la filière libanaise que, par ailleurs, ses cadres de l’intérieur auront l’occasion de côtoyer lors de leur bannissement au sud-Liban en 1992. Au même moment, des liens se mettent en place avec la filière iranienne et s’institutionnalisent à partir de la tenue à Téhéran en octobre 1991 de la première "Conférence internationale de soutien à la révolution islamique en Palestine" (المؤتمر الدولي للدفاع عن الثورة الإسلامية الفلسطينية).


Conclusion

Au terme de l’examen des divers maniements du discours sur la menace chiite en Palestine, il paraît évident que ceux-ci sont éminemment idéologiques, fondés sur des intérêts religieux et politiques. Dans le domaine religieux, leur capacité à mobiliser des masses sunnites traduit une rupture avec la période de l’islam moderniste durant laquelle le mot d’ordre du rapprochement entre sunnisme et chiisme était d’actualité, encouragé tant par al-Azhar que par les Frères musulmans. Dans le domaine politique, ils témoignent d’une page nouvellement ouverte où les salafistes de toutes obédiences (jusqu’à ceux qui adoptent un langage proche d’al-Qaïda) constituent les nouveaux alliés potentiels des régimes "laïcs" dans leur lutte contre les islamistes -version Frères musulmans, leurs seuls véritables opposants dotés de popularité.

Jean-François Legrain
Maison de l'Orient et de la Méditerranée (GREMMO) - 7 rue Raulin - 69365 LYON cedex 07




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