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ISM France - Archives 2001-2021

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Jérusalem -

SPARTHEID à JERUSALEM

Par

Le Professeur Klein enseigne à l’Université de Bar Illan à Tel-Aviv et fut conseiller de la délégation israélienne au sommet de Camp David en Juillet 2000. Cet essai est basé sur un discours qu’il a donné à Capital Hill à Washington en Septembre 2003 invité par Americans for Peace Now.

Au-delà de l’augmentation des zones annexées, Israel veut détruire la métropole arabe de Jérusalem et la contrôler sans l’annexer. Il désire accomplir cela avec le Mur qui englobera tous les faubourgs de Jérusalem-Est suivants : Anata, Hizma, Al Za'im, Al Ram, et Dahiat Al Barid, leur laissant seulement un lien limité avec l’arrière-pays palestinien sous forme de routes étroites ou de tunnels sous contrôle israélien. Seulement dans un nombre limité d’endroits, Israel a consenti à abandonner les faubourgs qu'il avait inclus dans "Jérusalem Uni"» en 1967 : Kafr Aqab au Nord, Arab al-Sawahara et Sheikh Sa'ad à l’Est.

Entourer Jérusalem est une ligne séduisante pour Israël depuis qu’il est construit sur la pensée sioniste de "Prenons notre destin entre nos mains", en s’engageant dans des actions unilatérales et en créant des faits sur le terrain conformément aux intérêts exclusifs d’Israël. Cette pensée a un énorme attrait en Israël et a été seulement renforcée par l’hypothèse, fausse à mon avis, "qu’il n’y a pas de partenaire pour la Paix" ou que "il n’y a personne à qui parler".
Cela a été l’hypothèse qui domine depuis l’été 2000 : il y a une grande tentation à effectuer des actions unilatérales comme instrument qui sera décisif dans la détermination des engagements et des actes de l'autre partie.


En 2002, Israël a commencé à construire des systèmes de séparation physique et électronique entre les territoires israéliens et palestiniens et dans les zones palestiniennes, semblables aux systèmes de frontières entre Israël et la Jordanie, le Liban et l’Egypte.
Sur le terrain, pour l’instant, seulement une partie a été construite mais le gouvernement avait décidé son tracé en juillet 2003 et des ordres d’expropriation de terres ont déjà été émis.


Si et quand le projet sera réalisé, cela constituera le changement le plus dramatique effectué par Israël à Jérusalem-Est depuis qu’il l’a conquis et annexé en 1967.
D’un point de vue géographique, cet ensemble de murs change de facto la frontière d’annexion.
Dans de nombreux endroits, le nouveau tracé s’étend en Cisjordanie derrière la frontière d’annexion de 1967 mais sans officiellement annexer la région.
Israël s’emploie à intégrer à Israël la Tombe de Rachel et la colonie d’Har Gilo, au sud de Jérusalem, aux dépends des secteurs appartenant à Bethleem et à Beit Jalla.


De plus, le Premier Ministre Ariel Sharon veut inclure plusieurs colonies du côté israélien de la "barrière", principalement Ma'aleh Adumim et Giv'at Ze'ev, ce qui augmentera le nombre de Palestiniens du côté israélien.

La Banque Mondiale estime qu’en plus des 200 000 habitants de Jérusalem-Est, environ 60 000 Palestiniens seront coincés entre le système de frontière qui les séparent de la Cisjordanie et les Murs qui les sépareront de l’Est et de l’Ouest de Jérusalem.

Israël n’a pas l’intention de leur accorder un droit de résidence ou des statuts et droits que possèdent les habitants de Jérusalem-Est. Il n’a certainement l’intention de leur offrir la citoyenneté israélienne qui a été rejetée par presque tous les habitants des secteurs de Jérusalem-Est qu’il a annexé en 1967. (« L’impact de la Barrière de Sémaration d’Israël a affecté les communautés de la Cisjordanie », Rapport de la Mission pour le Humanitarian and Emergency Policy Group (HEPG) pour le Comité de Coordination d’Aide Locale (LACC), 4 mai 2003, p.10, www.miftah.org/doc/reports/wallreport.pdf).


Au-delà de l’augmentation des zones annexées, Israël veut détruire la métropole arabe de Jérusalem et la contrôler sans l’annexer. Il désire accomplir cela avec le Mur qui englobera tous les faubourgs de Jérusalem-Est suivants : Anata, Hizma, Al Za'im, Al Ram, et Dahiat Al Barid, leur laissant seulement un lien limité avec l’arrière-pays palestinien sous forme de routes étroites ou de tunnels sous contrôle israélien. Seulement dans un nombre limité d’endroits, Israël a consenti à abandonner les faubourgs qu'il avait inclus dans "Jérusalem Uni"» en 1967 : Kafr Aqab au Nord, Arab al-Sawahara et Sheikh Sa'ad à l’Est. Par ce biais, environ 20 000 Palestiniens de Jérusalem-Est seront laissés du côté du Mur donnant sur la Cisjordanie , les coupant de leur familles situées à l’Est du Mur.

Dans les zones fortement peuplées où il n’y a aucune possibilité de construire un ensemble de murs et d’obstacles, Israël a l’intention de construire un Mur en béton de 8 mètres de haut.

Au centre d’Abu-dis, Israël a déjà construit un mur en béton d’environ 2 mètres de haut sur la ligne d’annexion de 1967, divisant en deux la principale route des environs. Ce mur divise la partie officiellement annexée par Israël à celle qui sera prochainement coupée de la Cisjordanie mais aussi d’Israël. Le mur plus petit sera remplacé par un Mur de 8 mètres de haut, semblable à celui qu’Israël est en train de construire près de Beit Hanina et Neve Ya'akov au Nord, et près de la Tombe de Rachel au Sud.

Au niveau des quartiers, il y aura une autonomie palestinienne pour chaque quartier ou faubourg séparé. Le contact avec le gouvernement central palestinien se fera par la venue d’un résident au point de rencontre du gouvernement central palestinien et non par des agents du gouvernement qui viendraient dans le quartier.
La surveillance israélienne sera apportée par son contrôle sur la route qui est la principale artère du faubourg assiégé. (Ha'aretz, 12 mars 2003; 19 aout 2003; 14 septembre 2003; Akiva Eldar, "Partager Jérusalem pour la Sécurité, bien sûr", Ha'aretz 19 aout 2003; Daniel Seideman, "Eriger une Barrière pour la Paix, Washington Post, 14 aout 2003;).

L’intérêt d’Israël de contrôler le côté Est du Mur va bien plus loin que le but militaire limité d'empêcher le libre accès palestinien au système de frontière pour empêcher sa destruction. Cela a un rapport avec la vision israélienne de détruire les fonctions municipales de Jérusalem-Est dans le but d’assurer une domination israélienne.

En dehors des quartiers, on peut s’attendre à un changement majeur dans la zone municipale. Il y aura un mur entre chaque quartier et le centre de Jérusalem-Est. Si le projet israélien se termine, environ ¼ de million d’habitants arabes palestiniens de Jérusalem-Est seront coupés de leur environnement social, politique, économique, culturel. Cela concerne environ 10% de la population totale palestinienne de la Cisjordanie . Les liaisons urbaines de Jérusalem-Est ont déjà été durement frappées par les mesures israéliennes depuis le début des années 1990. On peut s’attendre maintenant à ce qu’elles soient détruites.

D’un autre côté, l’accès à Jérusalem-Ouest pour certains Palestiniens qui sont aujourd’hui des habitants permanents en Israël n’est déjà pas facile. Israël a bloqué de nombreuses routes qui relient Jérusalem-Est à la Cisjordanie en creusant des fossés, en détruisant les routes et en construisant des murs et des amas de terre.

Dans le but de contrôler l’entrée et la sortie par ce nouveau mur, Israël a également mis en place 4 points permanents de passage à l’entrée de Jérusalem-Est depuis la Cisjordanie .

Tous ces points de passage n’ont pas été construits sur les limites de la ville. Ainsi, Israël a en effet exclu de Jérusalem quelques quartiers nord qui faisaient partie de la ville annexée depuis 1967, tel que Kufr Aqeb, derrière le checkpoint de Qalandia.

Un barrage routier plus au sud exclut effectivement Bait Hanina et Sho'afat de Jérusalem et les relie à Dahiat Al Barid et Al-Ram à proximité, qui n’avaient jamais été inclus dans les territoires annexés par Israël.

Ainsi, là, le terrain est prêt pour la prochaine étape du projet israélien : diviser les quartiers autonomes. Israël a construit des barrières en béton et en terre à l’entrée des quartiers de Jérusalem-Est donnant sur l’Ouest, dans le but de contrôler le traffic des quelques routes de sorties qu’Israël peut superviser.

De temps en temps, Israël place des checkpoints sur ces routes. Un ensemble de checkpoints mobiles et changeant rapidement ainsi que des inspections sont aussi occasionnellement installés près de l’ancienne frontière internationale ou de la "frontière démographique".

Ces mesures imposées par les soldats israéliens et la police sur les Palestiniens de Jérusalem-Est accentuent la différence basique de leur statut à celui des "autres". Pire encore, c’est la preuve que des démarches comme celles-ci sont prises non seulement contre les habitants de la Cisjordanie mais également contre les Palestiniens de Jérusalem-Est, même si, pour l’instant, elles sont moins rudes et moins systématiques.


Le Mur n’est pas seulement défensif. Il est agressif et dominant parce qu’il préserve le contrôle sur les secteurs palestiniens pauvres et négligés. L’Intifada, l’augmentation du chomage, la militarisation de la vie dans la ville, le manque d’autorité centralisé et institutionalisé qui peut imposer la Loi dans la majorité des secteurs de Jérusalem-Est ont déjà des conséquences graves dans des endroits tels que el-Tur, Silwan, et Ras al-Amud qui sont en train de devenir des bidonvilles.

Plus vite ce processus se poursuit, plus important sont les intérêts d’Israël de définir et de limiter "l’autre" Palestine avec une augmentation de la sévérité afin de diminuer au minimum les dégâts que cela peut occasionner à la majorité dominante.

Israël soutient que son projet d’enfermer Jérusalem améliorera le statut des Palestiniens de Jérusalem-Est. Ils préfèrent être déconnectés du régime corrompu palestinien afin de jouir des nombreux avantages économiques que le régime israélien leur offre, est l’argument utilisé par les Israéliens. 36 ans d’annexion démontent cet argument et montrent son approche coloniale classique.


Depuis le début, Israël voit les Palestiniens comme un problème démographique et une menace. L’échec d’Israël à réduire le nombre de Palestiniens dans la ville a cassé le tabou concernant le partage de la souveraineté à Jérusalem mais a également augmenté la crainte de l’ "autre" des Israéliens. Même sans la percée de l’Intifada dans Jérusalem Ouest, Israël n’a pas désiré proposer et n’a pas été capable de proposer à Jérusalem-Est cette priorité correctrice qui pourrait créer une pleine égalité sous la souveraineté israélienne.

Israël ne pourrait pas être d'accord non plus avec la transformation de Jérusalem en une ville ouverte, égale et bi-nationale qui n'appartiendrait exclusivement à aucun côté. Cela irait à l'encontre non seulement de la politique israélienne depuis 1948 mais également à l’auto-détermination de l’Etat d’Israël et du Mouvement Sioniste comme entités Juives.

D’ailleurs, Israël ne pourrait pas être d’accord sur la création d’une ville qui serait neutre, civile, nationalement « aveugle » et qui se consacrerait à fournir les besoins aux habitants, dont une partie est, bien sûr, religieuse.


Après tellement d’années de domination israélienne, il serait également difficile d’attendre des autorités israéliennes qu’elles considèrent les Palestiniens comme égaux, que ce soit au niveau de la municipalité qu’à celui de l’Etat.


Israël déclare que ses intentions sont exclusivement pour des besoins de sécurité mais sous ce prétexte le gouvernement israélien de Droite a l'intention d’amener deux faits politiques :

• d’abord, changer la réalité sur le terrain créée à Jérusalem par les Accords d’Oslo (Menachem Klein, Jerusalem, La ville contestée, New York : New York University Press 2001: 247-326) et ensuite ;
aller aussi loin que possible dans le changement des consciences créé en 2000 avec les négociations sur un arrangement permanent au sujet de Jérusalem.

En d’autres mots, Israël essaie d’enfermer le territoire et la population et développer des niveaux de contrôle sur eux, au lieu de partager l’autorité avec les Palestiniens.


Ce qu’a proposé le gouvernement Barak avec le début des négociations sur les arrangements permanents concernant le cœur urbain et historique de Jérusalem-Est (Menachem Klein, Le Problème de Jérusalem – La Lutte pour un Statut Permanent, The University Press of Florida, sorti en Novembre 2003), le gouvernement Sharon propose aux Palestiniens seulement les faubourgs lointains séparés de la collectivité de Jérusalem.

Le gouvernement de Droite essaie de contrôler la zone municipale arabe de Jérusalem en l’affaiblissant, en la coupant de sa base naturelle de Cisjordanie et en la disséquant en petites tranches.

Les Israéliens espèrent que les conditions de vies dans ces zones assiégées seront tellement difficiles que la majorité des habitants préfèreront partir. De plus, cette politique mènera à une détérioration de la situation de Jérusalem-Est qui a été annexée en 1967 et qui, depuis lors, a toujours été discriminée.

Par cette politique, le gouvernement Sharon détermine également les frontières de l’autorité d’une sorte d’Etat palestinien qu’il pourrait accepter. L’autorité de l’Etat palestinien serait faible sur la municipalité de Jérusalem et non-existente dans Jérusalem-Est.

Israël tente maintenant de réaliser, au moyen de murs destructeurs qui encercleront les quartiers palestiniens, ce qu’il avait été incapable d’accomplir depuis 1967 par une ceinture de nouvelles constructions : la construction de nouveaux quartiers Juifs autour des quartiers palestiniens de Jérusalem-Est.

De cette façon, Israël impose une égalité Arabo-Juive dans le secteur annexé en 1967.

Lors des discussions en 2000 sur un arrangement permanent, les débats se tenaient sur des modèles de partage de territoire et de contrôle entre Israël et le futur Etat Palestinien. Le gouvernement israélien de Droite n’était pas satisfait et faisait son possible pour obtenir le contrôle exclusif sur le secteur annexé en 1967.

Cela demande la destruction de la réalité démographique, urbaine et municipale qui a été développée depuis 1967 dans la Jérusalem Arabe.

La métropole de Jérusalem-Est doit être détruite en détériorant sa périphérie, en affaiblissant son centre lui-même et en le coupant de son arrière-pays naturel.

Toutes ces mesures sont destinées à pérénniser le contrôle et la supériorité des Juifs sur la Jérusalem Arabe.

Le mot le plus approprié pour cette politique est "Spartheid", l’Apartheid par les arguments et les moyens employés par la Sparte grecque.

Source : www.fmep.org/

Traduction : MG

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