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Au sujet du tourisme humanitaire : « Chers bénévoles en Afrique [ou ailleurs*], merci de ne venir nous aider qu’après vous être posés ces quatre questions. »

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Article paru, en anglais, sur le site matadornetwork.com/ le 6 juillet 2016.

Récemment, des recherches ont suggéré que le tourisme humanitaire pouvait faire plus de mal que de bien. Il peut nuire à l’économie locale et transformer en marchandise des enfants vulnérables. Il peut également perpétuer des stéréotypes nuisibles sur le soi-disant « tiers monde » tout en promouvant des attitudes néocolonialistes.
Je ne recommande pas le tourisme humanitaire. Mais si vous êtes décidé à visiter notre continent comme bénévole, posez-vous ces quatre questions avant d’organiser votre voyage.

Au sujet du tourisme humanitaire : « Chers bénévoles en Afrique [ou ailleurs*], merci de ne venir nous aider qu’après vous être posés ces quatre questions. »

A Port-au-Prince, en Haïti, en janvier 2013. Cette Américaine a payé pour une semaine de « bénévolat » organisé par l’association chrétienne Healing Haiti. Au programme, distribution d'eau, journée avec les orphelins et, surtout, photos souvenir.
Photo Corentin Fohlen. Divergence
(Source)

1. Feriez-vous du bénévolat à l’étranger sans caméra ?

Cette question est une paraphrase du poème de Nayyirah Waheed, « Une question d’appropriation », qui oblige les voyageurs à s’interroger sur leurs motivations.
Vos intentions vont-elles au bon endroit ? Allez-vous à l’étranger pour aider, ou allez-vous à l’étranger pour vous faire bien voir par les autres ? Voulez-vous aider les gens ou voulez-vous juste poster une photo de vous en train d’aider les autres sur Facebook ? Voulez-vous offrir vos compétences à une communauté, ou voulez-vous enrichir votre cv ?
Prenez garde de ne pas avoir le « complexe du sauveur » lorsque vous participez au tourisme humanitaire. C’est l’idée que vous, en tant que seul étranger (et peut-être non qualifié), pouvez sauver toute une communauté. Ce genre de complexe est condescendant parce qu’il implique que vous êtes un héros alors que les gens du pays sont impuissants.

2. L’agence a-t-elle les mêmes intentions et valeurs que vous ?

Même si vous êtes convaincu que vos intentions sont honnêtes, vous devez vous assurer que l’organisation avec laquelle vous travaillez possède les bonnes valeurs. Le tourisme humanitaire est une industrie en expansion, ce qui signifie que les organisations gagnent de l’argent sur la pauvreté et les souffrances des autres. Beaucoup d’ONG sont véritablement investies dans le bien-être de leurs communautés, mais d’autres – comme celles qui travaillent avec des orphelinats frauduleux – ne le sont pas.
Si vous voulez faire quelque chose de bien pour le monde, vous souhaitez soutenir une agence ou un organisme éthique. N’ayez pas peur de regarder attentivement les organismes de tourisme humanitaire avant de leur donner votre argent.

Demandez-vous :
- Quel montant de votre argent va à l’organisme, et combien va à vos frais de voyage et à votre hôte caritatif ? Si votre organisme n’est pas transparent sur ces points, demandez pourquoi.
- Utilise-t-il des stéréotypes pour commercialiser leur business ?
- Fait-il la promotion des initiatives de la communauté, ou les étrangers décident-ils de ce qui lui convient le mieux ?
- Si l’organisme offre la possibilité de travailler avec des enfants, vérifie-t-il les antécédents pour s’assurer que les touristes humanitaires n’ont pas une histoire de comportement abusif ? S’il ne le fait pas, pensez-vous réellement qu’ils se soucient des enfants qu’ils prétendent aider ?
Si votre organisation se conduit d’une manière éthique, répondre à ces questions ne devrait lui poser aucun problème.

3. Allez-vous faire plus de mal que de bien ?

Soyez réaliste quant à la façon dont votre travail affectera la population locale. Par exemple, une recherche nous dit que faire du tourisme humanitaire avec des enfants déplacés, en particulier des orphelins, est une mauvaise idée. Les enfants vulnérables ont besoin de nouer des relations stables, à long terme. C’est impossible avec les touristes humanitaires, qui ne seront présents que pour quelques mois au mieux. Les effets psychologiques du sentiment d’abandon par un touriste humanitaire sont considérables. Assurez-vous de rechercher au préalable quel effet vous avez réellement en essayant « d’aider ».

Photo


4. Avez-vous suffisamment confiance en vous pour faire ce travail dans votre propre pays ?

Il est également important de faire des projets adaptés à vos compétences, pas seulement à vos désirs. Par exemple, une activité populaire parmi les touristes humanitaires est la construction de structures. Ces structures peuvent être des maisons, des bibliothèques, des écoles ou autres édifices collectifs. Le problème ? Beaucoup de touristes humanitaires n’ont aucune compétence ou expérience dans la construction. En conséquence, ils fabriquent souvent des structures bancales qui peuvent mettre la population locale en danger.

Comme l’a écrit Pippa Biddle au sujet de ses propres expériences de touriste humanitaire, « Pendant que nous étions à l’orphelinat, nous avions pour mission de construire une bibliothèque. Il s’avère que nous, un groupe d’étudiants de l’enseignement privé hautement qualifiés, étions si mauvais en matière de travaux de construction les plus élémentaires que chaque nuit, les hommes devaient abattre les briques structurellement bancales que nous avions posées et reconstruire la structure afin que, lorsque nous nous réveillions le matin, nous ignorions notre incompétence. »

Le genre de bénévolat que vous envisagez doit dépendre de vos compétences et de vos qualifications, pas de ce que vous aimeriez faire. Au contraire, proposez votre aide aux organisations locales avec vos compétences réelles. Si vous êtes compétent en informatique et internet, proposez à l’ONG de créer son site Web. Si vous avez des compétences en comptabilité, aidez aux taches administratives. Et puis pour le travail pour lequel vous n’avez aucune qualification, donnez de l’argent pour employer des travailleurs locaux qualifiés pour réaliser ce que vous ne pouvez pas faire vous-même. Cela aide les entreprises locales tout en garantissant que les travaux seront correctement effectués.

Si vous n’avez pas suffisamment confiance en vous pour faire un travail dans votre propre pays, n’essayez pas de le faire chez les autres.


* Ajout de la traductrice.


Source : matadornetwork.com/

Traduction : MR pour ISM

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