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Gaza -

"La résistance unie pose ses conditions" - entretien avec Ramadan Shallah, secrétaire général du mouvement du Jihad islamique en Palestine

Par

L’entité sioniste crie aux abois. Elle veut arrêter son agression, mais garder « la tête haute », c’est-à-dire préserver sa capacité de détruire et de tuer et plonger le peuple palestinien dans la soumission. La résistance unie du peuple palestinien exige, pour cesser ses tirs sur l’entité coloniale, la fin du blocus, la reconnaissance de son droit à riposter à toute attaque future, contre les civils ou les militaires. La résistance n’est pas pressée pour signer une trêve ou un accord quelconque, sous l’égide de l’Egypte. Elle veut défendre le sang palestinien et les sacrifices de tous ceux qui sont tombés au cours de cette agression criminelle.
C’est ce qu’a annoncé le dr. Ramadan Shallah, secrétaire général du mouvement du Jihad islamique en Palestine, au cours de l'entretien accordé à la chaîne Al-Jazeera.

'La résistance unie pose ses conditions' - entretien avec Ramadan Shallah, secrétaire général du mouvement du Jihad islamique en Palestine

Le Dôme de Fer israélien (Caricature Mohamed Saba'neh)
Quelques passages-clés de cet entretien
 
« Ce qui se passe en ce moment n’est pas une guerre mais une tuerie perpétrée par Israël avec la connivence américaine occidentale et un désintérêt arabe, au moins officiel.

Notre peuple palestinien est devenu une légende à cause de sa résilience, de sa cohésion autour de sa résistance. L’ennemi mène un génocide réel, il pense qu’il peut arrêter la résistance, qui est cependant puissante et cohérente, et elle maîtrise la bataille avec fermeté et patience.

La situation est difficile à tous les niveaux, mais notre peuple palestinien mène une des plus importantes batailles de la nation.

Les buts de cette guerre ? L’ennemi lui-même ne sait pas quels sont les buts de cette guerre. Le gouvernement de l’ennemi a essayé d’aller de l’avant pour exporter ses problèmes internes, il a pris prétexte des colons disparus à al-Khalil pour régler ses comptes avec la bande de Gaza, avec ce qu’elle représente en tant que résistance, pour la conscience collective et populaire palestinienne. Il pense qu’il est en train de détruire la force de la résistance, alors qu’il apparaît, plusieurs jours après, qu’il ne peut réaliser ses buts. Il est monté sur un arbre et il ne sait plus en descendre.

Il a considéré que les conditions régionales et internationales lui permettaient d’attaquer Gaza. Mais il a été surpris par la riposte de la résistance. Ni ses services de renseignements, ni son état-major, ni ses politiciens, n’avaient prévu tout cela. Ils ont été surpris.

Qui peut jouer le rôle d’intermédiaire ?

L’intermédiaire participe à cette guerre, les Etats-Unis ont donné le feu vert. C’est pourquoi nous comptons sur nos propres forces, après Dieu, pour obliger l’ennemi à cesser son agression.

La guerre ne peut s’arrêter sans la voix de l’Egypte. A cause de la géographie, et l’implication historique de l’Egypte, personne ne peut prendre la place de l’Egypte. C’est à l’Egypte d’intervenir pour faire cesser l’agression.

Les conditions d’une trêve ?

L’ennemi veut que nous levions le drapeau blanc. En Cisjordanie , les agressions se poursuivent, même en Palestine occupée en 48. Les conditions israéliennes ne nous concernent pas, l’ennemi ne veut pas voir un peuple palestinien sur cette terre. Quant à nos conditions, en tant que peuple, nous avons le droit sur cette terre, nous revendiquons d’y vivre dignement.

L’équation trêve contre trêve est finie. En 2012, nous avions conclu une trêve dont les conditions étaient de cesser les assassinats, la suppression de la zone de séparation, l’arrêt des invasions, l’élargissement de la zone maritime pour les pêcheurs. L’ennemi n’a respecté aucune de ces conditions. Nous avions longtemps attendu et c’est pourquoi le Jihad islamique a mené il y a quelques mois la bataille « briser le silence ».

Aujourd’hui, la guerre a commencé, et nous disons cette guerre ne s’arrêtera pas sans que le blocus ne soit levé, sans que notre droit de nous défendre ne soit reconnu pour riposter à toute agression contre tout citoyen palestinien dans la bande de Gaza. Nous refusons de nous croiser les bras pendant qu’Israël mène ses agressions contre la population de Gaza. Israël est toujours un Etat d’occupation, même s’il est sorti de la bande de Gaza, il maintient un blocus.

Concernant l’Autorité palestinienne,

Yasser Arafat nous manque, au cours de cette agression. Nous aurions souhaité qu’il aperçoive ce qu’a fait le peuple de Abu ‘Ammar, de Ahmad Yassin, de Fathi Shiqaqi et tous les martyrs, de cette entité qui tremble aujourd’hui, qui est devenu un « Etat sous le feu », c’est ce qu’écrivent leurs télévisions. Et par qui ? Un million et demi de réfugiés massés dans la bande de Gaza.

Je dis au frère Abu Mazen que le peuple qui est visé à Gaza, après la formation du gouvernement d’entente, c’est le peuple placé sous son autorité, c’est pourquoi l’Autorité palestinienne doit avoir une attitude ferme, et refuser de se transformer en autorité mandataire, et poursuivre la coordination militaire. Les Etats, dans de tels cas, rappellent leurs ambassadeurs, Abu Mazen doit au moins rappeler son coordinateur sécuritaire avec l’occupant. Plus important, des mouvements s’étendent en Cisjordanie et même au sein de notre peuple (dans les territoires occupés) en 48, commencés avant l’agression, mais nos militants, du mouvement du Jihad islamique et ceux du Hamas, sont poursuivis par les appareils sécuritaires de l’occupation et de l’Autorité palestinienne à la fois. C’est pourquoi je m’adresse aux membres du Fateh et les appelle à diriger l’intifada en Cisjordanie , et nous serons tous derrière eux, mais il faut arrêter la coordination sécuritaire avec l’occupant.

Certains pensent que cette guerre ne les concerne pas parce qu’elle vise le pouvoir et l’armée du Hamas et les fusils du Hamas, mais en réalité, cette guerre vise le peuple palestinien, et toutes ses formations combattantes. C’est pourquoi nous, le mouvement du Jihad islamique, avons dit non, c’est une guerre contre tout le peuple palestinien, et nous avons pris la défense des brigades Al-Qassam, avec les autres organisations de la résistance. Nous sommes unis dans un même rang.

Il y a une décision unie pour les organisations de la résistance de poursuivre l’affrontement. La résistance est unie, du sommet jusqu’aux éléments de la base, à tous les niveaux, que ce soit sur le plan politique ou militaire. Sur le plan politique, il y a une liaison permanente entre le mouvement du Jihad islamique et le Hamas, et sur le terrain, toutes les formations combattantes coordonnent et se complètent les unes les autres. C’est la première fois qu’elles arrivent à atteindre ce degré de complémentarité et de coordination.

Sur le plan politique, nous sommes en liaison permanente avec la direction du mouvement Hamas et nous essayons d’étudier le meilleur moyen pour sortir de cette guerre avec le maximum de gains pour notre peuple, pour préserver ses capacités combatives et porter la défaite à cet ennemi, dans le sens de l’empêcher d’accomplir ses visées et ses objectifs.

Israël ne veut pas que le peuple palestinien soit uni, il était satisfait de l’état de division qui existait, il ne cherche qu’à assurer sa sécurité à nos dépends. Si l’un des buts de l’agression est d’empêcher l’unité palestinienne, le grand perdant ne sera autre que l’Autorité palestinienne qui compte toujours sur toute forme de « paix » avec Israël. L’Autorité prétend qu’il n’y a pas d’alternatives, mais aujourd’hui la résistance lui montre, en toute clarté, qu’il y a une alternative, celle d’arracher notre liberté, notre indépendance et notre dignité par nous-mêmes. Nous espérons toujours qu’il y ait réconciliation en vue d’assurer l’unité nationale, et que l’ennemi pense ce qu’il veut..


Source : Al Jazeera

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