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Question d’un tocard pour Michel Rocard

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L’ancien premier Ministre de Mitterrand a commis une version apologétique des activités militaires de l’actuel gouvernement français au Mali (1). Son opinion, nullement autorisée sur l’Islam, sa prétendue crispation, ne sera pas commentée. Guère utile de relever que selon son indigente vision, cette aire civilisationnelle serait morte au rayonnement depuis que les ensembles qui s’en réclament n’ont pas accédé au technologisme assuré par les usines selon le mode de production capitaliste. Il en suggère qu’il violenterait les comportements alors qu’il s’agit d’un antagonisme où une classe minoritaire en asservit une autre majoritaire et démunie. Le colonialisme s’est déjà chargé de ce viol par les armes, il a détruit sans la remplacer par une structure harmonieuse une société qui peine encore à se reconstruire.

Question d’un tocard pour Michel Rocard

Les pays occidentaux de l’Islam qui font face à l’Europe sont entrés en déclin pour des raisons démographiques, des épidémies rapprochées de peste, et secondairement à cause de leur marginalisation économique des circuits commerciaux mondiaux. Le commerce transsaharien qui approvisionnait en or malien tout le monde méditerranéen et européen a décliné depuis que les conquistadors se sont emparés de celui du Pérou au prix d’un génocide suivi d’un sociocide. L’islam de l’empire ottoman et de l’empire moghol a continué de se porter encore pour longtemps très bien.

S’il voulait en avoir un aperçu très approximatif congruent avec les catégories mobilisées par le christianisme, l’Islam c’est le monothéisme sans la Trinité, ni l’Eucharistie, sans clergé mais aussi sans la grâce réservée à une élite élue. L’absence de clergé et la règle intangible du respect des autres monothéismes rend de ce fait l’État musulman un vrai modèle laïc.
 
La question à poser à l’ancien ministre est la suivante :
Où donc se trouve le pays habité par une majorité de Musulmans qui ne soit pas investi par ses invités occidentaux ?
 
Du Maghreb au Machreq jusqu’en Asie, les banques occidentales pressent leurs tours les unes contre les autres. Pas un investissement d’importance, ou même de moindre intérêt, qui ne soit aux mains de multinationales occidentales ou d’entreprises qui exercent leur rapine, ne contribuant en rien par l’impôt au pays où elles s’imposent comme hôte parasite.

Leur densité est sans doute moins importante en Iran, seule exception notable actuelle car même la Syrie ayant libéralisé, source réelle de ses actuels problèmes, elle accueille Coca Cola et autres manufactures de colifichets superflus. 

L’emprise politique occidentale ne s’est jamais desserrée, Mossadegh, l’extermination des communistes indonésiens avec Suharto et la CIA, les assassinats ciblés de toute personnalité charismatique comme Ben Barka, le renversement et l’assassinat de Modibo Keita en sont la rémanence criante depuis la fin des colonialismes. Mieux, les destructions par la guerre sont depuis plus d’une décennie réservées aux seuls pays musulmans sans compter la Palestine occupée sans discontinuer depuis l’octroi par la SDN d’un mandat aux deux puissances de l’époque.

Afghanistan, Irak, Pakistan, Somalie, Yémen, Libye, Syrie et maintenant le Mali.
La Jordanie, le Qatar, les Émirats arabes Unis, le Bahrein, l’Arabie Séoudite, sans doute le Maroc, le Liban avec les forces de la Finul, tous ces pays offrent généreusement des bases militaires pour l’Occident.

Ces pays d’Islam ne peuvent appeler à l’aide l’Occident, ses lumières, son régime d’usine, sa pornographie idéologique, il est déjà là.

 
Il est vrai que le plaidoyer de Michel Rocard est en faveur d’une présence européenne dans les pays musulmans. Il faut comprendre donc de préférence aux autres présences en Afrique et au Machrek. Les pays émergents ne sont pas souhaités sur les anciennes colonies françaises, mais pas non plus les USA qui font mine de se tourner exclusivement vers l’Orient mais qui vont glaner de substantiels avantages dans le sillage de leur C17, une nouvelle base au Niger.
 
Rocard se trompe de siècle. Les rivalités entre les pays européens les ont expulsés irréversiblement de leurs positions dominantes dans le monde. La prose de Jules Ferry est datée, elle s’est recouverte de moisissures qui la digèrent. Les GI’s ont recyclé ce vieux discours et l’ont enduit de la cosmétique des droitsdlhomme. Les néoconservateurs utilisent désormais le très commode islamo-terrorisme.
 
Pour en terminer avec les clichés et les fausses platitudes du personnage appointé au MEDEF, en effet derrière la fausse bonhomie se dissimule mal l’offensive idéologique qui pointe, plus que le devoir d’ingérence, plus que R2P, Rocard se fait le chantre d’un autre dispositif à inscrire dans le droit international, le devoir de civilisation.
Le plus civilisé, en agent orange qui a détruit le Vietnam, en drones qui tuent à l’aveugle tout opposant dans le monde musulman, en appareils électoraux corrompus, en réseaux mafieux alimentant des établissements financiers drogués au vol et à la spéculation, se doit d’étendre ses principes aux sous civilisés.
Rocard recommande d’oublier les croisades.
Non.
Le monde musulman exige que lui soit intégralement laissée cette mémoire.
Des bandes d’aventuriers sans terre ni occupation, financées par les embryons de banques liées à la papauté ont semé la mort dans l’Orient arabe, musulmans et chrétiens indigènes y compris furent occis en grand nombre pour leurs richesses, non pour le Saint-Sépulcre. Certains ont fait souche, d’autres, une minorité, sont retournés en Europe. Au cours de leur séjour, ils ont appris l’usage du savon, né depuis plus de mille ans à Alep, l’esprit chevaleresque, l’amour courtois et d’autres petites choses immatérielles qui font l’essence de la civilisation.
 
L’épopée de Hollande au Mali ridiculise la France. Moins de cinq cents combattants d’après les propres dires du ministre de la Défense, et des villes ‘reconquises’ car déjà abandonnées par les terribles islamo-terroristes.
Le primum movens des tensions persistera, que des forces militaires restent à demeure avec leurs exactions prévisibles sur les femmes, celles-là même qu’il fallait libérer de la chariaa, ou non.
Les difficultés de la population malienne prennent leur source dans le mode néolibéral occidental qui a pris le relais de la destruction initiale coloniale quand entre autre accomplissement civilisationnel, de petits gradés qui avaient en charge la boucle du Niger tentaient d’obliger les Touaregs à se sédentariser de force et par une famine exterminatrice.

Badia Benjelloun
7 février 2013


(1) "Et si l'intervention au Mali ouvrait la porte des réformateurs en islam", par Michel Rocard, Le Monde.fr, 05.02.2013

 
 

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