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France -

La résistance à la censure d'Israël se développe en France

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27.01.2016 - La ministre de la Justice française Christiane Taubira a démissionné mercredi suite à un désaccord sur un projet de modification constitutionnelle qui a été comparée à la politique du régime collaborationniste de l'époque nazie du pays.
Taubira était ouvertement en désaccord avec une disposition qui permettrait au gouvernement de déchoir de la nationalité française les double-nationaux nés en France et reconnus coupables d'infractions liées au terrorisme.

La résistance à la censure d'Israël se développe en France

"Parfois résister c'est rester, parfois résister c'est partir," a twitté Taubira après sa démission, suscitant de nombreuses réponses saluant son courage et ses principes.

Mais il y a un secteur clé où Taubira n'a montré aucun courage, principe ni même la moindre différence avec l'administration sociale de plus en plus autoritaire du président François Hollande, c'est sur la liberté d'expression et le droit à se réunir des partisans des droits palestiniens.

Le jour où Taubira a démissionné, les autorités françaises de la région Rhône ont interdit une manifestation prévue par un groupe de solidarité avec la Palestine.

Debout

La ministre de la Justice Taubira a vigoureusement appliqué une politique héritée du gouvernement de droite précédent qui poursuit les partisans du mouvement de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) au nom des lois criminalisant les discours incitant à la haine.

Cela a abouti à des sanctions sévères et des précédents juridiques inquiétants pour les militants qui organisaient des manifestations pacifiques appelant leurs concitoyens à ne pas acheter des produits israéliens.

Heureusement, cependant, de plus en plus de citoyens français, qui dénoncent et s'élèvent contre la répression du gouvernement, font preuve du courage et des principes dont a manqué Taubira.

La semaine dernière, une dizaine d'intellectuels éminents et de militants français ont défié les décisions de justice en publiant un communiqué réaffirmant leur soutien au mouvement BDS et appelant les gens à ne pas acheter de produits israéliens.

Cette semaine, des milliers de personnes ont signé la pétition liée au communiqué, beaucoup d'entre elles se prononçant pour le BDS pour la première fois.

Parmi elles, des dizaines d'intellectuels et d'artistes dont le philosophe Jacques Rancière, le magistrat Ghislain Poissonnier, l'artiste Ernest Pignon-Ernest et le réalisateur Alain Guiraudie.

On y trouve également les caricaturistes Jacques Tardi et Maurice Sinet.

Sinet, connu sous son nom de plume Siné, a travaillé pour le magazine controversé Charlie Hebdo jusqu'à ce qu'il en soit congédié en 2008 sur des allégations d'anti-sémitisme à cause d'une caricature qui se moquait de Jean Sarkozy, le fils de président de l'époque Nicolas Sarkozy. En 2010, un tribunal a rejeté les allégations et a jugé que Siné avait été licencié abusivement et lui a accordé 40.000€ de dommages et intérêts.

Cette semaine également, près de 9.000 personnes ont signé une pétition en ligne lancée par BDS France et l'Aurdip, la campagne française pour le boycott académique d'Israël, condamnant la répression du droit à appeler au boycott des produits israéliens. Ils ont été rejoints par des dizaines d'universitaires du monde entier.

Reprise des protestations dans les supermarchés

Pendant ce temps, les militants contestent directement les décisions judiciaires françaises en reprenant les manifestations appelant au boycott des produits israéliens.

Le 23 janvier, un groupe de militants de BDS France a organisé une manifestation au supermarché LIDL d'une ville du sud du pays parce qu'il vend des produits de la compagnie israélienne Mehadrin. Les militants ont distribué des tracts dans le magasin et ont recueilli des signatures en soutien à BDS.

BDS 34, le comité local qui a organisé l'action, dit que Mehadrin triche sur l'étiquetage puisque les produits fabriqués dans les colonies israéliennes sont labellisés "Made in Israël", en violation du droit européen (vidéo).

De même, des militants du groupe CAPJPO-EuroPalestine ont mené une action de protestation dans un supermarché Carrefour à Paris, cette semaine (vidéo).

Comme le montre la vidéo, les militants ont parcouru les allées du magasin en scandant des slogans tels que "Israël criminel, Carrefour complice !" et ont appelé les consommateurs à ne pas acheter de produits israéliens.

"C'est une réponse aux procès BDS et aux menaces proférées par notre Premier ministre il y a quelques jours contre tous ceux qui oseront boycotter Israël," a dit Olivia Zémor, de CAPJPO-EuroPalestine dans un email, faisant référence aux vœux récents du Premier ministre Manuel Valls de durcir encore davantage la répression du gouvernement.

C'est exactement le genre de manifestations pour lesquelles les procureurs français poursuivent les militants.

Zémor elle-même a été acquittée en 2013 sur des accusations découlant d'une manifestation similaire en 2009.

Manifestation interdite

Entretemps, la police de la région Rhône a interdit une manifestation en faveur du BDS, la qualifiant de "délit constitutif de provocation à la discrimination."

L'action, organisée par le groupe militant Collectif Palestine 69, devait avoir lieu mercredi, dans une banlieue de Lyon, devant une salle où se déroulait un match de basket entre une équipe locale et le Maccabi Rishon israélien.

Le Collectif Palestine 69 a condamné l'interdiction comme une atteinte aux libertés publiques et a dit que les autorités françaises pliaient devant les injonctions d'Israël.

Le CRIF, principal lobby pro-Israël en France, a chaleureusement accueilli l'interdiction de la manifestation, disant que la décision "protégeait la démocratie."

Plus ça change

Il appartient maintenant à Jean-Jacques Urvoas, le remplaçant de Taubira comme ministre de la Justice, de décider si les procureurs doivent continuer à criminaliser ces manifestations.

Allié du Premier ministre résolument pro-israélien Manuel Valls, Urvoas est considéré comme une personne sûre qui appliquera les instructions du gouvernement même là où Taubira rechignait.

Bien qu'il ait émis, au cours des années passées, des critiques modérées et "équilibrées" sur les violations israéliennes des droits palestiniens, Urvoas a démontré son habileté à dire de quel côté soufflent les vents politiques.

En 2012, il a fait partie de la poignée de députés socialistes qui ont signé une lettre adressée au Président Sarkozy, demandant instamment que la France ne reconnaisse pas un Etat palestinien - adoptant de fait la position prônée par Israël et son lobby en France.

Il n'y a aucune raison de s'attendre à ce qu'Urvoas poursuive avec moins de zèle que Taubira ceux qui expriment la voix de leur conscience sur les droits des Palestiniens.

Mais il y a des raisons de se réjouir à voir qu'il devra faire face à la résistance d'un nombre croissant de citoyens français qui refusent d'être réduits au silence.


Note ISM-France : on peut retrouver, incorporés dans l'article original en anglais d'Ali Abunimah, de nombreux liens renvoyant à des articles en français et/ou en anglais


Source : Electronic Intifada

Traduction : MR pour BDS-34

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