Monde - 8 septembre 2009

Sur le refus de Norman Finkelstein d’aborder le sionisme lors d’un débat : Excluez la censure du débat, pas le sionisme !

Par Saja

Le 26 septembre 2008, le docteur Norman Finkelstein a donné une conférence devant un auditoire essentiellement musulman à la Maison islamique de la Sagesse, à Dearborn, Michigan. J’avais aimé plusieurs articles écrits par lui, ou sur lui. Son style était engageant et il a dit quelques généralités intéressantes – jusqu’à ce qu’il commence à donner à l’auditoire quelques conseils pratiques. Il a dit qu’alors que son travail de maîtrise traitait du sionisme, il n’entrerait pas dans « des discussions idéologiques sur qui est sioniste. » L’important était de se centrer sur les prises de positions sur la torture et les démolitions de maison.

Il a également conseillé aux Palestiniens d’être « raisonnables » et de penser à des indemnités plutôt qu’à leurs pleins droits.

Je l’ai contré sur ce point pendant la session de questions-réponses, lui disant que combattre l’occupation sans condamner le sionisme revient à combattre l’esclavage sans condamner la suprématie blanche, et que les contribuables US, qui participaient au génocide des Palestiniens (que se soit volontairement ou non) devraient avoir l’humilité de ne pas dire aux Arabes de discuter ou non de l’idéologie qui sous-tend leur dépossession. Sinon, nous ressemblerions à des geôliers.

Finkelstein s’est mis en colère et a demandé avec insistance que nous ne nous engagions pas dans des « discussions de comptoir » sur le sionisme ! Il a fait référence à Chomsky comme exemple de quelqu’un qui ne peut être considéré comme un ennemi, en dépit de son sionisme. Ensuite, il s’en est remis à l’universitaire palestinien assis à côté de lui, qui avait dit qu’il était d’accord avec lui ; que le nationalisme arabe n’était plus utile ; et qu’il soutenait même un Etat kurde ! La raison pour laquelle il soutenait le nationalisme kurde était brumeuse, le mode actuel de division qui divise un Irak déchiré par la guerre et qui sert l’impérialisme, mais pas le nationalisme arabe.

Avec toute la considération pour son courage en tant qu’universitaire qui a perdu sa carrière pour soutenir (certains des) droits des Palestiniens, Finkelstein n’est pas la première victime du sionisme. Ce sont les Palestiniens, et pour eux, discuter du sionisme n’est pas un débat de philosophe en chambre.

Suggérer aux Arabes de ne pas discuter du sioniste est inquiétant (alors que personne ne dit aux Juifs ou à Rome de ne pas discuter du nazisme, ou aux Afro-Américains de ne pas discuter de la suprématie blanche). Les dirigeants arabes qui combattent sans équivoque le sionisme sont soit martyrisés, emprisonnés, vaincus ou trahis.

Note de la rédaction :

Il est intéressant de noter que N. Finkelstein, qui était à l'initiative de la Marche de la Liberté à Gaza de janvier 2010, a démissionné du comité d'organisation lorsque celui-ci a décidé de modifier sa déclaration initiale pour y intégrer les remarques très justifiées des Palestiniens Haydar Eid et Omar Barghouthi.

Lire à ce sujet : "Les organisateurs de la Marche de la Liberté vers Gaza adoptent une déclaration de contexte".

Source : Palestine Think Tank

Traduction : MR pour ISM