Fermer

S'inscrire à la mailing list ISM-France

Recevez par email les titres des derniers articles publiés sur ISM-France.

Votre adresse courriel

Fermer

Envoyer cet article

Votre adresse courriel
Envoyer l'article à
Votre message
Je profite de l'occasion pour m'abonner à la newsletter ISM France.
ISM France - Archives 2001-2021

Imprimer cet article Envoyer cet article
Article lu 1420 fois

Jérusalem -

Notre fille a été tuée dans un attentat-suicide...

Par

Mais c’est la terreur de l’occupation israélienne qui est la cause de sa mort.
Un grand auto-collant “Libérez la Palestine !” occupe le centre de la porte d’entrée des Elhanan. Non. Ce n’est pas une maison palestinienne, dans les territoires occupés... Chose remarquable, cette maison est située dans un quartier aisé du quartier juif de Jérusalem. Elle appartient à un couple dont la fille, Smadar, a été tuée (à l’âge de quatorze ans) par un kamikaze palestinien.

Bien loin de s’abandonner à la revanche et à la haine, Nurit Elhanan et Rami, son époux (ils ont cinquante-deux ans l’une et l’autre) se battent pour la paix.

Ils mènent une campagne pour la fin de l’occupation israélienne des territoires palestiniens, occupation qu’ils qualifient de “cancer entretenant la terreur”.

Nurit, titulaire d’un doctorat de linguistique de l’Université hébraïque de Jérusalem, m’a dit : “Aucune vraie mère ne peut nourrir une seule seconde l’idée de se consoler en tuant l’enfant d’une autre mère. Israël est en passe de devenir un cimetière d’enfants. On est en train de faire de la Terre Sainte un terrain vague.”


Son mari, Rami, graphiste, acquiesce : “Si pour chaque enfant israélien tué aujourd’hui on décide d’aller demain tuer un enfant palestinien, il n’y aura jamais de solution.”

“Notre fille a été tuée à cause de la terreur que représente l’occupation israélienne. Chaque victime innocente, d’un côté comme de l’autre, est victime de l’occupation. L’occupation, c’est un cancer qui nourrit le terrorisme palestinien.”

La semaine dernière, après deux attentats-suicides et une fusillade qui ont coûté la vie à trente Israéliens, Israël a durcit sa politique de répression militaire. Il en a résulté la mort de Palestiniens innocents - cinq enfants, dans la seule journée de vendredi dernier !

Rami : “Quand j’ai appris la mort d’enfants palestiniens à Jénine, j’étais atterré, de la même manière que je l’avais été la veille en apprenant la mort de nombreux Israéliens tués par un attentat-suicide. Les Palestiniens souffrent et pleurent exactement comme les Israéliens. Eux et nous, avons le même sang : il est rouge.”

Certains accusent le couple de faire l’apologie des kamikazes. Durant un meeting pour la paix, un Israélien les a qualifiés de “traîtres gauchistes”, trouvant intelligent d’ajouter : “quel dommage que vous n’ayez pas sauté avec votre gamine !”


Smadar a été tuée dans un double attentat-suicide palestinien perpétré à Jérusalem en septembre 1997. Il était trois heures de l’après-midi, le jour de la rentrée des classes. Elle était en train d’acheter ses livres scolaires avec deux de ses camarades proches. Horrifiés, les clients de la librairie tentèrent d’échapper à la première bombe, mais ce fut pour se retrouver face au deuxième terroriste, qui déclencha alors son engin infernal, provoquant un carnage.


Smadar a été tuée sur le coup, ainsi qu’une de ses camarades. L’autre resta dans le coma pendant six mois. Cinq ans ont passé, mais la douleur est encore trop vive pour les parents, qui ne peuvent en parler.


Rami, dont le propre père a survécu à Auschwitz et dont les grands-parents, tantes et oncles ont tous disparu dans l’Holocauste, me dit : “la douleur d’avoir perdu notre chère enfant est insupportable, mais notre maison n’est pas un foyer de haine. Vous pouvez, bien sûr, vous abandonner à votre malheur et ne rien faire à part attendre la mort... Mais vous pouvez aussi essayer de vous rendre utile.” “Nous avons cherché à rencontrer des gens comme nous, qui ont vécu la même chose que nous, mais de “l’autre côté”. Aujourd’hui, nous avons beaucoup d’amis palestiniens, des parents, qui ont perdu un enfant, ou plusieurs, eux aussi. Nous sommes en position de pouvoir. Nous ne pouvions garder le silence. Nous devons informer le monde extérieur. C’est notre malheur qui nous donne cette énergie”.


D’aucuns avancent l’argument que mettre fin à l’occupation ne permettrait pas de mettre un terme aux attentats-suicides. Hamas et le Djihad islamique ont juré de continuer leur campagne de terreur jusqu’à ce que les Juifs soient chassés d’Israël. Mais Rami et Nurit pensent que les organisations terroristes tirent leur force des persécutions subies par (leur) peuple.

Nurit : “Le Hamas tire son pouvoir de la colère. Si vous redonnez aux gens leur dignité, leur honneur et la prospérité, en cessant de les occuper, le Hamas perdra son pouvoir.”

Rami ajoute : “Si un homme atteint d’un cancer à la jambe va chez le médecin et lui demande s’il ira bien après une éventuelle amputation, aucun médecin au monde ne lui dira : mais oui, bien sûr, tout ira très bien... Mais aucun médecin au monde ne lui dira qu’il ne doit pas être amputé.”


“Evacuer Gaza et la Cisjordanie ne peut qu’être dans l’intérêt tant des Israéliens que des Palestiniens”. Le couple a trois enfants : Elik (25 ans) ; Guy (23 ans) et Yigal (10 ans). Elik et Guy, qui sont aujourd’hui étudiants à Paris, ont servi dans l’armée israélienne. Ils ont combattu sur la frontière libanaise.


Nurit et Rami sont convaincus que si leurs fils étaient incorporés aujourd’hui dans l’armée, ils refuseraient de faire leur service militaire dans les territoires palestiniens. Rami, vétéran des guerres de 1973 (dite du Kippour) et de 1982 (invasion du Liban, sous l’intitulé “Paix en Galilée, ndt), dit : “Les vrais héros, ce sont les refuseniks”.


La colère de Rami et de son épouse est dirigée contre le premier ministre israélien Ariel Sharon, le dirigeant palestinien Yasser Arafat et les Etats-Unis, bien plus que contre le kamikaze qui a tué leur fille.

Nurit : “La guerre n’est pas entre le peuple israélien et le peuple palestinien, mais entre ces hommes qui détruisent la vie et qui se prétendent des dirigeants. Les Etats-Unis sont rétifs et excédés par la situation. Quant au reste du monde, il continue son petit train-train, comme si le sang n’avait jamais été répandu.”

Le couple a fondé le Forum des Familles Eprouvées, avec le Palestinien Izzat Ghazzawi, dont le fils Rami (seize ans) a été tué par les soldats de l’armée israélienne. En décembre dernier, Nurit et Izzat ont été lauréats du Prix de la Liberté d’expression décerné par le Parlement européen.

Nurit : “On me demande souvent si je ressens un besoin de venger le meurtre de ma chère petite, qui a été tuée pour la seule “raison” d’être née Israélienne, par un jeune homme qui était désespéré au point de tuer en se suicidant, pour la seule “raison” d’être né Palestinien.

“Je réponds à chaque fois en citant le poète hébreu Bialik, qui a dit : “Satan n’est pas encore à la veille d’inventer le genre de vengeance de nature à faire oublier le sang répandu d’un petit enfant...”


Article paru dans le Point d'information Palestine
Newsletter privée réalisée par La Maison d'Orient - BP 105 - 13192 Marseille Cedex 20 - FRANCE
Phone + Fax : +33 491 089 017

Pour recevoir cette lettre de diffusion, envoyez un mail à : lmomarseille@wanadoo.fr

Source : www.mirror.co.uk/

Traduction : Marcel Charbonnier

Faire un don

Afin d'assurer sa mission d'information, ISM-France fait appel à votre soutien.

Oui ! Je soutiens ISM-France.


Contacter ISM France

contact@ism-france.org

Suivre ISM France

S'abonner à ISMFRANCE sur Twitter RSS

Avertissement

L'ISM a pour vocation la diffusion d'informations relatives aux événements du Proche Orient. Les auteurs du site travaillent à la plus grande objectivité et au respect des opinions de chacun, soucieux de corriger les erreurs qui leur seraient signalées.

Les opinions exprimées dans les articles n'engagent que la responsabilité de leur auteur et/ou de leur traducteur. En aucun cas l'ISM ne saurait être tenu responsable des propos tenus dans les analyses, témoignages et messages postés par des tierces personnes.

D'autre part, beaucoup d'informations émanant de sources externes, ou faisant lien vers des sites dont il n'a pas la gestion, l'ISM n'assume aucunement la responsabilité quant à l'information contenue dans ces sites.

A lire également...
Même lieu

Jérusalem

Même sujet

Non Violence