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ISM France - Archives 2001-2021

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Israël -

L'Intifada al-Aqsa : hors des cadres de la citoyenneté et à l'intérieur de la patrie

Par

Ameer Makhoul, directeur général de l'Union des associations civiles arabes - Haïfa

L'intifada al-Aqsa peut être considérée comme un événement passager dans la mesure où nous l'affirmons dans notre comportement, mais elle peut tout aussi bien être un événement décisif si nous l'affirmons et nous nous comportons ainsi avec ses implications.

En réalité, on dit que l'Etat d'Israël s'est comporté avec l'Intifada al-Aqsa, et notamment à l'intérieur de la ligne verte, en tant qu'événement décisif, non pas tant dans sa relation avec les masses palestiniennes, les citoyens de l'Etat, mais plutêt dans le comportement des autres avec cet Etat, ou par les possibilités de leur comportement futur avec lui.

Au cours de l'Intifada al-Aqsa, simultanément et sans aucune décision ou coordination des deux cêtés de la ligne verte, les Palestiniens citoyens d'Israël ont tracé leurs frontières avec l'Etat, s'affranchissant des règles et des chaînes du jeu de la citoyenneté au moment même où ils supprimaient les frontières qui les séparaient des autres composantes de notre peuple palestinien, notamment la majeure partie vivant en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, suscitant un grand espoir au sein de la troisième composante, celle de l'exil.

L'Intifada al-Aqsa se distingue par le fait que les masses palestiniennes ont le pouvoir de décider, et c'est l'un des aspects forts du peuple palestinien dans sa lutte contre Israël et le projet sioniste.

Les gens n'ont pas attendu une décision pour se soulever ou pour faire face à l'Etat, et s'ils avaient attendu, il n'y aurait pas eu d'Intifada.

Et les gens ne sont pas sortis dans la rue et les places en tant que citoyens de l'Etat d'Israël mais en tant que composante du peuple palestinien. Par leurs actions, ils ont affirmé qu'ils sont aussi une composante de la question palestinienne.

Au cours de l'Intifada al-Aqsa, nous n'étions pas "solidaires" avec notre peuple palestinien mais nous avons plutêt partagé le sort palestinien avec les autres composantes et nous avons été prêts à partager le prix à payer.

Au cours de l'Intifada, nous avons également découvert la puissance du mouvement populaire dans ses deux dimensions réunies, nationale et religieuse, pour défendre notre peuple, notre patrie et notre existence. Les gens ont porté cette énergie et l'ont accumulée assez rapidement des deux cêtés de la ligne verte.

C'est ce mouvement qu'Israël ne peut vaincre, à la différence de celui des régimes, quelle que soit l'ampleur du caractère sanguinaire et répressif et quel que soit le soutien officiel américain illimité à cette agression.



Deux voies et deux pratiques ont émergé au niveau de la direction.

L'une fut celle dans laquelle les masses se sont retrouvées et qu'ils ont suivie dans leur confrontation, et l'autre fut celle suivie par quelques responsables du comité de suivi, qui a compté sur la citoyenneté censée le protéger, et qui a vite trouvé son chemin, à l'arrière des gens et contre leur volonté bien évidemment, en direction de l'agglomération de Maale Hahmisha pour participer à ce qui s'est appelé le "Forum de Maale Hahmisha" avec des membres du conseil de la sécurité nationale,Yossi Beilin et d'autres.

La rencontre a débouché sur la décision des "quatre milliards de shekels" avec lequels le gouvernement d'Ehud Barak et ses appareils voulaient acheter le silence de nos masses et susciter l'intérêt matériel pour ramener les masses à l'action selon, et seulement, les règles du jeu de la citoyenneté et de l'égalité formelle.

Cinq ans après la rencontre du Forum de Maale Hahmisha, je considère que les gens ont le droit de savoir ce qui s'y est déroulé, qui a participé, pourquoi les participants ont considéré que les gens n'avaient pas le droit de savoir ce qui a été décidé en leur nom et loin de leur volonté.

Un des dangers qui nous guette, à l'intérieur, c'est la voie suivie au sein des milieux dirigeants et des responsables des municipalités insistant sur la nécessité de "sauver ce qui peut être sauvé", et limitant la question de notre lutte avec l'Etat à une pratique dans le cadre des règles du jeu israélien, et non dans la confrontation avec l'essence de l'Etat raciste, sanguinaire et colonial.

Ce sont les voix de ceux qui ont accouru vers le "plan des quatre milliards de shekels" qui ne diffèrent pas beaucoup des autres mensonges d'Ehud Barak, limitant les revendications à une égalité des budgets. Là auraient dû s'arrêter nos revendications.

C'est la voie qui a nourri un état d'esprit dangereux revendiquant notre séparation de la question palestinienne pour nous pencher sur "nos affaires".

C'est la voie qui a plafonné ses aspirations (et non celles des gens) à la commission Or, sur laquelle certains ont bâti leurs illusions, et qui a, dans la pratique, limité la question à notre action dans le cadre des limites du jeu israélien, à l'équation de la citoyenneté et de la loi, qui pourrait être suffisante aux yeux de l'Etat mais qui ne peut devenir le critère pour le comportement des masses d'un peuple opprimé.

C'est la voie qui a bâti ses illusions et qui a attendu les conclusions du rapport Mahash (unité d'enquête sur les policiers) jusqu'à ce qu'elle reçoive la gifle de la part de ce rapport par lequel l'Etat met fin aux illusions qui végètent parmi nous.

De là découle la revendication d'une protection internationale, refusée à l'époque par la majeure partie des forces politiques et par le comité de suivi qui n'a pas eu le courage de poser la question de la légitimité de notre conflit avec l'Etat d'Israël, nous les Palestiniens de 48.

L'Etat a profité de notre faiblesse économique, des liens absolus qui nous enchaînent à lui, en marge de l'économie israélienne, pour exercer encore plus de pression et essayer de nous ramener à l'intérieur des cadres de la citoyenneté imposée et nous arracher à ceux que nous entretenons avec notre patrie et des moyens de le défendre.

C'est ce qui accorde toute son importance aux propositions d'indépendance économique, d'auto-administration, de société autonome, pour la construction d'une structure de lutte pouvant assurer et consolider notre présence dans notre patrie.

Car il est devenu clair que la citoyenneté israélienne ne nous protège pas tout comme elle ne garantit pas notre présence dans notre patrie. Israël l'a voulue, en nous l'imposant au début des années 50 du siècle dernier, pour nous séparer de notre patrie et faire de nous des ressortissants dans "leur pays", dont l'identité, l'appartenance e t la civilisation seraient mutilés.


Dans son fondement, l'Intifada al-Aqsa a été déclenchée en tant que mouvement populaire faisant face au fondement d'Israël. C'est le soulèvement du peuple palestinien dans son ensemble.

Ce qui peut la distinguer, c'est que nous l'avons intégrée, non en tant que citoyens d'Israël mais en tant que composante du peuple palestinien, qui partage le sort et le prix palestiniens pour faire face au projet israélien sioniste.

Ce n'est pas un soulèvement revendicatif, dans le sens où nous avançons des revendications précises, mais il est un mouvement populaire palestinien s'opposant à l'accumulation de l'injustice historique, au présent et aux dangers et défis qui guettent l'avenir.

Source : www.ittijah.org

Traduction : Centre d'Information sur la Résistance en Palestine

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