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ISM France - Archives 2001-2021

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Jérusalem -

Le village de Lifta de nouveau menacé

Par

Le village de Lifta, dont la population a été expulsée en 48, risque d'être exproprié pour la construction d'une colonie.
C'est une page de plus de l'histoire d'al-Quds qui est effacé
Hajj Muhammad Sulayman Abu Layl (81 ans), qui habitait le village de Lifta, dans la banlieue d'al-Quds, avant l'expulsion, est debout devant le comité de planification dépendant du ministère israélien de l'intérieur.

Le village de Lifta de nouveau menacé

Photo : maison disparue du vullage de Lifta - Poica


Il dit, la voix émue : "Je suis né dans le village de Lifta, en 1924, j'ai enterré mon père dans le cimetière du village 6 mois avant l'expulsion en 1948.

Le cimetière est toujours là, ainsi que les maisons de nos parents, l'école est toujours là, et la planification envisagée sur les terres de Lifta représente les plus hauts degrés de la tyrannie, contraire à la démocratie".

Hajj Abu Layl habite à présent dans une maison construite sur ce qui reste de Lifta, à côté de ce qu'on nomme "al-talla al-faransia" (la colline française).

Il a travaillé de longues années comme directeur de l'orphelinat islamique à al-Quds. Il ajoute : "Cela ne suffit pas, ce qui a été construit comme quartiers juifs comme Ramot et d'autres sur les terres du village ? Je vous le dis, ici, tout ce que je souhaite dans ma vie est que je sois enterré près de la tombe de mon père, dans le cimetière de Lifta, et je suis prêt à payer tout ce que j'ai pour réaliser ce but".

Ces paroles chargées d'émotion ont été prononcées au cours de la séance tenue jeudi dernier, le 10 février, au siège du comité régional de l'organisation et la construction, un des bureaux du ministère israélien de l'intérieur, à al-Quds, pour entendre les protestations contre le plan de création d'un nouveau quartier juif sur les terres et les vestiges du village dont la population a été expulsée en 1948, plan nommé "Hi-mi Naftoah" que l'administration des terres d'Israël et la municipalité de Jérusalem veulent construire.


La fondation al-Aqsa pour la reconstruction des lieux saints musulmans a insisté pour inscrire la mosquée du village de Lifta en tant que lieu saint à préserver, en vue de la réhabiliter, ainsi que le cimetière du village alors que plusieurs habitants du village qui ont assisté à la séance ont demandé de ne pas détruire le village ni de changer ses traits, affirmant qu'ils sont les premiers concernés pour y retourner et reconstruire leurs maisons dont ils ont été expulsés lors de la nakba en 1948.


En présence des représentants du comité régional de l'organisation et de la construction pour la région d'al-Quds, et de représentants des architectes et planificateurs du projet Hi-Mi Neftoah, et plusieurs villageois de Lifta, qui représentent les habitants du village, ainsi que des délégués de l'Institution al-Aqsa et plusieurs membres d'associations israéliennes hostiles au plan, comme Zokhrot et Bamkom (centre alternatif de planification israélienne), et des membres Juifs prétendant qu'ils ont droit à certaines des maisons du village, le comité régional a entendu toutes les oppositions au plan.

Et le conseiller juridique de l'Institution al-Aqsa, Muhammad Sulayman Aghbarieh, a affirmé, lors de son explication des raisons de l'opposition de l'Institution, que le plan ignore la présence du cimetière et de la mosquée dans le village de Lifta.

En réalité, la mosquée et le cimetière existent sur les terres de Lifta, jusqu'à présent, et c'est pourquoi il est nécessaire de les maintenir dans le plan proposé, la mosquée en tant que lieu saint exigeant protection et soin, et le cimetière où se trouvent de nombreuses tombes et dont les traits sont apparents jusqu'à présent. C'est ainsi que l'exige l'application de la loi, ainsi que les lois internationales et divines.


L'exigence de protéger la mosquée n'a pas été du goût d'un des architectes responsableds du projet, qui a refusé que la mosquée soit considérée comme un lieu saint, voulant qu'elle soit un lieu public, prétendant qu'il n'y a aucun signe indiquant qu'il s'agisse d'une mosquée.

L'avocat de l'Institution a répondu catégoriquement que les signes indiquant qu'il s'agit d'une mosquée sont la présence du mihrab au sud, et le seul bâtiment dans lequel il y a un mihrab au sud dans notre pays est la mosquée.

De plus, les habitants du village sont encore vivants et peuvent témoigner de la présence d'une mosquée, tout comme les cartes mises au temps du mandat britannnique en 1936 ont clairement indiqué l'emplacement de la mosquée et du cimetière.

Concernant le cimetière, a ajouté l'avocat, l'emplacement des tombes est toujours apparent et pour protéger l'inviolabilité des morts, il faut délimiter son emplacement et le déclarer lieu saint, pour ne pas le détruire et modifier ses traits.

L'institution al-Aqsa a refusé de façon catégorique de considérer la mosquée et le cimetière comme des lieux publivs, affirmant : "si la mosquée est déclarée lieu public, elle peut être transformée en musée, ou salle d'expositions, en restaurant, ou café, c'est ce qui est arrivé à plusieurs mosquées dans plusieurs villages de la Palestine de 48 d'où la population a été expulsée, ce qui est en opposition et en contradiction avec la sacralité et l'inviolabilité de ces lieux saints".

De son côté, l'avocat Husni A bu Hussayn représentant l'association des habitants expulsés de Lifta" qui a présenté une opposition au plan, a considéré que le plan proposé est un pas injuste, car il n'est pas possible d'installer des gens autres que les habitants autochtones du village, alors que plusieurs habitants de Lifta vivent dans la-Quds et dans des quartiers à proximité de leur village".

Abu Hussayn a insisté qu'il y a de vastes superficies de terres à l'intérieur de la municipalité de Jérusalem où il serait possible de faire des projets d'habitation et commerciaux, sans toucher aux maisons de Lifta, surtout que ces maisons n'ont pas été touchées pendant ^près de 50 ans. Abu Hussayn réclame aussi la protection de la mosquée et du cimetière indiquant que dans les cas des cimetières juifs et des synagogues, ils ne sont jamais touchés ni détruits, donc il faut considérer la mosquée et le cimetière sur le même plan.

Pour Abu Hussayn, il faut tout simplement annuler le projet.



Concernant le projet en cours

il s'agit d'un ancien plan que la municipalité de Jérusalem a dû remettre à plus tard à cause des complications techiques. Mais en 1996, l'équipe israélienne a de nouveau commencé les travaux d'étude pour le présenter vers le milieu de 2004. En Juillet, le plan a été publié dans les journaux officiels, appelant ceux qui s'y opposent à présenter leurs oppositions à un comité local spécial issu du comité de l'organisation.

Ce plan vise à prendre 455 dunums des terres du village de Lifta, et notamment dans la partie où se trouvent encore des maisons arabes, une mosquée, un cimetière, un pressoir d'olive, une source d'eau et des arbres fruitiers (amandes, figues et figues de barbarie).


Il vise à construire un quartier résidentiel avec des appartements de luxe et un centre commercial, une synagogue, un musée, un hôtel avec 120 chambres, des jardins publics, une aire protégée; des rues et des parkings.
Le plan prétend vouloir arranger partiellement certaines maisons anciennes.
Le plan a prévu de construire sur le terrain 216 un centre commercial et des appartements, là où se trouve la mosquée.

Quant au terrain 51, il comprend l'aire naturelle protégée ou "jardin public", là où se trouve le cimetière.



En septembre 2004, l'Institution al-Aqsa a présenté un document, accompagné de cartes datant de l'époque du mandat britannique ainsi que des documents de propriété datant de l'époque ottomane.

Le plan HI-Mi Neftoah est clairement un plan visant à effacer la mémoire palestinienne et l'identité arabo-musulmane du village, sa mosquée, son cimetière, ses maisons, ses arbres. L'appellation Hi-Mi Neftoah vise à effacer l'histoire du village pour le nommer du nom de la source d'eau citée dans un des livres de la Bible, qui dit que la source a été utilisée pour la purification. C'est ainsi que se met en place la judaïsation du village.



Des remarques racistes

Le jeudi 10 février était la date de la deuxième séance pour entendre les oppositions au plan. Au cours des séances, les éléments extrémistes juifs étaient présents, intervenant pour couper la parole aux personnes réclamant l'annulation du plan.

Parmi les remarques faites par ces éléments, l'un d'eux s'écria : "Vous demandez le droit au retour des réfugiés ?"



Lifta, l'état de désolation d'un village dont la population a été expulsée

(Combien de personnes se sont-elles arrêtées sur le bord de l'autoroute menant à al-Quds, pour regarder vers le bas ce village palestinien, dont les maisons et les arbres témoignent de leur présence il y a plus de 50 ans ?)

La source d'eau est là. Le bassin de 60 m2 servait à abreuver les bêtes.

Vous entrez dans la première maison, ou ce qui en reste, puis la seconde, la troisième, à travers les ruelles du village. Des maisons spacieuses, à plusieurs étages, aux fenêtres aux formes géométriques.

Il semble que l'état économique des habitants était plutôt élevé, ils se basaient pour vivre sur l'élevage des moutons et des vaches et sur le commerce, comme le raconte Hajj Muhammad Sulayman Abu Layl. Mais sur chaque maison du village, une inscription en hébreu " propriété privée, interdit d'entrer".

Dans les coins de ces spacieuses maisons, des traces de toxicomanes et autres personnes venues pour exercer toutes sortes d'actes, au milieu des lits et des chaises à moitié cassés, brûlées, et des morceaux de tissus.

Tout autour, des figuiers, des figues de barbarie debout, résistant, mais souffrant, gémissant...

D'un coup, des jeunes juifs sortent d'une maison, une juive portant une caméra. Ils viennent filmer un film porno avec les maisons de Lifta pour cadre. Plusieurs films du même genre et des clips de chansons l'ont déjà fait.

Dans la mosquée, le mihrab est visible. Mais l'état de la mosquée fait frissonner : de l'urine, des bouteilles de vin, des inscriptions d'amour en hébreu et d'autres inscriptions ont recouvert les murs et le sol de la mosquée.

Nous entrons dans le pressoir, là où l'huile d'olive bénie d'al-Quds était pressée. De là, on aperçoit les maisons que les Juifs ont pris de force, plantant le drapeau israélien sur leurs toits.

Le village de Lifta était considéré en 1945, selon les statistiques britanniques, comme le deuxième village, par sa superficie (8743 dunums), se situant entre le village et la ville.

Les limites du village de Lifta sont, au nord, les villages de Shaf'at, Beit Hanina et Beit Iksa, à l'ouest Beit Iksa, Qalounia, au sud al-Quds et Deir Yassine, et à l'est, les villages de Tor, Issawiya, Shaf'at.



Les Awqaf (fondations religieuses) de Lifta sont nombreuses, à cause de son emplacement géographique

Pendant toute la période précédent le mandat britannique, les terres de Lifta ont été considérées comme des fondations religieuses, les divers sultans ou hommes pieux se faisant compétition pour cela.

Pendant une période de l'époque ottomane, toutes les terres de Lifta étaient considérées comme des fondations religieuses pour le Dôme du Rocher à al-Quds et la mosquée d'Ibrahim à al-Khalil.



La mosquée

La mosquée de Lifta se trouve au milieu du village, il s'agit de deux pièces faisant chacune 60 mètres.

La mosquée a un mihrab, et à proximité, le masla du cheikh Sayf Dine, et la mosquée est appelée mosquée Sayf Eddine, il s'agit d'un des émirs de Salaheddine (Saladin).

L'histoire raconte qu'après la bataille de Ayn Jalout contre les Tatars, il est venu s'installer à Lifta, en 656 de l'hégire.


Le khan Dhaher Baybars

Il se trouve dans la partie est des terres du cheikh Badr, et c'est Dhaher Baybars lui-même qui a ordonné sa construction, à cause de l'emplacement stratégique du site en tant qu'axe de communication, afin que les voyageurs d'y reposent. Il a été construit en 622 de l'hégire.


Maqam Cheikh Badr

Les habitants de Lifta pensent qu'il s'agit d'un maqam construit par un des compagnons du calife Umar, mais des historiens disent qu'il s'agit d'un lieu de prière construit par Cheikh Shihabeddine AbilKhayr Bardar, qui est mort en 780 de l'hégire.

En 1935, le comité d'al-Awqaf a décidé de reconstruire le maqam qui avait subi beaucoup de dégâts à cause de pluies torrentielles.



La vie culturelle

En plus de nombreuses écoles coraniques qui se trouvaient dans le village, il y avait également une école fondée en 1929 par les habitants eux-mêmes.
Il s'agit d'un bâtiment de trois salles.

En 1934, l'école s'agrandit pour devenir primaire avec tous les cycles.

En 1940, il y avait 300 élèves dans l'école primaire de Lifta et des villages avoisinants. Pour ceux qui poursuivaient leurs études au-delà, ils allaient dans les écoles d'al-Quds, comme l'école Rachidiya ou dans les pays arabes.

En 1922, la population de Lifta s'élevait à 1451 habitants, et en 1945, à 2550.

Les organisations armées sionistes ont détruit le village, expulsé sa population qui étaient, en 48, au nombre de 2958 personnes. C'était le premier janvier de l'an 48. A

vant les destructions, il y avait 450 maisons, il n'en reste que quelques dizaines. Aujourd'hui, il y a encore 55 maisons, et les réfugiés de ce village sont au nombre de 42.000 personnes. Ils vivent en Cisjordanie , dans les villes ou les villages, et dans les pays arabes.

Certains se sont réfugiés dans la ville d'al-Quds, dans les quartiers de Cheikh Jarrah, et quelques familles sont restées à côté, habitant sur la "tallat al-faransiyya", dont les terres appartiennent au village de Lifta.


Aujourd'hui, le village de Lifta est en danger de judaïsation. Soutenez la lutte de la population qui souhaite y retourner. Le droit de retour s'applique aussi et maintenant à tous les Palestiniens qui ont été expulsés de leurs villages et villes, et qui vivent à l'intérieur du pays.



A lire sur le même sujet, l'article de Mike Odetalla : "Hussein de Lifta"

Source : www.arabs48.com

Traduction : Palestine en Marche

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