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Israël -

La crise politique d'Israël ne se produirait pas sans la résistance palestinienne violente

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04.07.2016 - La fracture politique au sein de l'establishment israélien fait maintenant la une de Politico (1), dans un article (2) décrivant les "héros" de la guerre israélienne comme la force la plus modérée du pays, arc-boutée contre l'extrême-droite de Benjamin Netanyahu. Ecrit par un Israélien, l'article est typique de notre couverture grand public dans sa centralité israélienne, son adoration des généraux israéliens et de leurs médailles pour actes de bravoure, et l'absence totale des voix palestiniennes.

La crise politique d'Israël ne se produirait pas sans la résistance palestinienne violente

Poster de Ahmad Kawazba, Alaa Abed Kawazba, Muhannad Kawazba et Khalil al-Shalalda, jeunes Palestiniens du village de Sa'ir, près d'Al-Khalil, en Cisjordanie occupée, tués tous les quatre le 7 janvier 2016 par les forces du régime sioniste d'occupation
(Photo: Adam Horowitz)

Le fait que les Palestiniens soient absents de la couverture US-israélienne ne signifie pas qu'ils sont absents de la scène politique israélienne. En fait, la grande scission qui a lieu au sein de l'establishment israélien ne se serait pas produite sans les Palestiniens jouant un rôle : la résistance violente.

Passons en revue les événements qui ont précipité le tournant politique (comme l'a chroniqué Yakov Hisch) : le 24 mars dernier, l'assassinat d'un Palestinien gisant à terre inconscient par un médecin israélien, capturé par une caméra, a choqué le monde entier ; la détermination des dirigeants militaires de juger le médecin pour homicide involontaire ; le soutien écrasant en faveur du médecin de la part des juifs israéliens et du gouvernement Netanyahu, au point que Netanyahu a appelé le meurtrier "l'un de nos enfants" et a téléphoné à sa famille ; le discours en avril de Yair Golan, chef d'Etat-Major adjoint, disant qu'Israël faisait penser à l'Allemagne nazie dans son intolérance envers les non-juifs ; la démission du ministre de la Défense, Moshe Ya'alon, après que Netanyahu l'a convoqué pour qu'il désavoue Golan et qu'il a refusé ; le remplacement de Ya'alon par un idéologue raciste, Avigdor Lieberman ; un discours de Ya'alon disant que le leadership israélien contient les "graines du fascisme" ; un discours prononcé par l'ancien Premier ministre Ehud Barak, disant que Netanyahu a été pris en otage par la droite et n'a aucune intention de garantir l'avenir du pays en établissant un Etat palestinien, et de nombreux articles disant que Netanyahu sera pris en main, d'un point de vue politique, par un général israélien ou un autre.

Ce furent des événements marquants dans l'histoire sioniste. Et même s'ils sont résolus dans un an ou deux, par un gouvernement encore plus à droite ou un gouvernement qui fait un véritable effort pour créer un Etat palestinien (probablement un bantoustan), c'est une erreur de faire crédit à des juifs israéliens pour effectuer ces changements. L'establishment sécuritaire israélien a avalé beaucoup des couleuvres de Netanyahu auparavant, et depuis des décennies il a souscrit aux massacres, aux persécutions et à l'apartheid contre les Palestiniens.

Qu'est-ce qui fait que cette fois, la ligne a été franchie ? La diabolisation totale du peuple palestinien par Netanyahu (et ses propagandistes) comme des sous-hommes qui ont juste la haine des juifs dans le sang. Ce degré d'incitation ethnocentrique rend impossible pour l'establishment sécuritaire de contrôler l'occupation, il transforme le conflit en une bataille religieuse et raciale qui ne peut que dégénérer en formes de violences plus extrêmes.

Donc maintenant, il y a une crise au sein de l'establishment israélien, et beaucoup mettent en garde que le projet sioniste tout entier est en danger. Il est temps (parce que dans son ordre rigide de suprématie juive, le sionisme est un anachronisme).

Je veux à nouveau souligner que les juifs n'ont pas eu grand chose à voir là dedans. Cette crise n'aurait pas eu lieu sans intervention palestinienne ; et dans ce cas, l'intervention palestinien fut la série d'attaques que certains appellent l'Intifada des couteaux, qui a éclaté en octobre dernier, des attaques isolées et non coordonnées à l'aide de couteaux, de voitures ou de fusils qui, à aujourd'hui, ont coûté la vie à environ 40 israéliens et a entraîné les meurtres de plus de 200 Palestiniens, un grand nombre d'entre eux par exécution extrajudiciaire.

Beaucoup de ces Palestiniens sont salués comme martyrs, comme je l'ai vu par moi-même lors de mes voyages dans les territoires occupés en janvier ; je suis sûr qu'il est impossible de critiquer ces Palestiniens à l'intérieur de la société palestinienne, alors même qu'ils sont traités de "terroristes" en Israël et bien sûr supposés "liés à ISIS" par le New York Times.

Ces gens ne sont pas des héros pour moi parce qu'ils ont causé des effusions de sang et des souffrances ; mais je ne veux pas ici faire de la morale, juste décrire la réalité israélienne. Et quiconque a étudié l'histoire sait que les attaques terroristes sont un outil essentiel des révolutions. Les sionistes ont contraint les Britanniques à abandonner le contrôle de la Palestine en 1947 par une série d'attentats terroristes, dont la destruction d'une aile de l'Hôtel King David qui a tué 91 personnes. Nelson Mandela a officiellement embrassé la tactique du "terrorisme" dans le but de faire tomber le régime d'apartheid en Afrique du Sud. La Guerre Civile, qui a libéré les esclaves et tué 600.000 personnes, a été précipitée par l'attaque terroriste de John Brown contre un Etat raciste en 1859. Aujourd'hui, cet endroit et la ferme de Brown dans le nord de l'Etat de New-York sont des lieux honorés parce que Brown détestait tant l'esclavage. Et il avait dit qu'il ne pouvait prendre fin que dans "beaucoup de sang".

En Palestine, ce fut une prétendue attaque au couteau contre les soldats de l'occupation israélienne, à Hébron, le 24 mars qui a conduit aux tirs, dans la rue, sur deux Palestiniens, tous les deux âgés de 21 ans, suivis par l'exécution filmée de l'un d'eux, Abdel Fattah al-Sharif. Al-Sharif a sacrifié sa vie pour une cause plus grande, et semble avoir fait progresser cette cause. Al-Sharif a déclenché la crise politique israélienne.

Bien sûr personne ne peut dire où conduira cette crise. L'article d'Amir Tibon dans Politico (2) suggère que le coup d'Etat politique des généraux israéliens échouera et que les Etats-Unis devront s'habituer à "une nouvelle réalité dans l'Etat juif", dans lequel des fanatiques de droite dirigent le pays dans un avenir prévisible. J'ai bon espoir qu'il y aura un véritable changement dans la politique israélienne, conduisant vers un avenir non-sioniste (inévitable). Ou sinon, la solidification politique de l'extrémisme israélien conduira les juifs américains, et donc le gouvernement des Etats-Unis, à couper tout lien avec un Etat paria.

Mais quelque chose a été enclenché, et le crédit appartient aux martyrs/terroristes palestiniens. J'aimerais ne pas avoir à dire cela, j'aimerais que le monde et les Israéliens se soient réveillés aux avertissements sur le fascisme de cette société il y a des années, lancés par d'innombrables écrivains de conscience, qui furent alors tous calomniés ou ignorés par l'intelligentsia sioniste ; j'aimerais que la structure du pouvoir états-unien ait embrassé les moyens non violents de pression d'Israël - Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) il y a des années.

Mais ce n'est pas ainsi que va le monde. C'est par la violence que les humains réalisent des changement historiques.


(1) Politico est une source d’information de l’actualité de la Maison Blanche, du Congrès américain et de la politique gouvernementale des États-Unis. (source Wikipedia).
(2) "Netanyahu vs. the Generals", Amir Tibon, Politico.com, July 3, 2016.


Source : Mondoweiss

Traduction : MR pour ISM

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