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Israël/EAU -

Pourquoi nous ne voulons pas que les Arabes normalisent leurs relations avec Israël

Par

17.08.2020 - Le matin du jeudi 13 août, le cheikh Mohamed Bin Zayed al-Nahyan (communément appelé MBZ), prince héritier des Émirats arabes unis, a tweeté une déclaration officielle d'un accord de normalisation avec Israël. Cette nouvelle a enragé la majorité des Palestiniens sur les médias sociaux. Remuant le couteau dans la plaie, MBZ a présenté l’accord comme une faveur faite aux Palestiniens car il serait associé à "la suspension du projet d’annexion des territoires palestiniens par Israël" - une affirmation réfutée dès le lendemain par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Pourquoi nous ne voulons pas que les Arabes normalisent leurs relations avec Israël

Tel Aviv fête les Accords Abraham en projetant le drapeau des Emirats Arabes Unis sur un immeuble.
De nombreux gouvernements arabes entretiennent depuis longtemps des relations secrètes avec Israël et vont certainement suivre les traces des EAU, notamment l'Arabie saoudite, le Bahreïn, le Qatar, le Soudan, Oman et le Maroc. Cela contredit l'Initiative de paix arabe lancée en 2002, qui a été signée par la Ligue arabe et approuvée à plusieurs reprises, la dernière fois en 2017. L'initiative prévoyait que la reconnaissance officielle d'Israël par les États arabes n'aurait lieu qu'après le retrait israélien des terres arabes occupées, y compris les territoires palestiniens. L'initiative a défini ces derniers comme étant délimités par les frontières stipulées dans l'accord conclu après la guerre des six jours de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale et un "juste règlement" du statut des réfugiés.

La normalisation avec Israël fait référence à toute activité ou communication avec un individu, une organisation ou une entité gouvernementale israélienne qui ne reconnaît pas les pleins droits des Palestiniens à la liberté, à la justice et à l'égalité. Par l'appel au boycott, au désinvestissement et aux sanctions (BDS) visant les entreprises qui font des affaires avec ou au sein d'Israël, nous, les Palestiniens, demandons aux gens du monde entier, en particulier dans la région arabe, de manifester leur solidarité avec notre cause en évitant et en s'opposant à la normalisation.

En tant que dictature autoritaire, le gouvernement des EAU ne tolère pas la dissidence ou la critique de quiconque vit à l'intérieur de ses frontières, citoyen ou non. Ainsi, ses résidents ne peuvent pas contester sa décision de blanchir les crimes israéliens en cours contre le peuple palestinien, du blocus de Gaza au meurtre extrajudiciaire. (Par exemple : Ahmed Erekat a été tué par balle le 23 juin par les forces de sécurité israéliennes alors qu'il allait chercher sa mère et sa sœur pour son mariage plus tard dans la journée. Son corps n'a toujours pas été restitué).

Nous refusons la normalisation avec Israël parce qu'elle donne le feu vert au statu quo, renforce l'impunité, refuse de demander à Israël de rendre des comptes et démontre qu'il est acceptable de tuer, d'occuper, de démolir et de voler. Nous refusons la normalisation parce qu'il n'est pas normal de collaborer avec des meurtriers et des voleurs, et qu'il n'est pas acceptable de soutenir ceux qui exploitent une crise mondiale comme COVID-19 pour voler plus de terres aux Palestiniens et doubler les démolitions de maisons à Jérusalem. Il n'est pas normal de serrer une main trempée de sang palestinien. Il n'est pas acceptable d'acheter des armes et des équipements militaires à un État qui utilise des humains à Gaza comme rats de laboratoire pour estampiller "testé sur le terrain" ses exportations militaires.

Les EAU ne sont pas la seule, ni la première dictature arabe à ouvrir les bras à Israël sans obtenir de réels gains pour la cause palestinienne. L'Égypte a signé le traité de paix de Camp David avec Israël en 1979, six ans après sa défaite de 1973 dans la péninsule du Sinaï. La Jordanie a signé le traité de paix de Wadi Araba avec Israël en 1994. Les "Accords d'Abraham" entre Israël et les EAU ne contiennent cependant aucun terme qui profite au peuple des EAU ou aux Palestiniens, du moins aucun qui soit autre chose que des mots sur le papier. Dans l'annonce de son accord avec Israël, le gouvernement des EAU a déclaré : "Israël suspendra la déclaration de souveraineté sur les zones décrites dans la Vision pour la Paix du président [des Etats-Unis, ndt] et concentrera ses efforts sur l'expansion des liens avec d'autres pays du monde arabe et musulman". Cependant, Benjamin Netanyahu a tenu une conférence de presse peu après, déclarant : "Je ne retirerai pas ma souveraineté [sur la Cisjordanie ] de la table des négociations. Il n'y a aucun changement dans notre plan d'extension de la souveraineté à la Judée et à la Samarie...".

Le Dr Taysir Abdalla, enseignant et commentateur politique, a écrit sur Facebook : "Pour la deuxième nuit consécutive (*) depuis l'annonce par les Émirats arabes unis de l'accord avec l'occupation, l'occupation nous bombarde avec des avions de chasse". Puis il se demande : "Avez-vous signé un traité de paix, ou accepté de nous bombarder toutes les nuits ?"

Hasan Aldawoudi, militant influant parmi la jeunesse, a commenté l'accord avec ironie : "Après des années de guerres meurtrières entre les deux parties, les EAU et Israël signent aujourd'hui un traité de paix historique. La dernière bataille entre eux a fait mourir 30.000 humains de rire".

Nous entendons souvent le conseil "choisissez vos amis avec sagesse" de la part de nos aînés et de nos modèles. Ce conseil ne s'applique pas seulement aux individus. Depuis que des relations officieuses entre Israël et les EAU ont commencé vers 2011, dans le sillage des révolutions du "Printemps arabe", les EAU ont pris le parti de tous les oppresseurs de la région en leur apportant des fonds et un soutien militaire. Les EAU mènent actuellement un front continu avec l'Arabie Saoudite contre le peuple du Yémen, causant des morts et des déplacements massifs. Ils ont également soutenu le bombardement de la Libye par l'OTAN, alimentant une guerre civile qui perdure encore aujourd'hui. Les EAU auraient tenté de jouer les mandataires dans un coup d'État visant à renverser le gouvernement élu tunisien. En de nombreuses autres occasions, les EAU ont saboté la démocratie et la liberté dans la région arabe.

Ce n'est pas une coïncidence si les EAU ne se sont impliqués dans de telles activités que lorsqu'ils se sont associés à Israël. On pourrait en dire autant de l'Arabie saoudite et de sa répression des dissidents, qui a atteint son apogée lorsqu'un journaliste saoudien a été horriblement assassiné en 2018 après être entré dans le consulat du pays à Istanbul. Lorsque vous vous associez à des criminels, vous en deviendrez tôt ou tard la copie conforme.

La paix ne se fait pas en acceptant le statu quo ou en se contentant de demi-solutions. Il est vrai qu'on ne parvient jamais à la paix sans compromis de la part des deux parties, mais il faut toujours que justice soit rendue pour garantir une paix durable et véritable.

(*) Le 29 août, la population de Gaza était bombardée par les avions de l’occupation israélienne pour la 16ème nuit consécutive.

* L’auteur de cet article, Aziz Abuzayed, se considère comme une vieille âme imbattable, il est traducteur indépendant et professeur d'anglais. Son but ultime est de devenir ambassadeur pour représenter et assister les Palestiniens partout dans le monde. Entre autres, il aime regarder des documentaires, des films et des vidéos scientifiques. Ses amis le sollicitent pour de l'aide en matière d'informatique et de vocabulaire.
Aziz s'identifie comme un réfugié bédouin palestino-égyptien, avec une fierté absolue pour toutes ses différentes racines. Il a participé à un échange d'étudiants aux États-Unis et adore voyager et explorer le monde.




Source : We are not numbers

Traduction : MR pour ISM

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