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Israël -

Quand les morts ne comptent pas : une semaine de retenue israélienne !

Par

Tanya Reinhart est Professeur de Langues à l'Université de Tel Aviv University et l'auteur de : Israel/Palestine: How to End the War of 1948 et The Roadmap to Nowhere. Elle peut être contactée sur son site internet . http://www.tau.ac.il/~reinhart

Dans le discours israélien, Israel est toujours celui qui montre de la retenue dans son conflit avec les Palestiniens.
Ce fût encore vrai au cours des événements de la semaine dernière : Pendant que les roquettes Qassam tombaient sur la ville israélienne méridionale de Sderot, il a été "divulgué" que le Ministre de la Défense israélien avait ordonné à l'armée de montrer de la retenue.1

Lors de cette semaine de retenue israélienne, l'armée a tué une famille palestinienne qui pique-niquait sur la plage de Beit Lahya dans la Bande de Gaza ; et ensuite, l'armée a tué neuf personnes afin de se débarrasser d'une roquette Katyusha.

Mais dans le discours de la retenue, le premier massacre ne compte pas, parce que l'armée a nié sa participation, et le second a été considéré comme un acte d'autodéfense nécessaire.

Après tout, Israël est pris au beau milieu d'attaques de Qassam, et il doit défendre ses citoyens. Dans ce récit, le fait qu'Israël se limite seulement à bombarder la bande de Gaza depuis le ciel, la mer et la terre est un modèle de retenue et d'humanité que peu d'états pourraient égaler.

Mais qui conduit les attaques de Qassam sur Israël ? Pendant 17 mois, depuis qu'il a déclaré un cessez-le-feu, le Hamas n'a pas été impliqué dans le tir de Qassams. Les autres organisations n'ont généralement réussi à lancer que quelques Qassams isolés.

Comment cela a pû se transformer en une attaque d'environ 70 Qassams en trois jours ?

L'armée israélienne a une longue tradition "d'invitation" pour les salves de Qassams.

En avril l'année dernière, Sharon s'est envolé pour une réunion avec Bush dans lequel son message central était qu'on ne pouvait pas faire confiance à Abbas, qu'il n'avait aucun contrôle du terrain et qu'il ne pouvait pas être un partenaire pour des négociations.

L'armée a veillé à fournir un contexte approprié pour cette réunion. La veille du départ de Sharon, le 9 avril 2005, l'armée israélienne a tué trois jeunes sur la frontière de Rafah, qui, selon des sources palestiniennes, jouaient au football.

Ce massacre arbitraire a enflamé une vague de colère dans la bande de Gaza, qui avait été relativement calme jusque-là. Le Hamas a répondu à la colère de la rue, et a autorisé ses membres à participer aux tirs de Qassams.

Les deux jours suivants, environ 80 Qassams ont été tirés, jusqu'à ce que le Hamas restaure le calme. Ainsi, pendant la réunion entre Sharon et Bush, le monde a reçu une illustration parfaite du manque de fiabilité d'Abbas.2

Au début de la semaine dernière (le 11 juin), Olmert a lancé une campagne de persuasion en Europe pour convaincre les responsables européens que maintenant, avec le Hamas au pouvoir, Israël n'a certainement pas de partenaire.

Les Etats-Unis ne semblent pas avoir besoin d'être convaincus pour l'instant, mais en Europe il y a plus de réserves au sujet des mesures unilatérales.

L'armée israélienne a commencé à préparer le contexte dans la nuit du jeudi précédent (le 8 juin 2006), quand il "a liquidé" Jamal Abu Samhadana, qui avait été récemment nommé à la tête des forces de sécurité du Ministère de l'Intérieur par le gouvernement du Hamas.
Il était totalement prévisible que cette action menerait à des attaques Qassam sur Sderot.

Néanmoins, l'armée a commencé le lendemain à bombarder la côte de Gaza (en tuant la famille de Ghalya et en blessant des dizaines de personnes), et a réussi à attiser l'embrasement requis, jusqu'à ce que le Hamas ordonne encore à ses membres, le 14 juin, de cesser les tirs.

Cette fois, le show orchestré par l'armée a été un peu gâché. Les images de l'enfant Huda Ghalya ont réussi à ouvrir une brèche dans le mur de l'indifférence occidentale face à la souffrance des Palestiniens.

Même si Israël a toujours assez de pouvoir pour forcer Kofi Annan à faire des excuses pour avoir douté du démenti israélien, le message que le Hamas est l'agresseur dans ce conflit n'a pas convaincu cette fois-ci le monde.

Mais l'armée n'a pas abandonné. Elle semble déterminée à continuer de provoquer les attaques qui justifieraient la chute forcée du gouvernement du Hamas, avec Sderot pour payer le prix.

Bien qu'il soit impossible de comparer les souffrances des habitants de Sderot aux souffrances des habitants de Beit Hanoun et de Beit Lahiya dans le nord de la Bande de Gaza, sur qui 5.000 bombes sont tombées seulement au cours du mois dernier3, mon coeur va également vers les habitants de Sderot.

C'est leur destin de vivre dans la peur et l'agonie, parce qu'aux yeux de l'armée leur souffrance est nécessaire pour que le monde puisse comprendre qu'Israël est celui qui montre de la retenue dans une guerre pour son existence même.


Cet article a été rédigé un heure avant que l'Armée de l'Air israélienne tue trois autres enfants dans une rue bondée du nord de Gaza, le mardi 20 juin.



NOTES

1. Le lundi 12 juin, les Unes des journaux annonçaient que le ministre de la Défense Peretz avait bloqué une initiative de l'armée destinée à lancer une massive offensive terrestre à Gaza (par exemple : Amos Har’el et Avi Issacharoff, Ha’aretz, 12 juin 2006).
Dans les pages intérieures des journaux du week-end, il s'est avéré que c'était "un coup médiatique" produit par le bureau de Peretz "basé sur une consultation de sécurité tenue la nuit précédente." (Avi Issacharoff et Amos Harel, Innocents perdus, Ha’aretz, 16-17 juin 2006).

2. Cette série d'événements est documentée en détail dans mon livre The Road Map to Nowhere, qui paraîtra en juillet 2006 (Verso).

3. Alex Fishman, L'analyste sur la sécurité du Yediot Aharonot rapporte qu'au début "les bombardements d'artillerie de la bande de Gaza ont été discutés", mais ensuite, "ce qui a commencé il y a dix mois avec des dizaines de bombardements par mois qui atterissaient en terrain découvert atteint aujourd'hui des nombres astronomiques de bombardements.
La batterie qui a tiré six obus vendredi [le 9 juin] tire une moyenne de plus de mille obus par semaine sur le nord de la Bande. Cela signifie que la batterie qui a été installée là depuis quatre semaines a déjà tiré environ 5000 obus." (Yediot Aharonot – Supplément du samedi, le 16 juin 2006).

Source : http://www.palsolidarity.org/

Traduction : MG pour ISM

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