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Israël - 7 octobre 2020
Par Odeh Bisharat
05.10.2020 - Selon l'historien Adam Raz, dans son livre "Le pillage des biens arabes dans la guerre d'indépendance" (Maison d'édition Carmel, en association avec l'Institut Akevot pour la recherche sur le conflit israélo-palestinien ; en hébreu), le Premier ministre David Ben-Gourion a déclaré en juillet 1948 : "Il s'est avéré que la plupart des Juifs sont des voleurs." C’est ce qui m’a rendu le plus furieux dans l'article d'Ofer Aderet, qui a fait la critique du livre.
Après tout, si cet homme était responsable de l'expulsion d'environ 800.000 Arabes, comment s'attendait-il à ce que ses subordonnés se comportent ? Sauver le mobilier des expulsés dans des cartons, le blé dans des greniers, les chèvres dans des enclos et l'or dans des coffres-forts - jusqu'au retour des expulsés ?
Ce sont les larmes de crocodile du père de la nation, dont l'hypocrisie a embarrassé même les crocodiles. Avec tout le respect dû à la conscience de Ben-Gourion, le pillage est un petit changement comparé à l'expulsion massive, à la destruction de centaines de villages pour les couvrir de forêts. L'ancien poète arabe a dit : "Si le maître de maison bat le tambour, ne reproche pas aux garçons de la maison de danser."
Ben-Gourion a torpillé les initiatives visant à organiser la collecte des biens arabes afin de permettre à chacun de participer, selon Raz. La nation entière est un front, la nation entière pille. Dans ce cas, c'est le crime majeur perpétré contre ces gens. Raz écrit que les pillages ont transformé les pillards en personnes ayant un intérêt direct à empêcher le retour des Arabes. Car si vous avez pillé les biens d'une famille arabe, vous avez moins de motivation pour les laisser revenir.
Avec l'aide généreuse de Ben-Gurion, la génération fondatrice est devenue une génération de pillards. Et nous ne gaspillerons pas nos mots sur le pillage des terres arabes, qui s'est fait par le biais de décisions officielles. Comme nous le savons, la confiscation des terres est une directive hautement patriotique.
Je lis, et je suis stupéfait : L'Etat qui n'était pas encore établi, et qui était en danger existentiel, comme on nous l'a clairement expliqué, a trouvé le temps et l'envie de piller des tapis, de siroter du champagne et de déguster du caviar pendant ces heures terribles ? "En combattant et en conquérant d'une main, les combattants ont trouvé de l’autre le temps de piller, entre autres des machines à coudre, des tourne-disques et des vêtements", selon Zeev Yitzhaki, qui a combattu dans le quartier de Halisa à Haïfa.
Une main combat, et l'autre pille. Apparemment, le premier Rambo était un fier Palmachnik. Ils n'ont pas seulement combattu l'ennemi arabe, les unités de l'armée se sont battues entre elles pour l'attribution des zones de pillage.
À mon avis, le livre de Raz détruit le récit sioniste selon lequel les Juifs sont venus dans un pays sans peuple. Un rapport de 1949 parle des résidents arabes qui ont fui et abandonné "une quantité énorme de biens dans des centaines et des milliers de maisons, de magasins, d'entrepôts et d'ateliers, abandonnant les céréales dans les champs et les fruits dans les jardins, les vergers et les vignobles".
Il est surprenant de voir comment toute cette abondance s’était créée d'elle-même, sans population. La Palestine était pleine de bonnes choses, "le lait et le miel coulaient à flot en Palestine".
Les dimensions du pillage sont aussi importantes que l’abondance palestinienne, dans tous les domaines. Dans les villages palestiniens, les habitants n’avaient pas de grandes difficultés. Ils savaient comment cultiver le blé, ils connaissaient les techniques agricoles, ce qui a même suscité l'étonnement des experts britanniques, selon le livre de Nimer Murkus : "Le fellah [agriculteur] palestinien est un enfant de la nature, qui a compris les vicissitudes du climat et a su quand planter, quand récolter et quand prendre soin du sol et des animaux qu'il possédait".
Le livre de Raz nous permet de conclure que les réalisations de l'État étaient basées en partie sur les trésors des Palestiniens qui ont été expulsés et sur les réparations de l'Allemagne, qui ont fait progresser l'économie israélienne de plusieurs décennies. Et plus tard, sur les investissements américains et l'argent des donateurs juifs, qui rêvaient d'un pays humain qui profiterait à ses citoyens et ne flagellerait pas ses voisins.
Il est donc temps de mettre fin au mantra raciste concernant le "cerveau juif" - après tout, il est comme n'importe quel cerveau humain.
Qui sème le vent récolte la tempête : aujourd'hui, le pays est dirigé par un leader qui est mis en accusation pour trois crimes graves. Et si la partie tordue du bâtiment ne se redresse pas depuis ses fondations, c’est l'homme politique de droite Naftali Bennett qui va faire un bon jusqu"au sommet de la pyramide.
Source : Haaretz
Source : Days of Palestine
Traduction : MR pour ISM
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