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Gaza - 21 octobre 2008
Par PCAS
Préparé par le comité Populaire contre le siège (PCAS)
Alors que la Bande de Gaza entre dans son cinquième mois de « calme » avec les israéliens, 80% de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté. Le membre du Conseil Législatif Palestinien et responsable du Comité Populaire contre le Siège (PCAS), Jamal N. El Khoudary, a déclaré : «Maintenant plus que jamais, les institutions internationales doivent prendre la responsabilité de demander des comptes au gouvernement israélien pour ses crimes contre la population palestinienne». Le département des Statistiques du Comité a publié un rapport sur les effets de 16 mois de siège imposé par Israël à la Bande de Gaza.
En ce mois d’octobre, le siège étouffant de la Bande de Gaza atteint son seizième mois et les impacts dramatiques du siège sur tous les secteurs économiques rendent catastrophique la vie dans la Bande de Gaza où 1,5 millions de citoyens vivent sous l'effet du siège.
La circulation des personnes et des marchandises dans et hors de la Bande est paralysée et toutes les transactions commerciales ont été stoppées d'une manière qui contredit tous les accords, intentions et engagements que l’occupant a lui-même conclus avec les organisations internationales pour faciliter la circulation des marchandises et des personnes dans et hors des territoires palestiniens. Trois accords ont été conclus sur le sujet, dont le dernier en date a été signé en novembre 2005. Malgré tout, l'Occupant poursuit sa politique hostile et criminelle qui conduit à la destruction de la vie des Palestiniens arabes en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza.
La Bande de Gaza qui dépend entièrement de ses importations en provenance ou transitant par Israël a été gravement affectée. Depuis le début du siège, les forces d'occupation n'ont permis l’importation d’aucune matière première dans Gaza, de même que Gaza s'est vu interdire l’exportation de ses produits, ce qui a eu comme conséquence une augmentation du pourcentage de ses habitants vivant sous le seuil de pauvreté qui s’élève à 80% selon certaines estimations, tandis que la Banque Mondiale estime l'augmentation de 35% à fin 2006 à 67% à fin d'octobre 2007.
Le taux de chômage atteint les 65%, ce qui diminue donc le pouvoir d'achat pour satisfaire les besoins humains de base, et cela ne tient pas compte de la forte baisse du revenu qui est tombé à 480 Euros par an et 1.5 Euros par jour.
Les pertes mensuelles directes résultant du siège sont évaluées à 34 millions d’Euros qui sont réparties comme suit : Le secteur industriel : 12 millions d’Euros ; soit 33% du total, l’agriculture : 7 millions d’Euros, soit 22%, le secteur du commerce, des services et de la pêche : 15 millions d’Euros soit 45%.
1- Le secteur privé
La productivité du secteur privé dans les territoires palestiniens en général et dans la Bande de Gaza en particulier a diminué de 76% par rapport à ce qu'elle était avant l'intifada Al-Aqsa. Bien qu’elle ait chuté à 31,1% durant le premier trimestre de 2001, elle a retrouvé un peu de sa vitalité et a atteint une moyenne de 46% entre janvier et 2006.
Mais depuis l'imposition du siège de la Bande de Gaza à la mi-juin 2007, la productivité est directement tombée à 11%. Cela est dû à l’arrêt par les autorités de l'occupation de l'application du Code des Douanes pour la Bande de Gaza, qui a abouti à l'interdiction des importations de toutes les matières premières.
Depuis, les matières premières locales pour l'ensemble des entreprises industrielles de la Bande de Gaza ne dépassent pas les 10%, en tenant compte du fait que ce pourcentage est obtenu avec beaucoup de difficulté, ainsi ces coûts ont augmenté davantage que le coût total de la production.
En plus de la difficulté à commercialiser la production locale de produits en raison du siège, l'interdiction à l'exportation a porté un coup fatal à ce secteur de l'économie. Les études montrent que plus de 43% des établissements du secteur privé ont dû réduire leurs activités commerciales à un niveau dépassant les 75% et que 55% de ces établissements ont dû arrêter leurs activités.
2- Le secteur industriel
Le secteur industriel dépend complètement de l’importation des matières premières. Il dépend à plus de 80% des importations de machines et de pièces détachées et pendant la haute saison de production (de mai à juin) il est possible d'exporter 748 camions de produits industriels par mois (incluant des meubles, des produits alimentaires, des vêtements et des produits agricoles).
Depuis le début du siège, l'Occupant a annulé l'application de son Code des Douanes pour la Bande de Gaza, ce qui a abouti à l'arrêt de toutes les activités industrielles qui dépendent à 85% des matières premières importées ou transitant par Israël et les statistiques indiquent que plus de 90% des établissements industriels, 3900 au total, ont été fermés, arrêtant les exportations de leurs produits ; en conséquence 33 000 employés et ouvriers sur les 35 000 du secteur ont rejoint les rangs des chômeurs depuis la date de la mise en place du siège à mi-juin 2007, et après le siège le nombre de travailleurs en activité dans le secteur industriel ne dépasse pas les 1 500.
Les estimations publiées par l'Union des Industries palestiniennes indiquent que les pertes mensuelles depuis le début du siège dans la Bande s’élèvent à 12 millions d’Euros, alors que l’an dernier, les recettes journalières du secteur industriel de Gaza s’élevaient à 373.000 Euros, ce qui signifie que 975 ateliers ont fermé leurs portes depuis la fin 2007, tandis que les comptes-rendus publiés par les secteurs économiques montrent une perte totale de 90 millions d’Euros.
Les comptes-rendus des secteurs affectés indiquent qu’il n’y a eu aucune exportation de mobilier, donc 95% des industries du bois ont stoppé leur production. Seuls 30 sur les 600 établissements dans ce secteur travaillent encore, soit une perte nette de 41 millions d’Euros (6 millions en juillet, 7.5 en août, 9 en octobre, 9.5 en novembre et 9 en décembre) en plus des 6 500 travailleurs qui ont perdu leur travail, 245 camions par mois d'exportation ont été stoppés.
3- Le secteur agricole
La Bande de Gaza a 70 000 dunums (9364 hectares) de terre agricole, avec une capacité de production de 280 000 à 300 000 tonnes de produits agricoles par an, dont un tiers est habituellement exporté.
Le secteur agricole compte 40.000 emplois pour les citoyens de Gaza (soit 12,7% de la force de travail). C’est aussi la source d'alimentation et de vie pour un quart de la population dans la Bande de Gaza.
Depuis le début du blocus total, l'Occupant a interdit toute exportation de ses produits, y compris des produits agricoles, et de plus, il a interdit l'importation des semences et des plants, des fertilisants et autres besoins agricoles, ce qui a causé d’importantes pertes dépassant les prévisions initiales entre mi-juillet et fin 2007.
Ces pertes s’élèvent à 50 millions d’Euros, et selon les déclarations du Ministère de l'Agriculture, la moyenne des pertes journalières dues à l'interdiction des produits agricoles est de 112.000 Euros. Ainsi, la perte totale au cours des six derniers mois s’élèvent à 21 millions d’Euros.
Environ 25 000 tonnes de pommes de terre ont été détruites et plus de 10 000 tonnes d'autres produits ont été détruits ou vendus sur place à des prix plus bas que les prix à l'exportation (les prix locaux représentent 10 à 15 % des prix à l'exportation).
Alors que les autres fermiers souffrent de pertes directes suite au fait leur production est vendue localement et non aux prix de l'exportation, on s’attend à ce que la production totale de la saison dernière représente de 20 à 30% de moins que la saison précédente. Aussi, les pertes sont estimées à 7.5 millions d’Euros par mois.
Il est important de mentionner que le siège a détruit les produits agricoles pour la période allant du 15 novembre 2007 à mai 2008.
Le nombre de travailleurs cette saison est de 7 500 fermiers, dont la production estimée à 10.5 million d’Euros était supposée être entièrement exportée, puisqu’une surface de 3130 dunums (418 hectares) était plantée de fraises, de tomates et d’œillets.
D'un autre côté, comme résultat des difficultés de l'industrie de la pêche, on estime que 3 000 pêcheurs vont perdre leur travail avec une perte mensuelle estimée à 2.2 millions d’Euros.
4- Secteur de la santé
Le secteur de la santé a été gravement touché depuis que l'occupation sioniste a imposé son siège à la Bande de Gaza qui a affecté sa capacité à fournir les soins de santé de base à ses citoyens.
Durant la dernière période, une grave pénurie d'un grand nombre de produits pharmaceutiques de base, dont 160 sortes de médicaments à la date de ce rapport, et 130 autres dont on attend la sortie du stock dans les jours qui viennent. Cela vient s'ajouter aux 90 instruments médicaux hors service en raison du manque de pièces détachées nécessaires à leur maintenance, dont 31 machines de dialyse rénale.
A cela vient s'ajouter l'incapacité des citoyens à se déplacer à l'étranger pour un traitement médical. Les documents publiés par l'OMS font valoir que des centaines de patients atteints de maladies graves et ceux ayant besoin d’opérations chirurgicales hautement spécialisées, en particulier au cerveau, aux nerfs et aux os, ainsi que les patients qui ont besoin d’un traitement du cancer et ceux qui ont des maladies rénales et cardiaques ne peuvent pas voyager à l'étranger pour un traitement.
L'Occupant refuse d’accorder une autorisation de sortie de la Bande de Gaza à 1150 malades qui ont besoin d’un traitement depuis le début du siège, parmi lesquels on compte 270 cas graves. Le Comité Populaire Contre le Siège a commencé ses activités vers la fin octobre, et a enregistré la mort de 252 personnes en raison du blocus.
5- Secteur de la construction et des infrastructures
Depuis l'annonce par Israël de l'arrêt de l'application de son Code des Douanes pour la Bande de Gaza et l'interdiction de l'importation des matières premières incluant le fer et le ciment, le secteur a souffert d'une paralysie complète, ( l'arrêt de 13 fabriques de tuiles, 30 fabriques de ciment, 145 fabriques de marbre et 250 fabriques de briques), et donc 3 500 personnes ont perdu leur travail.
A côté de cela, tous les projets de développement ont été arrêtés, la valeur de ceux-ci est estimée à 260 millions d’Euros et les Nations Unies ont stoppé tous leurs contrats de construction d’infrastructure dans la Bande de Gaza, tels que la réhabilitation des rues, le réseau d'eau et d'eaux usées d’un montant estimé à 45 millions d(Euros et l'UNWRA a gelé son programme de création d'emplois estimé à 67 millions d’Euros dont plus de 16 000 personnes auraient pu bénéficier.
6-Produits alimentaires
Depuis le début du siège de la Bande de Gaza, Israël a autorisé de façon intermittente le passage de produits alimentaires, mais puisqu’il considère la Bande de Gaza comme une région ennemie, l’Occupant a limité le nombre des produits alimentaires de base autorisés. Il n’autorise l’entrée qu’à 20 sortes de produits, donc nous avons constaté une pénurie importante de certains produits alimentaires et le manque total d'un grand nombre d'autres produits, ce qui a provoqué une forte hausse des prix en plus des autres facteurs, ce qui a affecté tous les aspects de la vie des Gazaouis.
Selon le rapport du bureau central des Statistiques, l'augmentation des prix a atteint 5,79% en août, 3,15% en septembre, 1,03% en octobre et 1,13% en novembre ; cela signifiant une augmentation depuis le début du siège de 8%, comparé à une augmentation de 0,10% en Cisjordanie .
7- Libre circulation et points de passage
La Bande de Gaza est reliée au monde extérieur par six points d'entrée, cinq d'entre eux sont reliés à l’Occupant. Il s’agit des points de passage de Karm Abu Salem, Sowfa, Al-Mintar et Beit Hanoun (Eretz). Quant au point de passage de Rafah, il est relié à la République arabe d'Egypte.
Israël contrôle son côté des cinq points de passage, où une complète paralysie est pratiquée. Israël ne permet pas la circulation des personnes depuis et vers la Bande sauf dans des cas extrêmement rares. Cela est possible uniquement par le point de passage d'Eretz et seulement pour les employés des établissements étrangers ainsi que dans quelques cas sanitaires graves. Cependant, la plupart des demandes de passage sont refusées.
Comme pour les produits alimentaires et autres fournitures, les estimations soulignent que la bande de Gaza a besoin d’importations en provenance du monde extérieur et de la Cisjordanie .
Ces besoins quotidiens sont estimés à environ 300 camions par jour de matières premières et autres marchandises.
Israël ne permet pas le transit sauf pour les besoins humains et les produits alimentaires de base. Cela a abouti à l'absence de stocks de sécurité des produits de base, ainsi qu’à l'absence d'un grand nombre de produits alimentaires de base sur le marché palestinien. Seuls 1.806 camions ont été autorisés en Octobre et 1812 en Novembre, ce qui fait une moyenne de 60 par jour, soit bien en deçà des besoins de base.
8- Eau et secteur sanitaire
Après les évènements de juin 2007 dans la Bande de Gaza, Israël a pris une série d'actions et de décisions incluant :
1. La réduction de la fourniture en carburant nécessaire au fonctionnement de la centrale électrique ce qui a occasionné des coupures et des blackouts.
2. La réduction de la fourniture de carburant nécessaire au fonctionnement des générateurs électriques de substitution
3. La fermeture des points de passage et le blocus des matériaux, équipements et pièces détachées, ce qui a affecté le système général de santé et la qualité de l’eau pour la population
9- Secteur des ordures ménagères
Le manque de carburant ou de pièces détachées empêche le travail de ce secteur.
50% des voitures et de véhicules municipaux de Gaza city sont hors d'usage, tandis que les véhicules restants sont menacés d'arrêt dans les prochains jours en raison du blocus suffocant, et l'efficacité de ces véhicules ne représente pas plus de 40%.
Source : http://www.freegaza.ps/
Traduction : MM pour ISM
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