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Israël - 8 septembre 2007
Par Shaul Arieli
L'auteur était le chef de l'administration "de paix"dans le gouvernement du premier ministre Ehud Barak, et fait partie des signataires des Accords de Genève.
Suite aux déclarations concernant les nouvelles négociations sur un accord de statut permanent entre Israel et les Palestiniens, le professeur Gideon Biger suggère à nouveau le transfert des secteurs peuplés aujourd'hui par des Arabes israéliens à l'Etat palestinien en devenir, en échange du transfert de certains des colonies juives de Cisjordanie sous la souveraineté israélienne.
Cela garantirait une majorité juive dans l'Etat d'Israël et augmenterait la surface de colonisation juive sur la Terre d'Israël.
Cependant, quand nous examinons les détails de cette proposition d'un point de vue pratique et sous l'angle de la loi internationale et israélienne, cela se révèle être une idée délicate et dangereuse.
Biger explique que l'idée d'un échange de territoire a été évoquée par le passé afin de garantir ce qu'il appelle une "équité nationale", qui, comme il le dit, est perturbée par le fait qu'une minorité arabe existe en Israël, tandis qu'en Palestine qui sera créé, il n'y aura pas de minorité juive.
Mais la vérité, c'est que lorsque la proposition d'un échange de territoires a été soulevée par le passé - à Camp David, à Taba et à Genève, et avec les Présidents Bill Clinton et George W. Bush – cela avait pour but de satisfaire les intérêts israéliens et surmonter la difficulté inhérente à l'évacuation des centaines de milliers d'Israéliens des territoires, en dépit du statut illégal des colonies selon le droit international.
Les partisans de cette idée veulent provoquer, selon les termes de Biger, un ajustement des lignes d'Armistice"à la réalité démographique qui s'est développée sur la Terre d'Israël." Un regard rapide sur les cartes publiées par le professeur Arnon Sofer suffit pour démontrer à quel point cette affirmation rapide est dangereuse.
Il est plus facile de relier la Galilée Arabe à Jenine et les concentrations de Bédouins dans le Negev à la région d'Hebron que de relier Ariel situé au cœur de la Cisjordanie à Israël.
Qui peut garantir qu'après qu'Israël ait exprimé sa volonté d'entrer dans des négociations non basées sur le consensus que les frontières d'avant 1967 serviront de base à l'accord, ce qui permettra à Israël d'obtenir 78% du territoire situé entre le fleuve du Jourdain et la mer méditerranéenne et que ce sera la fin du processus, et qu'il n'y aura pas ensuite de pressions pour revenir aux revendications palestiniennes liées aux dossiers de 1948 : les limites du Plan de Partage, l'internationalisation de Jérusalem, la destruction des villages, les réfugiés internes, les terres expropriées, les biens qui sont restés et ainsi de suite.
Biger donne l'exemple des échanges de population entre la Grèce et la Turquie et entre l'Inde et le Pakistan (dans lesquels de nombreuses personnes sont mortes). Cependant, le droit international interdit aujourd'hui explicitement tout transfert de population en raison de la grande importance qui est attribuée au lieu de résidence et au tissu social dans les droits de l'homme.
La possibilité d'un transfert de la souveraineté dépend surtout de l'accord des Palestiniens : une condition nécessaire à laquelle Biger ne fait pas du tout référence.
Et l'Organisation de Libération de la Palestine n'aurait aucun intérêt à s'embarquer dans quelque chose à laquelle ceux qui sont censées être les citoyens du nouvel Etat y sont eux-mêmes fortement opposés. L'OLP est intéressé par l'obtention de secteurs supplémentaires qui sont inhabités, pour l'absorption des réfugiés.
Même si l'OLP changeait de position, les parties - selon ce qui est admis et obligatoire dans le droit international aujourd'hui - devraient offrir à tous les habitants des secteurs en question l'option de conserver leur citoyenneté israélienne.
Cela, aussi, est une condition nécessaire qui est absente de la présentation de la question par Biger : Ces citoyens arabes israéliens vivant dans les villes proposées pour un transfert sous autorité de la Palestine pourraient déménager vers un nouveau domicile à l'intérieur d'Israël, ou de conserver leur citoyenneté israélienne tout en continuant à résider à l'intérieur du territoire transféré.
Cette dernière possibilité obligerait alors Israël à entreprendre des arrangements complexes pour leur passage et leur emploi en Israël, tout en leur refusant le droit de vote aux élections à la Knesset et afin également de refuser la citoyenneté à leurs enfants qui naissent en Palestine.
Biger affirme que cette mesure ramènerait la minorité Arabe d'Israël à 14% de la population (sur les 21% d'aujourd'hui), et que 200.000 Arabes seraient tranférés sous Autorité Palestinienne.
Cependant, en pratique, ce n'est pas possible. Cela obligerait le transfert des secteurs situés à l'ouest de la route Trans-Israël (route n° 6) - Kalansua, Tira et Jaljulya ; l'abandon du bloc de colonies de Shaked, afin de permettre le transfert des villes de Wadi Ara sous souveraineté palestinienne, ainsi que l'évacuation du bloc de colonies d'Elkanah, Oranit, Sha'arei Tikva, Etz Efraim et d'autres, s'il était décidé de transférer Kafr Qassem et ses environs.
Si ces secteurs, qui sont impossibles à transférer parce que tous sont situés à l'ouest des secteurs qu'Israël veut conserver sous sa souveraineté, sont soustraits de l'équation, le résultat serait que seuls 12% de la minorité arabe d'Israël - 2.3% de la population du pays - seraient transférés à l'Autorité Palestinienne : La surface où vit cette petite population est répartie sur un peu plus de 120 kilomètres carrés, soit beaucoup moins que ce qu'Israël veut annexer dans le cadre des blocs de colonisation juive en Cisjordanie .
La bonne façon de réduire la minorité arabe qui habite en Israël est un accord de statut permanent dans lequel les 250.000 Arabes de Jérusalem-Est relèveraient de la souveraineté palestinienne et perdraient leur droit de résidence israélien.
De cette façon, la relation entre les Juifs et les Arabes reviendraient à ce qu'elle était à la veille de la Guerre des Six jours.
La réponse israélienne aux courants séparatistes arabes qui nient le caractère juif de l'Etat d'Israël réside dans l'égalisation des droits et des obligations des Arabes à l'intérieur de l'Etat d'Israël et dans l'établissement d'un Etat palestinien indépendant en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza.
L'Etat palestinien réalisera la demande des Palestiniens et un droit à l'auto-définition à l'extérieur des frontières de l'Etat d'Israël. En vertu de son existence, cela permettra à tous les citoyens arabes d'Israël de définir leur identité et leur affiliation à l'Etat d'Israël et de choisir, d'une position nationale égale, l'Etat auquel ils s'identifient et où ils souhaitent vivre et réaliser leur citoyenneté.
Source : http://www.haaretz.com/
Traduction : MG pour ISM
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