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Naplouse -

L'impact de la ré-invasion israélienne sur l'environnement vivant dans la ville de Naplouse

Par

Institut de la Communauté et de santé publique, Université de Birzeit

L'instabilité politique provoquée par le siège de l'armée israélienne sur la ville garantit seulement une prolongation de la période du rétablissement, et une augmentation du potentiel pour des effets plus sérieux à long terme d'une invasion qui n'est pas terminée, mais s'est à la place manifestée de différentes manières, ayant pour résultat des violations similaires des droits de l'homme de base.

Introduction

La ville de Naplouse est l'une des plus vieilles villes au monde et est un lieu d'habitation depuis 4000 ans (Elmasri, 1996). Située à 65 kilomètres au nord de Jérusalem, Naplouse est considérée comme le principal centre d'affaires et résidentiel de la région nord de la Cisjordanie .

Sa situation primordiale augmente également sa position dans tous les futurs programmes de développement, car elle est situé au croisement de la route Jérusalem-Jénine qui va du Sud au Nord avec celle de Tulkarem-Vallée du Jourdain qui va d'Ouest en Est.

Toute la population de Naplouse, y compris les camps de réfugiés établis après 1948, représentait environ 149.818 habitants au début de l'année 2002, faisant d'elle la plus grande ville de Cisjordanie .


L'armée israélienne a ré-envahi la ville de Naplouse en début de soiée le mercredi 3 avril et s'est poursuivi jusqu'à la soirée du dimanche 21 avril 2002.

Les tanks israéliens sont entrés dans la ville de ses quatre directions en tirant à l'arme lourde en particulier sur la Vieille Ville. Elle a subi une quantité énorme de destruction et plusieurs personnes ont été arrêtées ou tuées. En plus de la Vieille Ville, les camps de réfugiés des camps de Balata, Askar et Ein Beit Alma ont été dévastés.

D'autres parties de la ville ont souffert comme des bâtiments commerciaux, des établissements, des maisons, et des véhicules ont été brûlés et détruits, principalement dans les rues Faisal, d'Al-Quds, d'Amman, du Gouvernorat, de la Municipalité et de Rafidia, entre d'autres.


Dès le début de la réinvasion, l'armée israélienne a choisi plusieurs hauts bâtiments comme postes de surveillance.
Les gens vivant dans ces bâtiments ont été tous rassemblés dans un appartement, alors que l'armée entrait dans le reste des appartements du bâtiment.

Des milliers d'habitants de la ville ont été aléatoirement arrêtés et envoyés au camp militaire de Huwwara, à 5 kilomètres au sud de Naplouse.

La majorité y ont passé entre 2 et 4 jours avant d'être libérés, alors que d'autres étaient envoyés vers des destinations inconnues. Parmi ceux qui ont été libérés, la majorité ne pouvaient pas retourner dans leurs maisons en raison du couvre-feu imposé sur la ville et ont dû rester dans les villages voisins jusqu'à ce que le couvre-feu ait été levé.

L'invasion a eu des impacts sur différents aspects de la vie dans Naplouse. Ci-dessous une courte description des problèmes et des difficultés qui ont surgi.



1- Accès aux services de Santé

Au début de l'invasion, Naplouse a été déclaré Zone Militaire Fermée. Les ambulances n'ont pas été aurotisées à se déplacer dans la ville pendant 13 jours. Pendant ce temps personne, y compris les blessés, ne pouvait atteindre les hôpitaux pour recevoir un traitement ou des médicaments.

Il y avait plusieurs rapports de femmes qui ont accouché à la maison, dans certains cas, aidées seulement par leurs maris, avec des conseils donnés par téléphone.

Plusieurs rapports ont été également faits sur la mort de nouveaux-nés sans que les parents puissent les emmener à l'hôpital pour un suivi médical approprié.

Les cadavres laissés dans les rues ont constitué un autre problème grave pour ceux qui étaient restés à l'intérieur des maisons ou sous les bâtiments endommagés, avec un couvre-feu strict rendant impossible leur enterrement immédiat.

Ce fut seulement dix jours plus tard que le couvre-feu a été levé pour la première fois et que la récupération des cadavres a pu commencer.

Ces cadavres ont été maintenus dans des grandes remorques réfrigérées pour empêcher la décomposition.

Il a été rapporté que quatre-vingts cadavres ont été placés dans les hopitaux Al-Watani et Rafidia. En raison du manque d'espace dans les réfrigérateurs, plusieurs cadavres ont pourri dans ces hôpitaux.

On a également signalé que 13 personnes sont décédées de différentes maladies telles que des crises cardiaques et des congestions, et à l'intérieur de leurs maisons en raison des conditions du couvre-feu.

Certains ont été enterrés temporairement à l'extérieur de leurs maisons dans les jardins, car les ambulances ne pouvaient pas récupérer leurs corps et les transporter à l'hôpital ou pour l'enterrement pendant le couvre-feu.

Six autres personnes sont mortes dans les hôpitaux et n'ont pas pû être enterrées jusqu'à ce que le couvre-feu soit levé.



2- Systèmes d'approvisionnement en eau

Le réseau existant de conduite d'eau de la ville de Naplouse est long d'environ 350 kilomètres couvrant la Vieille Ville et les camps de réfugiés inclus dans les limites de la ville. Pendant la réinvasion, environ 25% du réseau de distribution de l'eau à l'intérieur de la ville a été détruit.

Les principaux troncs de canalisation ont été également endommagés et trois sources d'eau majeures sur quatre ont été coupées, ayant pour résultat un manque grave d'eau.

La quatrième source d'eau, qui couvre seulement 20% de la ville, a continué son approvisionnement.

Cette situation a continué pendant une semaine, après quoi la coordination a commencé entre la municipalité et les autorités israéliennes pour entamer les opérations d'entretien pour le réseau d'approvisionnement en eau. Après 11 jours de dévastation, la municipalité a pu pomper l'eau des quatre sources qui alimentent la ville en eau.

Les opérations d'entretien continuent encore (en date du 30/4/02), et on peut facilement voir l'infiltration de l'eau principalement dans les rues de la Vieille Ville.


Jusqu'à la date de l'interview, il restait quelques secteurs dans la Vieille Ville où la municipalité ne pouvait pas estimer les coûts de destruction du réseau d'eau en raison des quantités énormes de débris des bâtiments détruits, et le processus de nettoyage est encore en cours.

Le coût préliminaire du système d'eau détruit est d'environ 1,5 millions $.



3- Eaux d'égouts

La réinvasion israélienne a eu comme conséquence la destruction du système d'eaux d'égout, qui couvre l'ensemble de naplouse.

Le coût de cette destruction a été estimé à 100.000 $. La majeure partie de la destruction se situait dans la Vieille Ville, et on s'attend à ce que l'évaluation de la destruction augmente de manière significative après l'enlèvement des débris de la rue de la Vieille Ville.

En plus, il y a quelques dégâts de lignes du système d'égouts et des trous d'homme dans différents endroits de Naplouse, tels que les rues Faisal, Al-Quds, Askar, Asera, et Til.

Il est bien connu que le drainage insatisfaisant des eaux usées et sa distribution entre les maisons, particulièrement en cas de manque d'eau, a un impact sur la santé.



4 – Réseau d'électricité

Dans les réseaux de l'électricité, les dommages ont été enregistrés dans les transformateurs, les réseaux aériens de ligne à haute tension, les réseaux de câbles à haute tension (dus au creusement dans les rues), les principaux réseaux de basse tension comprenant des poteaux, les réseaux de branchements, les réseaux de consommateur, et des compteurs électriques.

Le courant électrique a été coupé dans le secteur est de Naplouse, qui représente environ 65% de la ville, dès le début de la ré-invasion. La coupure du courant électrique sur l'ensemble du secteur est s'est poursuivi jusqu'à la fin du troisième jour de la ré-invasion.

Après cela, il y a eu des efforts de coordination entre la municipalité et l'armée israélienne pour la réparation et l'entretien des réseaux électriques, et cela a duré jusqu'au 11ème jour de la ré-invasion, quand la majeure partie du réseau a été réparée.

À cette date, il restait des parties limitées du secteur Est sans électricité.


Dans le secteur ouest de la ville, le courant électrique a été coupé de nombreux endroits, et comme dans le secteur Est, la réparation, et l'entretien ont commencé après le troisième jour de la ré-invasion. Vers la fin du septième jour, le courant électrique était presque rétabli pour tout le secteur Ouest de la ville.

Dans la vieille ville de Naplouse, le courant électrique a été coupé dès le début de la ré-invasion. La réparation et l'entretien ont commencé après le septième jour et continuent encore.



Les remarques suivantes liées aux problèmes de distribution directe sont significatives:

- On observe le manque de matériel. Les magasins manquent de matériels nécessaires pour de nouveaux projets et même pour des besoins de maintenance

- Les travailleurs qui vivent dans la Zone C ne peuvent pas être présents à leurs postes ou sont retardés dans leur arrivée à leur travail.

- Plusieurs sous-stations et réseaux ont souffert des bombardement israéliens. Les dommages sont estimés à environ 308.000 $.

- Tous les points de raccordement avec la Compagnie d'Electricité Israélienne (CEI) sont dans le secteur C, que les membres du personnel ne peuvent pas atteindre pour des besoins de maintenance ou de gestion (collecte de données etc..).

- Le Département de l'Electricité fournit des services à 18 villages et villes. Cependant, les membres du personnel ne peuvent pas fournir des services (entretien, nouveaux raccordements etc...) à ces consommateurs, et une maintenance peut nécéssiter plusieurs jours.
L'absence des releveurs de compteurs et des surveillants du réseau dans les villages avait encouragé des personnes à pratiquer des raccordements au réseau illégaux (fraude à l'électricité).



5- Déchets solides

En raison du couvre-feu continu imposé à la ville, en particulier pendant les 10 premiers jours de la ré-invasion, de grandes quantités de déchets solides ont été accumulées et laissées dans les rues ou à l'intérieur des maisons.

Cette situation a eu comme conséquence la prolifération des mouches, des insectes, et des rongeurs. Évidemment, l'impact sur la santé publique de ce phénomène est sérieux.

Après 3 jours du prétendu retrait militaire israélien de Naplouse, presque 80% de déchets solides ont été rassemblés et débarassés, et le processus de nettoyage continue toujours.


Quant aux déchets médicaux, ceux-ci ont été seulement collectés après les 16 premiers jours de la ré-invasion. Les déchets médicaux ni n'ont été séparés ni débarassés de façon appropriée, et ils ont été gérés comme les déchets solides domestiques, ajoutant d'autres risques à la santé de la population.



6- Approvisionnements en nourriture

Il a été remarqué dans les interviews avec de nombreux propriétaires de supermarchés que les produits de base manquants en raison de la ré-invasion de la ville de Naplouse étaient la farine et le lait en poudre.

On a rapporté que ceux-ci, en plus d'autres articles, tels que les produits laitiers et la levure, sont insuffisants dans les grands supermarchés du centre de la ville.

La situation était différente dans les supermarchés répartis dans d'autres secteurs de la ville.

Les propriétaires de ces supermarchés ont rapporté qu'il y avait un manque grave de produits alimentaires quand le couvre-feu a été levé pendant deux heures après les 10 jours de la ré-invasion.

En outre, il est important de noter qu'il n'y avait aucun taxi ou service de transport en commun pour atteindre le centre de la ville depuis les différents secteurs pendant ces deux heures. Par conséquent, la majeure partie des personnes vivant loin du centre ne pouvait pas atteindre les grands supermarchés pour acheter leurs produits.

De plus, un fait important que la plupart des produits alimentaires frigorifiés dans les supermarchés et dans les maisons ont été abîmés en raison des longues périodes de coupures de courant électrique.




7- Médicaments et Lait maternisé


Basé sur des entrevues avec plusieurs pharmaciens, il est apparu clairement qu'il y avait deux catégories de pharmacies concernant la disponibilité des médicaments et le lait des enfants en bas âge :

1. La première catégorie était celle des pharmacies qui ont normalement d'importants stocks de médicaments, et certains ont leurs propres entrepôts. Ces pharmacies n'ont rapporté aucun manque significatif de médicaments ou de lait pour enfants en bas âge (maternisé)


2. La deuxième catégorie a rapporté des manques dans certains types de médicaments, particulièrement des médicaments pour des maladies chroniques, allant de 20 à 70 sortes. En outre, ils ont rapporté un manque de 3 à 6 sortes de lait infantile.

Ces pharmacies ont signalé que les insuffisances venaient principalement parce que le circuit d'approvisionnement des principaux distributeurs est devenu irrégulier avec le couvre-feu et le siège imposés sur la ville.

D'ailleurs, l'interruption de l'électricité pendant une période d'entre 3 à 19 jours a eu comme conséquence la détérioration de différentes sortes de médicaments, en particulier de l'insuline et des hormones



Le siège et le bouclage stricts imposés par l'armée d'invasion israélienne à Naplouse et dans d'autres villes et villages palestiniens ont eu comme conséquence la perte considérable de vies en plus de la destruction grave de l'infrastructure de base nécessaires à la vie dans un bon environnement sanitaire.

La prévention préméditée de l'accès à la population de la ville à tous les types de traitement médical, couplés à l'interruption grave de l'eau, de l'électricité et les systèmes d'élimination des déchets ont entrainé des menaces sérieuses à la santé.

Les effets à long terme de ces violations des principes de base de la protection d'une population sous occupation ne peuvent pas être évalués jusqu'à l'enlèvement total des gravats de la Vieille Ville en plus de l'arrêt de toutes les hostilités israéliennes, y compris le siège rigoureux.


L'instabilité politique provoquée par le siège de l'armée israélienne sur la ville garantit seulement une prolongation de la période du rétablissement, et une augmentation du potentiel pour des effets plus sérieux à long terme d'une invasion qui n'est pas terminée, mais s'est à la place manifestée de différentes manières, ayant pour résultat des violations similaires des droits de l'homme de base.
Ainsi toute reconstruction prévue pour le futur proche est non seulement infaisable et intenable, mais également impossible à réaliser à moins que cette occupation militaire se termine.



References :

1. El-Masri M. I, F. 1996. Gestion et stratégies d'approvisionnement en eau pour la ville de Naplouse. Thèse en Génie Civil de MSc, Université de Newcastle sur Tyne, U. K.

2. Bureau Central des Statistiques Palestinienc, PCBS, 1999. Population des communautés palestiniennes, 1997-2010. Ramallah-Palestine.

3. Interview avec le représentant de la Société du Croissant Rouge Palestinien à Naplouse, 30/4/2002.

4. Interview et rapport interne du directeur du Département des Sapeurs-Pompiers, Municipalité de Naplouse, 24/4/2002.

5. Interview et rapport interne du directeur du Département de l'Eau et du Drainage Sanitaire, Municipalité de Naplouse, 24/4/2002.

6. Interview et rapport interne du directeur du Département d'Electricité, Municipalité de Naplouse, 24/4/2002.

7. Interview avec le directeur du Département de Santé, Municipalité de Naplouse, 25/4/2002.

8. Observations du terrain.

Source : http://213.244.124.45/Emergencey%20Publications/Issam%20Report.htm

Traduction : MG pour ISM

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