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ONU - 22 septembre 2011
Par Nizar Abboud
Le chef de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas (Abu Mazen) et la délégation non négligeable qui l'accompagne à New-York doivent encore décider de la procédure de candidature palestinienne pour l'admission en tant qu'Etat membre de l'ONU. Celle-ci doit être présentée au Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon après qu'Abbas se soit adressé à l'Assemblée Générale vendredi. Lors d'une rencontre lundi entre le Premier ministre de l'Autorité palestinienne Salam Fayyad et les représentants des Etats donateurs, à laquelle a également participé Danny Ayalon, le vice-ministre israélien des Affaires Etrangères, Ayalon a dit clairement qu'Israël exercerait des représailles économiques si les Palestiniens maintenaient leur candidature d'Etat-membre à l'ONU. Ayalon a prévenu que "toute aide et coopération futures seraient sérieusement et irrémédiablement compromises."
Le Secrétaire général des Nations-Unies Ban Ki-moon (2ème à droite) rencontre Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne (à gauche) aux Nations Unies, le 19 septembre 2011. (Photo: AFP - Timothy A. Clary)
Le ministre norvégien des Affaires étrangères, Jonas Gare Store, qui présidait la rencontre, a pour sa part déclaré que "il est urgent, comme nous, donateurs, le constatons, que les négociations politiques reprennent." Ce qui a été interprété comme un signe que les donateurs européens, tout en étant partie prenante, en théorie, d'un Etat palestinien, cherchaient des justifications pour déférer à Israël et aux Etats-Unis la candidature à l'ONU.
L'administration états-unienne, de plus en plus perturbée par l’insistance d'Abu Mazen sur la question, a entrepris des efforts diplomatiques frénétiques pour que la demande soit bloquée au Conseil de Sécurité, dont la composition actuelle est relativement favorable à Israël (1). Washington pourrait simplement opposer son veto s'il y avait vote, mais elle ne veut pas être seule à encourir le courroux arabe et islamique. Elle préfèrerait impliquer aussi ses alliés.
L'Allemagne a déjà dit qu'elle voterait contre la candidature d'un Etat palestinien au Conseil de Sécurité, au motif que cela doit passer par des négociations. La Grande-Bretagne serait l'objet de fortes pression pour adopter la même position et amener la France et le Portugal - les deux autres membres de l'Union européenne du Conseil - sur la même ligne. La déclaration faite après la rencontre des donateurs semblerait confirmer que c'est ce qui s'est passé.
Les Etats-Unis auraient donc besoin de 3 votes "non" ou d’abstentions de plus au Conseil de Sécurité pour être sûrs que le résolution ne soit pas votée. 7 membres - la Russie, la Chine, le Liban, l'Inde, l'Afrique du Sud, le Brésil et le Nigeria - ont dit qu'ils soutiendraient la candidature palestinienne. La Colombie, un Etat clientéliste virtuel qui dépend des Etats-Unis pour la coopération sécuritaire et autres aides, s'abstiendra et il est difficile d'imaginer que la Bosnie-Herzégovine fasse autrement. Bien que l'opinion publique du pays soutienne la cause palestinienne, l'ex-république yougoslave est redevable à l'OTAN pour son indépendance et le gouvernement peut penser qu'il a les mains liées. Le vote sera donc suspendu à la décision du Gabon, un pays africain pauvre qui fait l'objet de pressions massives de la part des Etats-Unis sur la candidature sans le contre-poids du moindre encouragement arabe à la soutenir.
Aller au Conseil de Sécurité est donc un pari pour Abu Mazen. Il pourrait encore prendre une décision de dernière minute et opter pour la voie plus facile de l'Assemblée Générale, qui requérait le soutien de 129 pays ou une majorité des deux-tiers des 193 membres des Nations-Unies.
Riyad Mansour (au centre), ambassadeur palestinien aux Nations-Unies, avec Majed Abdulfattah (à gauche), Basem al Baz (2ème à droite) et Ahmad Dari (à droite) porte un siège palestinien symbolique à une réunion avec le Président de l'Assemblée générale des Nations-Unies Nassir Abdulaziz Al-Nasser dans les locaux de l'ONU à New York. (Photo: AFP - Stan Honda)
On s'attend à ce qu'Obama contourne le sujet lorsqu'il s'adressera à l'Assemblée jeudi, se centrant plutôt sur des préoccupations mondiales comme la maladie ou autres crises régionales comme la crise syrienne. Sa position actuelle est en contraste frappant avec celle de l'année dernier. "Lorsque nous reviendrons ici l'an prochain, nous aurons un accord qui conduira à un nouveau membre des Nations-Unies, un Etat de Palestine souverain et indépendant," avait-il dit lors de son discours à l'Assemblée générale. Son administration essaie maintenant désespérément d'éviter les conséquences de son incapacité à tenir sa promesse. Il a fait tout ce qu'il pouvait pour contrecarrer la candidature des Palestiniens au Conseil de Sécurité pour une adhésion pleine et entière à l'ONU - ou, à défaut, à l'Assemblée générale pour un statut d'observateur.
Les Palestiniens faisant pression tandis que la session de l'Assemblée générale de cette année se met en route, l'ancien ambassadeur républicain US aux Nations-Unies, John Bolton, a appelé Obama à imiter la première administration Bush lorsque l'OLP cherchait une reconnaissance internationale en 1989 : menacer de couper les fonds américains à toute organisation des Nations-Unies qui rehausserait le statut de l'OLP.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Ehud Barak ont entretemps fait une visite à Washington et à New-York pour s'assurer de la loyauté de Washington tout au long du processus. L'administration US a essayé auparavant de dissuader les Palestiniens en envoyant Dennis Ross et David Hale avec une nouvelle proposition de reprise des négociations sur la base des frontières de 1967, avec des échanges de terre qui compenseraient les "changements démographiques" causés par les colonies israéliennes.
Le Secrétaire général des Nations Unies avait visiblement peu à dire sur le sujet après une réunion, dimanche, avec le Quartet pour le Proche-Orient. La semaine dernière, il avait envoyé un courrier à l'AP pour lui expliquer que c'était aux pays, individuellement, plutôt qu'aux Nations-Unies de reconnaître la Palestine en tant qu'Etat.
(1) Le Conseil de sécurité des Nations Unies se compose de 15 membres :
- 5 membres permanents (ayant droit de veto) : la Chine, les Etats-Unis, la Fédération de Russie, la France, le Royaume-Uni.
- 10 membres non permanents élus par l'Assemblée générale pour un mandat de deux ans : l'Afrique du Sud, l'Allemagne, la Bosnie-Herzégovine, le Brésil, la colombie, le Gabon, l'Inde, le Liban, le Nigéria, le Portugal
Source : Al Akhbar
Traduction : MR pour ISM
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