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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine : les occupants peuvent-ils lutter aux côtés des occupés ?

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Sarah Irving est une écrivaine freelance. Elle a travaillé avec le Mouvement de Solidarité Internationale (ISM) en Cisjordanie occupée en 2001-2002, et avec Olive Co-op, faisant la promotion des produits du commerce équitable palestiniens et des visites de solidarité, en 2004-2006. Elle est l'auteure d'une biographie de Leila Khaled et du Bradt Guide to Palestine, et co-auteure, avec Sharyn Lock, de Gaza : Beneath the Bombs.

La question de savoir comment les activistes israélien-ne-s doivent agir lorsqu'ils et elles offrent un soutien ou manifestent de la solidarité envers les Palestinien-ne-s, est un thème dérangeant et récurrent.
Des organisations telles que « La Paix Maintenant » se sont souvent révélées être essentiellement sionistes, plus soucieuses de la paix pour leur propre société, que de justice pour les Palestinien-ne-s. L'histoire des relations israélo-palestiniennes a été parsemée de projets de « dialogue », qui offrent aux Israélien-ne-s des moyens de démontrer combien ils peuvent être « raisonnables » en parlant à l’« ennemi », mais ne présentent aucune remise en question des principes fondamentaux de l’occupation.

Palestine : les occupants peuvent-ils lutter aux côtés des occupés ?

Anarchists Against the Wall, édité par AK Press, est un petit livre sur une organisation qui a essayé – avec plus ou moins de succès – d’être très différente. Anarchistes contre le mur (AATW), en tant que groupe, a essayé de « mettre l’accent sur le fait que nous ne sommes pas des partenaires égaux, mais plutôt des occupants qui se joignent aux occupés dans leur lutte », et de souligner que c'est le « mouvement de résistance populaire acharnée » des Palestinien-ne-s qui « incarne tout ce qui est digne et humain dans la lutte pour la liberté et l'égalité. »

Les valeurs inhérentes à cela comprennent la nécessité des militant-e-s de l'extérieur d'établir si elles et ils sont voulu-e-s ou les bienvenu-e-s dans une communauté palestinienne, plutôt que de supposer que leur présence est souhaitée ou utile.

Edité par Uri Gordon et Ohal Grietzer, Anarchists Against the Wall comprend des contributions d’Adi Winter, Adar Grayevsky, Yanay Israëli, Jonathan Pollak, Leehee Rothschild, Kobi Snitz, Roy Wagner, Tali Shapiro, Sarah Assouline, Iris Arieli, Uri Ayalon, Yossi Bartal, Ruth Edmonds et Chen Misgav.

Le livre lui-même est divisé en deux sections. Après une histoire brossée à grands traits d’AATW – influencé par les mouvements palestiniens et internationaux de la deuxième Intifada, le groupe est apparu dans des camps de protestation mis en place contre le mur israélien en Cisjordanie occupée en 2003 – la première section est composée de documents « officiels ».

Ils exposent les positions et arguments principaux d’AATW, donnant un sens aux idées et priorités qui les ont guidées.

Instantanés de lutte

Tout cela offre des instantanés de moments historiques dans la lutte contre le mur et les colonies d'Israël, et montre la volonté d’AATW de construire une autre langue que celle, de plus en plus droitière, du mouvement de la « paix ». Dès 2003, nous voyons des activistes israélien-ne-s utiliser des termes qui sont aujourd'hui monnaie courante chez les militants internationaux – décrivant la situation comme un « apartheid » et la Cisjordanie comme un « ghetto… en cours d’édification par les Juifs. »

Les autres documents du début comprennent des principes anarchistes clairement formulés, qui se concentrent sur les méthodes de résistance « pragmatiques plutôt qu’idéologiques ». Une déclaration de janvier 2004 utilise l'expression « pas de maîtres et pas d'esclaves » – en écho au slogan anarchiste « Ni dieu, ni maitre » – et insiste sur le fait que « le mur de Berlin n'a pas été démantelé par des dirigeants et des accords, mais plutôt par des citoyens qui l’ont abattu de leurs propres mains. »

Dans la deuxième partie du livre, les personnes qui ont fait partie d’AATW reviennent sur leurs expériences. C'est, peut-être, la section que certains trouveront la moins facile à lire.

Quand des activistes israélien-ne-s parlent des expériences qui consistent à voir des camarades blessé-e-s et être isolé-e-s de la société israélienne dominante, il est toujours tentant de se demander : mais comment peut-on comparer cela avec ce que les militant-e-s palestinien-ne-s traversent ?

Se concentrer sur les expériences des activistes qui ont des positions privilégiées fait courir un danger constant d'auto-indulgence et de solipsisme. Anarchists Against the Wall fait valoir, cependant, qu'il existe un « espace légitime » pour discuter de la dynamique du mouvement, dans l'intérêt de l’améliorer.

Attention disproportionnée

Comme Anarchists Against the Wall le suggère, l'attention qui est parfois portée sur le groupe, souvent disproportionnée par rapport à ses effectifs et son impact, n'a pas nécessairement été recherchée, mais est le résultat d'activistes internationaux qui ont « projeté sur nous davantage de leurs aspirations et espoirs que nous ne méritons ». C'est un problème qui a trait aux injustices mondiales (il est plus facile pour des activistes israélien-ne-s d’obtenir un visa et de payer des billets d’avion, que pour leurs homologues palestinien-ne-s), mais qui a trait aussi au racisme intériorisé des activistes occidentaux, qui trouvent plus facile de parler à quelqu'un qui est socialement et linguistiquement « comme eux ».

Anarchists Against the Wall soulève par conséquent des questions importantes, souvent peu débattues dans tous les mouvements, en particulier ceux concernés par la « solidarité » ou le fait d'être « alliés ». Ces questions comprennent des problèmes liées à l'épuisement, au machisme, aux complexes du martyr, aux hiérarchies informelles, et aux difficultés de maintenir des analyses et des positions radicales sans paraitre gratuitement étrange ou extrême aux yeux des gens « ordinaires ».

Ces questions peuvent être examinées dans un contexte israélien spécifique – par exemple, l'échec des « radicaux » impliqués dans la campagne Sheikh Jarrah à Jérusalem-Est occupée, pour trouver des moyens utiles d'articuler les contradictions fondamentales de la « gauche soft » et des positions sionistes du mouvement de la paix.

Mais il y a ici des leçons à tirer pour les mouvements radicaux à l’échelle beaucoup plus large.

Dans quelle mesure nos choix tactiques sont-ils informés par nos propres désirs d’apparaitre radicaux ou audacieux, plutôt que par une évaluation de leur efficacité ? Qu'est-ce qui se passe quand les « modes de vie » militants écartent celles et ceux qui sont politiquement sympathiques, mais socialement « conformistes » ?

Certaines des questions plus spécifiques montrent également la dynamique du courant sioniste israélien dominant, et fournit une alternative utile aux récits qui séparent les actions de l'Etat d'Israël ou de l'armée, des « Israélien-ne-s ordinaires ».

(...)

Lire la suite de l'article (en anglais The Electronic Intifada) sur le site Etat d'Exception (traduction RC).




Source : Etat d'exception

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