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Palestine/Iran -

Le retour du Hamas dans l'Axe de la Résistance

Par

Article publié le 7 février, sur le site en anglais d'Al-Akhbar.

L'Iran et le Hamas ont presque normalisé leur relation, même si le leader du Hamas Khaled Meshaal ne s'est pas encore rendu à Téhéran. Les deux bords ont eu de longues discussions ces derniers jours, qui ont culminé avec la remise, par la délégation du Hamas, des requêtes de sa branche militaire, les Brigades Al-Qassam, notamment des demandes de livraisons d'armes iraniennes pour préparer tout futur conflit.

Le retour du Hamas dans l'Axe de la Résistance

Téhéran, février 2012 - L'Ayatollah Ali Khamenei, guide suprême iranien, accueille chaleureusement Ismail Haniyeh, Premier ministre palestinien du gouvernement Hamas élu démocratiquement et à la majorité absolue aux élections législatives de janvier 2006 (Photo: AFP)
L'expérience politique du Hamas avec les soi-disant "Arabes modérés" et ceux qui sont proches des Frères musulmans a fait la preuve que le soutien iranien à la cause palestinienne et à la résistance à l'occupation israélienne a plus de constance. Selon les dirigeants du Hamas, la dernière attaque israélienne sur Gaza - la troisième en six ans - a montré que l'axe des Arabes modérés, avec lesquels l'organisation a tenté d'établir des relations plus étroites, était contre le Hamas pendant la guerre.

En conséquence, des réunions entre les dirigeants du Hamas et les responsables impliqués dans la question palestinienne à Beyrouth et à Téhéran se sont intensifiées après la fin de la guerre. A Téhéran, l'Iran et le Hamas sont parvenus à ce qu'on a appelé un "mémorandum d'entente." Peut-être le point le plus important, parmi ceux sur lesquels porte le mémorandum, est d'empêcher que le conflit syrien n'affecte la relation entre le Hamas et l'axe de la résistance, ni qu'il ait des répercussions sur le financement et l'armement de la résistance palestinienne - en particulier les Brigades al-Qassam - avec des armes sophistiquées pour faire face à toute nouvelle attaque. Au cours des derniers jours, les médias israéliens ont annoncé à plusieurs reprises que la République islamique a repris l'envoi d'argent au Hamas "après deux ans d'interruption."

Pour les Palestiniens, ce mémorandum d'entente est le résultat d'une "longue évaluation interne du Hamas" qui est arrivé à la conclusion que "la plupart des pays arabes ont pris position contre le Hamas dans la dernière guerre." C'est la raison pour laquelle un dirigeant du Hamas a déclaré : "Nos intérêts requièrent que nous soyons aux côtés de ceux qui nous fournissent des armes." En tant que tel, la délégation du Hamas a demandé à l'Iran d'armer les Brigades Al-Qassam avec des roquettes sol-sol et des missiles anti-aériens.

Une source bien informée sur les détails de la visite a dit, "Les Iraniens ont accepté notre demande à cause de notre expérience de la guerre et une évaluation du cours qu'elle a pris a confirmé que nous avions besoin de missiles guidés pouvant toucher des cibles à l'intérieur d'Israël et provoquer davantage de dégâts. Des roquettes tirées à l'aveugle ne peuvent plus le faire."

Ces missiles sont devenus une nécessité pour les combattants d'Al-Qassam, qui ont l'intention de s'entraîner et de s'armer comme si une guerre éclatait demain. Les responsables du Hamas s'attendent à "une guerre avec l'ennemi dans un proche avenir en raison de la pression sur les Gazaouis." Sami Abu Zuhri, porte-parole de l'organisation, l'a suggéré hier lorsqu'il a déclaré : " La poursuite du siège va pousser le Hamas à des actions qui pourraient être décrites comme folles."

Outre le besoin en armes, la discussion s'est centrée sur la position des pays arabes contre le Hamas et le rôle qu'ils ont joué dans le prolongement de la guerre à Gaza. En outre, ils ont discuté des pressions saoudiennes sur le Qatar pour qu'il rompe les relations avec les Frères Musulmans, malgré les assurances réitérées de Doha aux dirigeants du Hamas que leur relation bilatérale ne serait pas affectée par ces pressions. Tout ceci a incité le Hamas à se repositionner, et le groupe a depuis fait de gros progrès tant avec l'Iran qu'avec le Hezbollah. Aujourd'hui, la seule étape restante est la visite à Téhéran du Président du bureau politique Khaled Mechaal.

Les mêmes sources disent que "la visite a failli avoir lieu mais elle a été retardée en raison d'un désaccord entre Téhéran et le Hamas sur la détermination du programme de la visite." Le Hamas veut que Meshaal reçoivent un véritable accueil. "Une visite dans laquelle Abou al-Walid (Meshaal) ne rencontrerait pas le leader suprême (Khamenei) et le président serait comme prier sans faire ses ablutions," a dit un responsable du Hamas. Les Iraniens ont réaffirmé à la délégation en visite que "Meshaal recevra un accueil digne de son statut." Cependant, la crainte du Hamas que cette rencontre n'ait pas lieu "a repoussé la visite jusqu'à ce qu'ils soient sûrs que Abu al-Walid rencontre le chef suprême." Les sources continuent : "Nous n'exigeons pas ceci pour Meshaal, en soi, mais parce qu'il représente un mouvement qui a une présence importante sur le terrain." Mohammed al-Daïf, leader Al-Qassam, a répondu avec une lettre de condoléances au Secrétaire général du Hezbollah, le Sayyed Hassan Nasrallah. La lettre a cependant déclenché une tempête politique à l'extérieur et même à l'intérieur du Hamas, au point de nier l'existence du courrier.

Le langage de la lettre voulait montrer la chaleur de la relation entre les mouvements de résistance libanais et palestinien, en plus de la stratégie qu'ils sont en train de mettre au point pour de futures confrontations avec Israël. Daïf a écrit : "Toutes les forces de la résistance de la nation doivent mener leur prochaine bataille unies comme un seul homme, et leurs tirs doivent se croiser au-dessus de notre terre occupée." Ces mots ne sont pas simplement de la poésie. Après tout, ils sont envoyés de chef militaire à chef militaire. Chaque mot dans le courrier est pensé et pesé, en particulier parce qu'Israël surveille Daif depuis la tentative d'attentat perpétrée contre lui. Par conséquent, soulignent les sources, "lorsque Daif dit 'il faut que leurs tirs se croisent au-dessus de notre terre occupée', il parle sérieusement. Lorsque Nasrallah dit que l'axe de la résistance est un, de l'Iran à la Palestine, lui aussi parle sérieusement." A Beyrouth, les deux parties essaient de consolider leur relation et d'apaiser les tensions entre leurs partisans. C'est pourquoi le Hamas va réunir ses cadres dans les prochains jours pour "les rééduquer, afin de diminuer la tension au sein de la base de soutien," selon un responsable du parti. Ces réunions entre les dirigeants et les cadres du Hamas ne sont pas limitées au Liban. Le projet est d'engager un processus de "rééducation" partout où le Hamas est présent.

Des sources au sein du Hamas reconnaissent que "la visite en Iran a été facilitée par Nasrallah et par le secrétaire-général du Jihad Islamique Ramadan Shallah, qui ont travaillé ensemble à l'amélioration des relations avec le Hamas." Un observateur dit : "L'approche rationnelle et la stratégie à long terme de la direction iranienne signifient que le soutien iranien au Hamas ne cessera pas à cause de leur désaccord sur la Syrie." Il ajoute : "La République islamique ne peut pas abandonner les Brigades al-Qassam, même si Téhéran est en désaccord avec le bureau politique de l'organisation."

Le Hamas, cependant, est confronté à des difficultés internes qui entravent son retour dans l'axe de la résistance, en particulier de la part de ses partisans à l'intérieur de la Syrie et du mouvement salafiste à Gaza. Ses partisans en Syrie ont créé des pages Facebook vilipendant le Hamas pour avoir entrepris cette mutation, et faisant valoir que l'organisation "trahit la volonté du peuple syrien," alors que des attaques étaient portées contre Meshaal par les forces syriennes opposées à cette démarche.

Des sources au Hamas soulignent que toutes ces voix, "indépendamment de leurs postes ou de leurs étiquettes ne sont pas en résonance avec la direction du mouvement, qui a pris la décision unanime de consolider les relations de l'organisation avec l'axe de la résistance quel qu'en soit le prix." Ils soulignent que "des mesures disciplinaires ont été prises contre eux et qu'ils seront tenus officiellement pour responsable (...). Quant à ceux qui sont proches du mouvement salafiste, nous ne sommes pas responsables d'eux et ils n'ont aucune incidence sur l'amélioration des relations."




Source : Al Akhbar

Traduction : MR pour ISM

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