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Gaza - 8 juin 2014
Par Sanaa Kamel
La version en anglais de cet article est une traduction de l'édition en arabe.
6 juin 2014 - Les affaires palestiniennes demeurent un casse-tête en dépit de la réconciliation entre la Cisjordanie et Gaza. Tous les fonctionnaires dépendent maintenant d'un seul gouvernement qui leur fournit tout sauf leurs salaires. Ceci a conduit à un "raid" qui s'est terminé par la fermeture des banques.
(photo Ashraf Amra IBA)
Jeudi soir tard, une querelle a éclaté entre les employés du gouvernement démissionnaire de Gaza d'un côté, et les employés du gouvernement d'unité (anciennement de Ramallah) de l'autre. Tout a commencé lorsque les "employés du Hamas" ont protesté sur la façon dont leurs homologues peuvent retirer leurs salaires des distributeurs automatiques de billets, alors qu'eux-mêmes vivent sur des "demi-salaires" depuis ces neuf derniers mois. Les accrochages se sont propagés aux banques et aux guichets automatiques dans plusieurs endroits de la Bande de Gaza, jusqu'à ce que la police du Hamas intervienne pour mettre fin à quelques combats et annonce la fermeture des banques pour les protéger.
Des sources bancaires à Gaza ont dit à Al-Akhbar que leur personnel est en "travail partiel" jusqu'à ce que le différend soit résolu et leur sécurité assurée, sans indiquer si les banques rouvriront après le week-end de vendredi-samedi. On peut remarquer que la protestation des fonctionnaires et l'intervention de la police ont eu lieu presque en même temps. Cela pourrait être le signe d'un accord tacite pour créer un problème de manière à arrêter le versement des salaires du mois de mai déboursés par le gouvernement d'unité, pour tenter de détourner l'attention des salariés du secteur public à Gaza. L'information n'a été ni niée ni confirmée par la police, qui a simplement dit à Al-Akhbar qu'ils sont obligés de sécuriser les banques.
Toutefois, le responsable d'un service de sécurité lié au Hamas a annoncé que les protestations continueront jusqu'à ce que leurs salaires soient payés, exactement comme ceux des autres. Préférant rester anonyme en raison de la sensibilité de la situation, il a dit à Al-Akhbar, "il y a une volonté de fermer les banques jusqu'à ce que la crise soit résolue." Le responsable n'a pas précisé si les forces de sécurité avaient reçu des ordres sur cette question ou s'il s'agissait d'une action spontanée des forces de police, qui ne perçoivent pas régulièrement leurs salaires.
Des policiers continuent de garder les banques au moment de la rédaction de cet article. Selon Iyad al-Bazm, porte-parole du ministère de l'Intérieur et de la Sécurité nationale, la mesure vise à empêcher que le problème ne s'aggrave et "à protéger les établissements bancaires". Mais il a précisé que la décision revient à la banque et aux autorités financiers.
D'un autre côté, l'expert juridique Mostafa Ibrahim a décrit la situation comme un "raid sur les banques". S'adressant à Al-Akhbar, il a soutenu que ce fut une "initiative planifiée et non l'action d'un individu ou de groupes d'employés du Hamas qui ont le droit de recevoir leurs salaires." Il a ajouté que "le Hamas est nerveux et veut transmettre un message clair disant que la question des salaires doit être résolue. Cependant, il faut attendre que ses fonctionnaires fassent partie intégrante de l'autorité, conformément à l'accord d'unité."
Pour Ibrahim, il ne fait aucun doute que le Hamas a signé l'accord en sachant que les salaires de ses employés seraient garantis et qu'ils seraient placés sur les listes des employés de l'autorité nationale."
"Le Hamas ne s'est pas volatilisé et n'a pas laissé son personnel appeler à l'aide. Je pense qu'ils ont reçu des assurances du président Mahmoud Abbas sur la question. Cependant, il est clair que l'Autorité nationale palestinienne n'était pas prête et qu'elle a créé une crise pour négocier avec le Hamas, laissant les employés sans salaire ce mois-ci."
Néanmoins, les fonctionnaires vivant dans des conditions difficiles à Gaza refusent d'entrer dans une nouvelle spirale de querelles. Pour eux, la réconciliation ne signifie pas de revenir à la situation de 2006 et 2007, avant la scission, lorsqu'ils ont passé des mois sans salaire. "Ce n'est pas de notre faute," a expliqué Mohammed Abu Sabha, un employé qui est payé par Ramallah. "Les employés du Hamas doivent ressentir notre douleur. Ils souffrent comme nous et le problème de leur salaire n'est pas nouveau. Cela fait des années que ça dure. Il faut qu'ils attendent un mois ou deux que le problème soit résolu." Assis près du guichet automatique de la Banque de Palestine, il a dit à Al-Akhbar : "J'espère que le problème sera résolu dans les prochaines heures, afin que nous puissions retrouver nos familles et nos enfants."
"Pourquoi devrions-nous attendre si nous faisons tous partie du même gouvernement ?" a répondu, en colère, Ibrahim al-Sassa, employé de Gaza. "Ceci consacre la division et viole ce qu'ils ont convenu." Il a commencé à crier, "aucun de vous n'aura un shekel si nous ne touchons pas nos salaires légitimes." Après s'être calmé, il a déclaré à Al-Akhbar, "c'est une farce et nous ne permettrons pas ça. Nous servons notre peuple depuis sept ans, alors que d'autres restent assis à la maison et reçoivent leurs salaires régulièrement."
Les dirigeants du Hamas ont évité de répondre aux appels sur la question, indiquant que le gouvernement d'unité est responsable de la situation à Gaza puis qu'il est responsable de ses employés. Le Jihad Islamique a adopté une position modérée par l'intermédiaire d'un de ses responsables, Khaled al-Batsh, qui a convenu que le gouvernement d'unité doit payer les salaires sans discrimination. Toutefois, il a condamné le fait que la situation soit traitée à l'extérieur des banques et a exprimé ses craintes que cela conduise au chaos.
Le porte-parole du Hamas, Sami Abu Zuhri, a défendu les actions menées à l'extérieur des banques. "Les employés de Gaza sont en colère parce qu'ils sont victimes de discrimination et sont privés de leurs salaires," a-t-il écrit sur Facebook. "Le gouvernement d'unité doit assumer ses responsabilités." La réponse est venue de Ihab Bsiso, du gouvernement d'unité, qui a dit que son gouvernement "traitera tous les gens sans discrimination. Mais les salaires payés avaient été budgétisés et approuvés avant la réconciliation."
Il semble cependant que le Hamas ait remporté sa bataille pour les salaires de ses employés. Il a publié un communiqué de presse jeudi soir annonçant que l'Emir du Qatar, Tamim Bin Hamas Al-Thani, s'est engagé à soutenir le gouvernement d'unité en payant les salaires, en particulier de ceux qui travaillent pour l'ancien gouvernement de Gaza. L'ex-Premier ministre Ismail Haniyeh "a discuté avec Tamim par téléphone et demandé au Qatar de soutenir le gouvernement d'unité pour qu'il s'acquitte de ses obligations financières."
"L'Emir du Qatar a répondu à l'appel d'Haniyeh, en particulier en ce qui concerne les salaires des employés de Gaza," a-t-il poursuivi. Le communiqué indique également qu'Haniyeh a parlé au Premier ministre du gouvernement d'unité, Rami Alhamdulillah, "expliquant ce qui s'est passé avec Tamim" et demandant à Alhamdulillah d'aller à Doha dès que possible "pour mettre en place un mécanisme de soutien du budget du gouvernement pour qu'il puisse s'acquitter de ses obligations."
Source : Al Akhbar
Traduction : MR pour ISM
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Sanaa Kamel
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