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ISM France - Archives 2001-2021

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Jérusalem -

Le Processus du Transfert Continue

Par

Jeff Halper, responsable de l'ICAHD (Le Comité Israélien Contre les Démolitions de Maisons)

La municipalité de Jérusalem à l'intention de démolir un quartier entier de Jérusalem-Est : 88 maisons abritant 1000 personnes -- dans le quartier EL-Bustan du village de Silwan à Jérusalem est, près des murs de la Vieille Ville.
La raison, selon l'architecte de la ville, Uri Shitreet, qui a publié les ordres, est que ce secteur est un site culturel et historique important pour la nation juive parce qu'il se situe sur l'emplacement où le Roi David a établi son royaume.
Le but, indique Shitreet, est de faire retrouver à l'actuelle partie palestinienne de la ville fortement peuplée "son visage de Yoré."

L'opération, la plus importante démolition de maisons palestiniennes à Jérusalem depuis 1967, est appelée sous le nom de code : "La cerise dans la couronne".

Les maisons les plus récentes du quartier datent des années 40 et 50, cependant la plupart ont été construites dans les années 80 et au début des années 90 sur les terres appartenant aux villageois de Silwan. Certaines des maisons dans ce secteur ont été construites avant 1967 et une autre partie a été construite dans les années 70.
Les quarante premières maisons ont déjà reçu leur ordre de démolition.


Depuis que le gouvernement israélien a réparti presque toutes les terres non-construites de Jérusalem-Est palestinienne en zones "d'espaces verts" après la guerre 1967 (et parce que les Palestiniens ne sont pas autorisés à habiter dans la partie juive de Jérusalem-Ouest), il n'y a pas d'espace du tout pour eux.
Les raisons sont politiques, non urbaines.

Le Conseiller aux Affaires Arabes du maire Teddy Kollek, Amir Cheshin, et l'un des architectes de la politique post-1967, décrit en détail le projet dans son livre "Séparé et inégal": The Inside Story of Israëli Rule in East Jerusalem (Cambridge: Harvard University Press, 1999, pp. 31-32)



En 1967, les responsables d'Israël ont adopté deux principes de base dans leur réglementation de Jérusalem-Est.

• Le premier était d'augmenter rapidement la population juive à Jérusalem-Est.

• Le second était d'empêcher la croissance de la population arabe et de forcer les habitants arabes à construire leurs maisons ailleurs.

Cette politique a transformé la vie de la majorité des Arabes de Jérusalem-Est en une vie misérable.
Israël a tranformé l'arménagement urbain en un outil du gouvernement destiné à empêcher l'expansion de la population non-Juive de la ville.

C'était une politique impitoyable, ne fût-ce que pour le fait que les besoins (pour ne pas dire les droits) des résidants palestiniens ont été ignorés.

Israël a vu l'adoption de plans stricts de découpage en zones comme moyen de limiter le nombre de nouvelles maisons construites dans les quartier arabes, et de s'assurer de ce fait que le pourcentage arabe de la population de la ville - 28,8% en 1967 - ne se développe pas au delà de ce niveau.

Permettre "trop" de nouvelles maisons dans les quartiers arabes signifie "trop" de moyens aux résidants arabes de la ville.

L'idée était de faire venir autant de juifs que possible dans Jérusalem-Est, et de faire partir autant d'Arabes que possible de la ville toute entière.
La politique israélienne de logement à Jérusalem-Est faisait partie de cette stratégie.

Les architectes avec le bureau de l'ingénieur de ville, en dessinant les frontières des découpages en zones pour les quartiers arabes, les ont limités aux secteurs déjà constitués.

Les terrains libres contigus étaient soit répartis en zones "vertes" pour indiquer qu'ils étaient interdits au développement, ou laissés non affectés jusqu'à ce qu'ils soient nécessaires à la construction des projets de logements juifs.

Le plan Kollek de 1970 contient les principes sur lesquels la politique israélienne de logement est basée à ce jour - expropriation de la terre posséedée par les Arabes, développement de grands quartiers juifs à Jérusalem-Est, et limitations du développement dans les quartiers arabes.


Shitreet base donc sa décision pour démolir sur le fait que la "Vallée du Roi", nom qu'il donne au quartier Bustan, a été désignée par les autorités israéliennes comme "espace vert libre", donc en dehors des limites de la construction palestinienne bien que les propriétaires de maisons soient propriétaires de la terre.

Bien que le plan d'aménagement israélien outrepasse le plan d'aménagement jordanien pour la ville qui a autorisé les batiments résidentiels dans le quartier Bustan, le droit international interdit à Israël, en tant que puissance occupante, d'imposer ses propres lois et règlementations.

Néanmoins, Shitreet a informé les responsables de la ville qu'il fallait traiter "avec plus de fermeté" les violations au code de la construction, et a indiqué que le processus de poursuite en justice des résidants palestiniens avait déjà commencé.


Pourtant, la politique à Silwan va au delà des considérations démographiques, ou même de ce qui touche aux parcs – Silwan ou "la ville de David", rechristiannisée par les autorités israéliennes qui ont ouvert un centre pour visiteurs centraux sur le site - est considérée comme l'endroit où la ville de Jérusalem a commencé, et elle est donc convoitée par les colons israéliens qui ont mené une campagne agressive pour faire partir les Palestiniens des lieux.


En fait, une organisation de colons appelée El Ad s'est concentrée exclusivement sur le secteur de Silwan, et le fait avec l'aide discrète du gouvernement israélien.


En 1992, Haim Klugman, le Directeur General du Ministère de la Justice de l'époque, a publié ce qui est devenu le célèbre rapport Klugman.

Il indiquait que des dizaines de millions de dollars avaient été donnés aux groupes de colons, y compris à El Ad, par des Ministères du gouvernement;
que des faux documents fournis par des collaborateurs Arabes avaient été utilisés pour classifier les maisons palestiniennes comme "Propriété d'Absents",
que l'Autorité Israélienne des Terres et le Fonds National Juif avaient alloué une grande partie de Silwan aux colons sans lancer d'appels d'offres;
et que des fonds publics avaient été utilisés pour financer les dépenses ljuridiques des colons.

"Nous brisons la continuité arabe et leur revendication de Jérusalem en installant dans des îles isolées une présence juive dans les secteurs de population arabe" a déclaré Uri Banks, un responsable pro-colons du parti Moledet.

"Alors nous essayons de les relier ensemble pour aménager notre propre continuité. C'est comme des Legos - vous mettez des pièces ça et là et puis vous reliez les points. C'est le Sionisme. C'est la manière dont l'état d'Israël a été construit. Notre but premier est une continuité juive dans l'ensemble de Jérusalem."

Au cours de la dernière décénnie, El Ad a mis la main sur 50 maisons dans Silwan, déplaçant les familles palestiniennes (souvent dans des opérations nocturnes) et en y installant des familles juives israéliennes.

En dépit des démolitions incessantes des maisons palestiniennes au cours des années, les colons viennent de terminer la construction d'un immeuble de sept étages dans Silwan qui se dresse maintenant au-dessus du village avec un énorme drapeau israélien qui flotte sur son toit.

Le bureau de l'architecte de la ville prétend qu’il n'a pas remarqué la construction. Inutile de dire qu'aucun ordre de démolition n'a été émis, ni le sera.


"N'ayons aucun scrupule à son sujet : nous voulons que ce soit un quartier juif", a dit Gary Speiser, un ingénieur en aéronautique cité dans le Christian Science Monitor, qui était parmi les premiers résidants juifs à entrer dans le quartier grâce à Elad.

"Ce n'est pas seulement un autre site juif. C'est le site juif. Et nous ne pouvons pas espérer que s'il reste un quartier arabe, les juifs pourront toujours venir ici. Donc, c'est le moment maintenant. Nous rêvons de revenir ici depuis 3.000 ans. C'est l'accomplissement de nos rêves."


Ce n'est pas non plus une coïncidence. Beaucoup de gens dans le Mouvement de la Paix israélien pensent qu'une initiative aussi importante ne vient pas de la municipalité, et certainement pas du modeste ingénieur de la ville.

Plus que probablement elle vient d'en haut, de Sharon et des membres du gouvernement soucieux de calmer les colons au sujet du retrait de Gaza en leur présentant un quartier juif sur un site majeur à côté de la Vieille Ville - et avec un jardin archéologique à la place des habitants palestiniens.


Tout ce fait partie d'un processus explicite de "Judaisation" de Jérusalem, indique Meir Margalit, un ancien membre du Conseil de la ville de Jérusalem et un membre du Comité Israélien Contre les Démolitions de Maisons.

"Voyons plus large" dit-il. "Prenez les actions de colonisation à Silwan ainsi que la démolition permanente des maisons arabes à Jérusalem-Est. Prenez également la construction du mur à Abu Dis.
Tous ces éléments pris ensemble montrent un tableau tout à fait dramatique où le gouvernement israélien ainsi que les colons, font partie d'un programme national pour rendre la vie des Palestiniens tellement difficile qu'ils quitteront Jérusalem. C'est simple."

Margalit reconnaît la valeur archéologique extraordinaire de la ville de David. "Mais le problème est qui vit dans le village, pas là où David a marché il y a 3.000 ans," dit-il.

"Le pays est rempli de sites où l'on retrouve l'histoire juive. Pour cela, vous pouvez même trouver de tels sites en Irak. Mais ça ne peut pas être une raison pour prendre les maisons des gens qui ont vécu là toute leur vie. Le problème n'est pas d'acheter des maisons. C'est politique."



Cette vision trouve une confirmation dans les mots de Ruhama Avraham, la Ministre-adjointe de l'Intérieur.

Répondant aux critiques de membres de la Knesset, elle "a béni" l'initiative, en ajoutant que sans compter que la nécessité de punir des "transgresseurs de la loi", "une grande partie" des résidants de Silwan sont des immigrés illégaux de la région d'Hébron (les Palestiniens de Cisjordanie sont interdits de travailler ou d'habiter à Jérusalem) et, pour compléter le tout, "il y a une crainte que les terroristes les aient infiltrés."

Elle a également admis qu'il n'y a aucun lien entre les démolitions et les projets d'un parc national (Ha'aretz 6,2,05).


Quant à Shitreet, il promet de continuer ses projets de démolitions massives "quelles que soient les pressions exercées sur moi." Il a beaucoup d'instruments à sa disposition.

Les maisons construites avant 1967 ne sont pas "illégales" et il n'existe aucun moyen légal de les détruire. Tout comme il n'y a aucun moyen légal pour démolir les maisons construites sans permis il y a plus de sept ans, en raison de la prescription.

Ces obstacles techniques, Shitreet prévoit de les supprimer au moyen du statut (5)212 des lois israéliennes de la Construction et de l'Aménagement.

"L'infraction à la construction s'épuise puisqu'il n'y a aucun statut de prescriptions à utiliser sur une maison illégale, ausi nous pouvons empêcher les résidants d'entrer dans leurs maisons, même si nous ne pouvons pas les détruire," dit Shitreet.

"En scellant les maisons et en empêchant leurs habitants palestiniens d'y entrer, on peut alors les démolir en tant que propriété "abandonnée" ou d'"Absent". Le statut 5(212) a été utilisé pour la dernière fois en 1967 pour faire partir les habitants palestiniens d'une grande partie de la Vieille Ville. Et ce, comme dit Banks, c'est le Sionisme."


Nous, à l'ICAHD, invitons la communauté internationale à exprimer son opposition aux projets du gouvernement israélien et de la municipalité de Jérusalem qui sont de démolir un quartier palestinien entier à Jérusalem-Est.


Détruire des maisons et des communautés palestiniennes est devenu une obsession pour Israël, en continuant sans répit en dépit des initiatives pour relancer un processus de paix diplomatique ou de créer ce "calme" sur le terrain sur lequel les Israéliens insistent tellement.


L'action menaçante à Silwan viole non seulement l'esprit mais les termes de la Feuille de Route, qui indique que, déjà dans la phase 1 : "Le gouvernement d'Israël renonce à des actions minant la confiance, notamment les déportations et attaques de populations civiles, la confiscation et/ou la démolition de maisons et biens palestiniens, comme mesure punitive ou pour faciliter des constructions israéliennes, la destruction d'institutions et d'infrastructures palestiniennes."



Stoppons les demolitions immédiatement !


Source : IMEMC

Traduction : MG pour ISM

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