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France - 18 juillet 2015
Par Etat d'Exception
« J’croyais que c’était le moteur, l’engrenage, la roue.
C’est juste le fouet et les bottes, pour forcer l’écrou. »
Rocé, On s’habitue (Top départ).
Question – A l’heure où tout devrait nous y pousser, pourquoi sommes-nous si peu à nous organiser collectivement pour nous défendre ? Qu’est-ce qui fait que si peu d’immigré-e-s, d’enfants d’immigré-e-s, de Noir-e-s, d’Arabes, de pauvres, de banlieusards, ne s’engagent pas plus que ça ?
Les ravages du néolibéralisme, son individualisme exacerbé, la mise en concurrence de tou-te-s contre tou-te-s, le racisme, le sexisme, la ghettoïsation, la pauvreté, la violence d’Etat… sont des outils puissants pour casser les solidarités, isoler, contrôler, surveiller, punir.
Et parmi ces outils dévastateurs, il en est un dont on ne parle jamais. Il apparait chaque fois que nous nous posons ces questions simples : qui nous met des bâtons dans les roues chaque fois qu’on essaie de s’organiser ? Quels sont les critères qui font que tel collectif est toléré, telle lutte soutenue ? En somme : qui détient les moyens de production de la lutte ?
Cabale – Depuis des années, bien avant le lancement de ce site en mars 2012, nous sommes plusieurs à être l’objet d’attaques répétées, injurieuses et calomnieuses, qui nous mettent en danger et mettent en danger nos vies de famille, professionnelles, militantes, et les collectifs dont nous sommes ou étions membres.
Des attaques personnelles, qui ne visent jamais les actions que nous menons ni les idées que nous défendons. L’objectif n’est pas d’argumenter ou de convaincre. Il est de salir et de détruire. De nous éliminer politiquement.
Des attaques faites sous le manteau et jamais portées sur la place publique, rendant ainsi impossible toute discussion, tout échange. Sans pouvoir connaitre les tenants et les aboutissants de ces attaques, ni d’où elles proviennent exactement, la rumeur devient perpétuelle.
Police politique – Cette diffamation permanente ne vient pas des institutions, de l’extrême-droite, des « soraliens » ou de quelconques officines sionistes, mais bien des milieux censés être les plus proches de nous : la gauche antiraciste et ses relais (indigènes, féministes, racisés, intersectionnels…). Tous différents, parfois même en concurrence, mais tous interdépendants.
Un petit milieu dont les membres s’érigent en police politique du militantisme et s’autorisent à décider qui parmi nous peut militer, qui est fréquentable et qui ne l’est pas, qui est sexiste, antisémite, homophobe… En somme, à choisir qui fait ou non partie du club.
Ce privilège exorbitant de décider qui peut militer ou non, s’étend bien entendu aux luttes : laquelle pourra exister, laquelle sera mise en lumière, bénéficiera de relais militants, de ressources, de tribunes médiatiques, et laquelle sera ignorée, boycottée, dénigrée.
Diaspora militante – Détenteurs du monopole des moyens de production et de diffusion de la lutte, ces commissaires politiques se comportent en héritiers. Protégés par des appareils politiques, en contact avec des chercheurs, des élus, des journalistes, des artistes, ils doivent leur survie politique et leur visibilité à leur seule appartenance à cette diaspora militante.
Peu nombreux, coupés de leur milieu, ils font corps et privilégient l’entre-soi des échanges virtuels, des soirées, concerts et mondanités militantes. Véritable cour avec ses monarques attitrés, valets, courtisans, bouffons et intrigants, la valeur d’un propos ou d’un acte y est fonction de son auteur, rarement du propos ou de l’acte lui-même.
Délaissant le travail de terrain, adeptes des raccourcis médiatiques et/ou de la fuite en avant théorique, ils vivent en marge de populations dont ils disent défendre les intérêts. Les opprimés dont ils parlent tant ne sont qu’un moyen pour arriver à leurs fins : les actions qu’ils entreprennent si bruyamment ne profitent le plus souvent qu’à eux et à leur carrière.
(...)
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Source : Etat d'Exception
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