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Jérusalem - 29 juillet 2016
Par Annie Robbins
Il ne faut jamais gaspiller une bonne crise (*). C'est la première pensée qui m'a traversé l'esprit lorsque j'ai lu le titre de Israel National News (1) : "Nous profitons des élections aux Etats-Unis pour construire" : "Nous profitons du prochain changement de gouvernement aux Etats-Unis pour faire avancer des projets qui avaient été bloqués," a dit Meir Turgeman, chef du Conseil municipal pour la planification et la construction et maire-adjoint. Une autre source a ajouté que "Le silence du Premier ministre sur cette question est un feu vert, pour ce qui nous concerne."
Le village palestinien de Beit Iksa dont l'existence même est menacée de nettoyage ethnique par l'expansion sioniste en Palestine occupée
Israël saisit la moindre occasion pour étendre ses colonies illégales sur la terre palestinienne, et la période des élections états-uniennes ne fait pas exception. Jerusalem Online a repris le thème, avec l'article "Accélération des constructions à Jérusalem à cause des élections aux Etats-Unis". Les articles affirment que des responsables de la Municipalité de Jérusalem ont dit à Channel 2 News que les plans de construction de 57 nouvelles unités de logements sur la ligne verte, dans la colonie de Ramot, à Jérusalem Est occupée, ont été accélérés à cause de la saison des élections américaines et "l'accélération du processus n'est pas une coïncidence."
L'an dernier, lorsque le Comité national de planification (VATMAL) a approuvé une énorme expansion de Ramot (1.638 logements sur 4 ha), des écologistes ont fustigé le projet, disant qu'il constituait une menace pour l'environnement. Même le maire de Jérusalem, Nir Barak, a dit qu'il "porterait un préjudice grave à la ville." Et en mai dernier, l'ingénieur en chef de la municipalité, Shlomo Eshkol, a décrié le programme parce qu'il "ne suit pas les directives du plan de rénovation urbaine."
Ramot renforce le rétrécissement continu du village palestinien assiégé de Beit Iksa. Des lecteurs se souviennent peut-être que nous avons écrit sur Beit Iksa auparavant, lorsqu'Israël a saisi 40 ha supplémentaires de terres du village pour prolonger le mur, annexant de fait environ 1.200 ha de terre agricole convoitée, couverte d'oliveraies et de vignes.
Capture d'écran de Beit Iksa et Ramot sur Google Maps
Beit Iksa est maintenant complètement encerclée par le mur illégal et la majorité de ses terres est coupée du village, dont 150 ha sur lesquels les colonies illégales ont déjà été construites.
En 2014, l'armée israélienne a annoncé qu'elle allait confisquer 1.280 ha supplémentaires à Beit Iksa. Le chef du village, Saada al-Khatib, a dit que le village allait devenir "une prison de 1.000 ha", parce que Israël a bloqué la vieille route qui reliait jadis Beit Iksa à Jérusalem et maintenant, des ordres militaires n'autorisent les villageois à entrer et sortir que par un checkpoint installé sur la seule route qui mène au village (photo ci-dessous).
Et quand les forces militaires sont arrivées à Beit Iksa pour distribuer les ordres de confiscation, ils ont donné aux villageois "jusqu'au 31 décembre 2017 pour rester sur leur terre." Les soldats leur ont montré des cartes avec les nouvelles zones à confisquer et leur ont dit qu'elles seraient utilisées "à des fins militaires".
Les ordres ont été signés par le commandant militaire israélien en Cisjordanie . Les responsables israéliens ont nié que ceci soit arrivé le lendemain même, et puis ont rapidement annoncé des plans de construction de 200 logements supplémentaires à Ramot (finalement augmentés pour aller jusqu'à 600 nouveaux logements) - fournissant ainsi au porte-parole du Département d'Etat américain Jen Psaki l'occasion de fustiger les projets d'expansion coloniale illégale "malheureuse" d'Israël deux fois en 10 jours. Les Etats-Unis venaient juste de tancer Israël pour avoir annoncer l'intention d'ajouter des centaines de nouveaux logements à Ramat Shlomo, juste à côté de Ramot.
C'est la zone qu'Israël envisage d'étendre sous couvert des élections aux Etats-Unis. Quel homme politique états-unien osera critiquer Israël pendant une campagne électorale ?
L'automne dernier, le Jerusalem Post a rapporté que Netanyahu espérait passer l'expansion des colonies à Jérusalem-Est "sous le radar" pendant que le monde était focalisé sur les attaques terroristes à Paris. Ne jamais gaspiller une bonne crise.
(*) Phrase attribuée à Winston Churchill.
(1) israelnationalnews.com
(2) jerusalemonline.com
(3) mondoweiss.net
Source : Mondoweiss
Traduction : MR pour ISM
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