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Palestine occupée - 30 juin 2020
Par Oraib Al-Rantawi
Que proposent aux Palestiniens les "colombes" de la coalition de droite au pouvoir en Israël ? Les médias israéliens ont divulgué une offre de Benny Gantz et Gabi Ashkenazi, du parti Bleu et Blanc. Ils sont apparemment sur le point de suggérer un échange de certains grands blocs de colonies destinés à l'annexion en échange de la modification de certaines zones de Cisjordanie de leur classement en zone C à un classement en zone A ou B, afin qu'ils puissent y établir des zones industrielles et des complexes de logements.
Grosse manifestation à Paris samedi 27 juin (d’autres superbes photos sur EuroPalestine
Israël négocie donc avec lui-même le plan d'annexion, sans impliquer les Palestiniens et les États arabes, mais en négociant contre eux au détriment de leurs droits. En fait, ils disent aux Palestiniens, nous allons de toute façon prendre une plus grande partie de vos terres, alors échangeons cette partie de vos terres contre l'autre partie de vos terres. Il ne s'agit pas d'un "échange de terres" du type de celui qui a été évoqué précédemment : une partie de la Cisjordanie où les colonies sont construites en échange, par exemple, du Triangle à l'intérieur d'Israël. Non, cette idée consiste à échanger une partie de la Cisjordanie occupée contre une autre partie de la Cisjordanie occupée. C'est une situation gagnant-gagnant pour les Israéliens, et perdant-perdant pour les Palestiniens.
Nous ne savons pas si Netanyahou a donné le feu vert à ce formidable acte de générosité de ses ministres des Affaires étrangères et de la Défense - respectivement Ashkenazi et Gantz - au sein de la coalition. Je ne sais pas non plus si la fuite est réelle ou si elle est délibérée pour tester les réactions palestiniennes. Il pourrait même s'agir d'une fabrication des médias eux-mêmes.
Quoi qu'il en soit, beaucoup de choses étranges sortent de la "dernière occupation" au monde. Je pense qu'il est juste de dire que les pays coloniaux et colonisés n'ont probablement jamais été témoins de ce genre de choses, où l'État occupant négocie avec lui-même et conclut des accords entre ses propres institutions, puis propose des échanges de ce type au peuple occupé.
Ashkenazi est comme Gantz en ce sens qu'il ne peut pas s’empêcher de se présenter sous un jour différent de celui du Premier ministre. Pas plus que le ministre des Affaires étrangères n'hésite pas à proposer de se rendre dans les capitales arabes en sa qualité de face la plus modérée du gouvernement Netanyahu, dans l'espoir d’enregistrer de nouveaux progrès dans la normalisation des relations entre Israël et ses voisins. Son but est également de jeter davantage de poudres aux yeux des décideurs et d’abattre davantage de murs arabes afin que le plan d'annexion soit adopté avec le moins de réactions de colère possible. Il peut même prétendre - et cela s'est déjà produit - que l'annexion est mise en œuvre avec le feu vert des Arabes, même des pays qui s'y opposent en public.
Gantz s'est adressé aux colons pour calmer leurs craintes : ne rejetez pas ce qui vous est présenté, leur dit-il, prenez-le et exigez davantage. Tel est le message que le ministre de la Défense, soi-disant « pacifiste », a adressé aux colons « bellicistes » et à leurs dirigeants, qui décroche ensuite son téléphone pour se présenter aux Palestiniens et aux Arabes comme un homme de paix. Il semble que Haaretz ait eu raison de décrire le parcours politique de Gantz comme allant d’opposant à Netanyahou appelant à son renversement à son larbin.
La vérité est que s'appuyer sur Gantz et Ashkenazi, les criminels des guerres d'Israël contre Gaza et le Liban, c'est essentiellement s'appuyer sur les "délirants" et les "incapables". Netanyahou est toujours le roi du jeu qui contrôle et déplace les joueurs comme des pions sur un échiquier. La dernière émanant de son bureau a été d’offrir à Gantz de succéder à Reuven Rivlin comme président d'Israël en échange de l'abandon de l'accord de "rotation" du Premier ministre qui les a réunis au sein du gouvernement.
Nous sommes à quelques jours de la fumée blanche s'élevant du complexe de prise de décision de l'État d'occupation, et nous saurons où les navires de la coalition ont accosté pour dévorer plus de terres et de droits palestiniens. Nous saurons alors comment le président américain Donald Trump va gérer une telle situation et comment il va l'utiliser pour dynamiser sa campagne de réélection. Il a déjà montré que la réélection est la chose la plus importante pour lui en ce moment, même si elle se fait au détriment des intérêts des États-Unis et de son sale morveux gâté d’allié.
Cet article est paru pour la première fois dans Addustour le 29 juin 2020.
Source : Middle East Monitor
Traduction : MR pour ISM
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