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Palestine occupée - 13 juillet 2019
Par Quds News Network
07.07.2019 – Le village de Safsaf (« saule » en arabe) figure à la page 490 de la dernière édition de « All That Remains » de Walid Khalidi, un livre fondamental qui répertorie les 418 communautés palestiniennes détruites et que leurs habitants ont fuies pendant la Nakba. Un témoignage palestinien décrit le jour où les forces sionistes se sont emparées du village et ont raflé ses habitants en octobre 1948 :
« Alors que nous étions en file, quelques soldats juifs ont ordonné à quatre filles de les accompagner pour porter de l'eau aux soldats. Au lieu de cela, ils les ont emmenées dans nos maisons vides et les ont violées. Environ soixante-dix de nos hommes ont eu les yeux bandés et furent abattus l'un après l'autre, devant nous. Les soldats ont pris leurs corps et les ont jetés sur le sol en ciment de la source du village et ont jeté du sable sur eux. »
Jeudi, Haaretz a publié une enquête de Hagar Shezaf largement partagée, sur la façon dont les autorités israéliennes dissimulent systématiquement les documents d'archives relatifs à la guerre de 1948, même après leur divulgation officielle. Tout commence par un historien israélien qui tombe sur un document rédigé en novembre 1948 par l'ancien chef de cabinet de la Haganah il y a quatre ans. La note, qui a été découverte par le nouvel historien Benny Morris dans les années 1980, est également citée dans le livre de Khalidi :
« Safsaf - 52 hommes ont été capturés, attachés les uns aux autres, fosse creusée, hommes abattus. 10 bougeaient encore. Des femmes sont venues demander grâce. Corps retrouvés de 6 hommes âgés. Il y avait 61 corps. 3 cas de viol, un à l'est de Safed, fille de 14 ans, 4 hommes abattus. Ils ont coupé les doigts à l'un d’entre eux avec un couteau pour prendre la bague. »
Il est étrangement réconfortant de voir que l’événement est officiellement reconnu par les Israéliens. Comme le montre l'excellent article de Shezaf, et grâce au travail vital d'Akevot, une organisation israélienne qui s'efforce d'élargir l'accès du public à la documentation sur le conflit conservée dans les archives gouvernementales et privées, ainsi qu'à d'autres historiens qui ont découvert ces documents, la recherche d'archives a montré de façon irréfutable que les forces sionistes ont consciemment perpétré des actes violents et brutaux contre les Palestiniens afin de faciliter leur expulsion.
Même c'est une mauvaise nouvelle, de telles archives ont une grande utilité pour ce qu'elles représentent essentiellement des « aveux » de responsables des crimes inhumains qu’ils ont commis – des crimes que nient encore Israël et ses partisans.
Pourtant, pour de nombreux Palestiniens, les réactions perplexes face à ces découvertes peuvent être exaspérantes. Ils nous rappellent comment des milliers de témoignages palestiniens et des décennies de recherches menées par des Palestiniens s'écharnent à provoquer la moindre vaguelette dans le discours général sur l’histoire d’Israël, alors que quelques documents israéliens peuvent rapidement soulever une tempête.
La connaissance de cette disparité est l’une des principales raisons de la politique obstinée d’Israël vis-à-vis des archives : comme le dit un responsable à Shezaf, les autorités continuent délibérément de cacher ces documents afin de « miner la crédibilité des études sur l’histoire du problème des réfugiés [palestiniens]. » Et beaucoup se laissent encore prendre.
Ce deux-poids deux-mesures cruel sur qui a « la permission de raconter » le conflit a déjà été évoquée - et, semble-t-il, il doit être soulevé encore et encore. Le monde doit constamment rattraper ce que les Palestiniens ont toujours su de la Nakba.
De nombreux Palestiniens lisant à propos de Safsaf dans Haaretz sont probablement allés chercher leurs copies de « All That Remains » ou d’autres collections, en supposant à juste titre qu’ils retrouveraient les mêmes faits consignés plusieurs années auparavant. Les descendants des survivants de Safsaf connaissent probablement cette histoire déchirante par cœur, après l'avoir entendue de la bouche de leurs grands-parents. Comme tous les Etats coloniaux, Israël craint les fantômes de ses origines sombres et violentes. Les Palestiniens sont ces fantômes vivants. Écoutez ce qu'ils ont à dire.
Source : Quds News Network
Traduction : MR pour ISM
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