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ISM France - Archives 2001-2021

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Cisjordanie -

Le projet de colonisation israélien

Par

Sonja Karkar est la directrice de Women for Palestine. Elle vit en Australie.

Le projet de colonisation illégale et la politique sécuritaire d'Israel sont menés de façon implacable et ininterrompue en Cisjordanie, en dépit des dernières tentatives pour permettre à l'Autorité Palestinienne d'administrer ses propres dispositifs de sécurité ainsi que la plupart des affaires civiles palestiniennes.

Le projet de colonisation israélien


Photo ARIJ : L'une des innombrables colonies en cours de construction en Cisjordanie Occupée

Le projet de colonisation ébranle d'une façon dévastatrice la base territoriale d'une auto-gouvernance palestinienne établie par les Accords d'Oslo II en 1995 (voir la carte) et donne à Israël une excuse pour intensifier la sécurité ce qui ne fait que s'ajouter aux conditions insupportables endurées jour après jour par tous les Palestiniens vivant sous occupation.

Maintenant, la réalité sur le terrain, c'est que l'ensemble de la Cisjordanie palestinienne est totalement fragmentée : les Palestiniens ont été poussés dans des enclaves de plus en plus petites et hermétiquement fermées (environ dix au total) tandis que les immigrés juifs sont installés illégalement sur de larges étendues de terres palestiniennes qui sont ensuite fusionnées en des blocs de colonies encore plus grands pour tenir compte de la croissance de population - et toutes sont reliées à Israël par un système exclusif de routes de contournement.

Ces colonies illégales et la sécurité qui les entoure divisent et séparent les enclaves palestiniennes de sorte qu'il n'y a plus aucune contiguïté entre elles. De cette façon, Israël peut s'assurer qu'il contrôle le déplacement des Palestiniens entre les enclaves et également l'accès des Palestiniens au monde extérieur.

En dépit des entretiens apparemment amicaux qui ont lieu entre le Premier Ministre israélien Olmert et le Président palestinien Abbas, Israël n'accepte pas la moindre fin de l'occupation ou ne démantèle pas et n'enlève pas les colonies et la matrice de contrôle.

Au cours de la dernière décennie, quelques 102 "avant-postes illégaux" ont été autorisés par le ministre israélien de la défense, Shaul Mofaz.
Un rapport approuvé par gouvernement de l'avocat israélien Talia Sasson publié en mars 2005, a vivement recommandé le démantèlement des avant-postes illégaux, mais rien n'a changé.

Même la condition de "gel de la colonisation" dans la Feuille de Route du Quartet a été ignorée d'une manière évidente, et à chaque fois, la communauté internationale s'adapte en conséquence pour arranger Israël


Donc, Israël n'a pas été freiné par les Etats-Unis et d'autres gouvernements occidentaux dans sa violation du droit international et les résolutions de l'ONU, et il a donc peu de raisons de changer sa politique et ses pratiques.

Et maintenant que c'est la pagaille dans l'Autorité Palestinienne - avec Abbas qui n'est pas en position de négocier quoi que ce soit de valeur - Israël cherchera seulement à renforcer sa domination comme il l'a toujours fait.



A deux niveaux et séparés

Les initiatives pour renforcer le projet de colonisation augmenteront encore le Plan de Circulation Ininterrompu proposé (déjà partiellement mis en application) qui établit un réseau routier existant accessible seulement aux Israéliens pour les colonies illégales de Cisjordanie tout en créant un réseau routier subalterne pour l'usage des Palestiniens.


Bien que la Banque Mondiale et d'autres s'y opposent, Israël va probablement présenter ses arguments pour achever le projet de réseau routier, en particulier puisqu'Israël veut maintenant imposer cela comme la solution pour deux Etats - un réseau uniquement pour les Palestiniens.

Israël s'attend vraiment à ce que le monde l'accepte afin d'alléger la souffrance des Palestiniens. Mais, c'est Israël qui en bénéficiera.

Non seulement le projet de réseau routier débarrassera Israël de son problème démographique, mais il gardera les colonies en place, ajoutant ainsi plus de territoire et de précieuses ressources en eau à Israël provenant de la terre qu'il a volée aux Palestiniens

Jusqu'ici, environ 1.200 kilomètres de routes sont presque tous réservés aux Israéliens avec des autoroutes modernes accessibles seulement aux Israéliens enjambant les vallées tandis que les Palestiniens sont forcés d'utiliser des routes détournées et des tunnels limités qui, hormis une séparation raciale, isoleront encore plus les villes palestiniennes entre elles.


Le souci est que la communauté internationale pourrait bien trouver que cette idée d'une existence à deux niveaux pour les deux peuples est une solution pragmatique à ce qui est le problème insurmontable de quoi faire des 4 millions de Palestiniens, peu réalisant que la matrice de contrôle qu'Israël a déjà établie compromet la viabilité de tout état palestinien


La dernière chose que veut Israël, c'est que la solution à un seul Etat "sorte de l'ombre et commence à devenir une tendance dominante" comme l'a suggéré Alvaro de Soto, l'ancien Sous-Secrétaire-Général de l'ONU, à la fin de son rapport de mission en mai de cette année.


Israël ne veut pas vraiment non plus d'une solution à deux Etats dans laquelle il devrait abandonner le contrôle des meilleures terres et des ressources en eau de la Cisjordanie pour un état palestinien autonome.

En l'absence de pression internationale signicative qui obtiendrait un retrait total d'Israël, le mieux que les Palestiniens puissent espérer, c'est un désengagement d'Israël tout en restant sous un contrôle israélien géré depuis l'extérieur, comme il l'a fait avec Gaza.
Ce n'est pas l'Etat souverain qu'une solution juste exige.



Créer des réalités sur le terrain

Depuis qu'Israël et l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP) ont signé la Déclaration de Principes (DOP) en 1993, Israël a tout fait pour créer des faits sur le terrain afin de s'assurer que les questions de statut final soient compromis de manière permanente.

Les expansion dramatiques des colonies illégales ont eu lieu en particulier entre janvier 2003 et juin 2006 où des dizaines de milliers d'appels d'offres ont été publiés par le Ministère israélien de la Construction et du Logement pour des nouveaux logements dans les colonies illégales de Cisjordanie .
La plupart d'entre elles se trouvaient dans les gouvernorats de Ramallah, de Bethléem, de Salfit et de Jérusalem.


Le 10 janvier 2007, le Jérusalem Post a annoncé que la colonisation représentait trois fois le taux de croissance normal en Israël lors de l'année précédente, en citant les chiffres du ministère israélien de l'Intérieur de 5.8% de croissance comparé au 1.4% en 2005.


Une politique "de va-et-vient"– à laquelle l'Ambassadeur Mansour, l'observateur permanent de la Palestine à l'ONU, faisait référence en janvier dernier dans une lettre adressée au Sécrétaire Général de l'ONU – est constamment utilisée par Israël pour réinstaller les colons illégaux en Cisjordanie , quand ils ont été retirés de la Bande de Gaza ou de n'importe quel autre avant-poste illégal.

En décembre dernier, Israël a annoncé des projets pour la construction d'une nouvelle colonie illégale dans la Vallée du Jourdain qui abritera 30 familles qui habitaient à l'origine dans la colonie illégale du Gush Katif dans la Bande de Gaza avant le désengagement unilatéral d'Israël.

Quel que soit le cas, toutes ces colonies illégales ont dépouillé les Palestiniens de leurs terres cultivées ainsi que des terres réservées pour une future expansion de leurs agglomérations.

En d'autres termes, les demandes des nouveaux colons illégaux ont toujours la priorité sur les besoins des habitants Palestiniens.



Sécuriser Jerusalem

Tandis que les Etats-Unis s'opposaient au plan E-1 limitant l'expansion de Jérusalem vers l'est en direction de la plus grande colonie illégale Maale Adumim, ils n'ont pas empêché Israël de publier des appels d'offres en janvier de cette année pour y autoriser la construction des 44 bâtiments supplémentaires.

Israël n'a également par perdu de temps pour relier le quartier de Malha à Jérusalem-Ouest avec les colonies de Gilo, de Beitar Illit et du bloc d'Etzion au sud de la ville et pour annoncer des projets de construction de milliers de logements dans les colonies existantes et nouvelles à Jérusalem Est.

Cela fera venir plus de 50.000 juifs Ultra-Orthodoxes dans le secteur et forcera les Palestiniens à devenir un groupe minoritaire dans une ville qui avait été jusqu'ici surtout Palestinienne.


Une telle ceinture de colonies le long de la frontière méridionale de Jérusalem, l'expansion de la colonie de Maale Adumim et le Mur d'Apartheid illégal sont tous conçus délibérément pour empêcher la croissance et le développement de la population palestinienne en coupant et en isolant Jérusalem-Est de la Cisjordanie et en rompant la contiguïté territoriale entre les zones nord et sud de la Cisjordanie .



La Cour Suprême israélienne inclut l'expansion des colonies dans l'étude du tracé du Mur.
Selon de nombreuses décisions de la Cour Suprême israélienne, non seulement la sécurité d'Israël est primordiale, mais même la sécurité des colonies illégales est une considération légitime dans l'élaboration du tracé du Mur d'Apartheid.

Tandis que l'establishment militaire - qui a l'autorité pour ériger le Mur en Territoire Occupé - doit considérer ces facteurs de façon égale avec les droits de l'homme des Palestiniens, une récente décision a montré que la sécurité d'Israël et des colonies avait, en fait, plus de poids que l'effet néfaste de cet effort sécuritaire sur les Palestiniens

En prenant cette décision, la Cour Suprême israélienne a ignoré l'avis consultatif de la Cour Internationale de Justice de 2004 qui avait non seulement rejeté les justifications sécuritaires d'Israël, mais avait déclaré illégale le Mur illégal et dit qu'il devait être démantlé.

De façon regrettable, la décision de la Cour Suprême israélienne a normalisé ce qui était en premier lieu illégal : la construction et le maintien des colonies sur la terre palestinienne occupée.



Un Etat colonial en expansion ou un Etat palestinien ?

Certainement, aucun Etat palestinien proposé aujourd'hui ne serait l'Etat envisagé par les architectes d'Oslo. Le mur d'Israël, les colonies et les routes pour Israéliens seulement se sont assurés que tout Etat palestinien sera compromis pour toujours par l'entreprise coloniale israélienne.

Cest en soi une raison suffisante pour qu'Israël cite des problèmes de sécurité et garde sa présence militaire dans et autour des colonies ou se donne au moins le droit d'entrer et sortir du territoire palestinien à volonté.

Israël continuera également à contrôler les frontières et l'espace aérien, ce qui affectera considérablement la viabilité de l'Etat palestinien, et en particulier, mettra l'économie et le commerce palestiniens totalement à la merci d'Israël.

La manière dont Israël a tout établi maintenant avec des colonies, des routes à l'accès limité, des réserves militaires et des zones interdites sur 93% de la Cisjordanie palestinienne ressemble beaucoup plus à un état colonial où les Palestiniens n'auront qu'une semi-autorité dans les enclaves qui leur auront été allouées qu'à l'Etat palestinien souverain dont tout le monde parle.

Si les Palestiniens approuvent un semblant d'Etat sur les fragments de terre restants dans ces dernières discussions, ils se retrouveront dans une situation impossible - complètement exposés aux lubies d'Israël et totalement et indéfiniment dépendants de l'aide humanitaire de la communauté internationale.
Israël a déjà déconnecté une grande partie de la Palestine Occupée de sa base agricole.

Des fermiers sont empêchés d'accéder à leur terre tandis qu'Israël contrôle les principales ressources en eau de la couche aquifère de la Cisjordanie .


Plus capables de dépendre de leur industrie agricole établie depuis longtemps pour gagner leur vie, les Palestiniens sont obligés d'acheter des produits israéliens et ne peuvent pas même acheter des produits provenant des Etats arabes à des prix plus compétitifs.

De telles conditions sont des débuts désastreux pour un Etat naissant, et ce qui serait encore plus désastreux, c'est un pseudo-Etat enfermé au centre des colonies israéliennes acquises illégalement et perpétuellement vulnérable aux revendications israéliennes sur l'ensemble de la terre.

Il y a toutes les raisons de croire qu'Israël continuera à poursuivre son projet de colonisation illégal, de façon belliqueuse ou autre, puisqu'il ne s'est jamais conformé adhéré au droit international, aux accords et aux résolutions des Nations Unies et qu'on ne lui a jamais demandé de rendre des comptes.

Même aussi récemment que l'année dernière, Olmert a renoncé à sa promesse de retirer la plupart des colonies, et au lieu de cela, la construction des colonies s'est multipliée.

Tragiquement pour les Palestiniens, ce sera le projet de colonisation illégal d'Israël qui deviendra la réalité permanente.

Sans retrait israélien complet de Cisjordanie et sans pleine autonomie sur l'ensemble de la terre et sur les ressources en eau dans les frontières d'avant 1967, l'Etat palestinien qui est actuellement négocié est désespérément condamné.

Source : http://www.counterpunch.com/

Traduction : MG pour ISM

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